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Une si longue lettre est de ces livres dont je me dis : mais pourquoi je ne l'ai pas lu plus tôt ? Il fait partie de ses lettres dont j'ai envie de dire : lisez-le!
Le sujet ? La condition des femmes au Sénégal au début des années 80. Ramatoulaye et son amie ont fait des études, elles font partie de cette génération de femmes qui ont conquis leur indépendance, et pourtant, elles se trouvent victimes de la puissance des hommes, d'un système de caste insidueux, mais aussi des manoeuvres de leur belle-famille. Ainsi, le mari d'Aïssatou n'a pu résister à sa mère, qui lui a imposé une seconde épouse issue du même milieu que lui et Ramatoulaye de souligner que cette seconde union n'est pas si douloureuse puisque sa toute jeune épouse a déjà deux enfants. Son amie a osé divorcer, Ramatoulaye a fait le choix inverse, et maintenant, elle et sa co-épouse Binetou, ex meilleure amie de sa fille aînée, sont veuves du même homme.
Ramatoulaye a toujours fait face avec dignité et courage. Aujourd'hui encore, elle refuse les solutions de facilité qui s'offrent à elle et peu et peu lui importe que que l'on dit d'elle. Elle doit aussi assumer l'éducation des onze enfants qui sont encore à sa charge, aidée par sa seconde fille (l'aînée est mariée). Cette tâche est loin d'être facile, et Ramatoulaye, toujours, se remet en cause avec beaucoup d'humilité.
La mère de sa jeune rivale n'a eu aucun scrupule, pour sa part, surtout pas celui de retirer sa fille du lycée afin de lui faire épouser "un vieux" et de profiter de tous les avantages de la situation pour elle-même.Quels sont leur avenir désormais ? Il n'est pas tourné vers l'espoir comme celui de Ramatoulaye, aussi je conclus mon billet par cette phrase, qui me touche beaucoup : le mot bonheur recouvre bien quelque chose, n'est-ce pas? J'irai à sa recherche.
Lien : http://le.blog.de.sharon.ove..
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Notre narratrice utilise les jours de deuil de son époux pour écrire une longue lettre à sa meilleure amie, sa soeur même. Sur ses choix et ses zones d'ombre : avoir accepté par exemple la polygamie de son mari et non le divorce ; ne pas avoir refait sa vie, etc. Nous sommes en 1979, l'autrice vient nous présenter quelques traditions sénégalaises, et surtout ce qu'elle en pense. Ce sont de bien belles phrases sur la place de la femme, de la mère, sur l'éducation, sur le mariage. On comprend le succès de ce récit : il est touchant, et, il est presque de la poésie tout en douceur mais pas sans incidence.
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Sénégal - Ramatoulaye, mère de 12 enfants, décide d'écrire une longue lettre à son amie Aïssatou installée aux Etats-Unis. Elle vient de perdre son mari et doit respecter les traditions en vigueur quant au deuil : différents cérémonies, un temps défini pendant lequel elle reste à la maison, les voisins, amis et famille à recevoir, les tracasseries de l'héritage, ...
Elle a le temps de repenser à son parcours et à celle de son amie : le temps de l'enfance, des études, le travail, le mariage, les enfants et ... l'arrivée d'une deuxième épouse que leur mari respectif leur a imposé!
Des parcours de vie différents, des choix et des réactions différentes mais pour toutes les deux, l'obligation de faire avec le poids des traditions et le peu de place réservé aux femmes.
Un récit très joliment écrit, plein de lucidité sur une vie semée d'embuches, mais avec une droiture et une force morale impressionnantes.
Une très jolie découverte.
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« Aïssatou,
J'ai reçu ton mot. En guise de réponse, j'ouvre ce cahier, point d'appui dans mon désarroi : notre longue pratique m'a enseigné que la confidence noie la douleur. »
Ainsi commence le livre et ma plongée dans la vie de Ramatoulaye.
« Amie, amie, amie ! Je t'appelle trois fois. Hier, tu as divorcé. Aujourd'hui, je suis veuve. » Dans cette longue lettre de souffrance, Ramatoulaye déroule le fil de sa vie. Sa rencontre avec celui qui sera son époux et qu'elle a choisi contre l'avis de sa mère. Sa vie de première épouse, ses tourments avec en fond, les us et coutumes du Sénégal musulman.
Les Sénégalaises ploient sous le poids de la tradition. Ainsi, Ramatoulaye a-t-elle appris la polygamie de son mari par les frères et le meilleur ami de son mari, le jour du mariage. Imaginez ! Ils sont venus en délégation pour lui annoncer la « bonne nouvelle » ! le mari ne lui a rien dit, rien de rien !! Oui pour nous c'est incroyable. Elle pourrait faire comme son amie Aïssatou et divorcer, mais, non, elle restera par amour, malgré l'avis de ses filles et continuera de travailler et d'assumer les enfants.
Mariama Bâ décrit la misère ou l'envie de plus de richesse, qui poussent les mères à « vendre » leur fille comme seconde voire troisième épouse à un homme riche mais plus très jeune. C'est d'ailleurs ce qui arrive à Binetou, la seconde épouse.

Bien qu'elle ait 50 ans, le frère de son mari tout juste enterré vient la demander en mariage, car il hors de question qu'elle reste seule ou que sa fortune passe entre d'autres mains. D'autres hommes la demanderont en mariage pour de très bonne raisons ou de moins bonnes. La tradition, la tradition !

Ramatoulaye renâcle devant la dégradation, l'occidentalisation des moeurs, « Notre société actuelle est ébranlée dans ses assises les plus profondes, tiraillée entre l'attrait des vices importés, et la résistance farouche des vertus anciennes… La pollution s'insinue autant dans les coeurs que dans l'air. » Pourtant la modernité a ses charmes car le mari de sa fille partage les tâches de la maisonnée « Daba est ma femme. Elle n'est pas mon esclave, ni ma servante. »
J'ai senti beaucoup de tristesse, de chagrin, de colère, de dignité et d'amour dans cette lettre où une femme, même lettrée, indépendante financièrement est entièrement soumise au mâle et à sa belle-famille. Même si Ramatoulaye accepte à son corps défendant, la polygamie de son mari, elle est résolument moderne dans ses rapports avec ses enfants et sa vie sociale.
J'ai aimé cette si longue lettre entre tradition et modernité, entre joie et souffrance, entre colère et acceptation. J'ai découvert ce titre sur le blogue d'Yv et me suis empressée de le commander à la bibliothèque. Bien m'en a pris.
Comme Yves en lisant le nom de l'auteur, j'ai aussitôt pensé à Madame Bâ d'Eric Orsenna. Maintenant, je comprends mieux l'hommage qu'il lui a rendu dans ce livre.
Le livre se termine sur une superbe phrase : « le mot bonheur recouvre bien quelque chose, n'est-ce pas? J'irai à sa recherche. »

Lien : http://zazymut.over-blog.com..
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Dans ce roman épistolaire écrit à la fin des années 70, Mariama Bâ dénonce d'une plume sobre, élégante et sans concessions, la condition féminine dans la société sénégalaise.

A travers deux portraits magnifiques, ceux de Ramatoulaye l'épistolière et d'Aïssatou, sa meilleure amie, destinataire de cette si longue lettre, le roman vibre des espoirs de Mariama Bâ pour une société plus égalitaire entre les sexes : une société qui respecterait les droits des femmes et leur permettrait de vivre libres, délivrées du joug masculin, qu'il soit conjugal ou paternel, libérées aussi des traditions avilissantes comme le mariage forcé ou la polygamie.

De ce très beau roman plaidoyer, je retiendrai avant tout deux lettres impressionnantes de dignité et de simplicité. Avec des phrases courtes et percutantes qui font le style de ce roman, la première exprime la vérité d'une situation inacceptable pour Aïssatou, femme bafouée dans son honneur qui refuse purement et simplement de "partager" son époux avec la jeunette qu'il lui préfère. Les mots claquent, froidement logiques, impitoyables pour l'homme vil qui n'hésite pas à piétiner des années de bonheur et d'amour partagés pour assouvir une passion purement charnelle.
La deuxième lettre est celle de la narratrice devenue veuve qui annonce avec délicatesse à un homme amoureux d'elle, mais déjà marié qu'elle se refuse à devenir sa seconde épouse et renonce au confort financier et à la sécurité que lui apporterait un remariage.

Sans aucune lâcheté, dans des circonstances différentes, les deux femmes revendiquent avec noblesse et une grande élégance morale leur choix d'une nouvelle vie sans homme, assumant courageusement les difficultés à venir d'une vie de famille financièrement plus précaire.

Une très belle découverte !

Challenge Multi-défis 2023
Challenge Plumes féminines 2023
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Cela faisait un certain temps que je voulais découvrir Une si longue lettre, roman engagé de Mariama Bâ, écrit en 1979 mais d'une étonnante modernité !

Comme l'indique le titre, ce roman est en réalité une lettre rédigée par la narratrice, Ramatoulaye, à son amie la plus proche, Aissatou, à la suite du décès de son époux et à l'isolement imposé aux veuves pendant 40 jours.

Dans cette missive, Ramatoulaye évoque ses souvenirs les plus mémorables, de son enfance pleine de promesse, à sa rencontre avec son futur mari, sa vie conjugale (au cours de laquelle elle aura 12 enfants !) puis à la fin brutale de celle-ci, lorsque son mari décide de prendre une seconde épouse plus jeune.

Le récit des différentes étapes de la vie de Ramatoulaye (dont 30 années de mariage) est entrecoupé de réflexions sur divers sujets, de la condition des femmes (qui a subi une grande évolution au fil du XXème siècle malgré la persistance de la polygamie et de ses conséquences pour les épouses), à la richesse d'une amitié, du cinéma, des livres, mais aussi de la situation de l'Afrique et plus particulièrement du Sénégal.

J'ai beaucoup aimé cette longue lettre, qui nous place au plus près de son héroïne, que l'on découvre dans toute son authenticité, avec ses faiblesses, mais surtout sa force de caractère, son courage, ses convictions, sa féminité, sa loyauté, sa bonté.

Un roman captivant, un beau témoignage de la condition des femmes en Afrique à travers le destin de deux d'entre elles, épouses, mères, veuves ou séparées certes, mais avant tout des Femmes.

A lire !
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Quand je pense que la lecture des premières pages m'a fait craindre de ne pas accrocher à l'histoire en raison d'une divergence culturelle et par méconnaissance de l'environnement dépeint... Quelle idée saugrenue.
Je me suis plongée avec plaisir dans les souvenirs égrénés par Ramatoulaye, si riches en enseignements sur la vie au Sénégal, en particulier la vie des femmes, leur position, leur rôle dans la société.
J'ai savouré par le menu la description de son deuil et du début de sa vie de veuve, continuant d'élever ses enfants. Tout cela écrit d'une plume imagée, en utilisant un vocabulaire riche et précis.
Quel délice !
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Mariama Bâ est la première écrivaine sénégalaise à avoir pris à coeur de défendre le droit des femmes, leur liberté de vivre comme elles l'entendent. A travers d'"une si longue lettre", elle dénonce surtout les méfaits de la polygamie. Elle raconte la vie de Ramatoulaye qui vient de perdre son mari Modou. Ramatoulaye, narratrice, au cours de son veuvage doit rester enfermée dans sa maison, c'est la coutume. Elle écrit cette lettre à sa meilleure amie Aïssatou, bijoutière qui a eu une vie similaire à la sienne. Mariée à Mawdo Bâ, elle est aussi une victime de la polygamie, comme l'a été la narratrice. Leur mari ont pris chacun de leur côté une seconde femme, ce qui met en péril le fondement même du mariage, l'amour qui est sensée s'instaurer et qui meurt avec la venue de la seconde femme, laissant le malheur s'installer dans la vie de la première épouse.

D'un style clair et convainquant, Mariama Bâ nous transporte qui est le lot de beaucoup de femmes à travers le monde. J'ai apprécié ce petit livre qui nous montre la vie de femmes dont leurs droits fondamentaux sont bafoués. J'ai aimé la façon dont Mariama Bâ montre sa détermination et ses convictions, un livre qu'il fallait absolument écrire.
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Ramatoulaye femme sénégalaise vient de perdre son mari décédé d'une crise cardiaque. Un mari avec lequel elle a eu 12 enfants pendant leurs 30 années de vie commune. Il avait obtenu en France sa licence en droit et avait été avocat des syndicats puis fonctionnaire. Elle écrit ces longues lettres destinées à son amie Aïssatou : "la confidence noie la douleur".
Une douleur vive en partie du fait de ce décès, mais aussi parce que en respect de la tradition africaine, elle est dépouillée de ses biens, quelques jours après le décès par la belle famille de son mari...un mari qui l'avait abandonné pour épouser une gamine amie de lycée de sa propre fille...douleurs joies et peines diverses ponctuent ces courriers. Plus tard des prétendants lui proposeront le mariage..
Lettre après lettre Ramatoulaye pointe du doigt toutes les incohérences, toutes les failles de cette société machiste sénégalaise...un Sénégal découvrant l'indépendance. Ces lettres aussi, en réponse à des courriers d'Aïssatou, nous permettent d'en savoir plus sur les aléas de la vie de cette autre femme divorcée, sur leurs difficultés communes de femmes de s'affirmer, de femmes confrontées, seules, avec des moyens limités à l'éducation de leurs enfants, à la libération des moeurs que ceux-ci découvrent.
Elles ne pleurent pas, ne sont pas dans la lamentation, bien au contraire...Elles affirment leur force, leur courage, leur volonté d'accompagner leurs enfants pour mieux affronter la vie, leur force de mère : "....On est mère pour comprendre l'inexplicable. On est mère pour illuminer les ténèbres. On est mère pour couver, quand les éclairs zèbrent la nuit, quand le tonnerre viole la terre, quand la boue enlise. On est mère pour aimer, sans commencement ni fin. ." (P. 153).
Au travers de ces deux portraits, des joies et peines de ces deux femmes, cette correspondance met en avant toutes les failles et incohérences de cette société sénégalaise, des femmes en quête de liberté et d'émancipation, tout le poids des castes et des traditions.
"Une si longue lettre" de Mariama Bâ fait partie des livres les plus lus au Sénégal. Cet ouvrage militant est étudié dans le système scolaire...il est malheureusement moins connu en France et assez difficile à trouver en rayon en librairie..C'est sur Recyclivre que je l'ai déniché..Je vais lui offrir un nouveau voyage, le déposer dans une boite à livre.
Pour ma part, j'ai effectué un beau voyage dans le temps, un voyage pour mieux connaître une certaine Afrique, celle de la période de mon adolescence.
Un passé en voie de disparition...NON ! le combat des femmes est toujours d'actualité et devient même de plus en plus prégnant sous certaines latitudes.
C'est bien triste.

Lien : https://mesbelleslectures.co..
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Chef d'oeuvre du roman épistolaire sur les conditions de la femme en Afrique.
Ramatoulaye confie ses tourments à sa meilleure amie dont nous sommes les spectateurs.Style direct et poignant, l'auteure dénonce la discrimination faite aux femmes.Une très belle découverte .
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