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Critique de Colchik


Ces « Gens de Taipei » viennent en réalité de Guilin, de Chongqing, de Shanghai, ou encore de Nankin et ont fui la Chine continentale au moment où s'installait le pouvoir communiste. Exilés dans le Taipei des années cinquante, qui sont-ils ? Des militaires qui ont combattu dans l'armée de Tchang Kaï-chek et ont accompagné son repli sur Taïwan, mais aussi des belles de nuit, entraîneuses de bar, prostituées, chanteuses de music-hall, parfois des lettrés ou des commerçants. Leur gloire – militaire, artistique, révolutionnaire – est derrière eux, comme leurs succès, leur jeunesse ou leur beauté. « Gens de Taipei », une dénomination qui les renvoie à l'anonymat, à la gêne des gens ordinaires, à la solitude.
Bai Xianyong a, lui aussi, connu les chemins de l'exil et décrit avec une mélancolie, qui se teinte souvent de résignation et d'impuissance, ces vies rendues au quasi-néant. Ses nouvelles ne sont pas bâties sur les caractéristiques attribuées habituellement à ce genre, la construction dramatique, l'irruption de l'insolite, la présence d'une chute... Il s'attache plutôt à saisir une scène ordinaire qui installe le décalage entre le moment présent et le passé. Je comparerais son art à celui de l'aquarelle où le pinceau imbibé d'eau dépose sur le grain de la feuille un soupçon de couleur qui finit par se fondre aux autres touches pour dessiner un paysage aux contours flous.
La traduction d'André Lévy restitue avec une grande justesse le ton de chaque nouvelle, passant du raffinement des déclassés à la gouaille des prostituées, ou encore aux accents martiaux de vieux soldats.
Ma préférée dans ce recueil de 14 nouvelles : La dernière nuit de la Taïpan Jin.
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