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Critique de Sachenka


« Franza » est un petit roman qu'Ingeborg Bachmann laisse inachevé lorsqu'elle meurt subitement en 1973. La prix Nobel de littérature a tout de même légué un bijou intéressant, dans lequel on retrouve ses thèmes habituels : l'amour qui se transforme en haine, les relations de couples qui tournent à la violence (plus psychologique que physique, surtout insidieuse) et l'incapacité à communiquer. Peut-être un soupçon de folie, aussi. L'histoire commence avec Franza qui pense à sa jeunesse en Galicie, une région d'Autriche, à son arrivée à Vienne et à son mariage avec le docteur Jordan, un célèbre psychiatre de dix ans son ainé. Mais elle ne se sent pas bien. Son frère Martin la convainc éventuellement de l'accompagner en Égypte. Ensemble, ils voyagent et explorent ce pays exotique. Lui, parle beaucoup. Avec érudition. Elle, écoute distraitement. LeCaire, oui. Les Arabes, oui. le désert, la mer Rouge, oui. La Vallée des Rois et les pyramides, oui. Martin est certain qu'elle ne l'écoute pas vraiment, qu'elle n'est pas toute là. C'est qu'elle a beaucoup en tête, Franza. Mais cette solitude, ce désert, il est propice aux réflexions, à l'introspection. Enfin libérée du joug de son mari, elle se rend compte à quel point il pouvait se montrer méchant. Il la traitait comme une de ses patientes, disséquant ses moindres gestes, ses moindres paroles. Surtout en gardant une froide distance entre eux deux. Maintenant, enfin, elle peut penser par elle-même. Mais, une fois les valves ouvertes, c'est une véritable tempête qui l'engouffre. Elle sombre tranquillement vers les ténèbres. Bachmann réussit à faire évoluer son personnage avec finesse, à la faire passer à des émotions brutes et violentes avec beaucoup de délicatesse. À sonder les profondeurs de l'âme humaine dans toute sa complexité. Attention ! J'ai commis l'erreur de vouloir le lire trop rapidement, je me disais qu'un si petit roman pouvait s'achever en un rien de temps. Il faut plutôt le lire sans presse, s'en imprégner.

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