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Un autre livre présent dans cette bibliothèque depuis des années. Il aura fallu le confinement pour que je m'y plonge enfin. Et ce fut une belle surprise.

Un tout petit livre mais très puissant. Un premier roman de Mariama Bâ, Sénégalaise, qui dénonce les abus du système de castes, de la religion, de la polygamie, des relations hommes femmes dans son pays.

Cette lettre est rédigée par Ramatoulaye Fall à Aïssatou Bâ sa meilleure amie. le récit commence par le décès de l'époux de R. Fall. Ce mari, dont elle était très amoureuse, avec qui elle a vécu 25 ans, a eu 12 enfants, qui choisi de se marier avec une seconde femme, l'amie de sa fille. Alors que A. Bâ qui a eu à subir le même choc a décidé de divorcer, R Fall décide de rester. Ce livre relate la vie d'avant mais également les obsèques et la suite de ce décès.

C'est un livre vraiment très fort. Féministe mais pas que. Un livre qui est une lecture obligatoire dans les écoles Sénégalaise. Il devrait être lu par toutes les femmes.

Pour ceux que cela intéresse, une lecture sonore est disponible. https://www.bibliothequesonore.ch/livre/18454
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Une amie qui l'avait emprunté à la médiathèque fut tellement enthousiaste à propos de ce livre, qu'avant même qu'elle le rende, je l'avais réservé ! 

Et je n'ai pas été déçue :) 

Modou, le mari de Ramatoulaye vient de décéder brutalement. Elle écrit à sa meilleure amie, Aïssatou, et lui raconte son quotidien de première épouse devenue veuve.

De ces semaines de deuil où les quémandeurs d'héritage se pressent à sa porte alors qu'après 25 ans de vie commune, Modou les avait abandonnés, elle et ses 12 enfants pour convoler avec une amie de lycée de leur deuxième fille ! 

Elle raconte la condition des femmes au Sénégal, le dévouement à leur conjoint, leur maison, leurs enfants, et mêmes si certaines font des études, peu s'en servent pour d'autres métiers qu'infirmières ou sage-femmes ... et celles qui utilisent leurs compétences, comme le ferait un homme, partent souvent exercer à l'étranger, comme l'a fait Aïssatou.

On retrouve dans ce roman de 1979, les mêmes thèmes que ceux développés dans "Les impatientes", avec le regret qu'en quarante ans rien ou presque n'ai changé pour les femmes musulmanes africaines ... 

Un très beau roman, dont j'ai regretté la brièveté : 165 pages seulement ! 
Lien : http://les-lectures-de-bill-..
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L'an dernier, en classe de seconde, mon fils a étudié ce livre. Je lui avais dit que je le lirai et puis, les autres livres venant, j'ai reculé et oublié. Et puis, cette année (bon en fait, techniquement, ce sera l'an prochain, puisqu'en janvier) pour la prochaine rencontre du club de lecture de la bibliothèque, le thème est les auteures africaines, et cette longue lettre est dans la liste. Ni une ni deux, je fonce dans la chambre du fiston et je lui pique son bouquin dans lequel je me plonge. Un peu laborieux au départ, j'avoue n'avoir commencé à aimer qu'au bout d'un certain nombre de pages et que d'autres ont été survolées. Mais malgré cela, c'est un livre fort qui va droit au but et dit clairement l'absence de droits des femmes, leur obligation de se soumettre à l'autorité masculine, leur mise à l'écart lorsqu'elles osent dire non, les mariages forcés, la polygamie. Certaines, de la génération de Ramatoulaye, se rebellent
Cette lettre fait aussi le point sur les différentes classes sociales, sur ce que sont prêtes à faire certaines femmes pour monter dans la société : véritablement vendre leurs filles à des hommes plus âgés et riches bénéficiant d'une position sociale enviable, elles deviendront des co-épouses, leurs mères accédant ainsi à une vie plus facile : maison, nourriture, argent, … Elles joueront leurs cartes au détriment de celles de leurs filles (elles pensent à elles bien sûr, arrangent leurs mariages pour leur bien, pour qu'elles aient une vie moins difficile que les leurs). Les premières épouses acceptent, contraintes, la concurrence, se consolant comme elles peuvent
Lorsque Ramatoulaye se retrouve veuve, elle est, malgré ses cinquante ans, ses nombreuses grossesses qui l'ont déformée, la cible d'attentions masculines dues plutôt à son rang et à l'argent que son mari lui a laissé. Elle refuse toute demande
Ecrites en 1979 certaines pages sont encore criantes d'actualité en Afrique sûrement (je ne suis point spécialiste de ce continent, mais j'imagine que les femmes ont encore du boulot pour atteindre l'égalité des droits) mais aussi chez nous où les écarts de salaires perdurent, les tâches ménagères ne sont pas équitablement partagées (chez moi non plus, c'est moi qui m'y colle !), etc., etc., je vous la fais courte. Un paragraphe pourrait expliquer le manque d'engagement des femmes en politique (avis que je partage entièrement) : "Je ne veux pas faire de politique, non que le sort de mon pays et surtout le sort de la femme ne m'intéressent. Mais à regarder les tiraillements stériles au sein d'un même parti, à regarder l'appétit de pouvoir des hommes, je préfère m'abstenir." (p. 137)
A méditer. Comme une très grande partie de cette longue lettre. Moi qui ai du mal à écrire une simple carte postale. Un livre à mettre en miroir avec le Madama Bâ d'Erik Orsenna que j'ai lu il y a un petit moment et qui lui est une sorte d'hommage.
Lien : http://lyvres.over-blog.com/
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Je poursuis mes lectures sur le féministe avec Mariama Bâ, une romancière africaine, Sénégalaise et son roman épistolaire, Une si longue lettre publié en 1979, écrit en Français. La littérature Africaine est peu rependue dans les librairies française, les rayonnages sont minuscules, voire inexistants, Les veilleurs de Sangomar de Fatou Diome était mon tout premier roman d'origine africaine, une jolie écriture aux couleurs de ce continent, berceau de l'humanité. Ce livre est une référence en Afrique par sa portée inédite de présenter la femme au coeur de la société Africaine, cette parole nous permet de prendre l'importance du combat de certaine femme pour avoir ce droit d'être égalitaire à l'homme trop dominant, une Afrique ancestrale de us et tradition, comme ce veuvage, la polygamie des hommes, le pouvoir des parents sur le prétendant de leurs filles. Mais la femme africaine évolue dans l'air de son temps, s'instruisant, refusant la monarchie des parents, de ne pas être la seule femme de son mari, devenant indépendante. Mariama Bâ est née en 1929 au Sénégal, de tradition musulmane par l'éducation de ses grands-parents après la mort de sa mère, elle poursuit sa scolarité dans une école française puis diplômée de l'école normale en 1947, elle enseigne et devient inspectrice régionale, femme de neuf enfants, divorcée du député Obèye Diop, militante féministe, elle meurt en 1981 avant le sorti de son deuxième roman, Un chant écarlate.
La narratrice, Ramatoulaye écrit une lettre à sa meilleure amie, Aïssatou, les liants d'une amitié profonde depuis l'enfance,
« Nous, nous avons usé pagnes et sandales sur le même chemin caillouteux de l'école coranique. Nous avons enfoui, dans les mêmes trous, nos dents de lait, en implorant Fée-Souris de nous les restituer plus belles.».
Elle entame sa lettre par des évocations d'enfance avec la destinataire, l'expéditrice ensuite lui annonce la mort de son mari Modou Fall, se retrouvant en isolement, elle profite de ces 40 jours de deuil, selon la tradition islamique, pour lui écrire et lui narrer sa vie et ses interrogations. Cette lettre distille la vie des femmes africaines, surtout les sénégalaises à travers la narratrice, une femme de 50 ans, mère de douze enfants, devenu une coépouse, la polygamie étant de coutume avec les Sénégalais, ses souvenirs l'entraine de sa rencontre avec son époux, leur vies étudiantes et ceux de leur couple avec leurs métiers respectifs.
La femme Sénégalaise est le poumon de ce roman, sous les traits respectifs des différents personnages féminins, Mariama Bâ peint une femme en mutation, une femme prisonnière des coutumes, tiraillée avec la modernité qui éveille la femme à un statut identique à l'homme. Comme la polygamie des Sénégalais, le mari la narratrice, Modou Fall, en cachette va épouser Binetou une copine de Daba, sa fille issu d'une famille pauvre ou ndol pour habiter la villa SICAP avec sa mère, désertant sa première femme et ses enfants, la narratrice reste fidèle à sa vie, restant dans la villa Falène. Au contraire Mawdo Bâ, médecin, par la pression de sa mére, Tante Nabou (Seynabou Diouf) de sang royal du village de Diakho, va prendre une deuxième épouse, la petite Nabou, la fille de Farba Diouf, le petit frère de Tante Nabou; élevée et éduquée par sa mère, toujours en colère que son fils épouse Aïssatou, une fille de bas rang, elle se venge en manipulant son fils de lui faire plaisir , vue son vieil âge, d'épouser cette jeune fille modelée par cette mère castratrice, au idée ancestrale, ces coutumes d'un ancien temps,
« Sa tante ne manquait jamais l'occasion de lui souligner son origine royale et lui enseignait que la qualité première d'une femme est la docilité. »
Mais au contraire de son amie Ramatoulaye, Aïssatou refuse de devenir une coépouse et divorce de son mari, partant avec ces quatre fils aux États-Unis pour devenir indépendante et devenir interprète. Malgré l'éducation des deux femmes, toutes les deux professeures, l'une s'émancipe des traditions, l'autre reste malgré l'humiliation, mais refuse ses demandes en mariage après la mort de son mari, son coeur lui impose la raison, elle est devient indépendante.
Il y a beaucoup de personnages dans ce roman, représentant ce Sénégal de cette époque, les parents de la petite Binetou, pauvre, vendant sa fille à Modou pour accéder à un statut plus important par l'argent de leur beau-fils, sacrifiant l'avenir de leur fille, qui devra arrêter ses études. Daba Fall, a fille aînée de Ramatoulaye, elle est mariée à Abou, elle s'occupe de l'affaire de la villa SICAP et du professeur de Mawdo (Fall), elle est indépendante, son mari la respecte, participe aux taches, ce sont un couple moderne, bravant l'ancestralité des traditions.
Aïssatou Fall, la deuxième fille de Ramatoulaye tombe enceinte d'Ibrahima Sall, un étudiant boursier, tous deux poursuivent leurs études, mais la jeune lycéenne risque le renvoi à cause de sa grossesse, mais pas le père, c'est une disparité des inégalités entre les femmes et les hommes. La narratrice laisse ses enfants à leur libre choix, comme ses trois filles, toujours appelé le trio, fumant en cachette de leur maman, celle-ci se pose des questions sur leur éducation, les voyant à la sagesse d'une volonté moderne, disant « A nouvelle génération, nouvelle méthode ». Elle s'interroge beaucoup de cette modernité venu dans leur pays et de ces conséquences, comme le montre cette interrogation,
« le modernisme ne peut donc être, sans s'accompagner de la dégradation des moeurs ? ».
Un passage sur l'accident de ses deux fils jouant au football dans les rues de la ville, renversé par un cyclomoteur, sur le manque de terrain jeux pour les jeunes enfants de la ville, devant jouer dans la rue, de ce sang coulé sur les blessures de ces enfants, Ramatoulaye médite sur l'homme et de sa supériorité, de l'ambiguïté de créer le beau et aussi le mal, surtout le mal que le bien.
le coeur de cette femme est noble, ces choix le sont, elle différencie l'amitié de l'amour, l'amour de son mari Modou Fall, licencié en droit, qu'elle choisit sans l'accord de ses parents, surtout de sa mére, le trouvant trop beau, trop poli, son père se rangeant à l'avis de sa femme. Elle refuse la proposition d'un autre prétendant Daouda Dieng, le préféré de sa mére, elle affirme ses choix, au détriment de ses parents. A la mort de son mari, Daouda Dieng lui redemande de l'épouser, refusant encore une fois, par confection, elle ne l'aime pas, mais respecte cet homme, devenu un notable, avocat et Député à l'Assemblée Nationale, déjà une épouse et enfants.
Cette amitié est la force qui lie la narratrice et la destinataire, ces deux femmes ont une vie qui se ressemble, mais leur choix face à la polygamie est différent, l'une accepte, l'autre se rebelle et par suivre sa voix, cette dernière vivant aux États-Unis, aide son amie en lui donnant l'opportunité d'être plus indépendante après la mort de son mari, en lui offrant une voiture, cette véritable amie qu'elle nomme la Bijoutière, j'aime comment Mariama Bâ parle de l'amitié à travers Ramatoulaye :
« L'amitié a des grandeurs inconnues de l'amour. Elle se fortifie dans les difficultés, alors que les contraintes massacrent l'amour. Elle résiste au temps qui lasse et désunit les couples. Elle a des élévations inconnues de l'amour. »
Il y a beaucoup de thèmes abordés dans cette lettre, ceux qui touchent un Sénégal en mutation, même le raciste reste en filigrane, avec l'anecdote de son fils Mawdo Fall, toujours premier de sa classe, très bon en philosophie, mais sous noté pour des insignifiants détails pour laisser la primeur de la première place à un élève blanc. La tolérance de cette femme pour éduquer ces enfants, l'emporte sur la colère que certains pourraient avoir pour une philosophie plus sereine, de partage, de savoir, de cultures, laissant à ses enfants le pouvoir de décider de leur avenir.
Ce roman assez court, est fort riche, par ces personnages, et des sujets traités, l'amour et l'amitié sont ces éléments principaux, la femme est présente par la narratrice, l'expéditrice de la lettre à son amie d'enfance. Une lettre longue, où l'émotion laisse le lecteur dans une douceur tendre, bercée par la vie de ces deux femmes et de leurs choix respectifs dans un Sénégal en mutation.
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Pendant la réclusion imposée par le deuil consécutif à la mort de son mari, une femme cinquantenaire écrit à une amie, faisant le bilan de sa vie, de ses espérances, bonheurs, comme souffrances déceptions et échecs. Elle évoque les choix de vie, entre tradition et modernité, la polygamie, l'éducation des enfants, le poids de la famille, du groupe.

Un très joli texte, très authentique, où l'on voit la vie quotidienne d'une femme africaine, d'une femme instruite, qui travaille, mais qui a du mal à exister en tant que personne, d'imposer son point de vue. du mal aussi à s'imposer, entre le pouvoir de la famille, et celui des hommes, qui ont bien plus de droits et de pouvoir, entre autres celui de prendre une co-épouse, sans même en prévenir sa première femme.

L'écriture est très agréable, à la fois élaborée, mais en apparence très proche du langage oral, comme des confidences qui couleraient toutes seules, passant d'un sujet à un autre, au gré des envies.
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« Mon coeur est en fête chaque fois qu'une femme émerge de l'ombre. Je sais mouvant le terrain des acquis, difficile la survie des conquêtes : les contraintes sociales bousculent toujours et l'égoïsme mâle résiste. Instruments des uns, appâts pour d'autres, respectées ou méprisées, souvent muselées, toutes les femmes ont presque le même destin que des religions ou des législations abusives ont cimenté »

Il y a des lettres d'amour, de désamour aussi. Des mots passion, des lettres émotions. Mais celle qu'adresse Ramatouyalé à Aïssatou, sa meilleure amie, est aussi noire que 30 années de colère contenue. Ce roman épistolaire est le cri d'une femme que des générations avant elle ont soumise au silence. Des femmes amputées de leur dignité. Reléguées ou échangées ; des femmes-objets que l'on se passe d'une main à l'autre. Des femmes au service des hommes qu'elles épousent. Et de toutes celles qui n'attendaient que la liberté de vivre et de jouir d'une indépendance de sentiments et de moeurs.

Cette oeuvre est majeure pour ce qu'elle raconte de la condition des femmes dans l'Afrique du Sénégal des années 70. Elle a été écrite entre deux périodes historiques, correspondant à l'éclosion d'une République et de l'Indépendance acquise. Mariama Bâ, Sénégalaise et mère de neuf enfants, s'est hautement engagée dans le militantisme associatif. Elle a lutté contre les castes et la polygamie dont elle se refusait d'être l'alliée. Elle s'est battue pour le droit des femmes, faisant d'elle une icône des luttes pour l'égalité et l'accès au pouvoir. Elle est morte deux ans après nous avoir livré cette lettre…

C'est donc dans ce contexte que s'inscrit Une si longue lettre. On dit que la confidence noie la douleur. Que de livrer ses secrets les plus intimes efface un peu de la blessure qu'ils laissent en nous. Au lendemain de la mort de Modou, son mari, Ramatouyalé fera voeu d'épancher ce chagrin à travers les mots. Des mots porteurs d'incompréhension, des mots de douleur, de frayeur aussi, de tendresse, d'un peu d'espoir?

Ses souvenirs sont habités d'amertume. Elle cherche à déceler la cassure du fil à partir de laquelle tout s'est dévidé. Se demande de quels bouleversements intérieurs était habité Modou pour ainsi tout abandonner en épousant une autre. Pourquoi avoir accepté ce statut de coépouse et de se voir nivelée du jour au lendemain au même niveau que l'autre, nonobstant les enfants et les années d'amour. Folie ou manque de coeur? Binetou, une enfant pas plus vieille que Daba, l'une de leurs filles. À peine sortie de l'enfance, belle et désirable, « Un agneau immolé comme beaucoup d'autres sur l'autel du matériel ». On vient de l'installer dans la demeure de Ramatouyalé, selon la coutume des funérailles. Et sa désinvolture laissera un goût amer…

Nous sommes loin des odeurs rafraîchissantes de la mangue verte pimentée, de la couleur des boubous ou du son des tam-tams. Quand Mariama Bâ écrit son Afrique natale, c'est de la solitude des femmes dont elle nous parle. de la dépression qui les guette et de trop d'années de soumission. Elle nous montre que la vie n'est pas lisse et que ces petites aspérités, sur lesquelles on bute, nous façonnent. Mais surtout, que l'amitié est plus forte que tout. Et qu'on est mère pour comprendre l'inexplicable...

« L'amitié a des grandeurs inconnues de l'amour. Elle se fortifie dans les difficultés, alors que les contraintes massacrent l'amour. Elle résiste au temps qui lasse et désunit les couples. Elle a des élévations inconnues de l'amour »

« Et puis, on est mère pour comprendre l'inexplicable. On est mère pour couver, quand les éclairs zèbrent la nuit, quand le tonnerre viole la terre, quand la boue enlise. On est mère pour aimer, sans commencement ni fin »
Lien : http://www.lamarreedesmots.c..
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Attirée et séduite par la littérature africaine depuis deux ans, je ne pouvais pas passer à côté de ce classique, paru en 1979, traduit en 28 langues.
Ce roman prend la forme d'une lettre que Ramatoulaye, en période de réclusion de 40 jours suite à son veuvage, mère de douze enfants, institutrice, adresse à son amie Aïssatou, divorcée, interprète, qui vit aux Etats-Unis.
Cet isolement lui permet de revenir sur sa vie avec ses bonheurs et ses peines, lui offre l'occasion de dresser un tableau de la situation sociale et économique du Sénégal mais le coeur de son texte, c'est la condition de la femme sénégalaise.
Elle décrit le poids des traditions totalement défavorables aux femmes et souligne en particulier la souffrance que provoque la polygamie lorsque le mari aimé prend une deuxième épouse, plus jeune, plus belle. Ce thème était également le noyau de " Les Impatientes" de la camerounaise Djaïli Amadou Amal.
Les deux amies incarnent les deux réactions possibles face à la polygamie : la douloureuse acceptation (Ramatoulaye) ou le refus par le divorce (Aïssatou). Ce roman s'adresse à toutes les femmes africaines et au-delà à toutes les femmes ce qui explique probablement son retentissement mondial.
Ce texte est d'autant plus émouvant que plus qu'un roman, il s'agit d'une auto-fiction. Ramatoulaye, c'est Mariama Bâ; comme son personnage, elle était institutrice, a eu 9 enfants, a été mariée 3 fois; elle fut une militante féministe engagée. Ses mots sont imprimés à l'encre de la vie, ce qui donne une force et et une émotion particulières à "Une si longue lettre".
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S'il existe un livre que tout le monde devrait lire, c'est bien celui là ! Pourquoi ? Parce qu'il est plein d'humanité, d'intelligence, de bienveillance, d'espoir pour toutes les sociétés du monde. Peu importe que l'on soit sénégalaise ou pas, le message que Mariama Bâ porte à travers ce roman épistolaire est universel.
Ecrit en 1979, il a toujours autant de résonance. Mariama Bâ dénonce, à travers la voix de Ramatoulaye, le traitement fait aux femmes dans une société traditionaliste. Les femmes n'ont aucune place, elles appartiennent à tout le monde sauf à elle même. Suite au décès de son époux, elle écrit à sa meilleure amie pour lui livrer ses pensées, ses sentiments, ses réflexions, ses décisions. Elle décrit ainsi l'absurdité de cette culture. Elle raconte ces 25 années d'espérance, de naïveté, de joie, de bonheur, de soumission, de vie conjugale, de mère de douze enfants et sa souffrance et l'humiliation de voir son mari épouser une seconde femme, en cachette, sans même lui annoncer.. Faiblesse d'un homme qui ne veut pas vieillir…. Elle nous parle avec force de ses désillusions mais aussi de ses certitudes. Elle questionne sur la nature humaine, sur l'évolution des sociétés, sur la polygamie, la famille, l'avenir d'un pays. Elle parle surtout des femmes, pour les femmes, pour leur liberté, pour un monde égalitaire. C'est ainsi qu'elle s'oppose à la nouvelle vie que veut lui imposer son entourage… un premier pas vers le changement…
Ce livre n'est pas un manifeste féministe mais un vrai cri d'amour et de liberté. C'est une véritable leçon de vie.
L'écriture est magistrale, élégante, riche et soutenue et vous emporte dans un tourbillon poétique inoubliable !
Malheureusement, cette auteure est décédée deux ans après la publication de ce roman. Elle n'aura laissé en héritage que deux romans, celui-ci étant devenu un classique de la littérature africaine.
Lien : https://lesravissementsdeval..
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Mariama Bâ nous offre avec cette longue lettre le portait vivant d'une femme africaine qui prend sa vie en mains.

« Pour vaincre la détresse quand elle vous assiège, il faut de la volonté. Quand on pense que chaque seconde écoulée abrège la vie, on doit profiter intensément de cette seconde, c'est la somme de toutes les secondes perdues ou cueillies qui fait les vies ratées ou réussies. Se muscler pour endiguer les désespoirs et les réduite à leurs justes proportions ! » (p.81)

- La polygamie est au centre des préoccupations de ces femmes pour qui ce mode de fonctionnement ancestral n'est pas sans difficultés :

« Tu oublies que j'ai un coeur, une raison, que je ne suis pas un objet que l'on se passe de main en main. Tu ignores ce que se marier signifie pour moi : c'est un acte de foi et d'amour, un don total de soi à l'être que l'on a choisi et qui vous choisi. (J'insistais sur le mot choisi.) (p. 110)

- Mais au-delà de cette tradition avilissante pour la femme, c'est le statut global de la femme africaine, et de la femme en général qui est ici évoqué :

« La femme ne doit plus être l'accessoire qui orne. (…) la femme est la racine première, fondamentale de la nation où se greffe tout apport, d'où part aussi toute floraison. Il faut inciter la femme à s'intéresser davantage au sort de son pays. » (p. 116)

- Une si longue lettre est un court récit magnifiquement bien mené, un roman qui pose les bonne questions et les laissent planer lumineusement en notre esprit.


Lien : http://lecturissime.over-blo..
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Emouvante lecture sur la place des femmes dans la culture sénégalaise.

Mariama Bâ autrice sénégalaise majeure, relate dans ce récit qui prend la forme d'une confession, la société sénégalaise et ses traditions.

Ramatoulaye, qui vient de perdre son mari, écrit une lettre à son amie d'enfance Aïssatou. Elle est dans cette période de veuvage pendant laquelle la belle famille s'approprie les effets du défunt et espère guider le comportement de la veuve.

L'autrice nous parle de tradition, d'éducation, d'amour, de modernité et d'indépendance.
Elle évoque le poids de la famille au moment du choix du mari. La place de la belle famille. Et aussi la polygamie et l'absence de droits des femmes.
Ramatoulaye se remémore son enfance, ses espoirs, son amour pour ce mari maintenant décédé et cette période de sa vie si douloureuse où elle a découvert que son mari prenait une seconde épouse.


Un court récit raconté avec beaucoup de justesse et d'amour.
Une très belle plume à découvrir.



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