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EAN : 9782379411229
118 pages
L'Arbre vengeur (21/05/2021)
3.96/5   12 notes
Résumé :
Anthelme est célèbre ! Le Président de la République en personne vient décorer dans son village l’auguste chercheur qui a consacré sa vie à l’étude des insectes, composant une somme qui constitue un sommet littéraire. Mais Anthelme est un homme, qui vieillit et qui songe encore à l’amour.
En s’inspirant des comportements des petites bêtes fascinantes qu’il a observées, il va donc imaginer un « crime », dicté par ses sentiments les plus ambi... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (6) Voir plus Ajouter une critique
« Anthelme écrit. Il écrit dans une langue qui est le français, mais qui n'appartient qu'à lui. »
Appliqué, dans la cour des grands, ce récit est d'un fort caractère. Dans les sillons d'un classique, le charme fou d'une littérature certifiée, « Les mains propres » est marquant et surdoué. Jean-Louis Bailly est digne d'un génie évident. Ce récit atypique est une fierté de lecture. Crissant, parfois jubilatoire, surprenant, « Les mains propres » est doté d'une double lecture. Ici, nous sommes l'ombre d'Anthelme et de Jean-Henri Fabre (entomologiste français, 1823-1915). La vie d'Anthelme se passe au ralenti. Dans le même tempo que les insectes dont il observe les habitus chaque instant de sa vie. Original, solitaire malgré femme et enfants (grands). Il vit au rythme de ce microcosme naturaliste. Endoctriné par ses savoirs qui bousculent en lui toute normalité.
« On sait bien que la vanité rend stupide. Anthelme en est un bel exemple. »
Anthelme est le savant. Celui que l'on respecte et redoute dans un même temps. Il est la posture du Savoir.
« Anthelme est fier de ce qu'il a fait, qui était facile pourtant, et qui prouve combien il serait aisé de faire évoluer les mentalités de ces paysans en y jetant simplement un peu de science. »
Anthelme est perfectible. On ressent un homme ivre des insectes, des micro-sociétés minuscules. Observateur en transmutation, il bouscule la réalité. Coup de pied dans la fourmilière, complètement omnibulé par les idiosyncrasies d'un monde où le végétal et le règne animal sont les maîtres et les garants. Acide et implacable, il a des attitudes chirurgicales, absolument planifiées. Il compare l'humain à l'insecte. Il est si rationnel que l'humanité devient pour lui le banquet des mantes-religieuses. Et s'il avait raison ?
Il est happé par la dualité.
« Comme deux silex que l'on frotte, et le temps de l'étincelle l'arrachent à lui-même et pulvérisent ses limites. »
Mimétisme, insecte devenu, procréer de nouveau, « obéir à la loi de l'espèce. »
« Les mains propres » crescendo infaillible, va bousculer l'ordre établi. Un crime se profile-t-il ?
« Très vite les bruits ont couru. La femme du fou aux insectes se meurt. »
«De l'étreinte entre magie noire et médecine naissent des monstres qui n'expliquent rien, mais auxquels on accorde un moment crédit. »
Subrepticement, le ballet de moustiques dans son antre, le mal rôde. Anthelme est machiavélique, caustique, une caricature déplacée poussée au paroxysme du déraisonnable. La trame est de délectation, de suspens et qu'il est bon de suivre Anthelme pas à pas.
«Le grand savant célèbre de par le monde et que seule une poignée de paysans méconnaissent et calomnient. »
« Puis il revient au miracle du criquet cendré. La mue inverse, celle de l'Épouse, ce sera pour demain. La plume se remet à courir. »
« Les mains propres » est un récit âpre, serré comme un café fort, l'ombre d'un thriller, crescendo fourmilière affolée, Anthelme est le plus malin, le plus vicieux aussi. On l'imagine insecte minuscule, rampant, prêt à dévorer sa proie. N'ayez pas d'inquiétude, ici, la trame brille au soleil. Jean-Louis Bailly dresse la table, banquet littéraire hors pair, précisions et nappe lissée sans pli aucun. Acide et captivant, « Les mains propres » est une satire. Je dirai que l'auteur a un sacré côté Diogène. Libre de sa plume, libre de bousculer l'ordre établi et de retourner les situations pour notre plus grand plaisir et surtout pour notre considération.Le lecteur est invité dans « Les mains propres » par la plus intuitive des portes. Qui d'Anthelme qui de Jean-Henri Fabre ? le récit est d'une construction de haute intelligence. Magistral, papillon de nuit, le crime parfait. Publié par les majeures Éditions L'Arbre Vengeur.


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Librement inspiré par la vie du chercheur et poète Jean-Henri Fabre (1823-1915), ce singulier opuscule, publié chez l'Arbre vengeur, s'apparente à une mini-biographie disruptive, décalée dans le ton comme dans le propos. Composé avec une minutie quasi entomologique, "Les mains propres" détaille les habitudes et les études de Fabre, ou plutôt d'Anthelme, son double littéraire. À l'instar de son illustre modèle, le personnage hante un village du Sud, au milieu d'habitants qui le craignent, et passe ses journées à fouiller le sol à la recherche d'insectes, soigneusement décrits en français, grec et latin, sur d'innombrables feuillets manuscrits. Également traducteur des "Fables" De La Fontaine en provençal, Anthelme est aidé, dans ses travaux, par les gamins du coin ainsi que par le docteur Larivoie, jeune admirateur. Ceux-ci lui rapportent des bestioles en échange de menues récompenses. Au demeurant, l'intellectuel sait se montrer reconnaissant, offrant notamment des lunettes à Ernest, un garçon en apparence gourd surnommé « Tête de mouche » par ses camarades.

Une secrète passion charnelle dévore cependant l'austère Anthelme, et met un peu de désordre dans cette vie bien rangée. Déjà marié, le sexagénaire couche en effet avec Rose, paysanne de dix-sept ans qu'il finira par épouser après la mort pour le moins trouble de sa première femme. Vénéré par tous, et entre autres par Darwin, l'auguste savant cache en effet certains vices, dissimulant notamment, derrière le détachement feint, une vanité dévorante. Ce même orgueil se trouve conforté par un évènement pour le moins marquant : Raymond Poincaré, président du Conseil, vient en personne décorer Anthelme dans son patelin, et ce en pleine guerre. La consécration est totale.

Récit bref mais lent, Les mains propres rappelle, précisément, les planches de dissection pratiquées par Fabre-Anthelme. D'observateur, l'homme devient objet d'observation, étudié avec méticulosité, implacablement portraituré par Jean-Louis Bailly jusque dans ses moindres travers. C'est avec un malin plaisir qu'on voit le vernis craquer. On est aussi frappé par l'extrême justesse du propos, par le classicisme d'une langue impeccable. Rien n'échappe au regard de l'écrivain, et donc de son lecteur. Pour autant, Les mains propres ne constitue pas un aride traité scientifique sur la vie des sauterelles et autres hyménoptères, un volume desséchant autour de Fabre, par le truchement de la fiction. Un lyrisme subtil baigne en effet l'ensemble, en particulier dans le dernier chapitre, lorsque J.L. Bailly évoque la sépulture du principal protagoniste, inhumé avec ses chères créatures : Ces insectes d'une semaine, pieusement conservés, détiennent le secret d'une humble éternité. "La pierre de la tombe provençale s'effritera sans doute avant que ces armures princières lancent éclats moins flamboyants et nuances moirures moins délicates" (p. 112). Manifestement habité par la figure de Fabre, dont il parle déjà dans l'excellent "Vers la poussière[1]", le pataphysicien J..L. Bailly[2] signe là un petit livre étonnant, sous les auspices des excellentes éditions girondines « L'Arbre vengeur ».

[1] Éditions de l'Arbre vengeur, Talence, 2010.

[2] Par ailleurs auteur du plus long lipogramme versifié en langue française, transcription fidèle, sans utiliser la lettre « e », de « La Chanson du Mal-aimé » d'Apollinaire (source : Wikipédia).

Article d'Etienne Ruhaud
Lien : https://pagepaysage.wordpres..
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L'histoire de l'Homère des insectes, celui que Darwin qualifia d'observateur incomparable, Anthelme, librement inspiré de l'entomologiste Jean-Henri Fabre (déjà présent dans l'excellent roman de Jean-Louis Bailly Vers la poussière - je recommande), dont l'auteur s'inspire mais trahit avec brio pour nous conter cette histoire pleine de soleil et de venin, de violence muette et de force tranquille. On y lit Madame Bovary à l'époque de son scandale et de son procès, on s'aime et on y meurt, dans une fresque miniature mais ô combien réussie d'un village à la fin du XIXème et au début du XXème, entre bêtise et génie, jeunes et vieux, superstitieux et adeptes des sciences humaines - un monde d'oppositions où Dieu serait la réponse, un dieu que rejette Anthelme, tout entier dans son observation du minuscule qui est pourtant l'image même de la grandeur et de la complexité de la nature et des insectes. Un texte étonnant qui prend son envol de pages en pages, un roman sans fioritures, habilement mené jusqu'à son dénouement final très réussi.
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Le portrait ambigu d'un homme féru d'observation des insectes, tiraillé entre science et ego, qui va utiliser son savoir pour accomplir le crime parfait. Une plume acérée, remarquable de précision et d'intelligence.
Le livre est tiré de la vie d'un personnage réel, le crime en plus. La note de l'auteur en fin de livre vaut la peine d'être lue !
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Histoire cruelle et poétique librement inspirée de la vie de Jean-Henri Fabre.

Alors, Jean-Louis Bailly, très honnêtement, je dois vous avouer quelque chose…
J'espère que vous ne m'en voudrez pas mais je n'aime pas beaucoup les petites bestioles en vérité.
Même si je trouve fascinant d'observer leurs caractéristiques dans les livres d'histoires naturelles (ou sur les planches Deyrolle qui ont marqué mon imaginaire), ce n'est pas tout à fait la même chose que de les voir en vrai.

Et pourtant donc… j'ai adoré lire l'histoire d'Anthelme, cet entomologiste qui accomplit un meurtre parfait en copiant les insectes qu'il étudie.
J'ai dégommé cette lecture en une petite soirée, pas question de me coucher sans savoir ! Et je n'ai même pas fait de cauchemar, ce qui est plutôt bon signe non ?

Alors si comme moi vous êtes un peu en froid avec nos amies les bestioles : ce livre ne vous réconciliera certainement pas avec elles mais vous passerez un moment remarquable en compagnie d'Anthelme (même son nom à une connotation d'insecte pas étonnant qu'il en vienne à ne plus savoir à quel monde il appartient…).

Histoire cruelle et poétique librement inspirée de la vie de Jean-Henri Fabre, célèbre entomologiste du 19ème, publiée aux éditions de l'Arbre vengeur.

Lien : https://www.xn--rdactrice-b4..
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critiques presse (1)
SudOuestPresse
03 juin 2021
Jean-Louis Bailly réussit une pseudo-biographie disruptive pleine de fantaisie, mais où la documentation entomologiste reste d’une rigueur absolue. C’est drôle et absurde.
Lire la critique sur le site : SudOuestPresse
Citations et extraits (3) Ajouter une citation
Anthelme chérit La Fontaine, le plus Français des poètes, mais ne peut s'empêcher de bouillir quand il constate, à longueur de fables, qu'il n'avait rien lui, de l'Observateur Incomparable… Il ne se gêne pas pour le lui faire savoir, et peut-être espère-t-il le faire rougir dans sa tombe en lui objectant que la cigale n'a rien de la dépensière étourdie que l'on croit, ni la fourmi d'une thésaurisatrice.
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"Même s'il lui a fallu longtemps pour se l'avouer, ce qu'il y a de meilleurs dans tous ses travaux, ce qu'Anthelme espère chaque jour, c'est moins la reconnaissance du public, moins l'étonnement des savants, moins l'estime des lettrés que le vertige."
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Très vite les bruits ont couru. La femme du fou aux insectes se meurt.
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Video de Jean-Louis Bailly (1) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Jean-Louis Bailly
Jean-Louis Bailly - Mathusalem sur le fil .À l'occasion du Salon du Livre de Paris 2013, Jean-Louis Bailly vous présente son ouvrage "Mathusalem sur le fil" aux éditions l'Arbre vengeur. http://www.mollat.com/livres/jean-louis-bailly-mathusalem-sur-fil-9782916141978.html Notes de Musique : Kalasnjikov - Underground
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