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EAN : 9781506716862
104 pages
Dark Horse (22/12/2020)
5/5   1 notes
Résumé :
Murder, passion, and criminal enterprise are presented here at their darkest, directly from the most talented writers and artists in crime comics!

In these thirteen pitch-black noir stories, you'll find deadly conmen and embittered detectives converging on femme fatales and accidental murderers, all presented in sharp black and white by masters of the craft.

Featuring stories by Brian Azzarello, Jeff Lemire, Ed Brubaker, Sean Phillips, ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
Ce tome est une anthologie, un recueil d'histoires courtes, chacune réalisée par une équipe artistique différente. Il contient 11 récits de 8, tous en noir & blanc. La première édition de ce recueil date de 2009.

The old silo, par Jeff Lemire. Un homme d'une soixantaine d'années s'occupe de son épouse invalide, et de sa ferme. Il est en retard sur ses paiements mensuels, et son créancier vient l'avertir qu'il a 3 semaines pour y mettre bon ordre, ou sinon il se verra contraint de saisir ses biens. le lendemain, il découvre un homme blessé adossé à son tracteur dans la grange. Mister X Yacht in the Styx, par Dean Motter. La journaliste Rose Stone accepte d'accompagner Mister X sur le navire de luxe Coleridge pour élucider la mort du magnat Virgil Charon. The last hit, par Chris Offutt, Kano, Stefano Gaudiano. Dans la ville de Slate aux États-Unis, un tueur à gage a décidé de faire un dernier contrat avant de prendre sa retraite : il doit tuer avec un fusil à lunette le premier individu qui entrera dans la chambre d'hôtel dans l'immeuble d'en face. Fracture par Alex de Campi & Hugo Petrus. Une jolie blonde se tient sur le quai du métro, et elle est importunée par un vieil homme en train de quémander. Elle pense à quel point il serait simple de juste le pousser pour qu'il tombe sur les rails du métro. The Albanian, par M.K. Perker : l'homme de ménage de nuit, un albanais, nettoie les bureaux d'une société où il reste encore deux ou trois personnes. Il rentre dans le bureau suivant et voit l'employé écroulé sur son bureau, avec une blessure encore fraîche à la tempe. Kane The card player, par Paul Grist : l'inspecteur Kane est appelé sur les lieux d'un cambriolage. le voleur a laissé une carte à jouer : un six de carreau. Les cartes 1 à 4 de carreau ont été retrouvées sur d'autres cambriolages, mais pas le 5.

Blood on my hand, par Rick Geary : un homme d'une trentaine d'années est très amoureux de son épouse Carla. Mais voilà qu'il perd son emploi et que sa femme est obligée de travailler dans un bureau pour une compagnie d'assurances. Il est obligé de prendre un traitement pour ses nerfs, et sa femme commence à revenir tardivement. Trustworthy par Ken Lizzi & Joëlle Jones : une nouvelle en prose avec des illustrations. Ray un employé de bureau sans histoire se fait aborder par Sonja une belle jeune femme dans un bar. Elle finit la nuit chez lui et le lendemain un afro-américain frappe brutalement à sa porte. The new me par Gary Phillips et Eduardo Barreto : Susan, une femme en surcharge pondérale se met à se rendre régulièrement dans un club de gym tenu par un très bel homme qui offre d'autres services à ses clientes. Criminal 21st century, par Ed Brubaker & Sean Phillips : un homme d'une trentaine d'années ramène chez lui, une rencontre d'un soir dans un bar. Après une partie de jambes en l'air, elle lui explique que son mari la maltraite. The bad night, par Brian Azzarello Fábio Moon & Gabriel Bá. le frère de Sal se rend dans un bar où il y rencontre monsieur Dewitt qui a un contrat à lui proposer, un truc simple et sans complication.

C'est assez osé quand même : une collection d'histoires courtes dans le genre polar. C'est un genre qui supporte mal l'amateurisme, les dessins ayant tendance à mettre en évidence les grosses ficelles policières, les longues expositions sous forme de discussions statiques, et la violence trop cliché. En outre, ce n'est pas facile de surprendre un lecteur chevronné de polar ou de comics en 8 pages. D'un autre côté, ce même lecteur identifie des noms qu'il connaît et qu'il apprécie, des orfèvres en la matière. Brubaker & Phillips maîtrisent l'art du polar en bande dessinée comme peu d'autres, en particulier avec leur série Criminal, mais aussi l'extraordinaire The Fade Out , et de nombreux autres. Ils ne déçoivent pas avec une ambiance à couper au couteau, une noirceur visuelle grâce à un encrage appuyé, une utilisation experte des conventions de genre défiant le lecteur d'anticiper la chute, jouant carte sur table le fait que les apparences sont trompeuses, avec une conclusion immorale à souhait. le lecteur attend également Brian Azzarello au tournant, l'auteur de la série 100 Bullets avec Eduardo Risso. Ce scénariste rend un hommage appuyé à un personnage de fiction et à son origine traumatique dans une ruelle, mais il dévoile ses cartes un peu trop rapidement, vidant la chute de toute surprise, ne parvenant pas à insuffler assez de personnalité dans le tueur. Les frères Moon & Bá maîtrisent tout aussi bien le noir & blanc que Phillips, mais leurs dessins manquent de cruauté envers les personnages qui devraient être englués dans leur mode de fonctionnement, accablés par le destin.

S'il dispose d'un peu plus de culture comics, le lecteur remarque que deux autres auteurs mettent en scène leur personnage récurrent auquel ils ont consacré une série. le personnage de Kane a bénéficié d'une série de 31 épisodes de 1993 à 2001, regroupés en 6 recueils. Ici, Paul Grist ressort son personnage pour une enquête sur des cambriolages. Ses dessins sont un peu plus raides, un peu plus naïfs par endroit, avec une belle gestion du contraste entre les surfaces noires et les espaces blancs de la page. Les lieux présentent assez de détails pour être singuliers, et les personnages disposent de caractéristiques visuelles leur donnant une belle présence sur la page. L'enjeu du récit est plus une forme d'ironie que l'enquête en elle-même, une ironie peut-être pas tout à fait assez mordante mais noire malgré tout. le lecteur retrouve également Mister X , personnage créé par Dean Motter en 1984, et ayant bénéficié d'une quarantaine d'épisodes depuis. D'un côté, les traits encrés sont plus souples et plus élégants que ceux de Paul Grist, plus agréables à l'oeil, d'un autre côté les pages sont plus chargées car le dessinateur déploie des nuances de gris pour les ombres portées, mais aussi pour faire apparaître la silhouette des décors en arrière-plan. Dans le cas de cette nouvelle, la force de l'environnement (la cité Somnopolis) et la très forte personnalité de Mister X écrasent totalement le récit devenant des éléments quasi mythologiques du récit. Pour autant il y a bien une enquête, une disparition, peut-être un meurtre, et ils viennent eux aussi nourrir cette mythologie, cette cité presque fantasmagorique. C'est à la fois un récit très réussi et très prenant, et à la fois un peu tricher par rapport à la promesse d'un récit noir auto-contenu.

Il faut disposer d'encore un peu plus de culture comics pour relever la présence de Rick Geary, auteur d'une série sur les meurtres les plus célèbres du dix-neuvième siècle, et d'une autre sur les affaires criminelles du vingtième siècle. Sa personnalité graphique tranche par rapport à tous les autres récits, avec une impression de personnages, de décors et d'accessoires détourés au stylobille, et d'absence de phylactère pour les dialogues. Il raconte une histoire assez simple, relatée avec le point de vue du mari, créant une empathie totale avec le personnage et sa manière de penser. Cela aboutit à une impression de récit inoffensif, créant un décalage total avec les événements, créant une horreur intense chez le lecteur dans un récit de polar : une réussite extraordinaire, avec une absence d'effets noirs ou spectaculaires. le lecteur identifie certainement plus facilement le nom de Jeff Lemire, auteur canadien complet. Ses dessins ont une apparence un peu mal assurée qui transcrit très bien la fragilité de l'homme âgé, acculé dans une situation où il ne peut plus faire face à ses dettes, et où il craint de ne plus pouvoir apporter son soutien à son épouse handicapée. Pour autant, la narration n'arrive pas à emporter autant le lecteur dans la situation que celle de Geary.

Constatant que cette anthologie est de bonne facture, avec quelques pépites, le lecteur s'aventure dans les autres récits avec la même curiosité. Les scénaristes se montrent tous respectueux des conventions du polar, en partant tous d'un point de départ différent. le lecteur découvre un tueur à gage adepte du fusil à lunette, une jeune femme harassée par la promiscuité urbaine, un immigré confronté à un cadavre, une femme fatale prête à utiliser un jeune homme bien sous tout rapport, et une ménagère cherchant à se remettre en forme (point de départ le plus original du lot). Il n'y a pas non plus de faute de goût ou d'erreur de casting dans le choix des artistes. Ils sont tous à l'aise avec le noir & blanc, oeuvrant dans un registre descriptif avec un niveau de détail plus ou moins poussé (le milieu urbain très consistant du tueur à gage, les bureaux très banals pour le travailleur immigré), l'élégance de la femme fatale dessinée par Joëlle Jones, la narration visuelle quasi muette d'Hugo Petrus, les cases très féminines d'Eduardo Barreto. Les chutes mises en oeuvre par les scénaristes diffèrent à chaque fois, certaines s'avérant véritablement surprenantes.

L'horizon d'attente du lecteur est assez élevé concernant un recueil de nouvelles relevant du genre Polar. Il constate de suite que le responsable éditorial du projet a su convaincre des auteurs de renom et d'autres moins connus, tous réellement investis dans leur récit, à l'opposé d'une pige vite réalisée, ceci étant vrai autant pour les scénaristes que pour les dessinateurs. Comme dans toute anthologie, certaines histoires parlent plus que d'autres au lecteur, en fonction de ses sensibilités. Il est agréable de retrouver quelques créateurs dont on connaît déjà les spécificités, et d'ne découvrir d'autres, tous pouvant se montrer surprenant.
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