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EAN : 9782359101751
150 pages
Ankama Editions (26/05/2011)
3.57/5   219 notes
Résumé :
La fin de l’humanité a eu lieu. Les insectes venus de l’espace infini sont maintenant les maîtres de la terre. À quoi bon résister ? Voilà ce que se répètent jour après jour Wayne, Jeremiah et Scham, uniques survivants de l’invasion dévastatrice. Cherchant un but, une destinée justifiant leur futile présence dans un monde en ruine, ils ne se doutent pas qu’ils font partie d’un plan bien plus vaste, quelque chose qui les dépasse complètement et qui implique un autre ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (37) Voir plus Ajouter une critique
3,57

sur 219 notes
J'ai découvert Mathieu Bablet seulement cette année, avec “Carbone et Silicium” et “Shangri-La”. Deux gros pavés de science-fiction qui en imposent. Et La belle mort ne m'a pas déçu.
Dans cette histoire, le monde est envahi par des extra-terrestres du genre insectes. C'est un récit de survival, de post-apocalyptique. Seul une petit groupe de jeunes semble avoir survécu, la raison de leur survie est le principal enjeu de cette aventure qui réserve des surprises, des rebondissements. Pourtant, le rythme est assez lent. le trait est très détaillé, minutieux, mettant en avant l'univers urbain, celui d'une cité infinie et vide d'humains, grouillante d'insectes, les couleurs sont très nuancées, et l'ambiance reste froide et angoissante malgré la gamme de couleur chaudes, le trait est sec. C'est un récit tout en crescendo, avec une pointe de fantastique. Il parvient à laisser dans cette torpeur désespérante, une lumière de poésie et une dramaturgie intense. Dans cette profonde noirceur, Mathieu Bablet nous amène vers une apothéose terrible avec une fin qui ne réjouira sans doute pas tout le monde : on ne sait pas s'il faut s'en réjouir ou pas, nous laissant sur un espoir très amer ou un happy end désespérant, je vous laisse choisir.
Ce récit est dans la lignée de ce qui suivra dans la production de Mathieu Bablet. C'est encore un gros pavé, ambitieux, à lire et à relire.
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J'adore le travail de Mathieu Bablet depuis que j'ai découvert comme beaucoup d'autres son fameux Shangri-La. A l'époque, je débutais un stage en librairie spécialisée bd, je n'avais pas une grosse culture en bd/manga et la lecture de Shangri-La me procura un sérieux coup de pied au derche. Ce fut un coup de coeur immédiat à tel point que je conseillais presque en exclusivité ce titre sous les rires des employés.

Mathieu Bablet est un auteur de bd qui travaille exclusivement pour Ankama et plus précisément pour leur terrible collection Label 619 qui est responsable de certains titres assez déjantés comme Mutafukaz de Run, les comics horrifique Doggy Bags ou encore Freak's Squeele de Florent Maudoux. Outre son travail pour les anthologies Doggy Bags, Mathieu Bablet a surtout signé quatre magnifiques albums au Label 619, quatre bd dos toilé qui mélange fantastique et sociétal, action et réflexion dans des mondes où parfois l'être humain disparaît pour mieux renaître.

La Belle Mort est son premier album réédité en 2017 à l'occasion de la sortie de Shangri-La. En postface , on peut relever le petit témoignage de l'auteur ému de ce premier titre qui lui a apporté la confirmation d'un auteur de bd. Même si nous ne sommes pas encore dans la consécration apportée par Shangri-La, force est de constater que l'auteur impose avec aisance son imaginaire réfléchi et vertigineux dans ce premier titre.

La Belle Mort est une aventure post-apocalyptique. Dans une immense ville dont on ne connaît pas le nom, trois personnes tentent de survivre dans ce vaste environnement urbain des plus déserts. L'humanité semble avoir quasiment disparu mais les derniers êtres humains résidant dans ce labyrinthe de bétons et de gratte-ciel ne sont pas seuls. La menace qui a réduit à néant l'humanité est bien présente. Elle se tapie dans les rues, grouillante, raclant le bitume, s'infiltrant peu à peu dans les appartements. Ce ne sont pas des zombies mais des insectoïdes, sortes d'insectes intelligents qui ont supplanté l'humanité.

Attention, je ne conseille pas cet album aux entomophobes ( les personnes atteint de la phobie des insectes) qui risquent d'en être traumatisés. Mais les insectes n'arrivent pas de suite dans cette fiction.

L'auteur privilégie d'abord l'immersion et un certain sentiment de solitude qui entourent ces personnages livrés à eux-mêmes dans une ville vidée de ses habitants. Les premières pages s'ouvrent sur un pauvre hère qui déambule tout seul dans cette cité labyrinthique avant de basculer sur un petit groupe de trois personnes qui survit en ramassant les quelques boites de conserves encore consommables , ceci dans l'attente mortelle de leur date de péremption. Ils déambulent d'immeuble en immeuble jouant les yamakasi tout en se cachant des vagues insectoïdes.

Ce qui dénote en premier lieu et qui frappe en pleine figure, c'est le dessin architectural , vertigineux, précis, un dessin tout en profondeur, parfaitement rectiligne qui nous fait perdre la tête dans cette cité urbaine qui semble si vide mais qui est si dangereuse. Des toits des immeubles jusqu'aux intérieurs étouffants et morose des appartements, Mathieu Bablet s'impose facilement comme un " faiseur" d'univers, un artiste parfaitement à l'aise dans la création d'environnements à la fois vaste et régressifs pour l'être humain. Cet effet de "cage", nous la retrouvons d'ailleurs dans Shangri-La qui se déroule dans une immense base spatiale enfermée sur elle-même et qui réduit son humanité à de vulgaires consommateurs. Ajoutez à cela une très bonne utilisation de la couleur et des teintes qui varient suivant les moments de la journée ou qui accentue les effets de torpeurs, d'enfermements, accentuant la folie de certains passages comme une scène d'amour un poil perturbante ou encore la morosité d'une vie enfermée.

Dans La Belle Mort, cette immense ville dont on ne voit pas les limites agit en effet comme une espèce de prison pour les quelques survivants qui tentent de trouver sans forcément chercher une fin honorable à cet état de survie. Assez fort dans ces thèmes, ce premier album de Mathieu Bablet dépasse la structure classique du récit post-apo. La survie est une première base sur laquelle l'auteur étoffe la psychologie de ces personnages, leur solitude ainsi que des thèmes fort comme le devenir de l'humanité, le reflet du transhumanisme comme en témoigne le personnage du mort-vivant. C'est un titre qui dévoile déjà les qualités ambitieuses de l'écriture de Mathieu Bablet qui n'hésite pas à élever cette fiction vers des sommets extrêmes, parfois un peu casse-gueules, il faut le reconnaître

L'auteur possède un bon sens du rythme dans un premier temps en tout cas. Par exemple, les insectes n'apparaissent pas de suite mais ils envahissent peu à peu les cases. Invisible dans un premier temps ( on ne voit que l'ombre d'un mille-pattes géant ) , ils apparaissent peu à peu dans le champs des cases : insectes rampants, volants... jusqu'à des planches titanesques dévoilant des rampants géants où la gueule colossale d'une reine...

Honnêtement, je suis tellement ensorcelé par le travail de Mr. Bablet que j'ai du mal à y distinguer des défauts avec suffisamment de recul. J'ai relu cet album avec beaucoup de plaisir. Ce qui peut déranger dans cet album pour celles et ceux qui ne connaissent pas le travail de Mathieu Bablet, c'est peut-être le fait qu'en dépit de son rythme progressif, Mathieu Bablet ronge un peu sa narration vers les dernières parties de la bd. L'album devient plus précipitée avec l'apparition de la jeune femme Soham dont le lien avec quelques personnages et éléments de l'intrigue est un peu mal emmené, voir un peu floue. Les flash-backs entourant ce personnage sont tardifs et égarent un peu le lecteur. La structure de cette fiction se fragilise dans une seconde partie qui précipitent un peu les choses. de plus , on peut reprocher un petit côté un peu "poseur", un peu mauvais trip avec l'image du corps parasité par les insectes qui, malgré la symbolique de la métamorphose, se révèle un bancal dans l'intrigue et s'inspire plus d'un trip jubilatoire à la Tetsuo dans Akira. La narration de la Belle Mort est parfois un peu égarée par ses trips étranges ou par le rôle des fois mal emmené de certains personnages.

Je passe sur le design des personnages qui est assez particulier mais qui est tout simplement le style de Mathieu Bablet. A la première lecture de Shangri-La, je me rappelle avoir été un peu sceptique sur le dessin des personnages comparés notamment à la qualité des décors et environnements architecturaux. Les personnages sont en effet tous construit sur un même moule avec des traits ovales, aplatis. C'est un style propre à Mathieu Bablet qui souffre un peu de disproportions et de maladresses dans ce premier titre ( première oeuvre oblige !) mais qui est renforcé à chaque album tout en étant affirmé sans être un style passe-partout et qui se marie d'ailleurs plutôt bien avec la bd de genre. On y reviendra avec la future critique de Shangri-La.

Côté édition, les bd de Mathieu Bablet sont de bels objets : dos toilé, pelliculage mat, couverture immersive... A noter que la pagination augmente d'album en album et nous nous retrouvons avec de bons gros volumes à conserver soigneusement dans votre bibliothèque.

En somme, pour cette première bd parue en 2011, Mathieu Bablet délivre une curieuse et intense fiction post-apocalyptique. C'est une aventure hors-normes, dans lequel l'auteur nous éblouit déjà par son style graphique en matières de décors et d'environnements urbains. C'est précis, c'est détaillé et c'est diablement immersif. de même, on distingue d'ambitieuses qualités au niveau du scénario qui est un peu piégé par ses propres ambitions ce qui risque de déranger un premier lectorat mais qui se dévore tout de même avec un grand plaisir, juste pour les émotions que ce premier album nous fait ressentir.


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Losqu'on le déballe , l'on se dit que l'on tient un bouquin d'un fort beau gabarit ma foi ! Il respire la solidité , bien campé sur ses 140 planches dont les effluves vous donnent l'impression de sortir tout droit de l'imprimerie ! Premieres impressions visuelles et olfactives tres , tres prometteuses !

Mais Jeannot a dit un jour..un mardi si mes souvenirs sont bons....si votre ramage se rapporte à votre plumage...
En effet , couverture au top mais quid du contenu ? Adéquation totale ou fumisterie complete ? Un mot , un seul , pour résumer ce récit une fois la derniere page feuilletée , le dernier dessin mangé des yeux : é-pous-tou-flant !
Le décor : apocalyptique , ambiance fin du monde à la " Je suis une légende " ou bien encore " The road " ! L'on y découvre un monde dévasté , dépeuplé dans lequel trois p'tits gars tentent de survivre car les dangers sont nombreux : la faim , les éboulements , les sauts d'immeubles en immeubles mal ajustés ( il faut dire que nos trois héros sont de véritables Yamakasi ayant fait de ce nouveau monde leur terrain de jeu ) , et le dernier mais non des moindres : les insectoides . Etres colonisateurs , à la solde d'une reine sans pitié ( que ce soit à l'égard des humains ou de ses congénères ) et à l'appetit gargantuesque !
Une premiere partie axée sur le quotidien de nos trois survivants . Leur fuite perpétuelle afin d'échapper à ces insectes assassins . Leurs rapports aux uns et aux autres qui sont loin d'etre fusionnels malgré le contexte . La recherche journaliere d'un abri salvateur , de nourriture , d'un éventuel humain ayant , lui aussi , échappé au cataclysme . Les souvenirs pullulent au fur et à mesure que l'espoir , lui , s'amenuise ! Nombreux flashbacks nous permettant d'apprehender un peu mieux Soham , Wayne ( figure paternelle du trio ) et Jeremiah . L'auteur reussit à merveille à faire passer une multitude d'émotions sans qu'il y ait forcément besoin de dialogues . Son coup de crayon magistral se suffit à lui-meme ! Espoir , abandon , colere, amour , véritable palette émotionnelle au graphisme épuré mais oh combien évocateur !
Une seconde partie centrée , elle , sur l'envahisseur et ses véritables motivations ! Pour les fans de comics , forte similitude avec Galactus , le mangeur de mondes ! Je viens , je festoie , je pulvérise et hasta la vista baby ! Des lors , deux solutions et pas une de plus : continuer à subir , se cacher et finalement disparaitre avec cette planete ou alors se rebeller et tenter le tout pour le tout afin d'éradiquer cet estomac sur mandibules , cette reine planetovore ( à noter que ce mot fera bel et bien son apparition dans le petit Larousse 2016 , vous en avez donc la primeur , bande de petits veinards va ! ) ! A ce trio éclectique viendra se greffer une inconnue des plus énigmatiques mais au role majeur dans le fin mot de l'histoire somme toute logique..
Un bouquin d'ambiance s'il en est porté par des couleurs volontairement tres sombres ( on est pas au bal du 14 juillet non plus ! ambiance fin du monde que je vous dis ! ) . Les rares touches de gaieté sont volontairement associées aux souvenirs ressassés , témoignages d'un monde disparu ou il faisait alors bon vivre...
Meme si , de prime abord , je n'ai pas vraiment adhéré au coup de crayon plutot tout en angle , personnages y compris , et au respect des proportions plus qu'aléatoire , cela devient tres vite anecdotique tant la faculté du dessinateur à nous immerger dans ce monde de tenebres s'avere d'une redoutable éfficacité ! Description de cette ville moribonde d'un réalisme bluffant !
Autre force de ce récit , ce talent qu'a Bablet a délivrer ici et là , quand on s'y attend le moins , quelques touches de poésie et d'humour...
Bref , un bouquin qui , le temps d'une lecture , parvient à vous inoculer un peu de sa grisaille et de son désespoir .

Comme quoi une belle mort peut vous faire passer un excellent moment de lecture ! BD dévorée dans le cadre de masse critique d'ou ce magistral MERCI à Babélio et au label 619 pour ce pur moment de bonheur !
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J'ai acheté cette bd en ligne un peu sur un coup de tête après avoir vu les 3 premières pages qui m'ont fascinée, mais je ressors plutot mitigée de cette lecture qui avait pourtant bien commencé.
Je ne savais pas à quoi m'attendre mais c'est l'atmosphère qui s'en dégage qui m'a tout de suite attiré, cette ambiance de fin du monde où tout n'est que ruine et où il ne reste que quelques survivants est très bien retranscrite, dans de beaux décors, malgré des personnages que je trouve extrêmement moches.

J'affectionne particulièrement les récits post-apocalyptiques, et la 1ère partie où les survivants tentent de s'en sortir dans ce monde détruit sans même savoir pourquoi ils le font est plutot intéressante, puis l'histoire glisse peu à peu dans un non-sens en tentant "d'expliquer" ce qu'il s'est passé ou ce qui va se passer.
Pas qu'on ait systématiquement besoin d'explications dans une histoire, je crois même qu'il aurait mieux valu éviter car pour moi c'est complètement parti en sucette! Non seulement les tenants et aboutissants de l'histoire deviennent incompréhensibles ou sans interêt, mais on ne s'attache pas du tout à ces personnages. A vrai dire je me fichais complètement de ce qui pouvait leur arriver.

On peut difficilement ne pas penser a la série "The Walking Dead" avec ce type d'ambiance, comme cela a déjà été mentionné, mais j'y ai surtout vu beaucoup de références à Akira, autant dans les images que dans certains évènements, en étant pourtant loin du niveau de ce superbe manga qui pour moi reste une référence en la matière.

En conclusion je ne suis pas très convaincue, il y a du potentiel gaché, mais ça se lit vite et il mérite ses 3 étoiles pour les illustrations de la ville qui je le redit sont superbes, l'atmosphère générale prenante et le texte du début qui est, je crois, tiré de "Le dernier homme" de Grainville.

Challenge bd 2019
Challenge multi-defis 2019
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Trois jeunes hommes errent dans une New York post-apocalyptique. Chaque jour, ils recherchent un abri, de la nourriture, une certaine sécurité aussi, car des insectoïdes ont envahi la terre. Ces insectes géants, d'origine extra terrestre, agissent pour leur survie collective, qui passe par celle de leur reine, laquelle se déplace de planète en planète et est extrêmement vorace. Entre les trois comparses, c'est une union forcée par les événements, car l'entente n'est pas forcément de mise et d'importantes divergences de points de vue sont visibles dès le début. S'ils semblent être les seuls survivants, ils vont tout de même croiser deux personnages qui vont tous deux avoir une importance capitale pour le récit : un jeune homme dont le corps servira de réceptacle à des insectes parasites en quête de liberté individuelle et une jeune femme qui connaît très, voire trop bien, les intentions de la reine.

Ambiance post-apocalyptique oblige, la galerie des personnages n'est pas extrêmement étoffée. Soham, qui endosse dans l'album la faute originelle - le meurtre d'un autre homme - cherche une destinée : il ne trouvera que la mort : la belle mort, celle que l'on choisit. Jeremiah, lui, cherche amour et humanité dans un monde qui n'en contient apparemment plus (le meurtre originel le prouve) : il trouvera la trahison. Enfin, Wayne, le plus âgé, ancien ouvrier peu intéressé par sa paternité dans la vie d'avant, cherche des responsabilités (celle de la survie de Soham et Jeremiah) : il trouvera la folie. La jeune femme, Robin, cherche son propre intérêt, et y réussit : mais cette victoire est personnelle, individualiste, et elle fait de nombreux dégâts.

L'album se signale par une grande qualité graphique. Mathieu Bablet imagine un environnement très urbain, fait d'immeubles et de tours, de petits appartements, des souvenirs matériels du temps de l'humanité. L'environnement est très minéral et très marqué par la présence de l'homme, qui, paradoxalement, est franchement absent. Mathieu Bablet se distingue, graphiquement, tant par une grande précision du trait sur les décors urbains et sur les insectes, que par son traitement de personnages aux traits angulaires, qui fait ressentir une certaine influence du manga. le rendu visuel de l'apocalypse est très réussi, notamment parce que l'album est relativement sombre et baigne dans une lumière tamisée.

Malgré ses qualités - graphiques en premier lieu -, La belle mort souffre de défauts narratifs qui le mettent en-dessous d'autres oeuvres, notamment Shangri-La du même auteur. Les relations entre les personnages apparaissent quelque peu abruptes (entre Soham et Robin, entre Jeremiah et Wayne), et les changements de direction des uns ou des autres manquent parfois de naturel. Aussi, l'auteur semble hésiter à expliquer le monde qu'il dessine, et, malgré des flash-backs très intéressants, le lecteur trouve parfois des moments de flottement narratif qui n'éclairent pas totalement les intentions de chacun (ce qui n'est pas un défaut en soi) et cassent le rythme du récit.

Si l'album est avant tout un voyage visuel dans un monde - le nôtre, humain - en décomposition, il recèle toutefois quelques pistes de réflexion intéressantes. Ainsi, l'auteur interroge la notion d'apocalypse : à première vue, l'apocalypse a déjà eu lieu : des milliards d'humains sont morts, la civilisation telle que nous la connaissons n'existe plus. Pourtant, il semble bien que le départ futur de la reine insectoïde provoquera une nouvelle catastrophe sur terre : une apocalypse peut en cacher une autre. Par ailleurs, cette apocalypse ne l'est que pour notre civilisation et pour nous, humains. D'autres espèces animales ont survécu. En réalité, ce qui finit, c'est l'ethnocentrisme. Et, dans ce monde en mutation, Robin apparaît comme une nouvelle Eve, jaillissant d'un Eden urbain et ruiné.

La fin de la civilisation humaine est clairement symbolisé par la ruine de la ville. On pourrait s'étonner, d'ailleurs, que Wayne, Jeremiah et Soham n'aient pas fui ce lieu : au contraire, ils y sont restés, comptant sur le surplus de la production alimentaire industrielle pour survivre. Ils sont dans la ville comme dans une prison dorée. La date de péremption des aliments est devenue celle de leur mort, inéluctable.

Dans ce monde fini pour les hommes, il est l'heure de faire le bilan de l'humanité. Qu'est-ce qui la fonde ? Qu'est-ce qui la distingue ? Est-ce cette propension monstrueuse à massacrer son environnement ? Sont-ce les obligations morales, dont même Wayne, Soham ou Jeremiah ne se départissent pas, alors même que l'humanité n'est plus ? Est-ce cet individualisme forcené, auquel la force collective insectoïde semble avoir mis un terme ? Au moins peut-on se rassurer : cet individualisme ne disparaîtra pas avec l'humanité : Robin et certains insectes parasites le prouvent ...
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critiques presse (5)
Bedeo
04 janvier 2018
La Belle Mort de Mathieu Bablet nous revient dans une nouvelle édition du label 619 d’Ankama reprenant l’intégrale, un petit prequel et même un beau cahier graphique assorti d’une petite note de l’auteur revenant sur cette flamboyante et curieuse BD !
Lire la critique sur le site : Bedeo
ActuaBD
23 octobre 2017
Premier récit de Mathieu Bablet, dont le récent "Shangri-la" a connu un joli succès public et critique, "La Belle Mort" offre une aventure post-apocalyptique réussie.
Lire la critique sur le site : ActuaBD
ActuaBD
24 février 2012
Partant sur les bases d’une fiction post-apocalyptique à la Je suis une Légende, le scénario de La Belle Mort vire progressivement vers la fable existentialiste.
Lire la critique sur le site : ActuaBD
BoDoi
01 juillet 2011
Un récit d’une grande maîtrise, tant dans le dessin que dans la narration.
Lire la critique sur le site : BoDoi
BulledEncre
27 juin 2011
Encore une œuvre-choc à mettre à l’actif de la maison d’éditions Ankama, qui trouve là un incroyable auteur dont le travail se doit d’être entre toutes les mains quitte à hanter les nuits de ses lecteurs.
Lire la critique sur le site : BulledEncre
Citations et extraits (11) Voir plus Ajouter une citation
"(...) Te voilà seul véritable maître de ton destin, et personne pour le voir ! Personne pour admirer, flatter et s'extasier... et pour cause, je suis le dernier homme sur Terre".
(...)
Mathieu BABLET, La belle mort, 2011, Ankama éditions (p. 10).
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- Non attends, ne prends pas cette conserve, elle est périmée. [...]
- Je te trouve vraiment ridicule : "Et il faut faire attention à tout, et gnagnagna"... Les dates, on s'en fout... Tu nous emmerdes, avec ça !
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"(...) A-t-on le devoir de survivre, pour tous ceux qui sont morts ?"
(...)
Mathieu BABLET, La belle mort, 2011, Ankama éditions (p. 73).
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Une destinée, Soham....
Nous t'offrons une destinée extraordinaire, au-delà de l'humain. Ce que tu as toujours désiré, assis devant ta télévision, attendant un signe...nous t'offrons la possibilité de sauver ta planète, nous t'offrons un but si grand que ton existence entière en devient justifiée.
Nous t'offrons la belle mort.
Celle que l'on choisit.
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Je ne suis pas comme Soham, moi ! Je n'ai pas besoin d'un but et tout ça, je me serais contenté d'une vie de désolation avec toi.
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Videos de Mathieu Bablet (16) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Mathieu Bablet
On ne présente plus Mathieu Bablet, dont le travail dans le domaine de la bande dessinée est largement reconnu. A l'occasion du Festival International de la BD d'Angoulême 2023, nous avons pu le rencontrer. Son ouvrage, "Midnight Order", publié en fin d'année dernière, reprend les univers de "Midnight tales" pour prolonger l'expérience de lecture. Nous avons voulu savoir comment Mathieu Bablet a coordonné la création de cet album, où plusieurs artistes apportent leur contribution, mais aussi pourquoi a-t-il fait ce choix de s'intéresser au domaine de la sorcellerie.
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