![]() |
Qui n'a pas un jour croisé, voire utilisé, l'injure populaire «Quel crétin des Alpes!»? Suffit de lire Hergé... On sait à ce jour que le crétinisme est une pathologie de la thyroïde par carence en iode, et qui sans traitement produisait des êtres gravement déficients physiquement et mentalement. Il faudra attendre le 20e siècle pour une compréhension et une prise en charge pertinente de la maladie. 1835. Deux médecins partent en expédition dans les vallées reculées du Queyras pour y trouver des individus atteints de crétinisme et les ramener en placement d'office à l'hôpital parisien de la Salpétrière, dans le cadre d'un projet d'éducation et de sociabilisation imaginé par le Dr Jean-Pierre Falret. Fort d'un bon droit humaniste, trois « idiotes » sont achetées à leur famille. Eugénie, 16 ans, va faire partie de l'étude scientifique, thérapies diverses et chirurgies, participant ainsi à notre compréhension du traitement médical de la maladie mentale au 19e siècle. En contre-champ se révèle la société de l'époque, fascinée par le phénomène, et impliquée dans un désir éducatif des individus. Antoine de Baecque a précédemment écrit un ouvrage érudit sur le crétinisme, et en donne par ce roman/récit une version plus littéraire. En opposition à la «laideur» du sujet médical, l'auteur se fait lyrique dans les descriptions des êtres et des choses, sublimant de grandeur et beauté les régions montagneuses. Décidément, les folles inspirent les romanciers ces dernières années: le bal des Folles de Victoria Mas, La salle de bal de Anna Hope,... + Lire la suite |