J'avais envie de donner un sens à ma vie. Qu'y avait-il de plus ambitieux que d'être heureuse ? Je connaissais Johnny sans le connaître. Je me rends compte, à présent, que je ne voyais pas du tout en lui la star Johnny Hallyday. Mais soudain, dans l'aéroport, toutes les pièces du puzzle se sont assemblées. Et j'ai compris, à ce moment-la, qu'il m'avait séduite...
Je découvrais un grand séducteur au charisme fou, mélange de menace et de douceur, de beauté et de virilité. Chaque instant avec lui avait une rare puissance émotionnelle. Alors le charme a opéré. Quelque chose de fort naissait.
Pour lui, le temps n'avait pas de mesure humaine, celle que donnent les montres et la course du soleil. Johnny réduisait perpétuellement l'écart entre l'avenir et sa volonté. Quand il désirait quelque chose, il devait l'obtenir sur-le-champ. Il n'y avait pas de limites, pas de recours, aucun report.
Johnny avait le pouvoir de transformer le jour et la nuit en aventure de princesse. Il fait de ses rêves les vôtres.
Johnny et moi, c'était une alchimie à part. Deux caractères puissants, deux âmes animales qui pouvaient s'attirer et se repousser. Un amour qui répondait à ses propres lois. On pouvait essayer de s'en protéger ou de l'éteindre, il renaîtrait encore plus fort.
Désormais, comme la foudre et l'orage, comme la mer et le ciel, à l'horizon, nous étions unis, pour toujours, pour le pire et pour le meilleur. J'avais épousé Johnny Hallyday.
J'avais un pressentiment terrible. Cette intuition qu'on a parfois, sans raison évidente, sans preuve tangible, mais qui s'incruste et qui colle au coeur. J'avais la forte impression que quelque chose se cassait.
Souvent, il avait eu besoin de défaire les liens qui nous reliaient, sans jamais les couper. Il était toujours revenu vers moi pour me reconquérir. Mais, cette fois, il y avait cette impression d'irrévocable derrière le mur de papier glacé qui les mettait en scène. Je le sentais. Je ne me faisais pas d'illusions, il n'y avait plus d'espoir.
Rien n'avait le pouvoir de me faire oublier cette douleur qui se propageait. Il y avait seulement la certitude qu'il fallait accepter l'impossible, une rupture irréparable. Il faudrait se résoudre aux adieux qui sonneraient comme le chant du cygne. Je n'étais pas mal : j'étais mourante.
Le 15 juin, je lui fais parvenir une lettre. "Aujourd'hui tu as trente-neuf ans et je continue de t'aimer. Je n'ai pas à rougir car notre histoire, aussi longue qu'elle puisse être, aussi décousue, incroyable, rapide, passagère, est avant tout notre histoire d'amour tant que la vie nous prendra par le coeur. J'avais toujours entendu parler de l'amour comme d'une chose facile, j'en avais parlé avec l'ignorance de mon âge. Mais je pense au futur, c'est le privilège de la jeunesse." Je laissais parler mon coeur et lui offrir courageusement, entre les lignes, la permission de me dire adieu.
J'ai suivi d'un œil tendre sa carrière étincelante. Puis, le 6 décembre 2017, un appel m'a fait pleurer. Il m'a fallu dire au revoir une seconde fois. J'ai compris, ce jour-là, qu'il avait toujours habité mon âme.
Johnny avait le pouvoir de transformer le jour et la nuit en aventure de princesse. Il fait de ses rêves les vôtres.