AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
La Petite Bédéthèque des Savoirs tome 25 sur 29
EAN : 9782803673452
72 pages
Le Lombard (14/09/2018)
3.38/5   8 notes
Résumé :
Depuis la Deuxième Guerre mondiale jusqu'à nos jours, Jérôme Pierrat retrace l'histoire passionnante du Grand Banditisme. Braquages, proxénétisme, trafic de cigarettes, trafic de drogue et règlements de compte ; une plongée sombre et fascinante dans les arcanes du Milieu, où les borsalinos, les colts et les volutes de fumée prennent vie sous le magnifique trait de David B.
Que lire après Le grand banditismeVoir plus
Critiques, Analyses et Avis (2) Ajouter une critique
Il s'agit d'une bande dessinée de 56 pages, en couleurs. Elle est initialement parue en 2018, écrite par Jérôme Pierrat, dessinée et mise en couleurs par David B. Elle fait partie de la collection intitulée La petite bédéthèque des savoirs, éditée par Le Lombard. Cette collection s'est fixé comme but d'explorer le champ des sciences humaines et de la non-fiction. Elle regroupe donc des bandes dessinées didactiques, associant un spécialiste à un dessinateur professionnel, en proscrivant la forme du récit de fiction. Il s'agit donc d'une entreprise de vulgarisation sous une forme qui se veut ludique.

Cette bande dessinée se présente sous une forme assez petite, 13,9cm*19,6cm. Elle s'ouvre avec un avant-propos de David Vandermeulen de 4 pages, plus une page de notes. Il commence par évoquer l'étymologie du mot brigand, en commençant par celle du mot pirate, dérivé lui-même d'un mot pour désigner le fait de se risquer à quelque chose, de tenter sa chance. Il passe par le bon mot sur le deuxième métier le plus vieux du monde, pour ensuite développer la notion de brigand. Ces derniers correspondent à des individus organisés en bande, généralement s'octroyant les biens soit des honnêtes gens, soit de l'état, par la force et sous la menace. Il constate que de telles bandes existent aux quatre coins du monde, avec des appellations et des particularités diverses et variées, qu'il s'agisse de la mafia, des triades, des yakuzas, de la Camorra, de la Mano Nera, ou de la Yiddish Connection. Il termine son introduction avec la spécificité française, c'est-à-dire l'absence de mafia de grande envergure établie en France.

La bande dessinée commence par un dessin en pleine page représentant une exécution sommaire à Paris, rue de Lévis, un homme d'un certain âge en manteau avec son cabas de course, abattu par un tireur passager sur une moto. L'individu atteint par balle est Michel Kiejewski dit le Polonais, une légende dans le Milieu, qui a même connu le gang des Tractions Avant (en exercice de février à novembre 1946). À l'époque, le sport national des bandits était le braquage de fourgons, banques, paies d'usine et encaisseurs. C'était aussi l'époque des brigands célèbres comme René la Canne (René Girier, 1919-2000) cumulant, à lui tout seul, 17 évasions rocambolesques. Pour certains, c'était des héritiers des anciens des colonies pénitentiaires, dans la tradition des Apaches de Casque d'Or, ayant séjourné au bagne de Cayenne, eux-mêmes réalisant des opérations rappelant les techniques des bandits de grand chemin. Parmi ces bandits célèbres, il est encore possible de citer Mimile Buisson et son frère, le Nuss, la Mammouth, Nez de Braise, et bien sûr le gang des Tractions Avant (Danos, Ruard, Attia, Naudy, Feufeu, Loutrel, Boucheseiche). le Milieu comprenait d'autres professions illégales dont les représentants ne voyaient pas forcément d'un bon oeil ces bandits aux méfaits trop spectaculaires.

Pour peu qu'il soit un habitué de la petite bédéthèque des savoirs, le lecteur se demande quel sera l'angle d'attaque de l'avant-propos de David Vandermeulen. Il ne s'attend pas forcément à une approche sémantique ; il est plus dans les rails avec l'évocation historique. Ce court avant-propos ne fait qu'établir l'existence de groupes d'individus s'enrichissant sur le dos des citoyens au mépris de la loi, par la coercition, avec une organisation plus ou moins lâche, à toutes les époques, dans différentes régions du globe. La dernière partie est la seule qui vient apporter un éclairage plus intéressant, en faisant observer que le milieu du crime organisé en France n'a pas donné naissance à une organisation pérenne de type mafieuse. Cette partie met plus l'eau à la bouche du lecteur qui espère bien que ce point sera développé dans la bande dessinée. le reste n'apporte finalement pas grande information quant au grand banditisme, ou quant au contenu de la bande dessinée.

Il s'agit du deuxième de la petite bédéthèque des savoirs écrits par Jérôme Pierrat, le premier étant La Petite Bédéthèque des Savoirs, tome 8 : le tatouage, avec Alfred. le lecteur qui l'a lu relève d'ailleurs les références au bagne et aux colonies pénitentiaires présentes pour expliquer l'expression Des durs, des tatoués. Il constate également que l'auteur a réalisé un texte de type récitatif, qui pourrait presque se suffire à lui-même, sans illustration. Chaque page se compose le plus souvent de 3 illustrations, parfois 2, parfois 4, venant montrer une partie de ce qui dit le texte. le récit commence par l'assassinat de Michel Kiejewski, un bandit notoire, en pleine rue à Paris, à une époque contemporaine. Cet individu étant sensé avoir connu l'époque du gang des Tractions Avant, l'évocation du grand banditisme commence à cette époque. le lecteur sait bien qu'en 56 pages, les auteurs ne pourront pas réaliser un historique détaillé du grand banditisme à l'échelle mondiale. Un peu décontenancé par cette introduction, il jette un coup d'oeil au sous-titre de l'ouvrage qui précise qu'il s'agit d'une histoire de la pègre française. Avec cette précision en tête, il comprend mieux pourquoi David Vandermeulen a consacré plus d'une page à la spécificité française du crime organisé, et pourquoi Jérôme Pierrat entame ainsi son exposé. le démarrage aurait été moins abrupt si le préfacier avait explicité ce parti pris.

L'auteur fait donc le lien entre l'émergence d'une forme de crime organisé en France, avec les formes des époques passées, en prenant pour exemple les Apaches et Amélie Élie (1878-1933, surnommée Casque d'Or). Il prend ensuite des exemples emblématiques pour montrer d'où viennent les générations de bandits successifs, et quels furent leurs spécialités en matière d'activités criminelles. le lecteur voit ainsi passer René Girier (1919-2000, 17 évasions au compteur), Pierre Loutrel (1916-1946, dit Pierrot le fou), Joseph Victor Brahim Atti (1916-1972, dit Jo Attia), ou encore Jean-Baptiste Croce, Gaetano Zampa & Francis Vanverberghe, la fratrie des Zemmour. Il établit que le fonds de commerce le plus stable du grand banditisme en France reste le proxénétisme, et que les braquages ont été à la mode à plusieurs époques. Au fil des pages, le lecteur découvre ainsi des personnages hauts en couleurs, usant de violence, occasionnant des dommages collatéraux, à commencer par des victimes innocentes (par exemple 23 convoyeurs abattus en 1995 et 2000). Il contextualise leurs origines, introduisant une dimension sociale. Il pointe du doigt la catastrophe que furent les projets pédagogiques (en toute ironie) des colonies pénitentiaires, ainsi que les associations contre nature (par exemple entre Loutrel ancien gestapiste et Jo Attia ancien prisonnier de camp de concentration).

Au fil des décennies qui sont évoquées, le lecteur observe l'évolution des domaines d'intervention du banditisme (casseur, trafiquant, bookmaker, cambrioleur, faussaire, etc.), ainsi que la capacité des bandits à s'adapter aux évolutions de la société, investissant de nouveaux domaines comme la finance, l'environnement, les denrées alimentaires, les nouvelles technologies, tout ce qui est qualifié de zone grise de l'économie. Il voit aussi arriver de nouvelles formes d'organisation s'appuyant sur l'évolution des technologies et de la demande, comme le marché du haschich marocain, avec revente à la sauvette dans les cités, et approvisionnement des dealers en Go Fast, pour profiter de l'ouverture des frontières et l'apparition du téléphone portable. Au fil des séquences, il trouve des explications sur des termes qu'il a déjà pu croiser dans des fictions sans forcément pouvoir bien les interpréter, comme celui de French Connection.

Le lecteur peut être un peu étonné de découvrir que cet exposé a été illustré par David B., l'auteur de L'ascension du Haut Mal, un récit autobiographique évoquant son frère épileptique. Effectivement, cet artiste se retrouve à illustrer un exposé très carré, peut-être livré clef en main, pour lequel il s'est forcément interrogé sur ce qu'il pouvait apporter. le lecteur observe que les dessins apportent des éléments d'informations supplémentaires, qui ne sont pas contenus dans les cellules de texte. Pour commencer, les dessins participent à une forme basique mais bien réelle de reconstitution historique. En regardant les cases, le lecteur peut voir les marqueurs temporels que sont les tenues vestimentaires, les véhicules, ou encore les outils, les armes, les éléments technologiques. Les illustrations fixent donc l'époque dans l'esprit du lecteur. En outre, David B. réalise des dessins avec une approche entre caricature et naïveté, à la fois très simples de lecture et très expressifs. Au fil des pages, il apparaît que les bandits cités ou les activités illégales ne sont jamais représentées sous un jour favorable, ou romantique. Les visages et les silhouettes des criminels ne sont pas avenants, sans être non plus hideux. La prostitution et les braquages apparaissent comme prosaïques et brutaux, sans avoir besoin de recourir au gore. En creux, les dessins décrivent un monde agressif et malsain, exsudant une ambiance glauque. Grâce à cette approche graphique, David B. combine une forme descriptive simplifiée mais pas inexistante, avec un malaise sourd dépourvu de toute soupçon d'apologie ou de séduction. le lecteur peut être décontenancé par la faiblesse de la reconstitution historique, mais rasséréné par l'absence totale de fascination pour ce mode de vie ou pour ce genre d'activité.

Le lecteur peut être un peu déstabilisé en débutant sa lecture, à la fois par l'avant-propos un peu rapide de David Vandermeulen, à la fois par le périmètre restreint de l'exposé, et également par le choix esthétique des dessins. Outre le fait qu'il s'agit d'une vulgarisation, il doit garder à l'esprit le sous-titre de l'ouvrage qui précise que l'objet se cantonne à la pègre française. Avec cette idée en tête, il comprend mieux la démarche des auteurs, et peut apprécier les images refusant de glorifier les bandits de quelque manière que ce soit, ainsi que la période retenue, relativement courte (après la seconde guerre mondiale jusqu'à nos jours). Les auteurs passent en revue et présentent l'évolution des grandes tendances du banditisme ne France, conformément à la promesse du sous-titre. le lecteur peut apprécier la manière dont ils font ressortir l'adaptabilité de ces bandes, avec agilité et souplesse, en fonction des évolutions sociales et technologiques. Par comparaison avec d'autres tomes de la même collection, il peut regretter un propos pas tout à fait assez dense, qui le laisse sur sa faim.
Commenter  J’apprécie          130
Une BD illustrée par David B., d'office, elle a trois étoiles.
Alors, je sais c'est super empirique mais c'est comme ça. David B. c'est comme Klimt, pour moi, c'est quasi inconditionnel.
Mais c'est à peu près tout ce que je retiendrai de cette BD : son dessin toujours impeccable, mesuré et symbolique.
Pour le fond de la BD, je suis très partagée.
Ce petit tome nous donne les grandes lignes du grand banditisme français...mais c'est bien le souci.
Pour quelqu'un qui n'y connais pas grand chose, pour ne pas dire rien, c'est compliqué de comprendre ce petit ouvrage qui se résume, en grande partie, en une énumération de noms et de morts, surtout dans la première partie du tome.
Cela reste, cependant, intéressant pour comprendre l'évolution générale du "milieu" et la façon de celui-ci a évolué dans ses structures, ses techniques et ses centres d'intérêts.
Commenter  J’apprécie          90


critiques presse (3)
Sceneario
15 avril 2019
Petit ouvrage pour grand banditisme, ce 25e volume de La petite bédéthèque des savoirs, section Histoire, est à dévorer comme un bon vieux film en noir et blanc !
Lire la critique sur le site : Sceneario
BDGest
02 octobre 2018
Visuellement assez pauvre, la mise en page reste très terre-à-terre et bien en deçà de ce qu’il avait montré dans Les Meilleurs Ennemis, un projet documentaire de même nature réalisé en collaboration avec Jean-Pierre Filiu.
Lire la critique sur le site : BDGest
BoDoi
27 septembre 2018
"Le Grand Banditisme" constitue donc une très bonne entrée en matière pour tout amateur de films noirs et autres tontons flingueurs qui serait curieux de se documenter, d’autant que les auteurs prennent toujours la peine de proposer des lectures complémentaires pour ceux qui désireraient aller plus loin.
Lire la critique sur le site : BoDoi
Citations et extraits (14) Voir plus Ajouter une citation
Si le proxénétisme est le terreau du Milieu, d'autres spécialités en forment les ramifications. Casseur. Trafiquant. Bookmaker. Cambrioleur. Autant de corporations qui constituent des milieux spécifiques. Perméables les uns aux autres, ils se croisent dans les bars en prison ou dans les cercles de jeu. Le Milieu, c'est la réunion de tous ces milieux, avec des liens vers des fournisseurs d'armes, de faux papiers, ou vers les receleurs.
Commenter  J’apprécie          30
Ambitieux et adeptes du circuit court, les jeunes Scarface vont rapidement remonter à la source. En 1995, avec l'ouverture des frontières et l'apparition du téléphone portable, ils se lancent dans le Go Fast. Ce sont des convois rapides qui remontent la marchandise d'Espagne.
Commenter  J’apprécie          30
Des mafias traditionnelles ont en compte huit : la Cosa Nostra sicilienne, la Camorra napolitaine, la Ndrangheta calabraise, la Sacra Corona Unita des Pouilles, leurs cousines les familles italo-américaines, les yakuzas japonais, les triades chinoises, la Maffya turque.
Commenter  J’apprécie          10
Le projet pédagogique fait des coups de trique et de l'enfermement de centaines de gosses, forgera le caractère et lancera quelques carrières.
Commenter  J’apprécie          20
Le Milieu français ou les pègres anglaise, allemande sont organisés horizontalement.
Commenter  J’apprécie          40

Lire un extrait
Videos de Jérôme Pierrat (4) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Jérôme Pierrat
Mollat Underground 7 spécial Mauvais genre .Retour sur le Mollat Underground 7, un agréable moment de partage au fil de l'eau sur l'I.Boat, en partenariat avec La Mauvaise Réputation. Une spéciale « Mauvais genre » en compagnie de Jérôme Pierrat et de son éditeur, Pierre Fourniaud, autour de son ouvrage "Mauvais garçons : portraits de tatoués (1890-1930), édité à la Manufacture des Livres. Étaient également présents la tatoueuse ORELL et le collectif "Skin Jacking". http://www.mollat.com/livres/pierrat-jerome-mauvais-garcons-portraits-tatoues-1890-1930-9782358870566.html Notes de Musiques : Notes de musique : DR Mollat®
+ Lire la suite
autres livres classés : bande dessinéeVoir plus
Les plus populaires : Bande dessinée Voir plus


Lecteurs (25) Voir plus



Quiz Voir plus

Les personnages de Tintin

Je suis un physicien tête-en-l'air et un peu dur d'oreille. J'apparais pour la première fois dans "Le Trésor de Rackham le Rouge". Mon personnage est inspiré d'Auguste Piccard (un physicien suisse concepteur du bathyscaphe) à qui je ressemble physiquement, mais j'ai fait mieux que mon modèle : je suis à l'origine d'un ambitieux programme d'exploration lunaire.

Tintin
Milou
Le Capitaine Haddock
Le Professeur Tournesol
Dupond et Dupont
Le Général Alcazar
L'émir Ben Kalish Ezab
La Castafiore
Oliveira da Figueira
Séraphin Lampion
Le docteur Müller
Nestor
Rastapopoulos
Le colonel Sponsz
Tchang

15 questions
5224 lecteurs ont répondu
Thèmes : bd franco-belge , bande dessinée , bd jeunesse , bd belge , bande dessinée aventure , aventure jeunesse , tintinophile , ligne claire , personnages , Personnages fictifsCréer un quiz sur ce livre

{* *}