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Critique de kuroineko


Dieu, Allah, moi et les autres n'est pas un roman. Ce n'est pas non plus une simple autobiographie. A travers de courts chapitres à la chronologie non linéaire, Salim Bachi, tour à tour ou en même temps, raconte des éléments de sa vie, explique son rejet absolu de tout embrigadement, dénonce et déplore l'obscurantisme religieux qui conduit aux massacres et chante son amour pour la littérature, la langue française et les femmes.

Né en 1971 en Algérie, dans une famille non pratiquante, il décrit l'enfer des écoles algériennes issues de la décolonisation. Coups, insultes, cours dirigés par des intégristes, ... le moins qu'on puisse dire est que le jeune Salim n'y apprend pas grand chose si ce n'est une méfiance envers ce Dieu qui laisse faire et une détestation viscérale de toute vérité assénée par la violence et la terreur.
Gravement malade et obligé trop souvent à rester alité, il trouve refuge - comme je le comprends! - dans les merveilles offertes par la littérature. Il y découvre, outre de formidables histoires, un horizon qui éclate les cadres rigides de la religion, de l'identité à outrance.

Salim Bachi, qui partit par la suite étudier à la Sorbonne, quitta alors une Algérie en proie à la décennie noire, entre viols et massacres des islamistes du GIA et et tortures et exécutions des forces militaires. La jeunesse - il a alors vingt ans - se retrouvait prise dans un étau et trop souvent forcée de choisir un camp.

Salim Bachi est un esprit résolument libre. On sent dans son récit toute son exécration pour le dogmatisme, les fondamentalismes, les hypocrisies qu'elles soient religieuses ou politiques. Il se sert de son talent d'écrivain pour dénoncer ces abhorrations. Il y a beaucoup de violences dans ses chapitres, factuelle avec le terrorisme, et intellectuelle avec l'indigence brutale et cruelle de ses premiers "maîtres de savoir".

La littérature et les penseurs occupent également une large place dans ces pages. On y retrouve Ibn Sina dit Avicenne, un autre grand esprit libre du Xème siècle, Molière, Malraux, Camus - qui occupe une place toujours ambiguë en Algérie mais qui est cher au coeur de l'auteur.

Je ne connaissais pas du tout Salim Bachi et c'est un peu par hasard que j'ai pris cet ouvrage, attirée par le titre. J'ai aimé découvrir son écriture et ses réflexions. Je suis admirative du courage qu'il montre en dénonçant avec virulence l'obscurantisme religieux et l'état qu'il juge déplorable à tous niveaux de son pays natal. Il ne mâche pas ses mots, qui se font pourtant si doux et caressants lorsqu'il parle d'amour, des femmes et bien sûr des lettres.
Un auteur à lire en notre actualité assombrie par le terrorisme et les idées nauséabondes qui jaillissent un peu partout.
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