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Critique de Arakasi


Commençons par le commencement ! Qu'est ce qui m'a poussée, moi innocente lectrice adepte des romans d'aventure et des intrigues abracadabrantesques, à me lancer dans la lecture de cette monumentale biographie d'Henri IV (si monumentale qu'elle aurait pu sans problème me servir d'arme contendante en cas d'attaque de zombies dans le métro – ce qui ne m'est pas arrivé, merci bien) ? La réponse, m'sieurs dames, vous vous en doutez bien, c'est Dumas, le merveilleux et extravagant Alexandre Dumas ! de la lecture généralement très plaisante et, à quelques rares reprises, légèrement fastidieuse de la trilogie des Guerres de Religion de mon romancier rondouillard préféré, j'ai tiré deux conclusions : la première, c'est que la France du XVIe siècle était un satané gros bordel et la seconde, qu'Henri IV était un petit malin qui avait sacrément la classe ! Bien entendu, connaissant les rapports décomplexés que nourrissait Dumas avec la véracité historique, je me suis posée légitimement la question de savoir si notre roi gascon était réellement aussi monstrueusement cool que cela. Grave question, vous en conviendrez, qui m'a tout naturellement fait tomber entre les mains cette biographie de Jean-Pierre Babelon

Première chose à souligner, écrire une biographie d'Henri IV n'est pas une mince affaire. En effet, aucun souverain français, pas même le Roi Saint-Louis avec ses pater noster ou le Roi-Soleil et ses fastes dorés, n'est parvenu à égaler la popularité du Bon Roi Henri. C'est peu de chose que de dire que la légende henricienne a la vie dure ; même les meneurs de la Révolution Française, pourtant peu susceptibles de penchants monarchistes, ont hésité à l'écorner. Pour décrypter la vie du tumultueux monarque, le premier devoir de tout historien est donc de fouiller dans le fatras de légendes et de contes accumulés sur sa tête – comment le jeune Henriot étrangla tel un nouvel Hercule les serpents qui voulaient le mordre au berceau, comment il ramena sur son cheval le meunier qui lui avait montré son chemin (et retourna le soir même au moulin se taper la meunière), etc… – pour en extirper l'homme, l'homme tel qu'il a vécu, respiré et tel que nous aurions souhaité le connaître.

Et quel homme, mes aïeux, quel homme ! En vérité, 1000 pages sont à peine suffisantes pour contenir tant de vie, tant de fougue, tant de volonté, tant de gaieté, tant d'ambition… Partir sur les traces d'Henri IV, c'est comploter dans les couloirs sombres et débordants d'intrigues du Louvre, galoper à fond de train d'un bout à l'autre de la France, assiéger des forteresses férocement défendues, voir briller partout les couteaux et les yeux brillants de haine des assassins, courber le cou sous le joug cruel des circonstances, s'étourdir dans les bras de multiples maitresses, mentir, trahir parfois, faire le mort, mais pour se redresser ensuite, l'esprit plus amer et le coeur plus las, mais toujours debout, toujours vivant, toujours combattant !

Pas une mince affaire, je l'ai bien dit, mais de cette périlleuse entreprise, Jean-Pierre Babelon se tire à merveille. Sa colossale biographie d'Henri IV est une ébouriffante plongée dans l'enfer des Guerres de Religion, une fresque haute en couleur fourmillante de moments de bravoure et de personnages fascinants – la redoutable Catherine de Médicis, le malheureux Henri III, la reine Marguerite de Navarre épouse infidèle mais alliée indéfectible, Sully l'indispensable bras droit, le dangereux duc de Guise l'adversaire de toujours… Tant de destins souvent exceptionnels mais qui pâlissent face à l'éclat de celui du « Renard béarnais », véritable météore traversant à toute allure le firmament de l'Histoire de France. Et si son feu se fit moins vif vers la fin de sa vie, si ses vices étouffèrent parfois ses qualités, si ses faiblesses firent parfois rougir de honte ses amis et de rage ses maitresses, qui sommes-nous pour vraiment l'en blâmer ?

Alors est-ce qu'il avait la classe, l'Henriot ? Oh oui, et un sacré gros paquet, ventre-saint-gris !
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