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Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Amadou Hampâté Bâ est un monument de la littérature malienne, africaine et mondiale. Et son roman Amkoullel l'enfant peul est son histoire. Elle sert d'autobiographie, de mémoire d'un grand homme et d'une époque révolue. J'aurais été tenté de dire d'un peuple, mais le parcours de cet enfant, même s'il tire ses origines de l'ethnie des Peuls, se mêle et s'entremêle avec celles des Toucouleurs, des Bambaras, des Bozos, des Dogons et de tous les autres peuples présents dans ce grand pays qu'est le Mali. C'est qu'il s'agit aussi de l'histoire d'une partie du continent, de l'Ouest africain et de la présence colonialiste française. Et cette histoire était, jusqu'à ce moment, au début du XXe siècle, transmise oralement. Donc on découvre également le sort d'une civilisation en plein bouleversement, qui voit ses repères et ses traditions ancestrales (avec ses codes d'honneur, ses griots et marabouts) bousculés par la modernité et la supériorité technique des nouveaux arrivants.

On replace souvent l'auteur à cette fameuse phrase : « En Afrique, chaque fois qu'un vieillard meurt, c'est une bibliothèque qui a brûlé. ». Heureusement pour nous, Amadou Hampâté Bâ a écrit ses mémoires. Et de nombreux autres ouvrages.

Amkoullel l'enfant peul retrace l'histoire de la famille d'Amadou Hampâté Bâ, en commençant par ses grands-parents, puis ses parents Hampâté et Kadidja. Deux grandes et nobles (et fières !) familles peules à une époque où le pouvoir réside entre les mains des Toucouleurs à Bandiagara. Mais très tôt, ses parents se séparent amicalement et sa mère se marie à nouveau avec le grand chef Tidjani. le jeune Amkoullel suit à sa mère à la cour des Thiam à Louta puis en exil à Bougouni. À travers les pérégrinations du garçon, le lecteur découvre un nouveau monde. Peu de gens peuvent situer correctement le Mali sur une carte du monde, encore moins ses principales villes. Et que dire des modes de vie de ses habitants (à conjuguer au pluriel, à cause des multiples ethnies qui y vivent en harmonie, dans le respect). Bandiagara, Ségou, Bamako, Mopti la Venise-du-Soudan, autant de beauté. Les transports en bateau sur le fleuve Niger, les marchés où l'on vend mille produits exotiques, les huttes hospitalières où l'on s'arrête en chemin, la savane où les fauves se cachent, etc.

Puis, vers sa septième année, Amkoullel revient à Bandiagara. Il fait ses études coraniques et suit les enseignements des sages. Entre autres, Tierno Kounta Cissé, Tierno Bokar et Koullel. D'ailleurs, je ne comprends pas vraiment pourquoi on surnomme le garçon Amkoullel (fils de Koullel) puisqu'il avait déjà deux pères et que plusieurs maitres l'ont influencé. Amadou Hampâté Bâ ne m'a pas suffisament éclairé à ce sujet. Ce roman est aussi un ôde à la mère. Kadidja est de tous les combats. Cette batante ne baisse jamais les bras, elle tient tête à ses co-épouses, suit son mari en exil (enceinte de plsuieurs mois !), fonde une ville et devient une marchande prospère, etc. Quand un incendie ruine sa famille, elle mets les mains à la pâte et recommence. Malgré son côté autoritaire, elle est aimante et attachante, toujours là pour sa famille et ses amis. Il n'est pas étonnant que son fils la vénère et suive ses commandements.

Puis, quelques années plus tard, Amkoullel commence aussi à entrer dans le monde des adultes. Il crée sa propre association de jeunes gens (waaldé). Mais c'est aussi un garçon comme plusieurs autres, qui joue des tours pendables au vieux jardinier Sinali et qui passe ses nuits à explorer à ses risques et périls le quartier des Blancs… Dans tous les cas, toutes ces péripéties d'adolescent sont divertissantes et nous rappellent qu'un grand homme peut se cacher dans n'importe quel petit bonhomme. Mais la vie continue et le jeune peul devra aller à l'école des Blancs ! Sacrilège, on craint qu'il ne tourne le dos aux traditions ancestrales et aux valeurs musulmanes ! Mais bon, pas le choix, les Français réclament de plus en plus d'indigènes pour les aider à gérer la colonie. Et le roman se clôt quelques temps après la Grande Guerre, avec un Amkoullel adulte qui a obtenu son certificat et qui se voit confier un poste dans l'adminsitration coloniale, loin de sa famille.

Amkoullel l'enfant peul est une lecture agréable. Malgré le dépaysement et les réalités à des années lumière de celles du lecteur occidental, Amadou Hampâté Bâ réussit à rendre son histoire accessible, il explique ce qui doit l'être sans employer un ton trop didactique ni assomer son lecteur avec de longues descriptions. C'est riche et instructif sans en donner l'impression, c'est vraiment parfait. Aussi, l'auteur alterne les moments tristes et dramatiques (l'exil, la répudiation de Kadidja par ses co-épouses, la mort des deux frères d'Amkoullel) avec ceux qui sont comiques (la bataille sur les bateaux à fond plat entre Kadidja et le patron aux mains baladeuses). C'est aussi très intructif, rempli de la sagesse (accumulée au cours des siècles par les griots et les vieux, ces « bibliothèques ambulantes »). On y retoruve plusieurs proverbes et un enseignement de la vie qui peut encore s'appliquer même dans nos vies aux préoccupations modernes. Je termine avec une citation du roman. « La vie est un drame qu'il faut vivre avec sérénité. »
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J'ai lu ce livre de Amadou Hampâté Bâ il y a 4 mois déjà, j'avais tellement apprécié ma lecture, j'avais tant de choses à en dire que je n'arrivais pas à écrire mon article au point même que j'y avais renoncé.
Mais voilà que je décide de vous en parler quand même, maintenant que j'ai plus de recul, que cet enthousiasme paralysant s'est atténué avec le temps. Et surtout je voulais vraiment partager avec vous cette lecture enrichissante et cet auteur qui mérite amplement d'être lu.

Amadou Hampâté Bâ était un écrivain et un ethnologue malien qui a consacré une partie de sa vie à travailler à la promotion du patrimoine linguistique africain. Grand défenseur de la tradition orale africaine, c'est toutefois par l'écrit que cet homme d'une grande sagesse a transmis son amour pour la civilisation peule à travers ses divers écrits dont les Contes initiatiques peuls ainsi qu'à travers ses propres mémoires dont Amkoullel l'enfant peul constitue le 1er tome. Il a également honoré la mémoire de deux personnes marquantes dans sa vie : Tierno Bokar, son maître spirituel duquel il suivra les enseignements jusqu'à son intégration à l'école française, mais aussi Wangrin, un drôle de coquin qui se sera amusé à arnaquer et plumer les fonctionnaires coloniaux.

Dans Amkoullel, l'enfant peul, Amadou Hampâté Bâ retrace son enfance jusqu'à sa prise de poste dans l'administration coloniale française. Mais il ne s'arrête pas là puisque, bien avant d'aborder sa propre vie, c'est une large partie de l'histoire du Mali et de ses peuples qu'il reprend à travers les destins et origines de ses ancêtres. On découvre alors les empires peuls et toucouleurs dont les territoires englobaient le Mali actuel et s'étendaient jusqu'à la côte Atlantique suivant le cours du Niger. Ses rives constituaient un véritable foyer de peuplement et abritaient les principales villes de la région.
Amadou Hampâté Bâ décrit leur histoire, leurs modes de vie, leurs traditions et croyances montrant ainsi l'incroyable diversité des peuples maliens et nous offre une véritable étude sociologique évoquant la place des femmes, le système de castes et le rôle des waaldés, sortes de confréries autonomes gérées par les enfants eux-mêmes. On s'étonne de constater l'incroyable harmonie et tolérance entre les différentes confessions, différences qui ne sont jamais prétextes à conflits.
Amkoullel, surnom donné par sa waaldé au petit Amadou, symbolise l'union des deux ethnies dominantes et pourtant adverses, sa mère est issue d'une longue lignée de nobles peuls. Il sera ensuite adopté par le second mari de sa mère, lui d'origine toucouleure. C'est pendant son enfance qu'un événement bouleverse la géopolitique de la région : l'arrivée des colons français. Amadou Hampâté Bâ nous délivre alors de savoureuses pages et anecdotes sur les rapports entre maliens et français. Les « blancs-blancs » sont une grande source de curiosité et d'étonnement par leur politique, leur couleur ( surtout ce rouge lorsqu'ils se mettent en colère ) et leurs différences culturelles, de quoi stimuler l'imagination fertile des maliens.

C'est alors un autre monde auquel est confronté Amkoullel, surtout lorsqu'il est amené, contre son gré, à intégrer l'école française. Ses excellents résultats le font rapidement évoluer et l'oblige à s'éloigner mais la distance d'avec sa famille le pèse. En 1914, la première guerre mondiale éclate. Amadou Hampâté Bâ montre alors comment cet événement a été perçu par les africains qui ne comprenaient pas vraiment pourquoi les « blancs-blancs » se faisaient la guerre entr'eux et ce que, eux, avaient à voir là-dedans. L'autre drame de l'époque est la grande famine qui sévit dans une grande partie du territoire. Des villages entiers sont dépeuplés et des destinées bouleversées.
Après avoir refusé d'entrer à l'école Normale de Gorée pour ne pas être séparé de sa mère, Amkoullel est envoyé en poste à Ouagadougou très loin de sa famille. Son expérience de l'administration coloniale et le reste de sa vie constituent le deuxième volume de ses mémoires.

J'ai véritablement adoré cette lecture très riche et instructive. Amadou Hampâté Bâ construit son récit à la manière d'un conte n'hésitant pas à y introduire des éléments du domaine du merveilleux relatifs à certaines croyances des ethnies qu'il rencontre. Il ordonne ses souvenirs autour d'événements et de personnages marquants, souvent liés à un lieu particulier. Il nous fait ainsi voyager avec lui à travers l'ancien Soudan français et le long de la boucle du Niger. On devient incollable sur la géographie de la région !
C'est aussi une lecture pleine de sagesse et d'enseignement, une plongée au sein d'une pluralité de cultures qui se retrouvent néanmoins autour de valeurs communes telles la solidarité, l'honneur, le respect et la tolérance.

Amadou Hampâté Bâ base son texte sur ses propres souvenirs mais aussi sur ceux de ses ancêtres, tous rapportés grâce à la tradition orale. Lorsque Nicolas Sarkozy affirmait que le continent africain n'avait pas d'histoire, il raisonnait avec une mentalité d'occidental qui veut que notre histoire soit transmise et étudiée exclusivement par l'écrit. En Afrique, le passé revit oralement de génération en génération et la culture locale se perpétue ainsi.

C'est donc dans la grande tradition des maîtres maliens qu'Amadou Hampâté Bâ transmet son héritage et celui de tout un peuple tout en embarquant le lecteur pour un fabuleux voyage riche en péripéties. Son talent de conteur est remarquable et envoûtant.

J'espère pouvoir bientôt ( enfin … bientôt … euh … disons dans un certain temps encore indéterminé) lire le 2ème volume ainsi que d'autres récits de cet homme admirable, tous devenus des classiques emblématiques de la littérature et de la culture africaine. Je ne peux que vous encourager à les découvrir vous aussi !






Lien : http://cherrylivres.blogspot..
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Dans ce roman autobiographique, Amadou Hampâté Bâ raconte son enfance au Mali. Dans une langue savoureuse et avec tendresse et humour, il décrit son apprentissage de la vie dans l'Afrique de l'époque coloniale avec ses contrastes et ses contradictions. A la fois élève dans une école coranique et dans une école française, il doit également composer avec les traditions imposées par son ethnie.

Ce livre est plein de charme, très agréable à lire et nous plonge en plein coeur de l'Afrique profonde...

la suite sur http://leslecturesdeclarinette.over-blog.com/article-862987.html
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"Quand la chèvre est présente, nul ne peut bêler à sa place". (proverbe malien)

En entorse à la transmission orale de la culture africaine qui a prévalu jusqu'au 20ème siècle, Amadou Hampâté Bâ prend la plume. Il écrit ce qui jusqu'alors ne se transmettait que de bouche à oreille. de bouche de vieillard, celui qui a la connaissance, à oreille d'enfant, celui qui découvre. Malien de naissance, formé à l'enseignement de la famille africaine puis à l'école coranique et enfin à celle des Blancs, il a compris que si l'Africain n'écrivait pas son histoire, une chèvre bêlerait à sa place. Sans doute celle de M. Seguin. Il était donc important de graver dans le marbre, ce qui jusqu'alors ne l'était que dans les mémoires africaines. C'est ainsi qu'un livre naît de la tradition orale. C'est ainsi qu'une histoire du peuple peul s'écrit de main de Peul, afin qu'elle ne se perde pas dans l'obscurité du temps.

La tradition orale confie sa mémoire aux anciens. Ce sont eux qui transmettent le savoir. La tradition écrite n'a plus besoin d'eux. le savoir est dans les livres. C'est ainsi que la cohabitation des générations ne se justifiant plus dans la culture occidentale les vieux sont relégués. Alors que la culture africaine donne la primauté aux anciens, à la famille. Une famille qu'il faut concevoir au sens large dans laquelle un frère peut l'être devenu par les marques d'amitié qu'il a témoignées, un père par le soin qu'il a pris d'un enfant dans son éducation. La famille africaine n'est pas réduite aux liens du sang, elle s'agrandit au gré des affinités qui se constituent au fil du temps, mais toujours au sein de l'ethnie. Et l'enfant est habitué à évoluer dans un contexte familial qui n'est pas réduit à celui de ses géniteurs.

Tout cela on l'apprend de mémoire de Amadou Hampâté Bâ, qu'il nous confie avec force détails dans ce bel ouvrage qui témoigne de sa maîtrise de la langue. Avec force détails parce que les Africains ne savent pas résumer. Ils aiment parler et prendre leur temps pour dire les choses. Les dire correctement dans une langue friande de paraboles, empreinte de beaucoup de sagesse et rehaussée parfois d'un humour qui n'entache pas la gravité du propos. Parce que l'Africain aime aussi rire, et faire rire.

Une autre entorse qu'il fait à son éducation est de parler de soi-même. C'est mal vu dans la culture africaine. Amkoullel, l'enfant peul est bel et bien un ouvrage auto biographique. Il nous instruit sur le parcours initiatique de son auteur. Mais à l'âge auquel il écrit cet ouvrage, et dans la langue dans laquelle il le fait, alors qu'il fréquente les instances internationales dans des postes élevés, ne parle-t-il pas déjà d'un autre. de ce gamin qu'il a été, évoluant pieds nus au sein de la grande famille africaine et promu par la sagesse de ses anciens.

Amkoullel est né dans un Mali colonisé par la France. La pondération dont il fait preuve tout au long de son récit à l'égard de ceux qui ont fait main basse sur le pays nous montre à quel point il sait faire la part des choses entre le bon et le mauvais de cette emprise des Blancs sur l'Afrique. En visionnaire qu'il est, Amadou Hampâté Bâ, sentant le progrès venu avec les Blancs pervertir sa culture ancestrale et mettre en danger la tradition orale qui a baigné son enfance, ressent l'urgente nécessité de soumettre à celui qui veut imposer sa culture ce que ses oreilles n'écouteront pas. Il écrit ce superbe ouvrage des plus agréable à lire, on dirait presque à entendre, pour faire admettre à celui qui impose sa loi que la tradition séculaire de perpétuation de la connaissance par la parole, chargée d'une philosophie empirique et pragmatique, colporte bien plus de connaissances que sa culture occidentale égocentrique ne l'imagine.

C'est un ouvrage de tempérance qui témoigne de l'intelligence et la sagesse de son auteur. On peut retrouver ce dernier sur Youtube dans un entretien évoquant son ouvrage qu'il a tenu à la télévision de son époque, l'ORTF: https://ytube.io/3FfQ
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Quel plaisir que de lire Amadou Hampaté Bâ! Ses Mémoires sont une joie pour le lecteur, tout s'y trouve, l'histoire, L Histoire, la géographie, l'humour, la tendresse, la vie avec ses bons et ses mauvais moments, les traditions du Mali au début du XXème siècle, bref, on traverse un pays et une époque avec un magnifique conteur.
J'ai suivi avec enthousiasme les tribulations de ce petit garçon Peul au destin incroyable, qui verra l'extraordinaire tempérament de sa mère les sauver plus d'un fois, la sagesse de ses maîtres lui transmettre le savoir et leur sagesse avec tout le bénéfice que cela pourra lui apporter, l'honneur et le courage aussi de son père adoptif qui forgera pour partie le caractère de Amadou.J'ai traversé ce début de siècle avec les colonisateurs Blancs (dont les citations des Peuls, Toucouleurs et autres Bambaras m'ont bien fait rire d'ailleurs!) et le pan de l'Histoire des Tirailleurs lors de la Grande Guerre de 14/18, raconté avec recul, et une certaine tendresse pour ses hommes qui ont donné leur vie pour une patrie qui n'était pas la leur et qui ont découvert que l'homme blanc n'était finalement pas un surhomme mais comme eux, un homme qui pleurait et qui pouvait avoir peur!!
Sincèrement, une très très belle découverte d'un livre qui attendait sur mon étagère depuis très longtemps et que le Challenge ABC 2013/2014 m'a permis d'ouvrir enfin la première page ;)
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Hampatâ Ba est né au début du 20e Siècle en Afrique sub-saharienne qui correspond actuellement au Mali ,Niger, le Burkina Fasso, la Côte d'Ivoire ,le Togo ,le Bénin ,le Gabon ,le Tchad, le Caméroun ,...etc
Cet écrivain est une icone de la littérature africaine ,il jouit d'une haute estime .Il a une immense culture puisée dans la tradition orale grâce aux contes des griots ,des vieux et vieilles et des marabouts .Il a exercé en tant que fonctionnaire dans cette partie de l'Afrique .Il est né curieux de tout ce qui touche à la culture : contes ,histoire ,proverbes...On lui doit la célèbre citation :"Lors qu'un vieux meurt ,c'est une bibliothèque qui brûle ".
Avec Amkoullel l'enfant peul",l'écrivain nous entraîne dans l'Afrique du début du siècle passé .C'est l'enfant qui nous transmet son regard et nous fait découvrir avec fraîcheur et en toute innocence les moeurs et les habitudes de l'époque ,tout en nous plongeant dans l'histoire au travers de portraits et d'aventures étonnantes .
La langue est limpide et haute en couleur,imprégnée de tout l'héritage des conteurs et des griots de l'Afrique .
A sa lecture ,ce roman m'a permis de découvrir un grand auteur d'Afrique ,un conteur, un sage pétri d'humanisme ,tolérant et d'une grande noblesse d'âme .
Un très bon et beau roman avec à la clé une enrichissante lecture .
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C'est un plongeon dans l'Afrique de l'Ouest du début du XX siècle, quand des peuples, pas encore découpés à "l'européenne", vivaient selon des traditions très anciennes et savamment agencées et dont l'histoire était connue par la tradition orale et la mémoire des anciens.

On peut lire cet ouvrage selon différents angles, sociologique, historique, l'opposition blancs/noirs, la place des hommes et des femmes, l' Islam et l'animisme , il ya tout ça et sans aucun doute plus.

Pour ma part, je me suis laissée emporter par la capacité de conteur d'Amadou Hampâté Bâ et tout a été plaisir et émerveillement au long de ce livre, la langue, les connaissances, l' Afrique dessinée, totalement maraboutée par la parole de l'auteur.
Lien : http://theetlivres.eklablog...
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Amkoulel, c'est à la fois l'enfant libre qui court dans la savane, le rêveur qui ne rate aucune veillée de conte, le fils d'un roi et le serviteur d'Allah. Toutes les grandes valeurs du pays peul et dogon sont reprise dans ce livre.

C'est à la fois un récit autobiographique et une superbe histoire qui m'a tenue éveillée bien des nuits... Pas de jugement dans ce livre, mais des observations qui nous font réfléchir.
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Lu il y a une vingtaine d'années, alors que j'étais une jeune adulte, cette autobiographie d'Ahmadou Hampate Ba fut ma première expérience d'un auteur africain. Je me souviens avoir été attirée par la couverture, et surtout par le regard clair plein de sagesse de l'auteur.
Par sa prose riche et imagée, Hampathe Ba embarque le lecteur dans son enfance et adolescence en pleine colonisation française au coeur du Mali près de la falaise de Bandiagara. Cette lecture m'a fait rêver, j'en ai encore de nombreuses images en tête et il m'a permis d'approcher une culture et une pratique religieuse que j'ignorais. Il fut la porte d'entrée merveilleuse vers de nombreuses autres lectures d'auteurs africains et/ou musulmans, tant sur des époques actuelles ou plus anciennes.
Ce fut pour moi une expérience forte, avec la découverte d'un grand homme.
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En me prêtant ce pavé,plus de 550 pages, on m'avait vanté la belle écriture, l'humour. Pourtant au début j'ai été peu enthousiaste, rien ne se mettait en place,me semblait il,il y avait beaucoup trop de circonlocutions pour peu avancer,et à force de présenter chaque personnage à travers sa généalogie,je me suis vite perdue.
Pourtant...
Une fois que j'ai compris qu'au Mali à cette époque du moins, les gens s'inscrivent dans un contexte social si important que les présenter individuellement n'était pas envisageable et n'avait pas de sens,je suis peu à peu entrée dans l'histoire de cet enfant Peul des premières décennies du 20 ème siècle.
J'y ai pris du plaisir, lecture émaillée de dictons peuls, simple à lire, vivant.
j'y ai beaucoup appris sur la grande liberté laissée aux femmes ( commerce, gestion financière, liberté de déplacement, organisation sociale,etc ..) mais aussi aux enfants,sur l'importance de la vie associative et de l'entraide.
J'ai également beaucoup appris de façon très pratique sur le colonialisme,et comment Africains et colonisateurs se cotoyaient sans se comprendre,sinon ponctuellement d'individu à individu ,non pas comprehension mais respect,ce cotoiement de deux structures si différentes,vu par des jeunes enfants, est extrêmement comique,je pense par exemple à l'expédition montée pour vérifier la couleur et l'aspect des crottes de Blancs qui étaient très noires,grand mystère pour ces petits Peuls.
J'ai aimé aussi la relation d'une religion musulmane très humaniste, et le livre fini,je comprends le chemin parcouru par Amadou Hampaté Bâ devenu une grande figure de conteur.
Un très beau livre,au final. Et une belle philosophie de vie.
( sur un plan plus personnel, m'apercevoir que je connais très peu de choses sur le continent africain sauf peut être la musique de certains pays,et en particulier très peu d' auteurs,ceci expliquant que j'ai eu du mal à rentrer dans cette autobiographie )
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