Mises en suspens d'existence au mépris du droit international
Lesbos, Idomeni, Lampedusa, Calais, Vintimille… Divers camps sont « pour certains, devenus de véritables capitales d'une géographie européenne de l'exil ».
Des camps, des réfugié-e-s, celles et ceux cherchant refuge en Europe, quelques millions de personnes en regard des réfugié-es et déplacé-e-s à travers le monde (plus de 65 millions de personnes en 2015 – HCR), des parcours bornés par les contrôles frontaliers et les politiques européennes de rejet mises en place. Des migrant-e-s et un rappel toujours plus que nécessaire : « au sens du droit international, leur entrée en Europe n'est pas irrégulière et elles ont droit d'y demander l'asile ».
En introduction, les auteur-e-s montrent aussi comment l'Europe a « fabriqué » des camps. Elles et ils abordent l'hétérogénéité des lieux, l'organisation des frontières, les contrôles des populations, le camp comme dispositif historique dans les années 30 « régime d'exception, hors du droit commun », le camp comme « mode privilégié d'organisation des mobilités massives, forcées ou volontaires », l'accueil « des demandeurs d'asile » et l'institutionnalisation de la mise à l'écart…
Contrairement à d'autres régions du monde, l'Europe ne dispose pas de camp pour les réfugié-e-s, mais des espaces de regroupement ou d'enfermement où priment les « catégories administratives » et une logique de contrôle des populations étrangères.
« Une véritable « forteresse » européenne s'est constituée au moyen de coopérations policières, de transferts de technologies pour la sécurisation des frontières et des lieux d'enfermement destinés à la fois à la surveillance et à la dissuasion ».
Fermeture des frontières et sites temporaires de regroupement « plus ou moins contraint de populations migrantes, suspendues dans un entre-deux de circulations interrompues pour une durée indéterminée », externalisation des camps par des accords avec certains pays, fermetures d'accès et routes plus dangereuses pour les personnes, milliers de mort-e-s… Sans oublier la vulnérabilité spécifique créée par les camps, l'impact de ces espaces en termes de dépossession et de dépolitisation.
« A travers cet ouvrage, c'est un portrait des politiques européennes qui est dressé, de leurs contradictions, de leur violence. le diagnostic de « crise des réfugiés » est ainsi déconstruit pour révéler une crise des politiques publiques en Europe au niveau transnational, national et local. Mais ce livre fait également état des mobilisations solidaires qui ont montré la possibilité de voies différentes, de l'accueil et de l'hospitalité ».
Je commence par un pas de côté. Des millions d'européen-ne-s vont s'établir dans d'autres pays. Elles et ils sont nommées expatrié-e-s. Mais ce sont bien des migrant-e-s. Une façon de souligner que le droit international ne s'applique pas de la même façon suivant l'origine socio-géographique de certain-es-s…
Les analyses sont présentées en plusieurs parties :
Lesbos. L'identification et le tri aux frontières de l'Europe
La frontière Vintimille-menton. Derrière la « crise », la continuité de la forme camp et des contrôles frontaliers
De Vincennes à Lampedusa. le marché florissant de l'enfermement des étrangers
Calais. Campements et camps calaisiens de l'enferment des étrangers
Paris. Campements de rue, mobilisations citoyennes et politiques de la dispersion
En conclusion, « de la fabrique des camps à leur dispersion », les auteur-e-s reviennent sur les politiques déployées, le rôle des associations et des citoyen-ne-s, les formes d'auto-organisation des populations concernées, les services humanitaires et les contrôles policiers, le tri des migrant-e-s, les formes de résistance et la nécessité d'« inventer des façons de faire ville commune ».
L'intolérable construit et les possibles déjà-là.
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