« Que suis-je venue faire ici à quelques stations de métro de chez moi?» Excellente question que je me suis posé bien avant elle à la page 218: "Que diable allait-elle faire dans ce RER ?" *
Un livre qui fleure bon l'universitaire ce roadbook commence le 16 mai à la fin de la période scolaire. le printemps, novembre et février n'étant pas judicieux, est bien entamé et pas supposé capricieux comme celui de Maspéro et
Anaïk Frantz en 1989, puis les vacances scolaires ne sont pas loin. On ne sait pas l'heure de départ mais pour une universitaire sociologue/architecte/écrivaine cela doit être, le temps de tartiner et de petit-déjeuner, vers les 9 h c'est-à-dire après le grand rush de la faune hagarde et ensommeillée des «lève-tôt» banlieusards. Horaire de cadre sup, sans pression. Cool !
Ce n'est pas la grande aventure , style
Antoine de Maximy ou à un degré moindre
Philippe Gougler ni même une randonnée à la S.Tesson,
Lao Tseu à la main sur la
route des migrants! Il y a une préparation à base de données fiables de collègues universitaires ou équivalents et donc déjà un ou des a priori, avec sécurité, sans parler du téléphone GPS et la ligne-Maspéro.
Et ils arrivent à se perdre! Fabuleux. Mata Grosso déconseillé
Et puis comme le monde est petit : qu'est-ce qu'on rencontre comme « connaissances » dans ce petit périmètre de banlieue: historiens sociologues, architectes, chercheurs, étudiants, doctorants, amis politique, écolos, et artistes bref les français lambda de banlieue on reste dans l'air du temps. On a évité les beaufs. Ouf! On y retrouve
Lamence Madzou chef de gang coauteur d'un livre avec...M.H. Bacqué, Hadama Traoré un «Noir révolutionnaire ex délinquant de banlieue » mais démocrate et aussi (encore) écrivain et chose curieuse M.H. Bacqué sort « ravigotée » de ses entretiens alors que les autres l'avaient plutôt déprimé.
Et puis des connaissances (historiens ...artistes) recommandées par des connaissances (historiens ...artistes) ainsi que des inconnus rencontrés dans les rues, des français bon teint ou immigrés première génération bien intégrés classe moyenne donc plutôt cultivés surtout si engagés politiquement associations, mandat d'élu, ministère de culte, artiste de gauche et autres ce qui facilite les échanges et analyses politico-économico-urbanistico-artistico-sociales.
L'échantillon humain est trop, trop calibré pas assez parlant on aurait aimé voir ceux des territoires interdits, les caïds, les vrais pas les petites vedettes locales, et leurs premiers cercles, les livreurs de pizza, les vendeurs de clopes à la sauvette, travailleurs au black, chômeurs, ceux qui ne votent pas, qui ne savent pas ce qu'est une démocratie ou qui font partie une religion dont les lois priment sur tout autre chose, ceux qui ne parlent pas français, les illégaux, les drogués bref la faune d'en bas, des profondeurs oui mais bon ça c'est de l'investigation journalistique, pas du travail de sociologue(?) et c'est risqué.
On note chez l'échantillon choisi une nostalgie certaine d'une époque qui était dure mais ou le travail existait, certaines valeurs respectées et une certaine incompréhension du comportement des jeunes. Par contre pas de remontées des autres
Pour le détail, quoique... Photos noir et blanc? En fait se sont de photos grisâtres pas de blanc, pas de noir, floues, écrasées par un gros grain, dégueulasses. Quant aux sujets: sans intérêt. Il aurait été préférable à la place de signaler les trajets par des cartes. On a essayé de suivre leur périple sur une carte google: bernique! Il faut reconnaître que le André n'était pas bien «chaud»
Une(s) interrogation(s) permanente(s) pendant ce livre. de quoi parle-t-on? Comment en parle-t-on? Que veut-on nous montrer ? Pourquoi ?
Un regard universitaire, une objectivation sociologique scientifique ou un Urban Writing, littérature de narration, l'inabordable des territoires interdits, milieu en reconversion, en ouverture sur l'extérieur du fait de l'aéroport, le Grand Paris, la fin d'une époque (heureuse) communiste, la fin des grandes cultures et le début de la vivrière bio de proximité, l'immigration africaine et asiatique en renouvellement de celle européenne et maghrébine, la non assimilation et la création de communautarisme avenir des banlieues, du pays, les plans d'urbanisme et les constructions de cité d'architectes aux idées sociales lumineuses mais très mal comprises surtout par les occupants, des constructeurs complètement ignorés ?
On parle bien de tout ça mais où est le fil conducteur?
M.H. Bacqué est restée confortablement dans son pré carré avec les siens, l'entre-soi intellectuel! J'ai du mal à comprendre cet essayisme social mais il n'est pas complètement inintéressant bien que les documentaires sur ce sujet foisonnent et donc pourquoi encore un livre, nécessité alimentaire?
* Presque du
Molière