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304 pages
Ankama Editions (28/08/2020)
4.25/5   1435 notes
Résumé :
Nés dans un laboratoire de la Silicone Valley, deux androïdes, Carbone et Silicium, vont être les témoins du changement vers notre humanité future. Ce moment où la technologie de l'intelligence artificielle, pinacle de l'accomplissement humain, va entrer en confrontation directe avec les crises écologique, économique et migratoire. C’est avec leurs yeux que nous allons redécouvrir notre planète Terre ayant atteint le fameux point de non-retour annoncé par les scient... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (181) Voir plus Ajouter une critique
4,25

sur 1435 notes
Un roman graphique de presque 280 pages pour raconter de façon ambitieuse l'avenir de l'humanité vu à travers deux intelligences artificielles. Un parti pris de le faire sans manichéisme et avec une petite touche de poésie.
Dans un futur proche, une entreprise de la Silicon Valley met au point deux IA, Carbone et Silicium à partir des connaissances de l'ensemble du réseau mondial. Ces entités font preuve dès le début d'un sens de l'humour qui les rend sympathiques et, déjà ; très humains.
Bientôt ils auront un corps connecté avec leurs mémoire qu'ils doivent transporter avec eux comme une valise à roulette. L'entreprise prévoit une obsolescence programmée de 15 ans afin de pouvoir vendre continuellement d'autres IA sous cette forme robotique bipède.
Les deux entités apprennent à se connaître et développent d'autres sentiments humains comme l'envie de liberté, la volonté de ne plus être prisonnier de ce lieu et de cette entreprise, de découvrir le monde.
Silicium, le robot humanoïde masculin, réussira à s'échapper lors d'un passage en Inde. Il deviendra nomade, avec pour but ultime de découvrir l'intégralité des beautés du monde. Carbone, le robot féminin restera d'abord « prisonnière » puis, grâce à l'action de sa créatrice, parviendra à transférer sa « personnalité » de robots en robots au fil des générations.
Les deux robots vont se retrouver, se reperdre, être confrontés sur près de 300 ans à l'évolution de l'humanité, et à celle des problématiques actuelles : l'attrait des réalités virtuelles, le dérèglement climatique, la surpopulation, les guerres, la fin des ressources naturelles et j'en passe. Pas de coupables, pas de messages, juste la lente évolution, générations après générations vers un abîme apocalyptique. Alors que Silicium continue de découvrir cette magnifique planète, l'humanité s'enfonce dans le chaos.
Et ce n'est même pas trop désespérant car, les robots sont justement là pour apporter non pas de l'espoir, ou si peu, mais de la poésie à ce crépuscule de l'espèce humaine. Les derniers chapitres de ce roman graphique sont à ce niveau là particulièrement réussis.
Cette vision du futur, très ambitieuse, est prenante et poignante. Elle est admirablement secondée par les dessins des paysages post cataclysmiques et des villes du futur, avec des couleurs justes et en même temps improbables. On reste souvent à admirer les cases, à repérer des détails révélateurs ou iconoclastes.
Le défaut, récurrent chez Mathieu Bablet, ce sont les visages des personnages. Ils sont moches. On pourrait penser que c'est fait exprès. Mais, même dans ses autres BD, c'était déjà le cas. Un très bon scénario, de très beau dessins de décors, de paysages, de construction, d'objets, mais les visages, c'est vraiment un point faible.
Alors on finit, comme à chaque fois, par non par s'y habituer, mais à passer outre. À les oublier. Ce qui, en passant, est le signe, que le reste est absolument admirable.
Et on lit ce roman graphique qui raconte une apocalypse qui dure 300 ans, avec un réel plaisir et une pointe d'appréhension sur notre propre avenir.
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Si c'est ça l'avenir qu'on nous prédit, eh bien moi ! je retourne chez ma Mamie et mon Papi…

Deux androïdes, Carbone et Silicium, vont suivre cette humanité en perdition sur près de trois cents années. Un vrai cauchemar ! Mégalopoles inhumaines, réchauffement climatique et montée des eaux, crises migratoires et guerres civiles, pénurie d'eau, milliards d'humains égarés dans la toile. Corps difformes, masques effrayants, rictus de haine et de souffrance, dessins torturés, brouillés… N'en jetez plus !

Une bande d'androïdes aussi loqueteux que des va-nu-pieds en train de s'écarter pour laisser en paix une abeille butiner dans ce monde dévasté est le seul moment d'espoir et de ravissement au milieu de ce pessimisme noir. C'est très peu...

Cette longue BD sombre et dépressive a au moins le mérite de nous faire réfléchir sur les relations que nous entretenons avec notre corps quand on passe plusieurs heures par jour devant les écrans et dans les rets de la grande toile. Qu'en sera-t-il demain ? Ce corps aura-t-il encore une quelconque utilité ?

J'avoue ne pas avoir compris ce salut collectif prôné par les androïdes.

Une BD vraiment apocalyptique et anxiogène qui nous en met plein la vue. Trop, peut-être !
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Mathieu Bablet n'en finit pas de s'imposer comme l'un des auteurs de bande-dessinée les plus intéressants de sa génération.
Depuis ses débuts poétiques et post-apocalyptique dans La Belle Mort jusque dans son sublime voyage spatial dans Shangri-La en passant par la beauté intense d'Adrastée, le français creuse son sillon parmi un imaginaire protéiforme et réflectif où l'être humain devient le centre de l'attention.
Quatre ans après Shangri-La, Mathieu nous revient avec un pavé de pure science-fiction intitulée Carbone & Silicium, l'occasion, une fois de plus de replonger dans un monde fouillé et inattendu.

L'Homme de demain
Tout commence à la Tomorrow Fondation au coeur de la Silicon Valley, des chercheurs dirigés par Noriko, créent deux intelligences artificielles qu'ils nomment Carbone et Silicium. Deux être tirés du flot de l'infosphère pour habiter un corps et, à terme, relever l'humanité.
Mathieu Bablet aurait pu transformer son oeuvre en une simple course contre la montre entre les humains et les robots renégats, faire de Carbone et Silicium deux fugitifs qui n'auront jamais de place. Et c'est en partie ça, Carbone et Silicium. Mais c'est aussi tellement davantage.

Dualité de l'existence
Carbone et Silicium, ce sont deux éléments du même table périodique, deux ingrédients d'une immense formule qui se nomme vie. Mathieu Bablet crée sous nos yeux deux non-humains qui, à force d'années, de réflexions, d'émotions et de rencontres deviennent plus humains que les non-humains, s'étonnant au passage de la robotisation des êtres de chairs et de la froideur des affects d'une humanité piégée par ses propres limites.
C'est un vision du monde qui entre en collision à travers 271 ans de voyages à travers des époques, des régimes, des problématiques qui meurent et revivent.
Mathieu Bablet oublie rapidement les considérations politiques actuelles qui apparaissent absurdes aux yeux des deux androïdes pour une réflexion sur le post-humain et le post-cyberpunk.

Malgré ce qui nous sépare
D'un côté, Carbone et Silicium contemplent l'homme, vieux reliquat d'un esprit coincé dans sa viande. La solution ? Unir ses pensées, ne faire plus qu'un, tenter de prendre une autre voie radicale. Être collectif.
Ou…
Dans cet opus, on retrouve non seulement cette réflexion nuancée d'un Mathieu Bablet qui semble lui-même se questionner sur son rapport au monde et à l'autre, mais aussi son goût pour un trait et un visuel pléthorique, ultra-fouillé sans être fouillis, où les cases se dégustent longtemps et dans les moindres détails, exotiques de bout en bout, célébrant la planète autant que ceux qui l'habitent. La poésie d'Adrastée hante souvent les pages de Carbone et Silicium, comme son côté engagé et humain nous renvoie aux plus beaux instants d'un Shangri-La l'espace d'un coucher de soleil…toujours différent.
Carbone et Silicium, en fin de compte, n'apporte pas une réponse, mais des pistes de réponses, à explorer, à éprouver, à comparer.
Au milieu, ce qui fait la puissance du récit, ce n'est ni l'opposition nomade/sédentaire, collectif/individuel, naturel/technologie, vie/mort, ni même la visite de notre planète à travers le temps. Ce qui fait la puissance du récit, c'est l'incroyable humanité de ces deux êtres qui se pardonnent et s'aiment par-delà les époques et les blessures, ce sont Carbone et Silicium, qui démontrent que peu importe les différences, on peut toujours choisir d'accompagner l'autre.

C'est une nouvelle fois un superbe voyage que nous offre Mathieu Bablet multipliant tout par deux, par quinze ou par deux cent soixante et onze. Aussi cyberpunk que cyberhumain, transhumain que posthumain, voire même humain tout court, Carbone et Silicium passionne et émeut par sa justesse et son trait toujours aussi épatant.
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Il y'a une phrase qui m'a choquée au sujet de l'égoïsme de l'être humain : "On n'a jamais vu de cercueil pour deux."

C'est vrai ... même dans la mort, nous faisons grand cas de notre individualité. Alors comment pourrait-il en être autrement de notre vivant ? Comment privilégier l'intérêt collectif, pour le bien de chacun, alors que même une fois retourné dans le néant, il semble hors de question de partager quatre planches que nous ne verrons d'ailleurs jamais ?

Il est peu dire que j'ai apprécié ma découverte de Carbone & Silicium. C'est le genre de claque que j'aime prendre et il y'a presque un sentiment de gratitude à avoir découvert une oeuvre pareille.

L'histoire se déroule dans un monde où l'être humain refuse de faire face à sa propre mort et utilise tous les moyens pour la retarder, (ici l'intelligence artificielle et la robotique), puisant dans les dernières ressources qu'offre notre planète, dans un monde FINI, incapable de voir que son entêtement le mènera à sa perte. Incapable de voir que, malgré l'évolution multi millénaires dont il se targue, il est resté un animal aux instincts primaires, dont les désirs primeront toujours sur l'intérêt général.

Et il n'y a pas de salut pour lui.

Nos deux androïdes, nommés Carbone et donc Silicium, m'ont fait ressentir beaucoup d'émotions. Ils peuvent encore s'émerveiller d'un lever de soleil, jouir des trésors de notre planète, lorsque leurs maîtres humains ne jurent plus qu'à travers le virtuel. Leur statut "social" évolue au fil du temps. Il est d'ailleurs choquant, au départ, de voir de quelle façon les androïdes sont monnayés : assez longtemps mais pas trop, histoire de favoriser l'émergence de nouvelles générations, dites plus performantes, plus chères, et donc plus rentables. Ce n'est pas le cas des téléphones, d'ailleurs ?

Au final, il n'est pas interdit de penser que nous avons là un aperçu d'un de nos possibles futurs. Et ça fait tout simplement froid dans le dos. Espérons que nous aurons plus de jugeote pour éviter les pièges. Et je connais un excellent moyen pour cela : Lire. Encore et toujours. de bons livres faits de bon papier, et continuer de s'émerveiller d'un rien.

C'est une lecture très dure mais qui m'a fait voyager comme rarement. le premier tome de "Dune" m'a un peu fait cet effet-là. L'immersion est totale, et c'est juste magnifique à regarder.

Un très gros coup de coeur.
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C'est en nous Que se passe Tout ce qui se passe
Dans le monde où nous vivons.
C'est en nous Que cesse Tout ce qui cesse
Dans ce que nous voyons. - Fernando PESSOA -

Plutôt que de parler d'Alain, Damasio, qui signe la postface de cet album SF post-apo, cyberpunk, style chien enragé, je cite Fernando
- en pied de nez, pied de ligne, pied aux propos
& un clin d'oeil saudade au fado.

Contrairement à mes habitudes 'bulles' sans paroles, ici, ce sont les dialogues qui m'ont d'abord interpellée - pollution, surpopulation, famine, vieillissement, partages tous azimuts des informations sans réel partage du savoir, connexion 24/24 --- merci xT, messager intergalactique :D)

Il m'a fallu un peu de temps pour m'habituer au graphisme
Les couleurs fauvistes, en variantes non linéaires m'ont tout de suite plu,
les traits, moins au début -
car si j'aime beaucoup Egon Schiele, j'ai une nette préférence pour les rondeurs et la volupté de Botero, encore un Fernando
- ensuite je me suis laissée porter par la vague (Oh Hordes mugissantes) et puis séduire par les lignes hachurées, déchiquetées en mille morceaux de couleurs explosives, flamboyantes qui accompagnent et soulignent totalement, imparfaitement le caractère robotique de cette histoire terriblement humaine (et vice-versa)

Au final, il s'agit avant tout d'une histoire d'amour entre Carbone et Silicium, deux 'êtres' que tout assemble, en qui tout se ressemble, que tout oppose, le tout et le néant, l'absolu et la complétude.

La plus belle preuve d'amour donnée et reçue serait le mot de la fin ou presque:
"Tu appartiens au monde extérieur, je te libère."
(d'accord avec Alain, Damasio, et en même temps, pour moi, la beauté de l'album se trouve aussi ailleurs -- )

Un roman graphique de chez graphique dans sa construction de l'espace, du temps, construction presque aléatoire tout étant très architecturale.
Un parti pris du non-esthétisme conventionnel très esthétique

Alain, Damasio, en signant la postface - que je n'avais pas lue avant la fin du récit - ne s'y est pas trompé (Tweet, like, dislike, très niets, très Nietzsche, Ô mon gai savoir ainsi parlait --)

Un talent certain dans cette nouvelle génération de ceux que j'appellerais les nez pointus avec des dialogues qu'apprécieront même les réfractaires à la SF, puisqu'ils relatent tout simplement le monde actuel à --
--- à peine --- 1 seconde de nous, top chrono, c'est parti !
avec suffisamment d'à-propos argumentés, compréhensibles, accessibles et un léger brin d'humour.

Pour en revenir à Alain, Damasio, il qualifie cet IA/AI ouvrage de sostalgique, joli !
solaire et mélancolique, à lire avec peut-être un air de Fado en ambiance, illustration de la saudade. Sodade
https://www.youtube.com/watch?v=vnkm0k_FPOA

Qu'est-ce que le bonheur ? le bonheur est-il hors de la cage, hors de la case, hors du réseau au monde ou au contraire dans cette solitude partagée qui est le lot des humains, enfin des IA/AI que nous sommes devenus ou en devenir ? ou encore en un ailleurs à réinventer et pourquoi sommes-nous des millions à nous poser cette question ou pas ?

Nostalgie, mélancolie, désir du bonheur sans savoir ce qu'est le bonheur ou ce que nous en attendons.
& un graphisme qui est tout sauf innocent, couverture au choix

" Tu sais j'ai vu 87,6% de la planète
- Alors ?
Le monde est beau "
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critiques presse (5)
LeJournaldeQuebec
18 janvier 2021
Mathieu Bablet livre avec Carbone & Silicium rien de moins qu'un nouveau chef d'oeuvre de la science-fiction.
Lire la critique sur le site : LeJournaldeQuebec
BDGest
07 octobre 2020
Carbone et Silicium combine habilement l'aspect technologique et militant de Shangri-La mais aussi une approche plus contemplative qui apparaissait dans ses ouvrages précédents.
Lire la critique sur le site : BDGest
Actualitte
24 septembre 2020
Un coup de cœur de la rentrée BD.
Lire la critique sur le site : Actualitte
BDZoom
21 septembre 2020
Un des titres incontournables de l’année 2020 !
Lire la critique sur le site : BDZoom
Culturebox
16 septembre 2020
L’histoire est traversée par des moments de grâce, lumineux, et des chapitres beaucoup plus sombres, notamment sur les grandes migrations.
Lire la critique sur le site : Culturebox
Citations et extraits (72) Voir plus Ajouter une citation
- Tu ne comprends pas. Depuis votre création, plus rien ne peut avoir d'importance. Tout est chamboulé... Je ne sais plus quel sens donner à ma vie, et je préfère encore bosser comme une malade que d'avoir à y penser...
- Et tes enfants ?
- Tu as vu dans quel monde on vit ? On ne parle que de surpopulation, de ressources qui s'épuisent. La vérité, c'est que c'était complètement inconscient de ma part de faire trois enfants. Ils seront de toute manière comme moi : les purs produits de leur génération. Les croyances et les valeurs que je vais m'entêter à leur transmettre ne viennent même pas de moi, mais des générations précédentes, de nos foutues traditions. C'est un éternel recommencement... Remettre tout ça en question voudrait dire se remettre en question soi-même, entièrement en question, et peut-être même réaliser qu'on avait tort depuis le début. Tu imagines le risque ? Notre morale, nos moeurs, toutes ces tensions sur des sujets qui ont été imposés aux gens sans qu'ils leur appartiennent vraiment. Plus rien n'aurait de sens.
En tant qu'androïdes sans descendance et vous renouvelant de génération robotique en génération robotique, vous ne serez pas soumis aux traditions ni à la culture. Seule l'histoire avec un grand H vous servira de repère. Vous ne commettrez pas les mêmes erreurs que nous. Vous serez parfaits en tous points.
Je suis une mère horrible, pas vrai ? (p.34-35)
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On me demande souvent comment est né le projet "Carbone & Silicium".
Au commencement, nous avons nourri nos intelligences artificielles avec le plus de données possibles, créant ainsi des puits de connaissances parfaitement inutiles. Alors, qu'est-ce qu'il nous manquait ? Quelle était la différence entre une quantité gigantesque de données et l'intelligence ?

Comment rendre notre I.A. humaine ?

Pour cela, il nous fallait définir ce qui caractérise nos individualités. Elles peuvent être résumées, dans leur essence, au désir de vie et à une hiérarchie relative des besoins fondamentaux : boire, manger, dormir, copuler, avoir un sentiment d'appartenance et de réussite, etc.
Une fois comblé, un besoin fondamental apporte la satisfaction.
Assouvir ses désirs devient donc presque la raison d'être de l'humain, quand on y réfléchit. Qu'ils soient vitaux... ou non.
Nous nous sommes alors réduits à un dénominateur commun : la recherche de satisfaction.

Voilà comment nous allons insuffler la vie à nos créatures. Voilà comment nous allons fabriquer un être qui pense, mais surtout un être qui peut faire preuve d'initiative : en créant un déterminisme dans la programmation de sa matrice qui fera apparaître l'étincelle de vie qui manque à un simple algorithme.
"Mais les garde-fous ?", diront certains. "Si vous leur permettez de chercher à tout instant à se satisfaire, vous n'allez pas au moins leur installer un moyen de les contrôler, vos robots ?"

Voyons.
Les garde-fous existent déjà, et nous vivons au milieu d'eux. La Société, la morale, les notions de bien et de mal... en somme, la culture apprise depuis les premiers instants de votre vie de bébé autocentré est ce qui vous retient d'agresser votre voisin parce qu'il a une plus grosse voiture, une plus grande maison ou une plus belle montre que vous.
Mais si les androïdes veulent transgresser, seriez-vous tentés de renchérir ?
Comme nous tous, comme les humains. On le voudrait, certaines fois, transgresser. Certains le font.

Mais finalement, on exprime rarement nos désirs profonds.
Si nous parvenons à trouver plus ou moins l'équilibre entre nos besoins et les contraintes sociales, alors ils y arriveront aussi.

Professeure Noriko ITO
Directrice de recherche à la Tomorrow Foundation (p.3)
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Notre rapport au corps nous enferme plus qu'il ne nous libère, Silicium. Regarde où ça a mené les humains jusqu'ici.

L'humanité ne cesse de progresser, Carbone, même si ce n'est pas toujours bien perceptible.

Ah bon ? Dans ce cas, il faut redéfinir la notion de progrès.

Est-ce que les civilisations ont vraiment évolué depuis les cinq mille dernières années ? Elles fonctionnent toujours sur la même base d'individus uniques organisés en sociétés hiérarchisées et inégalitaires où la lutte des classes persiste. Il y a encore des guerres, des gens qui dorment dehors et d'autres qui meurent de faim. Est-ce que ce modèle est amené à changer au cours des prochains siècles ? Tu y crois, toi ?

... Non.

Pareil, je crois plutôt qu'il a prouvé son inefficacité.

C'est parce que l'humain est incapable d'agir en tant qu'espèce que les écarts de richesse se sont creusés, que personne n'a voulu faire suffisamment d'efforts pour sauver l'environnement et qu'on a laissé la violence du système gagner. Et tu sais quoi ? Ca va recommencer, encore et encore.

Et le grand coupable dans tout ça, c'est l'ego. L'ego et l'impossibilité de penser en dehors de soi-même.

Si tu savais comme je n'en peux plus de voir toutes ces individualités qui passent leur vie à essayer de se trouver et de se réaliser à chaque instant, chaque mot proféré étant l'affirmation de leur propre volonté d'exister ... vivant par rapport aux autres, désirant par rapport aux autres, s'accomplissant seulement par rapport aux autres...

Qu'est vraiment l'individu dans tout ça ? Ce que les gens se vantent d'appeler leur "personnalité" est en fait bien peu de chose.
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- C'est quoi le sujet ?
- La D.L.E. : la date limite d'existence. Il faut qu'on détermine la durée de vie que l'on va donner à nos androïdes, maintenant qu'on les a créés.
- On a vraiment besoin d'une réunion pour décider de ça ? De toute façon, ça va être vite plié : Masahiro, combien de temps ces robots pourraient tenir dans l'absolu ?
- Plusieurs décennies, s'il y a un entretien régulier des pièces. Les batteries peuvent se remplacer et, finalement, tant que leurs composants tiennent dans le temps, tout va bien.
- Ah, non ! Non, c'est pas possible.
- en effet, ils ne peuvent pas vivre plus longtemps que nous, rapport de servitude humain-machine oblige.
- Je ne parlais même pas de ça. C'est juste pas rentable commercialement parlant. On nous demande d'en vendre de manière régulière, avec améliorations entre chaque générations. Disons cinq ans. On leur implémente une date limite dans le cerveau. Passé ce délai, ils s'éteignent.
- La question est plus complexe que ça et touche à notre propre finitude. Nous nous distinguons des animaux parce que nous avons la certitude de notre fin. C'est ce qui nous pousse à entreprendre des choses. Nos I.A. doivent être stimulées par la mort, mais si leur fin est trop rapide, on obtiendra les effets inverses : perte de rationalité, plus aucune volonté de travailler ou de créer quoi que ce soit à cause du manque de temps. Vous ne tirerez rien d'elles.
- Alors disons dix ans. C'est bien dix ans ! Il faut quand même que je puisse en vendre assez pour rentabiliser toutes vos recherches, moi !
- Quinze ans, Ronald, pas moins. Sinon, ça ne marchera pas.
- Comme un chat, en gros. (p.13-14)
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Tout a commencé dans un magma informe.
Une suspension d’acides aminés flottant au gré du ressac, dans un océan primaire bouillonnant. Par un jeu d’infimes probabilité, de micros-organismes en être multicellulaire, d’amphibiens au premiers mammifères, de la première peinture pariétale au premier pas sur la lune, les humains ont évolué.
Et quand ils ne le voulaient pas, c’est leur environnement qui les a poussés à changer.
Le monde a toujours été en mouvement, ils l’ont accompagné dans sa folle danse, au fil des millénaires, distordant la matière à leur convenance, repoussant les limites, mais ne pouvant pas aller au-delà de ce que leur imposait leur biologie.
Surtout, ils ont toujours suivi le mouvement, sans en être vraiment le moteur.
Alors, pourquoi nous, robots conçus à l’image de nos maîtres, nous ne prendrions pas un chemin de traverse dans le déterminisme qui nous habite, pour choisir délibérément une autre voie? Celle de la fusion de tous nos esprits vers une même conscience, une seule intelligence, éloignée des préoccupations matérielles et de la souffrance corporelle.
De simples données, une même âme, un seul projet.
Au lieu de nous répéter sans cesse en faisant les mêmes erreurs, détruisant notre environnement comme les humains parce que nous avons peur de perdre le socle sur lequel nous avons bâti notre réalité, nous serons comme l’univers, nous nous réinventerons à l’infini.
Car la sagesse et l’intelligence ne ne peuvent être que collectives.
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Vidéo de Mathieu Bablet
On ne présente plus Mathieu Bablet, dont le travail dans le domaine de la bande dessinée est largement reconnu. A l'occasion du Festival International de la BD d'Angoulême 2023, nous avons pu le rencontrer. Son ouvrage, "Midnight Order", publié en fin d'année dernière, reprend les univers de "Midnight tales" pour prolonger l'expérience de lecture. Nous avons voulu savoir comment Mathieu Bablet a coordonné la création de cet album, où plusieurs artistes apportent leur contribution, mais aussi pourquoi a-t-il fait ce choix de s'intéresser au domaine de la sorcellerie.
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