1905, Calabre, Italie. Pour sauver son honneur, Graziella Mancini est sur le point de tuer son ex-fiancé Anthelmo. Enceinte de cet homme qui l'a séduite pour en épouser une autre, son devoir était de se venger. Envoyée en prison, elle perd peu à peu goût à la vie. Sa seule envie est de s'échapper pour retrouver son frère Tommaso, disparu depuis cinq années. Contre toute attente, le monde va l'y aider à coups de tremblements de terre et de signes du destin...
Graziella n'a que des frères, et un père au sang chaud prêt à abattre quiconque oserait déshonorer sa famille. Les Mancini sont fiers. Mais après avoir tiré sur Anthelmo, cet homme qu'elle a aimé, Graziella aspire à autre chose, à une autre vie. La jeune fille tente alors sa chance et choisit de laisser le passé derrière elle. C'est avec son frère Baldassare qu'elle quitte l'Italie et traverse la Mer Méditerranée. Seule ombre au tableau, ce bébé sur le point de naître et qu'elle n'arrive pas à aimer...
Je ne savais absolument pas quel genre de roman je tenais entre les mains en commençant ma lecture. C'est surtout le titre qui m'interpellait. J'ai d'abord beaucoup aimé l'époque à laquelle se déroule cette histoire. C'est une époque pleine de possibilités, pleine d'espoir pour nos héros. le monde tourne plus rapidement, plus bruyamment aussi et au fond, on sait qu'il y a une petite place quelque part pour nos personnages.
L'auteure a créé de beaux personnages et j'ai pris plaisir à les découvrir. Il y a d'abord Graziella, cette jeune fille aussi forte que vulnérable, cette jeune maman qui a une carapace trop épaisse pour accueillir un enfant dans son coeur. Il y a aussi le vieux fou Eusebio et Jean Frisson. Mais surtout, il y a Baldassare. J'ai adoré ce personnage honnête et persévérant. C'est un vrai pilier pour Graziella et sans lui l'aventure n'aurait sûrement pas été la même.
Les chapitres sont courts, le récit traverse les années, et c'est avec facilité que nous suivons le parcours de nos héros. Ils repartent de zéro, suivent les signes mais on a cette impression qu'ils ne sont pas épanouis. La faute au passé qui les rattrape peu à peu, et duquel ils ne peuvent se détacher complètement. Portée par une plume percutante, leur aventure est captivante du début à la fin et permet d'aborder des sujets inattendus tels que l'amour maternel (quand celui-ci n'est pas une évidence), la surdité ou encore l'exil, l'indépendance.
Verdict : Tous les bruits du monde est un roman d'aventures, un voyage dans le passé, l'histoire d'un nouveau départ. J'ai adoré ce que j'y ai trouvé. Je me suis laissée surprendre par la direction que prenait ce roman, par les thèmes abordés. Nos héros ont simplement envie de goûter à la liberté et on les suit dans cette aventure avec bonheur. Belle découverte !
Si je suis plutôt du style à lire un roman d'une traite, il m'a fallu faire des pauses pour celui-ci. Non pas à cause de sa longueur (400 pages) mais tout simplement à cause de son histoire. J'ai eu du mal à me plonger dedans, à m'imprégner de son ambiance, de son époque. Mais plus encore, je n'ai pas vraiment accroché aux personnages qui y sont dépeints, de même que leurs aventures.
Pour qu'un roman me plaise, il faut que je me sente impliquée émotionnellement et cela passe notamment par le biais des personnages et des "connexions" que je ressens vis-à-vis d'eux. Ici, je n'ai pas été sensible à leurs personnalités (mis à part Baldassare peut-être) ni aux drames qu'ils traversent. Cette histoire d'honneur, de vengeance et de fuite ne m'a pas fait vibrer, ni émue plus que ça. J'ai trouvé l'intrigue un peu lente, manquant de rythme. La thématique du roman ne me correspondait tout simplement pas. En revanche, je tiens à donner une mention spéciale pour le titre que j'aime beaucoup, notamment pour les différentes significations qu'il revêt par rapport au roman.
Pour ceux à qui manquait un grand roman d'aventure : voici Tous les bruits du monde ! Un destin de femme, une histoire d'amour gâchée, un honneur à laver plus important que la vie elle-même, une malédiction, des éléments qui se déchaînent, des traversées en bateau et des découvertes fabuleuses, il se passe tout cela, et bien plus encore dans le nouveau roman de Sigrid Baffert, qui nous transporte dans l'Italie et la France du début du XXème siècle. On notera d'ailleurs tout le travail de documentation pour ce roman historique où des événements réels côtoient les inventions de l'époque et quelques grandes figures des début du cinéma. Des détails et des clins d'oeil qui n'éclipsent certainement pas l'aventure palpitante de Graziella et de son frère Baldassare qui vont tous deux fuir leur Italie natale pour rejoindre la France, où ils espèrent non seulement échapper aux représailles de leur départ mais également retrouver leur frère aîné, Tommaso, disparu mystérieusement voilà des années… Mais si la chance semble sourire à cette fratrie qui accueillera très vite l'enfant illégitime et non désiré de Graziella, le passé et le danger sont clairement à leurs trousses.
Un roman captivant, porté par une plume sensible et exigeante, qui, au-delà de l'aventure et de l'histoire d'une vengeance familiale, aborde aussi des thèmes beaucoup plus rares dans ce genre mais qui offrent de passionnantes explorations de l'humain : l'amour maternel, ou plutôt ici son absence ; la surdité et comment, voilà plus d'un siècle, on traitait les jeunes sourds ; et l'exil, grande question d'actualité s'il en est. Les personnages sont admirables dans leur construction, à commencer par Graziella, aussi vulnérable que déterminée, en proie à un conflit autant physique qu'émotionnel et Baldassare, le frère funambule, véritable soutien pour sa soeur, qui navigue entre l'espoir et le pragmatisme. Et puis César, le frère d'Anthelmo, un personnage diablement angoissant, qui étend son ombre menaçante sur tout le roman…
Tous les bruits du monde, c'est le souffle de la liberté, la richesse d'une époque, des personnages, et toute l'émotion d'un grand roman d'aventure.
Tous les bruits du monde traînait dans ma PAL depuis un moment, mais le confinement ayant eu raison de mon stock, j'ai enfin eu le temps de m'y atteler.
La couverture dépeint bien la situation initiale : au début du XXe siècle, une jeune femme au ventre arrondi tient dans ses mains un pistolet encore fumant. Il s'agit de Graziella, 17 ans et enceinte d'un homme qui va en épouser une autre. Dans la famille Mancini, cette situation ne lui laisse que deux solutions : le tuer ou se faire tuer.
Je pensais que l'histoire allait s'étendre sur cette intrigue, mais pas du tout, ce ne sont que les premières pages. le roman s'intéresse plutôt à comment Graziella va se reconstruire après cela, en devenant notamment mère. Et elle va en faire du chemin, à travers l'Europe et au delà, au gré ses opportunités qui se présentent à elle.
Nous suivons également son frère Baldassare, auquel il est plus facile de s'identifier. Graziella est plus froide. Elle m'a même un peu énervée par moments. Autre point négatif, le roman part un peu dans tous les sens et aborde une multitude de thèmes. On a dû mal à voir la trame de l'histoire dans tout ça.
On se laisse tout de même porter par les aventures de nos héros dans cette Europe du XXe siècle. 3,5/5
Un peu surprise, parce que le résumé est plutôt trompeur. On s'attend à trouver l'histoire d'une fille qui tue l'homme qui l'a mise enceinte. Que ce soit le thème principal du bouquin, en toute logique.
Mais ce n'est pas du tout le cas. Alors oui, c'est bien ce qu'elle fait. Dès le début du livre, et ensuite, c'est très vite expédié. Pourtant, je me serais attendue à plus de flash back racontant sa relation avec l'homme en question, à une plus grande partie parlant de son enfermement. Parce que bon, tuer un homme, c'est pas anodin.
Enfin, faut croire que si, puisque très vite, l'auteur nous emmène totalement ailleurs. Elle nous fait voyager, de l'Italie à la France. Et l'histoire n'a plus rien à voir avec celle qu'on aurait pu attendre ?
Est-ce un mal ? Pas forcément. Mais on est dans l'attente, et on ne sait pas vraiment où ce récit va nous mener. A un peu trop d'endroits à la fois, ce qui laisse le sentiment que l'auteur se disperse.
Mais pourtant, il le fait plutôt bien. La naissance de Mila et la découverte de sa surdité viennent ajouter un peu de piment et apporter une thématique assez peu exploitée.
Malgré tout, ce roman ne sait éviter quelques longueurs. C'est assez lent, et ça manque d'action. Mais il y a quelque chose dans l'ambiance, et la narration qui fait tout passer. le point de vue de la petite Mila est très intéressant, empreint de sagesse et de lyrisme, mais la façon de passer d'un point de vue à l'autre sans transition me laisse un peu dubitative. Sans parler du style d'écriture, qui lui aussi, est assez particulier.
- Je déteste être piégée.
Il roule à ses côtés, tandis qu'elle accélère.
- C'est tout sauf un piège, Graziella. La bicyclette n'est que liberté. Elle vous affranchir des humeurs d'un animal. Vous êtes autonome, entièrement seule à décider de votre route, puisque vous êtes votre propre moteur. Mais peut-être que la liberté vous fait peur ?
À plusieurs reprises, ses mains heurtent la chaleur d'un corps gisant, un bras, une épaule, la ligne d'un tibia, la courbe molle d'un visage. Alors elle se mord la langue pour ne pas hurler, elle guette du bout des doigts une respiration imperceptible. Rien. Elle ne peut plus rien. Jamais elle ne s'est sentie si seule.
Pourtant un sursaut l'ébranle. Un léger remous, là, en elle. Graziella se surprend un instant à apprécier ce signe de vie, venu du dedans à défaut du dehors. Non, elle n'est pas seule. L'enfant est là, bien arrimé en elle, naufragé dérivant sur son radeau de chair et de sang. Lui se bat, lui veut vivre ! Il a résisté au décoctions de ruta, aux aiguilles, aux incantations, au désespoir de sa mère, au rata de la prison, au somnifère, alors, pensez donc, un tremblement de terre...
Graziella étouffe. Dans une autre vie, elle répondrait : oui, moi qui me tiens devant vous, j'ai rendu sourde ma fille en tuant son père d'un coup de révolver, mon ventre a poussé entre quatre murs sans fenêtre, j'ai rampé sous terre, et sous un soleil furieux, j'ai accouché en pleine mer, et jusqu'à il y a peu, je n'aurais pas su dire comment étaient les oreilles ou les yeux de ma fille, tellement j'avais le nez baissé vers ma douleur, j'avais peur d'être sa mère, vous comprenez? J'avais peur de l'entendre crier sa haine, j'avais peur de l'écouter vivre, moi qui avais donné la mort avant même de donner la vie. Vous me demandez si elle a eu des bourdonnements? Moi j'ai les oreilles qui sifflent depuis son premier cri, et aujourd'hui, je donnerais ma moelle pour lui rendre ce que je lui ai pris.
Elle se retient aussi de semonce son mari contaminé d'une lenteur minérale. Bon sang, qu'est-ce qui lui prend de mettre autant de temps pour remplir un malheureux verre de limonade ? Il a une crampe ou il a peur de la noyade ?
- Ils ne t'ont pas laissé le choix. Tu es sa mère, elle t'aimera.
- Et moi ? murmure Gaziella. Si je n'y arrive pas ?
- Alors je l'aimerai pour deux, conclut Baldassare.
Où la meteorite s'ecrase t-elle?