Alain Badiou, né en 1937, est un penseur et écrivain prolifique et à spectre très large. C'est l'un des rares philosophes vivants qui se revendiquent toujours d'une inspiration marxiste. J'avais lu une critique de son dernier ouvrage "
On a raison de se révolter" que j'ai eu la velléité de lire, mais que je n'ai pas acheté. Or, à la médiathèque, je suis tombé par hasard sur "
La vraie vie", ce qui me permet d'entrevoir la pensée d'
Alain Badiou.
Son propos se veut subversif: il cherche à « corrompre » la jeunesse d'aujourd'hui (ce fut l'accusation lancée contre Socrate, dans l'Antiquité !), c'est-à-dire l'inciter à quitter ses chemins habituels. Il dénonce les deux tentations les plus courantes dans notre société: vivre au jour le jour sans aucune perspective ou, au contraire, se soumettre à l'ordre établi pour "réussir" c'est-à-dire jouir d'un maximum de richesse et de pouvoir. Il critique l'apologie permanente du capitalisme et de ses « libertés vides », autant que les conceptions qui remettent à l'honneur les anciennes hiérarchies sociales. A. Badiou regrette que les jeunes se détournent d'autres buts plus nobles, et surtout plus justes. Il appelle de ses voeux ce qu'il nomme la « vraie vie », conforme à ses idéaux. Malheureusement cette troisième voie, très floue, fait fi des pesanteurs caractéristiques de l'éternelle médiocrité humaine; c'est du moins mon avis. L'expérience historique a maintes fois démontré que les leaders les plus "purs" sont, aussi, les plus fanatiques et surtout les plus dangereux – de
Saint-Just à Pol Pot: « Qui veut faire l'ange fait la bête », hélas...
Sans surprise, je suis resté extrêmement circonspect au sujet du réflexions d'
Alain Badiou.
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