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EAN : 9782367950754
117 pages
Chèvre-feuille étoilée (03/07/2014)
4.14/5   7 notes
Résumé :
"Je suis El hadja, née le 6 octobre 1979, j'ai quitté ce monde le 13 septembre 2000, brûlée vive par TOI, mon propre frère."

Ce roman est une tragédie où se croisent deux formes d'écriture, littéraire et théâtrale.
Quelques années après sa mort, l'esprit de la jeune comédienne revient à Mostaganem, en Algérie, et convoque sa famille et sa meilleure amie sur la scène du petit théâtre où elle s'est épanouie et nous fait assister au vrai procès ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (4) Ajouter une critique
Le 18 septembre 2000, à Mostaganem (Algérie), une jeune comédienne de 21 ans, El hadja Menad, était aspergée d'essence par son frère et brûlée vive. Elle ne survivra que quelques jours à ses brûlures, dans les souffrances qu'on imagine ; l'assassin, lui, ne sera condamné qu'à…trois ans de prison avec sursis ! Dans un pays traumatisé par les années de violence qui viennent des s'achever, le meurtre passe presque inaperçu – rares articles dans la presse, pas de protestation du reste de la troupe de comédiens, déni de la famille…

Dalila Azzi reprend l'affaire, ni sous forme d'hommage, ni pour rendre justice, mais par un réquisitoire intransigeant contre toute les dérives sociétales, les imbécilités, les lâchetés qui ont conduit à un tel crime. Elle imagine le retour du fantôme d'El hadja, douze ans après, et une sorte de procès sur la scène du théâtre où jouent aujourd'hui ses amis comédiens. Procès sans concession du crétin de frère meurtrier, de la mère, du père, des amis. En fait, procès de toute une société engoncée dans le poids de ses traditions et de sa misogynie, dans le manque d'éducation, le refus, même, de l'éducation, l'imbécillité triomphante du machisme.
Tel que je vous le résume, vous pourriez croire qu'il s'agit là d'un ennuyeux roman à thèse. C'est tout le contraire : ce livre est un poème. Avec une langue incroyablement belle, une narrativité originale, puisqu'y alternent l'écriture théâtrale et l'écriture romanesque, le texte, qui commence dans la douceur du retour à la vie du léger petit fantôme revenus par les bords de la mer, et sa recherche étonnée d'un monde qui n'existe déjà plus, se transforme bientôt en un cri, de douleur, de rage, de malédiction. On vit de l'intérieur l'horreur de l'agonie d'une grande brûlée, son indignation devant l'indifférence et surtout – ce qui est peut-être surprenant, dans notre morale judéo-chrétienne – son refus de pardon, son rejet absolu de l'hypocrisie du pardon.
Et puis, affleure partout la fraicheur d'une joie de vivre brusquement détruite.
Un livre magnifique, éblouissant, un livre coup-de-poing que je conseille à tous ceux et celles qui pensent comme moi que « la femme est un homme comme les autres ».
(Publié par le Chèvre feuille étoilée, éditions féministes pour et par les « femmes des deux rives », ce livre, que j'ai eu la chance de lire en avant-première, paraîtra début juillet. Ce n'est pas tout à fait une lecture de plage, mais vous ne la regretterez pas…)

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Avant toute chose, je remercie Babelio et la maison d'édition de Chèvrefeuille étoilée pour cet exemplaire des « Ailes brûlées ».
Basé sur le destin tragique d'El hadja Menad, « les Ailes brûlées » est un cri. Cri de douleur, de désespoir, de colère face au silence des autres, à l'injustice subie et répétée, à la souffrance innommable, à la mort venue par surprise et bien trop tôt.
L'esprit d'El hadja revient à Mostaganem quelques années après sa disparition. Là, elle convoque sa famille et ses amis pour un face à face poignant, douloureux, tragique par moment où par moment la vérité de chacun sort…
Démarrant donc comme un roman, l'oeuvre se continue sous forme théâtrale où El hadja mène la danse, théâtre aux consonances antiques avec la présence d'Hadane qui se rapproche bien du rôle des anciens choeurs.
Poétique au démarrage, on se retrouve très vite dans des dialogues acérés, où l'accusation et la défense se heurtent la plupart du temps sans jamais vraiment trouver de consensus, où l'ignorance et la bêtise crasse sont mis au banc des accusés, incarnés par le frère meurtrier, inculte et aveuglé par des coutumes dépassées, incapable d'ailleurs de soutenir le feu vengeur de sa victime ivre de colère, de rage et d'incompréhension. Car El hadja était en effet en opposition directe de son frère (qui n'a même pas de nom dans cet oeuvre) : cultivée, promise à un bel avenir de comédienne, quasiment autonome, ce qui allait à l'encontre de la tradition pervertie par son frère et ses amis…
Pour ce qui est du style, il est fluide, très aisé à lire au point qu'une fois commencé, je n'ai plus lâché le livre, vibrant d'émotions à chaque étape du calvaire d'El hadja (l'identification était encore plus facile étant donné que je suis de la même génération), de ses cris de détresse face à l'oubli, de sa colère face à l'injustice qui lui a été faite et enfin le faux apaisement grâce à l'honnêteté de son père et de ses amis.
En ce qui me concerne, cet hommage est aussi une vraie claque, un coup de poing tel qu'il m'a bien fallu quelques jours avant d'écrire ces lignes. Car c'est dur, c'est violent, ça prend aux tripes et ça fait mal, ça peut aussi mettre en colère et faire pleurer. Ça fait réfléchir aussi. Beaucoup. Et j'adore. J'aime qu'on me secoue de ma zone de confort en tant que lectrice. Eh bien là, c'est fait ! Et si je craignais le raccord entre la partie romanesque et celle théâtrale, j'ai été vite rassurée : je ne l'ai quasiment pas vu. le passage se fait naturellement sans heurt, et on se retrouve aux premières loges pour le dernier grand rôle d'El hadja, celui du personnage qui dévoile les coeurs et expose en pleine lumière la vérité toute nue.
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Roman qui se lit très bien, je ferais plus un résumé qu'une critique. C'est l'histoire d'une jeune femme assassinée qui revient d'entre les morts pour rendre jugement de son crime. Écrit entre roman et pièce de théâtre, le principal personnage convoque sa famille et ses amis pour faire part de sa déception dans la recherche de la justice. L'auteur veut nous démontrer la condition féminine en Algérie et dans les états musulmans du Maghreb et la fierté des hommes quand on bouscule la règle. On comprend pourquoi les femmes sont traitées pour être mères au foyer et enfanter à la disposition du maître de famille et non comme une personne libre de faire ce qu'elle désire. Presqu'un poème, une ode à l'amour pour la liberté de la femme dans ces pays patriarcaux.
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El Hadja a été brûlée vive par son propre frère...Suite à cet acte, El Hadja perd la vie. Après quelques années, son âme revient vers sa famille et ses amis, pour avoir des explications sur cette mort inattendue et injuste.

Quel beau livre! Qu'est ce que j'aimerais pouvoir avoir ces discutions avec les êtres chers déjà envolés.
Que de révélations, tristesse, joie et souvenirs évoqués dans ce bouquin...

Au départ, je n'ai pas vraiment accroché sur le style du livre, puisqu'il y a un genre théâtrale, mais très vite l'histoire est passée au dessus du style.
Quelle belle révélation!
Merci Babelio pour cette belle découverte.

Vivement conseillé.
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Citations et extraits (6) Voir plus Ajouter une citation
C'est vrai, élever neuf enfants est une lourde charge, mais je crois que personne d'entre nous n'avait exprimé le désir de venir au monde, c'était votre désir de nous avoir et votre responsabilité de nous nourrir et de nous vêtir, pour reprendre tes mots. Mais l'éducation d'un enfant va bien au delà de cela, amâ. Comment peut-on avoir autant d'enfants en vivant dans un tel dénuement, je me le demande.
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Et puis, aller sur ma tombe, pourquoi donc si seuls mes restes charnels gisent là-bas. Moi, je suis ailleurs. Je suis dans la fraîcheur des gouttes de pluie en automne, le vent qui fait danser les branches des arbres en hiver, les effluves grisants des fleurs au printemps et le roulement des vagues en été.(...) Je suis dans tes soupirs et même dans l'air que tu respires. Vois-tu, ma chère amie, je suis partout là où tu poses ton regard.
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J'ai lu les "Ailes brûlées" de Dalila Azzi en deux jours seulement. La lecture et facile, fluide et le livre nous tient en haleine. "L'héroïne" malgré elle est El hadja, l'auteure lui donne la parole et le pouvoir sans partage. Elle est douce et forte à la fois, timide et intimidante. Les mots sont bien choisis, souvent poétiques, je le recommande. Une très bonne lecture.
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El hadja : Qu’avait-il lieu de faire ? Ceux qui étaient supposés me protéger étaient absents. Tu ne pouvais me sauver de la mort, pas toi mon amie. Tu étais si jeune, tu n’avais que dix-sept ans, une enfant encore. Tu as toujours été présente pour moi, tu m’as offert ton amitié et ton amour inconditionnels.
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El hadja : J’aurais aimé vivre plus longtemps bien sûr, j’aurais aimé vivre tant de choses mais TU en as décidé autrement, TOI, mon frère, mon assassin !
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