Fausse route est un court essai, qui date déjà de 2003 et qui s'attachait à expliquer en quoi le féminisme s'égarait à cette époque.
Si l'auteure, femme de
Robert Badinter étant elle-même féministe, prône bien sûr l'indépendance de la femme rendue possible notamment par le travail, le droit à l'avortement, une égalité stricte au niveau des rémunérations, elle donne aussi quelques éléments de réflexion sur des pensées qui nuisent aux hommes et, par ce qu'elle appelle un effet de ricochet, également aux femmes.
Ainsi, Badinter explique que la victimisation générale, posé comme ultime argument et démontant tout sur son passage (on peut difficilement opposer un argument à la souffrance), amène une régression par laquelle la femme est placée justement en état de régression. La femme est forcément victime face à la domination masculine et n'est donc considérée que comme un enfant sans défense, enfant qui devrait être protégé justement par les féministes. Elle s'interroge parallèlement sur le fait que les exploits sportifs, tels que ceux de
Ellen MacArthur, la navigatrice qui a battu des records, ne sont pas mis en avant. La victimisation et le procès du sexe masculin éclipsant, selon l'auteure, tous ces exploits et réussites propres aux femmes.
Badinter met également en avant la difficulté de légiférer parfois sur des douleurs dites subjectives par rapport aux douleurs objectives.
Est remis en cause également le concept de domination masculine face au fait qu'il y a plusieurs types d'hommes et plusieurs types de femmes.
La banalisation de la sexualité, son omniprésence dans la société reviendrait aussi à réduire la femme en un objet de consommation et aurait ouvert la boite de pandore, où la femme, souvent, perdrait finalement au change.
Enfin, les rapports hommes femmes seraient fortement corrélés à la classe sociale et à la génération. Dans cet essai, il y a aussi une dénonciation du relativisme culturel qui remettrait en cause les droits des femmes. Pour Badinter « Aucune religion, aucune culture ne peut avoir le dernier mot sur l'égalité des sexes ». Très important pour l'auteure également, l'instinct maternel devrait plutôt être rebaptisé « amour maternel ».
C'est un essai qui donne quelques éléments de réflexion sur le féminisme, certains toujours actuels tandis que d'autres, non. Il demeure intéressant pour celles et ceux qui s'interrogeraient sur ce qui peut desservir le féminisme.