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Brâs a 32 ans et il va mourir.
Brâs a 28 ans et il va mourir.
Brâs a 41 ans et il va mourir...

Brâs de Oliva Domingos, Brâs pour les intimes que nous sommes devenus, a vécu mille vies et connu tout autant de morts.
Récit totalement anarchique que celui des jumeaux Fabio Moon et Gabriel Ba.
Sur prêt de six décennies, ils retracent, avec un talent indiscutable et une originalité hallucinante, les boires et déboires d'un petit chroniqueur journalier à la rubrique nécrologique du quotidien local qui se voyait déjà devenir un écrivain aussi reconnu que son père.

Intemporelle et totalement éclatée, cette histoire ne se livre pas facilement. Elle commence par intriguer puis fascine tant par le scénario que le coup de crayon, le tout sublimé par ses couleurs flamboyantes.
Brâs est un homme comme il est tous les hommes.
Ses espoirs et ses craintes sont universels.
Chacun s'y retrouvera forcément à un moment donné.
Un thème récurrent, comme fil conducteur de ses multiples vies aux destinées communément tragiques, l'amour.
Celui du père que l'on recherche furieusement sans jamais vraiment le trouver.
Celui de l'ami fidèle que l'on sent s'éloigner un peu plus chaque jour.
Celui de la femme entraperçue au détour d'un voyage où d'un rayon de supermarché...

Hypnotique, voilà ce qu'est Daytripper.
Poétique, délicat, onirique lorsqu'il n'est pas cruellement réaliste, ce petit conte des temps modernes vous prendra par la main doucement, sans avoir l'air d'y toucher, pour finalement vous abandonner aux multiples réflexions qui ne manqueront pas de se faire jour au sortir d'une telle expérience.
Un petit bijou d'authenticité et d'intelligence incontournable...
6/5
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A 32 ans, Brás travaille dans un journal de São Paulo à la rubrique nécrologie. Evidemment, ce n'est pas le boulot de ses rêves. Lui, qui, à l'instar de son père, rêvait de devenir un grand écrivain et avait un certain don pour ça. Malgré cela, il ne s'est jamais lancé. Il se contente des félicitations de son patron qui lui assure qu'il fait quelque chose d'utile. Peut-être un héritage trop lourd à porter pour lui ou bien une pression trop forte ? Justement, la communauté littéraire fête ce soir-là les 40 ans de carrière de ce dernier. Un gala est organisé et sa maman l'appelle pour le prévenir qu'ils comptent tous sur sa présence. Son ami de toujours, Jorge, le soutient, le rassure et l'encourage à faire ce dont il a toujours rêvé. Et, il y a Anna, sa femme. A des milliers de kilomètres mais toujours présente pour lui. Malheureusement, tout a un début et une fin. Et, ce soir-là, Brás était au mauvais endroit au mauvais moment et va mourir tragiquement...
Et, si on recommençait ?

Comment résumer cet album impressionnant et fichtrement bien foutu et original ? Pour faire simple : 10 chapitres, 10 âges différents, 10 moments-clés de la vie de notre héros mais une seule et même fin, sa mort.
Aux commandes de cette(es) vie(s): les jumeaux Fábio Moon et Gabriel Bá, un tandem qui fonctionne à merveille. Pour preuve, cet album volontairement décousu qui relate la vie, la mort, l'amour, les parents, les enfants, le travail, l'amitié, la peur, l'envie et les rêves. L'on suit ce journaliste terriblement attachant, un peu paumé et souvent rêveur qui semble encore vivre dans l'ombre de son père et se chercher une place. Des épisodes, plus ou moins marquants, nous sont ainsi présentés, sans aucune forme linéaire mais tous empreints de vie et d'amour.
Le ton est incroyablement juste, tant sur le fond que sur la forme. Les dialogues sont d'une rare intensité, intelligents et profonds. La mise en page est dynamique et singulière. Les auteurs jouent avec le cadrage, le fond de page et les superpositions. le dessin est finement travaillé, fin, réaliste et aéré. Quant aux couleurs, elles sont éclatantes et la palette de couleur est incroyable.
Un voyage onirique, touchant, dépaysant et, paradoxalement, vivant...

A noter une préface de Cyril Pedrosa et une postface de Craig Thompson qui, chacun à leur manière, savent nous bouleverser...

Daytripper, au jour le jour... par delà la vie et la mort...
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"Le jeune ouvre le journal pour oublier la vie en lisant les pages BD.
le vieux le fait pour oublier la mort en lisant les nécros des autres.
Mon conseil : n'ouvre pas le journal et vis ta vie."

Alors qu'il est le fils d'un célèbre écrivain brésilien, Brás de Oliva Domingos écrit, lui, des nécrologies pour un grand journal de Sao Paulo. La mort fait partie intégrante de sa vie, de son quotidien, et c'est à sa vie et à toutes ses morts que nous allons assister. Résumer tout ce qui se passe dans sa vie est secondaire. Il me semble beaucoup plus important de laisser le plaisir et la surprise de la découverte aux futurs lecteurs.

"Je ne pourrais pas dire quel âge j'ai, seulement que je suis trop jeune pour me demander si j'ai posé les bonnes questions dans le passé et trop vieux pour espérer que le futur me donne toutes les réponses."

Le récit est découpé en une succession de tranches de vie qui compose un fabuleux voyage à travers la vie et la mort. Voyage prétexte à découvrir sa naissance, son enfance, ses parents, sa famille, sa vie professionnelle, sa vie sentimentale, ses amours, ses amitiés, les bonheurs et les drames inhérents à toute existence. Tout nous est livré dans le désordre le plus complet, au lecteur de tout remettre dans le bon ordre. Mais l'ordre est-il si important ? L'important n'est-il pas ce qu'on a vécu, peu importe quand on l'a vécu ?

"La vie est trop sombre sans quelqu'un avec qui la partager."

La venue à la vie, la magie de la naissance de son propre enfant. L'enfance, l'éducation qu'on reçoit de nos parents, l'influence qu'ils peuvent avoir sur nous, tout ce qui contribuent à faire de nous ce que nous allons devenir. L'aspect professionnel prépondérant dans notre vie vu le temps qu'on y consacre. Enfin, la place essentielle de l'amitié et de l'amour sans lesquels la vie ne vaudrait pas la peine d'être vécue. Les sentiments d'amitié et d'amour y sont magnifiquement et subtilement représentés, il suffit d'un mot, d'un regard. Autant de thèmes à priori basiques mais pourtant universels pour une histoire à la portée universelle.

"Il y a beaucoup de choses difficiles à comprendre dans la vie, et certaines encore plus compliquées à exprimer avec des mots. L'amitié en fait partie."

Daytripper est le livre d'une vie mais surtout un livre sur la vie…

Des dialogues forts qui posent de véritables moments de réflexions sur lesquels il serait bon de revenir de temps à autres, notamment dans les périodes de doutes sur ce qu'on est, ce qu'on aimerait être… Un encrage qui donne une vraie puissance au dessin, une vraie épaisseur aux personnages et aux décors. Des couleurs qui changent de tonalités selon les ambiances souhaitées, un vrai plus qui contribue à donner une couleur unique à l'ensemble de l'oeuvre.

"Chaque jour, nous nous sentons plus distants les uns des autres. Plus seuls, tout en vivant au milieu de millions de gens. Chaque jour, nous regardons notre ville devenir un désert dans lequel nous sommes perdus...à rechercher cet oasis qu'on appelle..."l'amour".

Daytripper, au jour le jour… La vie, la mort, l'amour…


Lien : http://bouquins-de-poches-en..
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J'ai récidivé, je le confesse. J'ai à nouveau éclipsé ma virilité pour laisser place à mon âme d'enfant, celle qui a été écorchée par les morts de Mufasa ou de la mère de Bambi. Oui, j'ai pleuré, beaucoup même, à tel point que mes glandes lacrymales ont conjugué le verbe « pleurer » à tous les temps de l'indicatif, et en une fois. Ouais je sais, balèze. D'ailleurs, saviez-vous qu'il existe des thérapies au Japon basées sur le pouvoir des larmes pour diminuer le stress ? Je sais désormais probablement pourquoi j'aime tant pleurer. Mais on s'égard. Retournons à nos moutons.

Qu'est-ce que Daytripper ? le premier chapitre achevé il faut se l'avouer, c'est un joyeux bordel métaphysique. Mais derrière les faux airs des prémices d'un trip philosophique, le tissu émotionnel est d'ores-et-déjà dense et massif. A chaque page tournée on éprouve ce sentiment si particulier : celui d'avoir la sensation de caresser du bout des doigts une oeuvre unique et viscérale qui semble farder en son sein un condensé brut d'émotions. Et soyez-en sûr(e)s, la perfusion émotionnelle est continuellement en intraveineuse. J'oubliais, pour les plus sensibles pensez à vous munir de quatre mouchoirs. Non pas trois, ni cinq, quatre. Vous commencez à le savoir, j'aime la précision.

Gabriel Bá et Fábio Moon mettent à l'honneur des grands thèmes philosophiques, et de la plus délicate des manières. Sous leur coup de crayon à la fois léger mais gracieux aux tons d'aquarelle, les jumeaux exhibent une oeuvre qui se veut profondément consciente, où la mort, en filigrane, côtoie l'exaltation, la tristesse ou encore la colère. A l'image de la vie finalement. Et c'est là le fil rouge que le duo brésilien tisse tout au long du récit : mettre en image un miroir de la vie afin de nous amener à sonder nos âmes pour ne jamais perdre de vue l'essentiel, l'amour. Car oui, derrière l'étouffant voile lugubre qui enveloppe l'histoire, il y a continuellement un brin de lumière ô combien puissant qui subsiste.

Nul besoin d'épiloguer, il y a mieux à faire que de lire mon petit billet ne pensez-vous pas ? Je sais moi aussi je vous aime et j'apprécie vous écrire un paquet de conneries, mais il y a plus important là tout de suite. Bon pas aussi capital que de se vacciner mais presque. Vous l'avez ? C'est de se procurer au plus vite un exemplaire de Daytripper cuvée prestige millésime 2012 en provenance de São Paulo, afin de découvrir cette ode à la vie et à l'amour sous toutes ses formes. Bon sang, c'est reparti, il faut que je retourne me moucher.
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Vertige d'une vie. Vertige de l'amour. Vertige d'un jour.

Le soleil, le vent, les feuilles qui se soulèvent et l'esprit qui s'en va au-delà de cette ligne vertigineuse, celle que tu hésites à franchir parce que tu ne sais pas ce qu'il y a de l'autre-coté. Brésil, Sao Paulo. Loin des plages de sable fin et de la superficialité des bikinis. Là-bas, tu croiseras le regard de Brás de Oliva Domingos. Écrivain qui griffonne les rubriques nécrologiques d'un quotidien. Ecrivain rêveur aux mille-et-une vies, aux mille-et-une morts.

Les 256 pages aux couleurs douces et chatoyantes s'achèvent. Je suis un peu sous le choc. En manque d'oxygène. En manque de repère. Toutes ces vies qui ont défilées devant moi. 10 chapitres, 10 vies, 10 destins différents de l'écrivain. 10 âges, 10 aspects de la vie où il rencontre l'amour, découvre l'amitié, respire la mort et s'effondre. Rarement un tel roman graphique m'a si surpris et si envouté. Parce que les thèmes sont profonds et humanistes.

La mort fait partie de la vie. Et notamment de celle de Brás de Oliva Domingos. Au jour le jour. Journal d'un écrivain, journal d'un jour. Chaque jour est différent, chaque jour le destin peut t'emporter. Alors chaque jour doit être un nouveau jour. Alors chaque jour doit être vécu comme tel. Et chaque jour, tu penseras à l'amour, à l'amitié et à la mort. Parce que cela fait partie de ta vie. Parce que cela fait partie de toi, cette âme et ce coeur, les deux composants indispensables pour vivre.

Des moments de doutes, des moments d'interrogations sur le sens de ma vie. Je ressors ce roman graphique. Parce qu'il est riche en questions et en réponses. Parce qu'il m'interpelle et qu'il caresserait mon esprit (!). Je ne m'attendais pas à un tel moment. Puissant, d'une intensité rare. J'ai eu envie de prendre le temps pour finir ces histoires, comme de petites nouvelles dessinées. Un chapitre ce soir, un autre le lendemain. Une pause. Courte pause. Une nouvelle histoire, un nouveau thème. Une pause. Longue pause. Pour prendre mon temps. Apprendre la patience. Ce livre est à caresser tant il est empreint de magie et de mystère. Comme le corps d'une femme. Je prends mon temps comme pour redécouvrir l'amour. Patience, attente, plaisir. Lire cette BD, c'est comme faire l'amour avec la personne qui partage ta vie. Il faut y prendre son temps, et le plaisir, la jouissance et l'épanouissement surviendront.
Lien : http://leranchsansnom.free.f..
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Ce roman graphique nous invite à suivre Brás de Oliva Domingos, un écrivain de chroniques nécrologiques, à différentes périodes de sa vie.

L'ouvrage se découpe en dix chapitres qui vont tous se terminer par la mort du personnage. La chronologie du personnage n'est pas respecté et il faut parfois faire quelques retours en arrière afin d'être sur de n'avoir rien loupé.

Si j'ai bien compris le livre, Bràs ne meurt pas réellement mais plutôt métaphoriquement, rédigeant lui-même sa propre nécrologie.

C'est une recherche de soi, de sa place dans ce monde, du but de sa vie. Et afin de donner plus de poids aux moments importants de sa vie, il rêve de sa propre mort. Mourir pour mieux apprécier la vie, en quelque sorte.

Graphiquement, c'est juste, parfait. le travail sur la découpes des scènes, l'expression des visages habille parfaitement la lecture et rajoute de la profondeur et de la crédibilité au récit.

Un régal du début à la fin.
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« Ils aiment leur café noir et sans sucre, pour que le goût en soit fort et mémorable. Ils pensent qu'il doit en être de même pour leurs histoires. Alors, ils travaillent toujours avec la cafetière à portée de main pour s'assurer de ne jamais oublier. », Sketchbook

Une BD mémorable et forte.
Des morceaux de vie qui s'ouvrent puis se referment, chapitre après chapitre.
Chaque chapitre est un chemin.

Couleurs, regards, sourires, suffisent parfois à saisir l'instant, l'émotion.

Parfois la vie mène dans des endroits inattendus, "des accidents heureux" ou malheureux. Mais c'est la vie. Elle est belle et triste, forte et légère à la fois. Elle s'achève toujours un jour ou l'autre.

Originale et tout en finesse, Daytripper nous transporte au-delà des mots, par les images, les sensations, les rêves. Elle se respire, elle s'imagine.

Difficile de trouver les mots pour partager ce coup de coeur.
Miracle de l'écriture, du coup de crayon et de la couleur.

Petites touches philosophiques sur la vie, sur la mort, couleur pastel.
Enfance, famille, rêve, amitié, amour, et mort sur un même fil, un même dessin, celui de la vie.

« Quand tu accepteras qu'un jour tu mourras...
tu profiteras vraiment de la vie.
C'est ça le grand secret. »
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C'est l'histoire décousue de Brâs. Il écrit dans les pages nécrologiques d'un journal mais il rêve de devenir un grand écrivain comme son père. Que ce serait-il passé s'il était mort à 32, 21, 28, 41, 11, 33, 38, 47 ou 76 ans ?
Avec la même apparente légèreté que dans le film Smoking No smoking d'Alain Resnais, le scénario embarque le lecteur dans plusieurs directions possibles.
La vie de Brâs est décortiquée avec une grande lucidité. L'amour, le couple, l'ambition professionnelle, l'amitié, la paternité, sont abordés avec précision et finesse comme dans Un homme de Philip Roth.
Mais on trouve aussi toute la douceur et l'humanisme des BD Jirô Taniguchi.
Pourtant cet album ne ressemble à aucun autre. C'est vertigineux.
Son graphisme, ses couleurs, ses cadrages originaux sont magnifiques, Gabriel Ba et Fábio Moon signent un album vraiment sublime.
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Bras de Oliva Domingos écrit pour la rubrique nécrologique d'un grand quotidien de Sao Paulo. Alors qu'il écrit les morts des autres, il ne parvient pas à écrire sa propre histoire, à devenir l'écrivain qui sommeille en lui. Son plus grand handicap, croit-il, est la figure écrasante de son père. Malédiction ou héritage ? C'est que la suite de l'histoire dira.

L'histoire, parlons-en. de sa structure surtout. Il y a dix chapitres qui présentent Bras à différents âges et sans chronologie. Si on connaît la fin de l'histoire dès le premier chapitre, c'est en lisant les autres, à rebrousse temps et à contre temps, que l'on embrasse toute la vie et toute la mort de Bras de Oliva Domingos. Si on peut avoir une infinité de vies, pourquoi n'aurait-on pas aussi une infinité de morts et autant de chances de tout recommencer ? Parce que là où une vie s'arrête, il y a une chance qu'une mort en devenir commence. « Et la mort, ça vous donne une autre perspective sur la vie et tout le reste… Tout le reste semble sans importance. » (p. 91) Chaque chapitre s'achève sur des nécrologies, mais ce qui est époustouflant, c'est qu'elles ne marquent pas seulement la fin (de la vie ou du chapitre) : elles aident ceux qui restent à continuer.

D'un chapitre à l'autre, les auteurs proposent des réflexions fines et bouleversantes sur la famille, entité qui ne se conçoit qu'avec des bonheurs et des malheurs. Bras doit faire sa place face à son père et à sa mère, puis face à sa femme et son fils. Une famille, c'est à la fois la vie et la mort, c'est un long récit. « La vie est comme un livre, fils. Et tous les livres ont une fin. Peu importe combien tu aimes ce livre, tu arriveras à la dernière page et ce sera fini. Aucun livre n'est complet sans une fin. » (p. 214) Et puis, il y a ce rêve qui tient tout le neuvième chapitre : entre synopsis et conclusion, ce chapitre particulier nous donne les clés et d'autres portes pour comprendre la vie de Bras.

Bras de Oliva Domingos est donc un fils, un époux, un père et un homme. Et il concentre toutes ses facettes dans son être d'écrivain : fondamentalement, viscéralement, l'essence de Bras est nourrie d'écriture. À mesure qu'il trace sa voie, qu'il trouve sa voix, tous les destins qui sont les siens se rejoignent. Et c'est tout l'art de Fabio Moon et Gabriel Ba que de tisser cette histoire mine de rien et de poser des jalons qui finiront par former un chemin.

Que dire du dessin, si ce n'est WAHOO ! Les couleurs sont puissantes, profondes, vibrantes et incroyablement dynamiques. C'est beau, tout simplement beau !
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Pour Montaigne, philosopher est apprendre à mourir. le grand homme du XVI° qui peignit le passage et non pas l'être trouve des disciples en Fabio Moon et Gabriel Ba, jumeaux brésiliens, commettant des bandes dessinées, armés de crayons, d'idées et d'une cafetière (le café, noir sans sucre pour que le goût en soit fort et mémorable). Moi, j'ai seulement la cafetière.
Daytripper c'est une vie et de multiples morts. Moi, je croyais que j'étais éternelle.

C'est donc l'histoire d'un mec qui vit, qui rêve, qui meurt. A 32 ans, à 11 ans, à 76 ans. Dans le désordre, hors de toute chronologie. Daytripper est une fable existentielle qui saisit la quintessence de la vie. Pas une élucubration fantaisiste. C'est l'histoire de Bràs Oliva de Domingos rédacteur de nécrologies dans un journal. Au fil de dix chapitres au dessin tendre, ses vies et ses morts défilent. Entre bonheurs saisis et tragédies quotidiennes. Si j'ai bien tout compris, exister c'est: vieillir sans trop se détourner de ses rêves, saisir l'amour qui s'offre, se détacher de l'ombre trop dense d'un père écrivain, se réchauffer au regard maternel à jamais bienveillant, aimer encore, être un ami fiable, être soi. Surtout être soi. Car à tout moment, de mille et une manières, le destin peut donner un coup de poignard.

Aussi banal que vous et moi, ce Bràs. Ses histoires pourraient être nos histoires. Ce sont d'ailleurs nos histoires. Il y en a plein les journaux locaux.

Moon et Ba interrogent nos rapports à la dichotomie vie-mort. Ces deux bêtes inextricablement emmêlées. Sans pathos, sans dégoulinade, sans phrases-clés à recopier dans un carnet, sans thèse à deux euros et trois cents. Avec douceur, sans cynisme, avec réalisme, sans désespoir, les jumeaux rappellent que vivre c'est mourir un petit peu jour après jour.

Dans son dernier roman La Belle Amour Humaine, Lyonel Trouillot nous invitait à nous interroger: qu'avez-vous fait de votre présence au monde?
Dans une bande dessinée poétiquement douce-amère, deux jumeaux brésilien nous convient à mordre le présent en raison de l'absurdité de notre condition. Allez, il est temps d'aller esquisser quelques pas de samba en hommage à ces deux auteurs funambules. Et célébrer la vie.
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