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Critique de Fabinou7


Badinter, avocat & ancien Garde des sceaux, a mené bien des combats : pour l'amélioration des conditions carcérales, pour la réinsertion des condamnés, pour les droits des homosexuels, la mémoire de la Shoah, mais on se souvient surtout de sa victoire contre la peine de mort. Cette peine, ce fils de déporté ne la souhaite pour personne y compris les tortionnaires nazis.

« Tout ce qui peut encore sauver un homme, ce sont des mots ». Et c'est bien de mots qu'il s'agit ici. Car l'avocat, brillant certes, ne disparait jamais tout à fait derrière l'intellectuel engagé. C'est tout l'intérêt et la limite du propos, entre sincérité et effets de manche, la formule rhétorique est quasi pure chimiquement, difficile parfois de faire la part des choses.

Montesquieu l'avait pressenti « toute peine qui ne relève pas de l'absolue nécessité est tyrannique », Beccaria s'y est essayé « si je démontre que la peine de mort n'est ni utile, ni nécessaire, j'aurai gagné la cause de l'humanité » et bien sûr Hugo a grandement popularisé le combat abolitionniste « la peine de mort est le signe spécial et éternel de la barbarie ».
Mais en France, c'est finalement Badinter qui a aboli la peine de mort après avoir convaincu François Mitterrand, encore candidat socialiste à l'élection présidentielle, de soutenir cette mesure alors que l'opinion publique y était majoritairement défavorable.

Cet ouvrage revient sur les longues années de combat de Robert Badinter contre la guillotine, à travers une compilation d'entretiens.
Certains donnés à la presse à l'occasion notamment de procès dans lesquels l'auteur défendait des accusés à mort comme Patrick Henry au milieu des années soixante-dix, de débats avec d'autres intellectuels comme Foucault ou des praticiens du droit. On trouve aussi des discours prononcés, notamment à l'Assemblée Nationale en septembre 1981.
Enfin le combat s'internationalise pour Badinter dans les années qui suivent de la Convention européenne des droits de l'Homme à Amnesty International en passant par une critique des années Bush.

Je ne sais pas si le « crime » est un invariant des sociétés humaines, l'ethnologie pourrait peut-être y répondre, mais l'engagement abolitionniste de Badinter lui n'a pas varié. La peine de mort est abolie, son abolition n'a fait ni augmenter ni diminuer le crime, cette décorrélation est la preuve que Badinter avait raison.

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