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EAN : 9782262032524
370 pages
Perrin (03/03/2016)
3.64/5   11 notes
Résumé :
Des pèlerinages aux randonnées, des drailles transhumantes aux manifestations politiques, il n'y aura guère eu d'interruption dans la pratique de la marche. La circulation pédestre fait l'homme. Elle est une activité constitutive de l'être humain.
Pour en faire l'histoire, Antoine de Baecque part à la rencontre de toutes les formes de marches, et des hommes qui les pratiquent : les peuples et les métiers dont l'identité même semble nomade et pédestre, des Lap... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (8) Voir plus Ajouter une critique
L'homme qui marche.
La silhouette filiforme inclinée en avant du célèbre bronze d'Alberto Giacometti illustre la couverture de l'essai d'Antoine de Baecque « Une histoire de la marche ». Connotée et récupérée à l'envi, la sculpture nue de l'homme anonyme en mouvement devient atemporelle et universelle. Toutefois, l'historien, ancré dans son époque et sa culture, propose une étude de la marche en France même si quelques incursions se font ailleurs dans le monde, lors de pèlerinages (Compostelle, Japon) ou de manifestations (Gandhi). Néanmoins, cela n'est pas préjudiciable à l'entreprise de l'historien tant la matière est riche et pourtant méconnue. Débutant son étude par une « Anatomie de la marche », Antoine de Baecque, critique de cinéma, est presque naturellement aimanté par la chronophotographie pédestre du médecin Etienne-Jules Marey (1830-1904) visant notamment « à décrire la marche dans ses moindres ressorts ». le second chapitre consacré aux « Peuples et métiers marcheurs » accroche l'intérêt par maints détails significatifs, des techniques de marche des Sioux aux déplacements des Lapons ou aux mouvements liés à la transhumance. Tout un univers volatilisé reprend pied le temps d'une évocation circonstanciée alimentée d'extraits d'oeuvres éclairantes et de journaux émouvants tels les Mémoires d'un compagnon (1857) d'Agricol Perdiguier, apprenti menuisier avignonnais sillonnant la France à pied durant quatre années (1824-1828). S'ensuivent dans le chapitre 3 les « Marches pèlerines » dont le chemin d'étoiles, rétif à toute restitution tant il draine de complexité : « Seule une écriture ample et contradictoire, incarnée et implantée, épique et pourtant intime, critique et cependant initiatique, peut se hisser à la hauteur de cette ambition, celle par exemple que Cees Nooteboom… parvient dans le Labyrinthe du pèlerin. Mes chemins de Compostelle à toucher du doigt ». le chapitre 4 « Des Alpes comme territoire de la marche » aborde le coeur de l'essai. L'auteur réveille des écrits oubliés, ceux du médecin zurichois Conrad Gesner (1516-1565) repris deux siècles plus tard par un Rousseau admiratif, ceux du naturaliste genevois Horace Benedict de Saussure (1740-1799), fondateur de l'alpinisme ou encore de Rodolphe Toepffer (1799-1846), pédagogue excursionniste, lui aussi Genevois, voyageur en zig-zag et accessoirement fondateur de la bande dessinée. le chapitre 5 « Invention et extension du domaine de la randonnée » n'est pas en reste de découvertes enthousiasmantes, avec le fléchage bleu dans le massif de Fontainebleau par le grognard claudiquant Claude-François Denecourt (1788-1875) admiré par les Romantiques, du Touring Club de France fondé en 1890 au Comité national des sentiers de grande randonnée initié en 1945, tout un phénomène socioculturel prend corps pour aboutir à la randonnée moderne. le chapitre 6 « Flâneries et autres démarches urbaines » se recentre sur Paris, capitale encourageant l'art de la flânerie réservé à une élite cultivée et offrant des passages ouvrant sur une « vie poétique, artistique et érotique ». La dernière partie « L'engagement marcheur : survivre et manifester » entraîne l'homme qui marche dans une « voie de survie, la seule manière de s'en sortir ou le meilleur moyen de s'engager », de Gandhi aux migrants en marche qui résistent « par et dans le dénuement ».
Une riche bibliographie complète ce superbe essai abordable, éclairant et captivant.
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Dès que l'homme a trouvé la position verticale, il a découvert la marche. Cet ouvrage ouvre ses premières pages  sur la découverte du mot "marche" et du verbe "marcher". En effet les dictionnaires répertorient 15 définitions pour la marche et 10 définitions pour le verbe marcher. Mais concentrons-nous sur le vrai sujet de ce livre : la marche à pied. La marche à pied qui fait partie de l'histoire de l'humanité. 

En décortiquant les divers chapitres thématiques, il est intéressant d'apprendre que :
... la chronophotographie a décomposé la marche d'un cheval ou d'un homme (http://www.larousse.fr/encyclopedie/images/Chronophotographie/1310666);
... certains peuples sont plus marcheurs que d'autres (amérindiens ou lapons);
... les pèlerinages vers un lieu saint se pratiquent en Inde (remonter aux sources du Gange), au Japon (marcher sur le Tokaido reliant les villes de Kyoto et Tokyo), en Arabie Saoudite (accomplir le hajj, pèlerinage à la Mecque) et en Europe (parcourir les chemins menant à Saint-Jacques de Compostelle ou à Rome);
... les Alpes ont été parcourues par des botanistes, naturalistes et géologues et que ces montagnes ont aussi inspiré des poètes, des philosophes et des écrivains. C'est également le terrain de jeu des premiers touristes au XIXeme siècle et des premiers alpinistes bien nommés;
... les premiers arpenteurs de sentiers qui ont eu l'idée géniale de baliser les itinéraires étaient considérés, au début de leur travail, comme des "gâcheurs de paysages";
...  le scoutisme, le camping et les auberges de jeunesse ont été créés pour favoriser la randonnée et la découverte à pied d'un coin de pays;
... la marche en zone urbaine s'apparente à la promenade ou à la flânerie;
... la marche peut être une question de survie, qu'elle a été utilisée, notamment à la fin de la deuxième guerre mondiale, comme instrument de torture;

Ce n'est pas un inventaire à la Prévert, mais les formes de la marche peuvent être tellement différentes d'un individu à l'autre que cet exercice, sans cesse renouvelé, s'apparente soit à une épreuve, soit à un bienfait.

J'ai, personnellement, toujours considéré la marche sous un angle positif : pour se détendre après une journée de travail, pour se ressourcer au contact de la nature, pour flâner dans des lieux touristiques, pour randonner durant les vacances.

J'ai donc appris que la marche pouvait aussi avoir un aspect négatif : pour fuir son pays en guerre, pour rejoindre un hypothétique lieu de détention, pour survivre. Et, en ces périodes troublées, j'ai bien dû constater que les migrants se déplacent à la force de leurs mollets pour rejoindre un coin de terre qui voudra bien les accueillir.

Un pas, puis encore un pas, suivi d'un autre... L'homme a toujours marché et marchera toujours, malgré toutes les inventions qu'il a créées pour se déplacer rapidement.



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Le berger marche devant son troupeau. le réfugié marche pour fuir son pays. le pélerin marche vers les lieux saints. le contrebandier et le colporteur marchent à travers la montagne. Depuis deux siècles, on flâne dans les villes. Depuis un siècle, les actifs randonnent pour contrecarrer les effets d'une vie sédentaire... et les minorités marchent pour leur droits.
Voilà certes des thèmes évocateurs pour des émissions radiophoniques estivales mais vouloir les lier en "Une histoire de la marche" s'avère une gageure.
Fort de son expérience personnelle de la marche et s'exprimant dans un style fluide et clair, Antoine de Baecque retient l'attention :
- par sa grande capacité à relier les pratiques qu'il décrit au contexte économique, social et politique des différentes époques ;
- par son travail de recherche qu'illustrent, outre une impressionnante bibliographie, de très nombreuses citations ;
- par son aptitude, tout en manifestant une grande empathie pour les auteurs qu'il cite, à garder une distance critique vis-à-vis de leurs emportements les plus lyriques.
Suivant les sentiers de France depuis 40 ans, j'ai été particulièrement intéressé par le chapitre qui fait l'historique de la randonnée en France. En revanche, je continue à penser que les motifs qui poussent certains d'entre nous à tant à marcher sont si divers qu'ils restent bien difficiles à cerner.
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Cet universitaire, historien, nous avait déjà gratifié d'une traversée des Alpes en suivant les pointillés rouges du GR5, un chemin de grande randonnée qui relie le Léman à la Grande Bleue en égrenant cols et crêtes alpines.
Pour cette histoire pédestre, Antoine n'a pas eu besoin cette fois d'enfiler ses godillots mais a dû passer de longues journées dans les bibliothèques.
Car, son histoire de la marche est avant tout l'occasion de plonger dans les textes d'écrivains majeurs qui ont fait maxime de cette sentence : on ne pense bien qu'en marchant. de Platon à Rousseau et De Balzac à Hugo, tous ont utilisés leurs pieds autant que leurs mains pour écrire leur oeuvre.
Ainsi, Antoine truffe son essai sur la marche à pied de citations, d'extraits, de paragraphes des meilleurs auteurs, prouvant une fois de plus que la marche est essentielle, tant sur le plan physique et rapport à une excellente santé que mentalement et psychologiquement.
L'auteur passe en revue tous les aspects de la marche, des colporteurs traversant les montagnes il y a quelques siècles, aux armées Napoléoniennes (ou autres), en passant par les marches politiques incitées et encouragées par Gandhi ou Luther King, jusqu'aux randonneurs modernes de tous poil.
Une bonne et saine lecture pour accompagner les balades du Dimanche tout autant que les grands treks.
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On le sait, trop d'informations tue l'informations et c'est un peu l'écueil dans lequel tombe Antoine de Baecque.
Les thèmes abordés sont tellement vastes (marches pélerines ; Alpes ; marche urbaine ; marche revendicative ; réfugiés ; métier liés à la marche ect ) que l'on s'y perd.
Pourtant tout est digne d'intérêt voire passionnant mais potentiellement noyés dans un flot de disgressions, de références, de citations mal sourcés, que l'on à parfois l'impression d'être un randonneur perdu s'acharnant à retrouver sa position sur la carte.

En faite n'en déplaise au psycho-rigide dont je suis, ce livre est à consulter, à picorer, à ouvrir au hasard et surtout pas à lire d'une traite comme un roman. C'est seulement de cette façon que l'on appréciera la diversité et l'érudition réel d'un auteur qui sait de quoi il parle.
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Citations et extraits (12) Voir plus Ajouter une citation
La marche se double souvent d’une connotation positive, rassurante. Elle indique le cours normal des choses ; plus encore : elle semble un baume, non sur une jambe de bois, mais protégeant contre les dysfonctionnements les plus criants de la société moderne, elle signifie un bon usage, légitime, venu du fond des âges et de l’expérience, elle induit un rythme lent mais sûr et régulier. Sauf lorsqu’elle devient « forcée », et qu’elle implique dès lors fatigue, acharnement, épuisement.
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Apprivoiser la nature, circonvenir le corps, la description physiologique de la marche relève de cette rationalité du corps humain peu à peu conquise, ce qui a passionné les savants, des anatomistes de la Renaissance aux hommes des Lumières, puis aux médecins de la Belle Epoque. Encore aujourd’hui, les traités médicaux, manuels de physiologie, descriptions scientifiques, sont très nombreux dans le champ savant de la marche, études orthopédiques qui ont repris un réel essor depuis une trentaine d’années. Cependant, la marche fut incontestablement le grand sujet des physiologistes de la fin du XIXe siècle. L’étude de la locomotion humaine et animale s’impose alors avec une vigueur scientifique nouvelle.
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L’histoire de la marche est un creuset, elle nécessite une méthode d’histoire totale. Comme un fleuve, elle possède de multiples affluents, dans sa chronologie, tant vers l’amont que vers l’aval, mais aussi les disciplines dont elle accueille les eaux (de la géographie à l’anthropologie, de l’urbanisme à la sociologie, de la science politique à l’étude littéraire, de la philosophie à la prosopographie), les innombrables expériences, récits, traités, poèmes, romans, essais, journaux, dont elle se nourrit, surtout lorsqu’elle est mise en perspective dans la longue durée ou considérée selon tous ses possibles.
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Quand un homme marche, on voit le corps s’élever à chaque fois que le pied se détache de la terre ; on le voit s’abaisser chaque fois que le pied oscillant reprend terre par sa plante. Ces oscillations du centre de gravité deviennent nettes lorsqu’on observe sur un mur l’ombre d’un homme qui marche. Ce dernier incline son corps en avant, et cette inclinaison tend à faire passer la ligne du centre de gravité du tronc en avant des têtes de fémur qui le supportent ; cette inclinaison caractéristique est destinée à lutter contre la résistance de l’air
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On dit « montrer le chemin », « se mettre en chemin », « être en chemin », « passer son chemin », « ouvrir un chemin », « frayer le chemin », « s’arrêter en (si bon) chemin »… On dit que le chemin « se perd », « nous trompe », « nous conduit », « nous mène »… On parle d’un « chemin des écoliers », du « grand chemin », des « chemins de traverse », des « bandits de grand chemin », d’un « chemin de croix », du « chemin de Compostelle » ou du « chemin de Saint-Jacques ».
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Videos de Antoine de Baecque (24) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Antoine de Baecque
Lecture de correspondances autour de la figure de Marie-Antoinette par Isild le Besco, commentées par Antoine de Baecque, professeur à l'Ecole normale supérieure. Marie-Antoinette, dès son arrivée en France à 14 ans en 1770, suscite un flot ininterrompu de correspondances, souvent les plus contradictoires. S'esquisse ici l'avènement de la célébrité et s'affirme le lien désormais indissoluble entre espace privé, univers public et visions politiques, éléments essentiels d'une nouvelle modernité. Une rencontre explosive à laquelle la comédienne Isild le Besco, et l'historien Antoine de Baecque mêlent leurs voix. Avec le soutien de la Fondation d'entreprise La Poste.
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