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Hélène Heckmann (Auteur de la postface, du colophon, etc.)
EAN : 9782742708635
520 pages
Actes Sud (04/06/1999)
4.11/5   184 notes
Résumé :
Amkoullel, l'enfant peul, maintenant âgé de vingt-deux ans, entame dans ce deuxième volume de Mémoires sa carrière de jeune fonctionnaire de l'administration coloniale en Haute-Volta (Burkina-Faso).
Après un long voyage au cours duquel il commence à noter tous les récits oraux dont il deviendra le dépositaire, le jeune homme un peu naïf du début se marie, fonde une famille et devient, à travers mille aventures cocasses, émouvantes ou dramatiques, un homme sag... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (17) Voir plus Ajouter une critique
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Oui mon commandant! c'est la suite des Mémoires du monument de la littérature et des traditions africaines qu'est Amadou Hampâté Bâ. J'avais adoré le premier tome, Amkoullel l'enfant peul, qui constituait l'ouverture sur un monde magnifique et largement inconnu, les anciennes colonies d'Afrique de l'Ouest, aujourd'hui le Mali et ses pays limitrophes. On y retrouvait un enfant qui, à travers son apprentissage de la vie, nous faisait découvrir en même temps des paysages uniques, des rites et des traditions plusieurs fois centenaires, toute les richesses des ethnies de cette région : Peuls, Bambaras, Dogons, Bozos, Toucouleurs, etc. On y rencontrait des chefs charismatiques, des griots à la langue pendue, des marabouts sages, des marchands débrouillards, des artisans habiles, et partout cette fierté.

Ce deuxième tome des Mémoires, Oui mon commandant ! nous ramène un Amadou Hampâté Bâ âgé de vingt-trois ans. C'est un jeune fonctionnaire dans l'administration coloniale française, il occupe des postes qui s'apprentent à celui de secrétaire-traducteur-expert en coutumes locales dans ce qui est aujourd'hui le Burkina Faso. L'accent est mis essentiellement sur son travail, peu sur sa vie personnelle – dommage ! N'en déplaise à mes amis gestionnaires, administration et plaisir riment rarement… Cet épisode d'une dizaine d'années est donc un peu aride.

Commencer cette lecture a été me replonger dans ce monde fascinant bien que le charme de la nouveauté n'y était plus. La continuer en fut tout autre. En fidèle autobiographe, Hampâté Bâ recense tous ses faits et gestes – vraiment tous ! – à un point que la lecture m'ennuyait de temps à autre. « Je suis venu, j'ai vu et j'ai fait » aurait été un titre convenable.

Le jeune fonctionnaire arrive avec plein de bonnes intentions mais il doit manoeuvrer habilement entre des supérieurs soit hautains et mesquins, soit bien intentionnés. Et pareillement auprès de chefs indigènes, dont plusieurs sont sages mais d'autres sont obtus et belliqueux. Amadou Hampâté Bâ se retrouve donc dans des situations difficiles souvent liées à son travail, à tâcher de résoudre les injustices et, indirectement, à aider à faire régner la paix. Quelques exemples l'auraient bien illustré mais était-ce nécessaire d'en dresser la liste exhaustive ? Ça créé un effet répétitif qui devient lassant.

D'un autre côté, sans ces souvenirs auxquels l'auteur essaie de rester le plus fidèle et le plus exact possible, aurions-nous gardé trace de ces derniers soubresauts d'un monde en voie de disparition ? le travail de préservation auquel il s'est employé n'était-il pas essentiel dans son esprit ? Après tout, ces Mémoires valent bien celles d'un Châteaubriand
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Pour qui, à mon exemple, ne connaît rien ou presque rien de l'Afrique, de son histoire et de la colonisation, ces mémoires sont une mine d'or au pouvoir évocateur puissant. Dépaysement complet garanti !

Il s'agit du second tome des Mémoires d'Amadou Hampâté Bâ, figure incontournable de l'Afrique Noire, de ses traditions et cultures orales. Pour lui qui siégeait au Conseil exécutif de l'Unesco, transmettre l'Afrique était plus qu'une cause, un combat.

Dans "Oui mon commandant !", ce combat se fait voyage et richesse grâce à une narration pleine de verve et de saveurs, celles des paysages, des denrées, des hommes, femmes et enfants rencontrés.

Une bien belle rencontre qui m'aura beaucoup appris sur un pan de l'histoire de France que je ne connaissais pas du tout bien qu'il soit encore très récent.


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Après l'avoir découvert avec sa transcription des contes peuls, j'ai retrouvé Amadou Bâ au travers cette fois de son autobiographie. Je prends un peu son histoire en cours de route puisqu'il a raconté son enfance dans un autre livre (que je n'ai pas encore lu), mais le voici au début de sa vie d'adulte, nommé au sein de l'administration coloniale française.

Son rôle, et celui de ses autres confrères africains, est assez paradoxal. D'un côté, le système colonial est profondément inégalitaire (« le dernier des Blancs vient toujours avant le premier des Noirs »), et leur rôle paraît à première vue assez proche de celui de l'esclave. Les « blancs-noirs », comme on les appelle alors, jouissent toutefois d'un énorme prestige auprès des populations. Et dans la pratique, les administrateurs français ont bien besoin de s'entourer de personnes capables de débrouiller les intrigues entre différentes familles, prévenir les conflits entre deux ethnies, et éviter les faux pas religieux ou politiques. Finalement, il est difficile de savoir qui détient véritablement le pouvoir.

Si l'auteur ne passe pas sous silence les abus de cette époque (recours à la violence brutale sans raison, harcèlement judiciaire envers un homme pour pouvoir séduire son épouse tranquillement quand il est absent, et autres joyeusetés du même genre), il offre toutefois un tableau plein de nuances : même dans les pires systèmes, on trouve des chefs capables de diriger avec discernement et humanité.

J'ai également apprécié de découvrir les pratiques religieuses de l'Afrique, et notamment l'Islam des marabouts, profondément imprégné des traditions locales, qui est aujourd'hui menacé de disparition par les courants du Golfe arabique.

Cependant, personne ne peut se vanter d'avoir une vie originale du début à la fin, et celle d'Amadou Bâ n'échappe pas à la règle. La lecture devient parfois lassante quand on se perd dans diverses intrigues de palais et de changements de gouverneur qui ont l'air de se répéter sans apporter grand-chose au propos.

Il est toujours intéressant d'avoir un angle de vue différent sur les événements historiques sensibles, et l'auteur nous l'offre sans nous demander de fournir le moindre effort : le dépaysement est au rendez-vous, et l'écriture, proche du conte, vous entraînera dans son univers sans même le remarquer.
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« Oui mon commandant » (1994, Actes Sud, 400 p.), c'est le second volume des mémoires de l'auteur et le livre fait suite à « Amkoullel, l'Enfant Peul » (1993, Actes Sud, 410 p.).
Dans le premier volume, l'auteur relate ses souvenirs d'enfance à travers les faits historiques, sociaux et oraux, tels que ses ancêtres lui ont transmis. On a donc l'histoire de l'empire Peul du Macina, au Mali que l'auteur reproduit à travers le récit du conquérant Elhadj Omar, héritier du grand Empire du Macina. La grande saga des «Peuls de l'empire peul du Macina aux toucouleurs de l'armée d'Elhadj Omar, le conquérant et chef religieux venu de l'ouest ». Fils d'une lignée aristocratique, il est scolarisé tout d'abord dans une école coranique, puis il est envoyé à l'école des colons pour apprendre le français. le récit montre les conflits de loyauté entre l'univers familial de la tradition orale et l'éducation musulmane, puis avec l'école des missionnaires où il apprend « la langue des chefs ».
Dans le second volume, plus dans le fil du présent article, Amkoullel l'enfant peul, est maintenant âgé de vingt-deux ans. Il commence sa carrière de jeune fonctionnaire de l'administration coloniale en Haute-Volta et pour cela voyage à travers tout le pays, voyage qui occupe une place prépondérante dans l'organisation du roman. Il fait émerger un portrait de quelqu'un qui tire d'innombrables enseignements d'expériences diverses et d'une représentation historique, sociologique, et politique dans la mesure où il décrit aussi le système colonial. En témoignent les titres de chapitres : « le voyage » raconte le long périple qui mène le jeune homme de Koulikoro à Ouagadougou, où il va entrer en fonction dans l'administration coloniale.puis successivement on trouve « Jeune fonctionnaire en Haute-Volta », « Dori, le pays des Peuls », « Retour à Ouagadougou », « A Tougan, sur les traces de mon père Tidjani », « Ouahigouya, dernière étape », et enfin « Retour aux sources ». Il s'agit donc plus qu'un périple, une sorte de voyage initiatique à travers le pays et son administration. A chaque étape, l'auteur brosse le portrait d'un personnage dont la rencontre permet une découverte ou est l'occasion d'un progrès intérieur. Il peut s'agir d'un griot qui raconte l'histoire de sa ville, comme à Ségou, ou à Markadougouba. A Ouahigouya, le griot explique en détails l'organisation sociale et politique de l'Empire du Yatenga. A Tiw, un « dimadjo » (un « captif de case ») raconte la triste histoire du prince Lolo, le fils d'un grand chef peul défunt. le voyage devient source de savoir en même temps qu'il est parcours initiatique pour le jeune fonctionnaire.
C'est ainsi qu'il rencontre le prince Ben Daoud Mademba Sy, fils du roi de Sansanding, sur le bateau qui remonte le Niger de Koulikoro à Mopti. Plus tard, il découvre la ville de Sansanding et le pouvoir quasi tyrannique de son roi. Bien plus tard, quand il revient dans la ville, il découvre la déchéance de la famille royale. « le prince n'est plus qu'un « loqueteux mal logé, ne mangeant qu'une fois par jour et couchant sur une natte à même le sol ». le prince reste toutefois philosophe et fataliste. « La vie fait et défait les choses. Pourtant le fleuve continue à couler, le soleil à se lever et à se coucher. » Ce qui inspire à l'auteur une pensée assez fataliste. « Eh bien, si c'est cela la vie de ce monde, elle n'est vraiment, comme dit le Coran, qu'une jouissance éphémère et trompeuse, et l'Ecclésiaste de la Bible a bien raison quand il s'écrie : Tout est vanité et poursuite du vent ! ».
Il n'y a pas de jugement politique dans cette pensée, pourtant tout est advenu suite à la colonisation. Par ailleurs tout respect semble évanoui. Témoin « La maison des femmes, au nom desquelles on fouettait tous ceux qui s'approchaient à moins de cinq mètres du mur, était devenue un lieu d'aisances public où les gens des environs venaient faire leur petit dépôt. ». Avec cependant une pointe d'amertume. « Je contemplai une dernière fois Sansanding, célèbre ville marka commandée par les Cissé au temps de l'Empire peul du Macina, puis par les Kouma au temps de l'Empire toucouleur d'El Hadj Omar, avant de devenir le paradis personnel du ‘roi' Mademba Sy, le pharaon de la Boucle du Niger. »
Au-delà des mémoires de Amadou Hampâté Bâ, de sa volonté de faire parvenir son parcours, et à travers la description des rites et traditions qui accompagnent la vie rurale, ainsi que les dépravations induites par l'administration coloniale, on sent une volonté d'inventer une nouvelle façon de raconter. C'est une sorte d'alternative au récit autobiographique et à la tradition orale des griots. Il introduit donc toute une série de mots qu'il forge tels que «foulamoussobougou» (le village de la femme peule) et «Kadidiabougou» (le village de Kadidja) ou encore le fameux «forofiton naspa» (le français des tirailleurs) et le « toubaboudougou » (le village des toubabs).
Sur la colonisation, il reconnait l'éclatement de la société traditionnelle. « Sous l'effet de la colonisation, la population de l'Afrique occidentale française s'était divisée automatiquement en deux grands groupes, eux-mêmes subdivisés en six classes qui vinrent se superposer aux classes ethniques naturelles.». Cela comprend des « citoyens de la République française », divisés en « citoyens français pur sang », « citoyens français des quatre communes de plein exercice du Sénégal » et « Africains naturalisés », et pour le second groupe, des « sujets » divisés en « sujets français du Sénégal », « sujets français lettrés » et « sujets français illettrés ». On voit que l'enseignement du calcul par les missionnaires a porté ses fruits. Même si le peuple adopte une tout autre classification « A côté de cette division officielle de la société, l'humour populaire en avait créé une autre, qui se réduisait à quatre classes : celle des blancs-blancs […], celle des blancs-noirs […], celles des nègres des blancs […], et enfin celle des noirs-noirs »
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Un régal que ce voyage dans la Haute Volta coloniale. On y découvre, à travers les souvenirs de l'auteur, la vie des blancs blancs, des blancs noirs et des noirs noirs. Cette vie de tous les jours est racontée avec beaucoup d'humour et même si Hampate Ba montre du doigt les injustices de l'administration coloniale, il souligne également ses apports. Une leçon d'histoire agréable à lire.
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Citations et extraits (15) Voir plus Ajouter une citation
Un jour, un marabout réputé, qui avait entendu vanter les mérites de Tierno Bokar, était venu à Bandiagara pour sonder ses connaissances. Après leur rencontre, quelqu'un lui demanda : "Quel est le savoir de Tierno Bokar par rapport au vôtre?" - "Si l'on pèse dans les plateaux d'une balance avec des pièces d'or ce que l'un et l'autre nous avons appris, répondit-il, ce que j'ai appris vaut cinq mille francs et ce que Tierno Bokar a appris vaut cinquante francs. Mais si l'on pèse le savoir de Tierno Bokar et le mien, mon savoir pèsera cinquante francs, et son savoir cinq mille francs. Moi, j'ai la science. Tierno Bokar a la Connaissance."
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A mon arrivée à Ouagadougou en juillet 1924, je me trouvai sans toit, car j'avais fait cadeau de mon ancien logement à un parent avant de partir pour Dori. Mon ami Demba Sadio Diallo m'offrit de me loger dans sa concession, assez vaste pour m'y accueillir avec ma petite famille. J'acceptai avec joie, car en plus de ma femme et de mon enfant j'avais ramené de Dori une petite orpheline, Aissata Baïdi, et un jeune écolier originaire du Niger, Ousmane Sita. Un jeune griot très bon guitariste qui s'était attaché à moi, Bambaguel, me suivit lui aussi à Ouagadougou. J'étais donc à la tête d'une famille de six personnes, ce qui commençait à compter pour ma modeste solde d'écrivain expéditionnaire de troisième classe. Mais j'en étais heureux et fier. Du haut de mes vingt-quatre ans, je me sentais un homme…
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Je partais avec un trésor, mais ce trésor était en moi. C'était toutes les paroles vivantes que Tierno avait semées en moi comme des graines, et qui allaient féconder le reste de ma vie. Elles allaient d'ailleurs si bien devenir partie intégrante de mon être qu'aujourd'hui encore, lorsque je parle, il m'arrive de ne plus très bien savoir si c'est moi qui parle ou Tierno à travers moi...
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Indigné, Mamadou Koné s'avance : "Hé, toi, bonhomme mal fagoté ! Sais-tu ce qu'il va t'en coûter de ton geste de fou furieux ?" Le colosse éclate de rire et brandit sa hache : "Espèce de malappris de sa mère et d'imbécile de son père, je n'ai pas besoin de savoir ce que me vaudra ta menace, mais je vais te dire tout de suite comment je vais refaire de toi un incirconcis et remettre à sa place le prépuce qui recouvrait le gland de ton pénis !"
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Du point de vue de la division “officielle” des classes, j'étais un sujet français lettré, né au Soudan et non au Sénégal, donc juste au-dessus de la dernière catégorie. Mais selon la hiérarchie indigène, j'étais incontestablement un blanc-noir, ce qui, on l'a vu, nous valait quelques privilèges -— à cette réserve près qu'à l'époque le dernier des Blancs venait toujours avant le premier des Noirs…
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Vidéo de Amadou Hampâté Bâ
Amadou HAMPÂTÉ BÂ – La tradition orale africaine (DOCUMENTAIRE, 1969) Un documentaire d’Ange Casta diffusé sur la 1ère chaîne, le 7 septembre 1969, dans l’émission « Un certain regard ».
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