C'est en nous Que se passe Tout ce qui se passe
Dans le monde où nous vivons.
C'est en nous Que cesse Tout ce qui cesse
Dans ce que nous voyons. -
Fernando PESSOA -
Plutôt que de parler d'Alain,
Damasio, qui signe la postface de cet album SF post-apo, cyberpunk, style chien enragé, je cite Fernando
- en pied de nez, pied de ligne, pied aux propos
& un clin d'oeil saudade au fado.
Contrairement à mes habitudes 'bulles' sans paroles, ici, ce sont les dialogues qui m'ont d'abord interpellée - pollution, surpopulation, famine, vieillissement, partages tous azimuts des informations sans réel partage du savoir, connexion 24/24 --- merci xT, messager intergalactique :D)
Il m'a fallu un peu de temps pour m'habituer au graphisme
Les couleurs fauvistes, en variantes non linéaires m'ont tout de suite plu,
les traits, moins au début -
car si j'aime beaucoup
Egon Schiele, j'ai une nette préférence pour les rondeurs et la volupté de Botero, encore un Fernando
- ensuite je me suis laissée porter par la vague (Oh Hordes mugissantes) et puis séduire par les lignes hachurées, déchiquetées en mille morceaux de couleurs explosives, flamboyantes qui accompagnent et soulignent totalement, imparfaitement le caractère robotique de cette histoire terriblement humaine (et vice-versa)
Au final, il s'agit avant tout d'une histoire d'amour entre Carbone et Silicium, deux 'êtres' que tout assemble, en qui tout se ressemble, que tout oppose, le tout et le néant, l'absolu et la complétude.
La plus belle preuve d'amour donnée et reçue serait le mot de la fin ou presque:
"Tu appartiens au monde extérieur, je te libère."
(d'accord avec Alain,
Damasio, et en même temps, pour moi, la beauté de l'album se trouve aussi ailleurs -- )
Un roman graphique de chez graphique dans sa construction de l'espace, du temps, construction presque aléatoire tout étant très architecturale.
Un parti pris du non-esthétisme conventionnel très esthétique
Alain,
Damasio, en signant la postface - que je n'avais pas lue avant la fin du récit - ne s'y est pas trompé (Tweet, like, dislike, très niets, très
Nietzsche, Ô mon gai savoir ainsi parlait --)
Un talent certain dans cette nouvelle génération de ceux que j'appellerais les nez pointus avec des dialogues qu'apprécieront même les réfractaires à la SF, puisqu'ils relatent tout simplement le monde actuel à --
--- à peine --- 1 seconde de nous, top chrono, c'est parti !
avec suffisamment d'à-propos argumentés, compréhensibles, accessibles et un léger brin d'humour.
Pour en revenir à Alain,
Damasio, il qualifie cet IA/AI ouvrage de sostalgique, joli !
solaire et mélancolique, à lire avec peut-être un air de Fado en ambiance, illustration de la saudade. Sodade
https://www.youtube.com/watch?v=vnkm0k_FPOA
Qu'est-ce que le bonheur ? le bonheur est-il hors de la cage, hors de la case, hors du réseau au monde ou au contraire dans cette solitude partagée qui est le lot des humains, enfin des IA/AI que nous sommes devenus ou en devenir ? ou encore en un ailleurs à réinventer et pourquoi sommes-nous des millions à nous poser cette question ou pas ?
Nostalgie, mélancolie, désir du bonheur sans savoir ce qu'est le bonheur ou ce que nous en attendons.
& un graphisme qui est tout sauf innocent, couverture au choix
" Tu sais j'ai vu 87,6% de la planète
- Alors ?
Le monde est beau "