AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
EAN : 9782754816656
144 pages
Futuropolis (07/06/2018)
3.81/5   31 notes
Résumé :
Au XXe siècle naissant, l'Afrique est un enjeu majeur pour les puissances européennes et les grandes entreprises privées. Alors que le bassin du Congo devient le théâtre de tensions internationales croissantes, la presse se fait l'écho de crimes commis envers les populations locales.Quelque part au nord de Bangui (actuelle Centrafrique), deux administrateurs coloniaux français assassinent un homme dans un raffinement de cruauté. Révélée par la presse le 15 février 1... >Voir plus
Que lire après Congo 1905, Le Rapport Brazza : Le premier secret d'État de la FrançafriqueVoir plus
Critiques, Analyses et Avis (11) Voir plus Ajouter une critique
3,81

sur 31 notes
5
1 avis
4
6 avis
3
4 avis
2
0 avis
1
0 avis
Dernière lecture de Vincent Bailly avant sa rencontre… Mais, bon sang, ce fut vraiment terrible ! le résumé à lui seul vous permet de comprendre l'ambiance sombre et violente qui hantent ces pages… Une fois encore, l'illustrateur s'attaque à un sujet réaliste et historique. Il semble vraiment être un auteur engagé qui ose travailler sur des thématiques difficiles. Or, il y parvient de nouveau avec brio ! Cette bande dessinée se fonde sur un rapport jamais publié (ou du moins, tardivement) montrant la situation coloniale au Congo français au début des années 1900. Ces documents ont été volontairement mis sous silence et on comprend volontiers cette censure étant donné l'horreur qui a été dissimulée ! Les faits sont tout simplement honteux et inhumains ! L'Homme est vraiment capable des pires atrocités… Même si les deux auteurs ont romancé cette BD, ces faits monstrueux ont réellement eu lieu…

J'ai été écoeurée par cette situation abominable. Certes, on se sait que la colonisation a fait des ravages, mais on n'imagine pas à quel point… À travers ses planches semblables à des aquarelles, Vincent Bailly plonge le lecteur au coeur du Congo. Les couleurs sont très bien choisies ! On se croit dans ces forêts tropicales luxuriantes et on imagine à merveille la ville lorsque la narration a lieu à Paris. Les personnages sont très expressifs. Leurs traits ne séduiront peut-être pas tout le monde, car on voit les coups de crayon ou les traits à l'encre de Chine cependant, cela m'a personnellement bien plu. Après avoir lu plusieurs oeuvres de Vincent Bailly, j'ai fini par me faire à son style parfois un peu brouillon que je trouve à présent très intéressant. Bien que le contexte est loin d'être paradisiaque, on a l'impression de découvrir des carnets de voyage ou de magnifiques esquisses… J'admire surtout sa gestion des teintes qui sont judicieusement choisies selon la scène ou l'ambiance du récit. Une double planche vermeil représentant le massacre et le viol de tout un village m'a terriblement marquée…

Il faut avoir le coeur bien accroché avec « le Rapport Brazza », car les auteurs ne nous épargnent rien. L'abomination humaine est présente tout au long des passages se déroulant au Congo : esclavage, racisme, maltraitance, violence, pillage des ressources, abus de pouvoir, viol, exécutions barbares, … Sans oublier une scène montrant que les colons aimaient faire sauter les esclaves à coup de dynamite ! On a là une sombre partie de l'Histoire ! Que ce soit au Congo ou lors des échanges entre les têtes pensantes et les politiques à Paris, j'ai été très touchée par ce que j'ai vu et lu… Il y a de quoi vous dégoûter du genre humain… Je ne recommanderais pas cet ouvrage à tout le monde, car il y a de quoi ressortir déprimé de cette lecture… Cela dit, la thématique est très importante et mérite d'être mise en lumière ! Enfin, on notera plusieurs pages annexes permettant de comprendre le dossier. Cartes, photographies, pages de journaux, le contenu est riche et permettra au lecteur d'en savoir plus sur ce passage historique méconnu…
Lien : https://lespagesquitournent...
Commenter  J’apprécie          160
Suite à un scandale dans la presse française, une mission est dépêchée au Congo par le ministère pour enquêter sur les agissements des compagnies et des fonctionnaires français envers la population locale. On y envoie un homme qui a fait ses preuves en matière de respect du modèle républicain et de l'idéologie coloniale première, évidemment spécialiste du lieu puisque à l'origine des relations et de l'installation de la France au Congo, Pierre Brazza.

La BD met en scène parallèlement la situation sur place et à Paris, et le moment de l'enquête de Brazza et certains événements passés. Cela se chevauche parfois et peut créer un petit temps de confusion mais on s'y retrouve.

Ce qui est évidemment le plus important dans ce récit, c'est le scandale absolu des agissements des compagnies et des fonctionnaires, ayant créé un système d'interdépendance à leur profit au détriment des populations en faisant preuve de la plus pure cruauté (la pensée dominante était au racisme et à la suprématie blanche, certes, mais tout de même !) : travail forcé, enlèvement, séquestration, brimades et coups à échelle industrielle.

Brazza et ses compagnons mènent leur enquête tant bien que mal, constamment ralentis si ce n'est empêchés par des officiels locaux qui s'estiment dans leur bon droit.
Il en sera de même pour les résultats de cette commission, le rapport de Brazza de 1905 ne sera édité dans son intégralité qu'en... 2014... S'il était besoin de dire la volonté d'étouffer les abjections commises pour laisser fleurir les intérêts de l'économie et du pouvoir. de fait, ce rapport était considéré comme perdu, grâce soit donc rendue au travail extraordinaire de l'historienne Catherine Coquery-Vidrovitch et de l'éditeur Dominique Bellec.

Le dessin très crayonné et la peinture multipliant les touches d'ombre rendent les cases très fournies. Cela donne lieu par endroit à une certaine confusion, ne sachant pas où poser le regard, mais d'autres fois à de vrais tableaux nous plongeant dans le décor. de façon générale, j'ai tout de même beaucoup apprécié le dessin, la palette de couleurs et le coup de pinceau.

Pour résumer, les quelques maladresses de scénario sont vite oubliées face à l'horreur des réalités décrites. Une lecture forte et nécessaire, servie par un trait et des couleurs bien engageants.
Commenter  J’apprécie          120
1905, après le scandale sur les conditions de la colonisation Belge au Congo, et suite à une affaire de cruauté révélée concernant le Congo français (qui à l'époque, incluait le Gabon et la Centrafrique), on renvoie Pierre Savorgnan de Brazza enquêter sur les conditions de cette colonisation. C'est lui qui en avait ouvert la voie, en idéaliste, rêvant d'apporter les bienfaits de la civilisation, quelques années auparavant. le constat est accablant, ses successeurs ont ouvert la voie à l'exploitation des ressources par des compagnies privée et sont même complices des exactions les plus terribles : exploitation, esclavage, répression violente…
À l'époque, le rapport indigné de Brazza était passé aux oubliettes, l'affaire est restée secrète pendant une soixantaine d'années, et exhumée par hasard. Cette bande dessinée reprend les faits avec exactitude, s'attachant au voyage de Brazza ainsi qu'aux méandres politiques qui l'entourent. Tristan Thil est un auteur engagé, il a scénarisé cette histoire sans grandiloquence ni exagération, la seule exagération du récit émane du discours de l'avocat des tortionnaires, odieusement raciste (les témoignages des noirs ne valent rien !). le ton est juste, servi par un dessin brut et vivant, parfois simplement esquissé, les dessins du jugement au tribunal ressemblent à ce qui se fait toujours dans les tribunaux ou les photos sont interdites, les décors de la jungle s'imposent par leur simplicité et contrastent avec ceux de Paris, la couleur est posée en aquarelle, rapide et juste, presque du carnet de voyage malgré une mise en page de bande dessinée classique.
Cette lecture est édifiante et glaçante, bien qu'aujourd'hui on ne soit plus dupe sur les méthodes et les finalités de la colonisation, et elle laisse un constat amer sur l'Afrique d'aujourd'hui.
À lire pour découvrir la “belle” histoire de la colonisation, ou plutôt sa vraie et répugnante histoire et l'ignominie et l'hypocrisie de la raison d'État et de l'organisation capitaliste du monde.
Commenter  J’apprécie          100
Alors que l'exécution barbare (à la dynamite !) d'un indigène défraye la chronique, le gouvernement confie à Pierre Savorgnan de Brazza, découvreur du Congo, la mission d'enquêter et de démontrer que cet incident condamnable est isolé et nullement assimilable à un système organisé.
(...)

Cette adaptation sera sans aucun doute plus accessible que le rapport lui-même (nous essaierons toutefois d'en rendre compte prochainement). On perçoit chez les auteurs le même honnête soucis que chez Brazza de rendre compte avec justesse des crimes de la colonisation maquillés en bienfaits.

Article complet en suivant le lien.
Lien : https://bibliothequefahrenhe..
Commenter  J’apprécie          150
M'intéressant à la terrible histoire du Congo, du Zaïre et du Centrafrique, j'ai pris connaissance du scandale dit Gaud et Toqué et de la commission d'enquête présidée par Savorgnan de Brazza pour évaluer la situation dans les colonies françaises du Gabon, du Congo et de l'Oubangui Chari. Avant de me lancer tout de go dans le rapport d'enquête en lui-même, miraculeusement sauvé en 1965 après avoir été enterré pendant 60 ans, et publié depuis quelques années seulement (comme quoi il en faut, du temps, pour regarder ses propres turpitudes en face), je me suis dit que commencer par cette BD ferait une bonne introduction imagée et moins exigeante que le texte de la commission Brazza qui a l'air assez technique.
Malheureusement, cet album – qui n'est pas foncièrement mauvais – m'a un peu déçu, et ceci essentiellement pour des raisons esthétiques. Je goûte assez peu le style Bailly, que je ne connaissais pas, avec ces traits un peu indistincts et ces zones barbouillées. C'est bien dommage, parce que sinon l'ensemble est de bonne facture, même si parfois il n'est pas facile d'identifier tous les personnages, notamment ceux qui tirent les ficelles de Paris.
On se rend quand même compte que c'était une grande spécialité française, à l'époque, de nommer des commissions à la fois juges et parties pour enquêter sur les lointains scandales qui sortaient dans la presse et qui choquaient l'opinion publique. À quelques années de là, le ministère de la guerre étouffa l'affaire Aernoult, qui éclaboussait les bagnes militaires d'Afrique du Nord, en envoyant un quarteron de généraux qui conclut à un non-lieu, malgré l'évidence.
Commenter  J’apprécie          40

Citations et extraits (7) Voir plus Ajouter une citation
Sur les quarante femmes et les vingt enfants du village de Ngonakombo détenus à Bangui... Il ne reste que 10%...
… Cent dix-neuf femmes et fillettes…
L’État de Marasme et de Consomption laisse soupçonner que les individus ont été séquestrés…
Le pire, ce sont les otages…
Chaque cartouche est une vie prise. Je ne compte plus le nombre que j’ai tiré.
… Les cadavres ont été en silence jetés au fleuve…
Je ne vous cache pas qu’il y a eu lieu de craindre que la domination française n’ait été marquée quelques fois par des excès…
Est-ce moi qui ai rendu possible cette folie ?
Nous n’étions pas dignes de la coloniser.
Commenter  J’apprécie          70
J'ai compris trop tard qu'il n'y aurait rien à attendre des compagnie sinon leur rapacité et le pillage des ressources. Certaines ont même tendance à considérer les indigènes comme leur propriété.
Commenter  J’apprécie          130
- Il a trahi. Et lors de sa fuite il a incité les tribus voisines à la révolte.
- Je sais. Et j’ai bien failli y passer dans son embuscade.
- Il sera fusillé !
- Je vous laisse carte blanche.
- Ou alors, on pourrait le décapiter à la dynamite. Ni trace de coup de fusil, ni trace de coup de sagaie…
[…]
- Faites ce que vous voulez !
Commenter  J’apprécie          20
Leurs témoignages concordent : l'enlèvement des femmes est employé d'une manière courante, et est considéré comme le complément naturel de toute répression.
Commenter  J’apprécie          50
Tant mieux s’ils me craignent. C’est encore la meilleure garantie de tenir ces sauvages ! Ils nous mangeraient.
Commenter  J’apprécie          20

Lire un extrait
Videos de Vincent Bailly (8) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Vincent Bailly
Les nouveautés Futuro de mai 2023
autres livres classés : congoVoir plus
Les plus populaires : Bande dessinée Voir plus


Lecteurs (66) Voir plus



Quiz Voir plus

Les personnages de Tintin

Je suis un physicien tête-en-l'air et un peu dur d'oreille. J'apparais pour la première fois dans "Le Trésor de Rackham le Rouge". Mon personnage est inspiré d'Auguste Piccard (un physicien suisse concepteur du bathyscaphe) à qui je ressemble physiquement, mais j'ai fait mieux que mon modèle : je suis à l'origine d'un ambitieux programme d'exploration lunaire.

Tintin
Milou
Le Capitaine Haddock
Le Professeur Tournesol
Dupond et Dupont
Le Général Alcazar
L'émir Ben Kalish Ezab
La Castafiore
Oliveira da Figueira
Séraphin Lampion
Le docteur Müller
Nestor
Rastapopoulos
Le colonel Sponsz
Tchang

15 questions
5188 lecteurs ont répondu
Thèmes : bd franco-belge , bande dessinée , bd jeunesse , bd belge , bande dessinée aventure , aventure jeunesse , tintinophile , ligne claire , personnages , Personnages fictifsCréer un quiz sur ce livre

{* *} .._..