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Critiques filtrées sur 4 étoiles  
"Mon père, sans être un héros, était-il pour autant un antihéros ? Un perdant éternel ? Comme s'il n'y avait pas d'alternative. Je n'arrive pas à le voir comme un parfait loser. Parce qu'il ne s'est jamais relâché. Il s'est toujours accroché, il est resté en mouvement." (p. 108)

Phrase épurée d'une grande tendresse et émotion d'un fils envers un père...à l'image de ce récit...sobre et poignant...Curieusement... ce n'est pas un texte larmoyant ou triste... car l'auteur va sur les chemins des moments heureux partagés avec ce père atypique...qui aimait les gens, la nature, la marche dans ses montagnes et ses forêts...un faux solitaire aux mille curiosités et engagements... Un portrait tout en nuances... Un homme qui a vécu moult expériences... s'est élevé "socialement, même si il n'est pas parvenu à partir de son Jura natal...

"A cette époque, il commençait à être considéré comme un original, surtout
dans sa famille. Ce qu'il avait de particulier pour eux, sans doute un fond
revêche, rebelle, qui s'est traduit par une nécessité de marquer une différence et de s'entourer de personnes nouvelles. Un besoin d'émancipation qui a trouvé toutes sortes d'échos dans la société du moment (p. 35)

Un court texte émouvant offert par un ami jurassien... Je précise cela... car en plus d'un hommage d'un fils à un père...qui vient de mourir, peu avant la prise de retraite... la vie de l'auteur et celle de son père...dans les montagnes et bois du Jura...sont largement évoquées....

Un livre très sobre d'un fils devant préparer les obsèques de son père... il doit vider, trier l'appartement paternel... A l'occasion de tous ces préparatifs, il évoque ce père si discret et engagé, à la fois , taiseux et sociable , à la fois...une personnalité chaleureuse aux multiples contradictions..!...

"Ce que je voulais dire c'est que c'était un endroit qu'il (père de l'auteur) aimait, que c'était une forêt où il se sentait bien, et précisément pour son côté sombre et rude et inhospitalier. Je voulais dire que c'était une forêt qui lui ressemblait, et qu'elle était à son image, de type solitaire, un peu sauvage. (p. 41)

Mort du père par accident dans l'un de ses lieux préférés...Chute quelque peu mystérieuse entre un bois et des falaises... endroit que le père connaissait par coeur...! Un récit très apprécié à la tendresse "rugueuse" !...
Premier livre que je lis de ce jeune écrivain... Merci à l'ami jurassien de me l'avoir fait découvrir !!

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J'ai cherché des auteurs jurassiens pour mes vacances dans cette région. Celui-ci est arrivé après mon retour. Il m'a permis de revoir dans ma tête Clairvaux-les-lacs, Lons-le-Saunier avec son musée de la Vache qui rit, Arbois et d'autres lieux. L'auteur aime son Jura natal bien que le sujet premier soit le décès de son père tombé d'une falaise alors qu'il allait aux morilles (vivement le mois de mars !). Son père a le profil de beaucoup de montagnards : les balades en forêt, les champignons, les rencontres, le ski. Un type qu'on dit pourtant marginal, alors que j'en connais plein comme ça. J'ai eu beaucoup de plaisir à lire ces pages où, quelque part l'auteur aurait pu dire : « Mon père, ce héros. » Il fait partie de ces gens qui ont tenté pleins de choses sans vraiment en réussir une. Combien sommes-nous dans ce cas ? Tendre et pudique. Rien de spécial pourtant ! Est-ce l'écriture, le sujet ? Je ne me l'explique pas et ça n'a pas d'importance puisqu'il m'a parlé. le principal ? Un bon plaisir de lecture. ⭐️⭐️⭐️⭐️
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Après la disparition brutale de son père, 61 ans et pas encore retraité, dont le corps a été retrouvé au fond d'un fossé trois jours après sa mort, alors qu'il était parti cueillir des champignons, Pierric Bailly s'est senti le besoin de prendre la plume, pour tenter de dérouler le cheminement de la mort et également de la vie de son père.

Avec cette tendre et pudique analyse de la relation père/fils à travers les souvenirs d'enfance et d'adolescence d'un presque quadra qui vient de perdre son père de façon soudaine, cet "homme des bois "est le récit d'un deuil filial autant que la chronique d'une vie provinciale dans un Jura délaissé par ses forces vives, et ses jeunes habitants.

Pierric Bailly tisse les fils d'une enquête sur un père aussi secret que singulier , qui a été travailleur social et humaniste, et décide de partir sur les traces de l'absent et essayer de cerner la destinée d'une génération qui a connu l'effervescence d'après mai 68, et qui a voulu quitter Paris et sa folie pour aller en montagne.

Parti à la recherche de sa vérité et celle de son père , sillonnant le Jury dans la voiture de son père pour paraîre un vrai jurassien, Pierric Bailly réhabilite son papa dans un bel élan littéraire.
Lien : http://www.baz-art.org/archi..
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Encore un auteur qui parle de la mort de son père me direz-vous…
Oui c'est vrai encore un livre sur ce thème.
Mais un tel témoignage est toujours intéressant quand l'écriture est recherchée, et là c'est le cas.
Le contexte est celui de la province française, dans l'Est, où son père a été travailleur social, militant politique et associatif, plutôt baba cool, papillonnant de femme en femme tout en s'intéressant à tout, arts, médecines douces, religions asiatiques...
A tout et à rien car l'auteur retrouve des monceaux de documents de toutes sortes sur tous ces essais.
Mais son père c'était aussi cela, un homme très sociable, un peu velléitaire, ancré dans sa région, connu de tous, très représentatif d'une génération.

Un récit personnel et pudique à découvrir pour la belle plume de l'auteur qui fait renaître un monde pas si ancien mais tellement éloigné de notre quotidien « numérique » …
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Le père du narrateur est mort : lors d'une balade en forêt de Revigny dans le Jura, il a glissé sur une vingtaine de mètres et ne s'est jamais relevé. Peut-être est-il mort sur le coup, son fils n'en aura jamais la certitude, de même qu'il ne saura jamais si c'est vraiment un accident comme tout le porte à croire.
« … Il est mort là où il vivait, tout simplement. A la façon de ces paysans qui n'ont jamais quitté leur ferme et qui s'éteignent dans la chambre où ils ont vu le jour. »
Alors, le fils retourne sur les lieux à la recherche de quelque chose qui lui dise ce qui s'est passé. Il a besoin de réponse, d'être sûr, de comprendre. Choqué par cette fin de vie trop bête, il se saisit des petits bouts de fictions qu'on lui tend, les recherche, s'en nourrit : « Pour ne pas me laisser dévaster par le doute et l'émotion, je me raccrochais aux branches de la narration. Je tissais une toile romanesque pour me retenir à ses fils. Je n'avais guère à me forcer, j'avais même l'impression que la toile se tissait à mon insu. La toile, ou plutôt les multiples amorces. C'était en fait comme une myriade de petits fils fragiles qui se balançaient sous mes yeux et que je tentais d'attraper à la volée pour me stabiliser un minimum. » Ce peut être une femme qui lui dit qu'elle a rencontré un homme dérangé dans la forêt (peut-être son père ou un fou qui l'aurait poussé ?) ou la carte postale d'une amie demandant pardon à son père pour un rendez-vous manqué le jour où il est mort (la raison du suicide?)... Des pistes, des bribes de vies, des débuts de romans, mille histoires possibles pour compléter ce qui est resté en pointillés, en blanc...
Il arpente ces lieux du haut Jura qu'il connaît bien et que son père aimait . D'une certaine façon, aller vers ces paysages, c'est tenter de retrouver celui qui n'est plus. Il prend d'ailleurs la voiture de son père, la Seat Ibiza immatriculée 39, pour parcourir les lieux, ces paysages de « sapins, scieries, grumiers ».
Une famille originaire de Lons-le-Saunier et de Clairvaux-les-Lacs : un grand-père ouvrier dans des usines de bois ou de plastique qui a fabriqué pendant trente ans des queues de casseroles en bakélite. Les petits-enfants ont tous quitté la région pour aller au bout du monde.
« Mon père a commencé à travailler à dix-sept ans, il est mort à soixante et un an », si près de la retraite diront les gens qui le connaissaient. Ouvrier, il fabriquait des couvercles de poêles. Ensuite, il s'est formé pour travailler le bois et devenir ébéniste puis tourneur sur bois avant de s'inscrire à l'école d'infirmières de Lons et travailler finalement dans un centre de soins aux toxicomanes, aidant les autres chaque jour, donnant de lui, se rendant disponible aux autres, aux « types ravagés, aux éclopés de la vie, aux fous, aux paumés, aux rebuts de la société ». Un homme ordinaire qui, dans son petit appartement d'un immeuble HLM, a laissé des traces de son passé : des tonnes de « cahiers, carnets, pochettes, chemises, dessins, classeurs, prospectus, revues, articles de journaux, comptes rendus de conférences, cours par correspondance » sans compter les quantités d'objets, créations personnelles, souvenirs du passé, bricoles de récup'. Un homme très engagé dans la vie associative et politique qui s'intéressait un peu à tout  : « Trente ans de célibat, ça laisse le temps d'essayer un paquet de trucs. »
Et, c'est ce qu'il avait fait : du théâtre, de la musique, du dessin, des mandalas, de l'anglais, de l'arabe, du japonais, des romans, de la poésie, de la lecture, du yoga - qu'il enseigne plusieurs années !- (et j'en oublie les trois quarts) : il suivait des stages, il notait, recopiait, apprenait, archivait, oubliait, curieux de tout, se cherchant encore quelque passion pour devenir un jour peut-être spécialiste de ci ou de ça, peu importait . Et puis, lassé, il passait à autre chose. « Ce n'était pas un idéologue, pas un théoricien. Ce n'était pas un littéraire ni un cinéphile, même s'il aimait lire et aller au cinéma. Il n'avait pas fait d'études. Il n'avait pas le bac. Il ne s'était pas construit de cette façon-là » (N'empêche, quand on y pense, c'est fabuleux tout ce que cet homme a fait dans sa vie. Il faudra lui dire, à Pierric Bailly, que son père, je le trouve juste incroyable, comme disent les jeunes maintenant, dans ce goût qu'il avait pour les choses de la vie, papillonnant d'un sujet à l'autre sans jamais s'arrêter, butinant ici ou là, se construisant, s'échafaudant, s'inventant, s'imaginant sans cesse autrement, nouveau, différent. Les passionnés sont des gens qui vivent longtemps. C'est un peu déplacé ce que je vais dire, mais je doute fort qu'un homme comme lui ait pu penser se suicider. Je l'imagine plutôt allant chercher des champignons, juste quelques-uns pour le repas du soir, pas la peine de changer de chaussures, trois quatre champignons pas plus: un beau un peu plus bas, un peu plus loin, les belles choses sont toujours hors d'atteinte, c'est bien connu. On tend le bras, on cale son pied comme on peut, on s'agrippe à une racine. Qui craque. Et c'est le déséquilibre. Terrible déséquilibre. Car à mon avis, il avait déjà prévu, après son repas, d'aller voir un film ou de lire une nouvelle revue sur le réchauffement de la planète ou le programme du prochain festival de jazz. Peut-être y a-t-il pensé en tombant, peut-être s'est-il dit « dommage » mais c'était trop tard. Ne m'en voulez pas de réécrire l'histoire mais c'est ainsi que je vois cela.)
Un homme qui avait aimé Ferré, Brel, Reiser, « les chansonniers, l'anarchisme, la non-violence ». (Nouvelle parenthèse : quelque chose me dit que les gens de cette génération, et j'en compte plusieurs parmi mes amis, vont terriblement nous manquer quand ils disparaîtront : ils portent encore en eux les idéaux de mai 68, ne sont pas bouffés par la société de consommation, résistent aux Facebook, Twitter et compagnie, ont échappé à bien des formatages et résistent encore ; des dinosaures presque quand j'y pense! Mais quelle bouffée d'air frais ils nous apportent avec leur anticonformisme, leur refus de la course au fric, c'est impressionnant! Je ferme la parenthèse.) «  Au début je me disais que j'allais faire une ou deux découvertes, un petit trésor, quelques secrets, mais plus j'avance dans ma tâche et plus je suis frappé par la cohérence de son personnage. Tout va dans le sens de ce que je sais de lui, de l'image que j'ai de lui. Tout est en accord avec les convictions qu'il affichait. Tout lui ressemble… le petit monde de mon père semblait avoir été envisagé précisément pour se protéger du grand monde, peut-être pas pour le combattre, disons pour s'affranchir du mieux possible des valeurs dominantes de l'époque, celle de la consommation et du capitalisme. »
L'histoire d'un homme humble, ordinaire que le narrateur ne cherche pas à transformer en héros, en surhomme, en personnage hors du commun, non, il parle de lui avec retenue, avec sobriété. Et c'est précisément cette pudeur qui m'a touchée et qui donne une telle force à son récit.
Des mots simples, des phrases brèves pour évoquer la vie d'un homme, ses amours, ses colères, ses engagements, ses occupations, ses convictions, un homme intègre qui a fait des choses à sa mesure, « à son petit niveau », qui s'en est contenté (et je ne mets rien de péjoratif derrière ce terme) et a trouvé une forme de bonheur dans ce que d'aucuns auraient peut-être jugé médiocre, insignifiant. Un homme qui appartient à une terre, à une époque, certainement un des derniers hommes de ce XXe siècle révolu.
Et puis, il y a ce fils dont la peine affleure à chaque ligne, se tisse à chaque mot, se mêle à chaque virgule et c'est aussi de son histoire qu'il s'agit, celle d'un jeune homme à la recherche d'un père parti trop tôt qu'il interroge en contemplant les paysages du Jura et en écoutant ses musiques, un père qu'il n'a pas tout à fait l'impression de connaître ( mais connaît-on les gens que l'on aime?) et à qui, peut-être, il n'a pas eu la possibilité d'en dire un peu plus parce que l'on croit toujours que l'on a le temps, que nos proches vont vivre jusqu'à cent ans et que nous-mêmes sommes éternels...
Il me vient soudain un air et quelques paroles qui me font penser à ce très beau portrait d'homme, les voici, comme elles me viennent :
Quelqu'un de bien
Le coeur à portée de main
Juste quelqu'un de bien
Sans grand destin
Un ami à qui l'on tient
Juste quelqu'un de bien
Quelqu'un de bien …

Lien : http://lireaulit.blogspot.fr/
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Je découvre cet auteur avec ce livre et je sais que je ne vais pas en rester là.

Pierric Bailly écrit ce livre suite au décès de son père. C'est un portrait , un hommage et une déclaration d'amour filial . L'écriture est belle et la simplicité avec laquelle l'auteur aborde ce sujet donne toute la force du texte.
J'ai aimé le portrait de ce père et à travers lui de l'auteur.
J'ai aimé être en leur compagnie.
Ils sont émouvants, tendres et tellement humains.
À lire !
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Un livre court, léger pour parler de la mort du père. L'auteur raconte une vie passée à s'occuper des autres plus que de soi, celle de son père, homme seul, plein de contradictions. Ebéniste, puis infirmier, curieux de tout et de tous, investi auprès des autres, le père de Bailly est accompagné au-delà de la mort par les mots de son fils aimant.
C'est beau, juste dans le ton, sans pathos. Un hommage que l'on voudrait pouvoir écrire sur ses parents au-delà de leur vie.
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je ne sais pas écrire la "critique" d'un livre, mais celui là, je l'ai adoré. Belle découverte, je vais lire d'autres ouvrages de cet auteur.
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L'auteur y raconte le récit de la mort brutale et mystérieuse de son père mais surtout le chemin que lui a emprunté pour faire le deuil. Sans jamais utilisé les expressions habituelles, il raconte la nouvelle place qu'il a prise par rapport à son père. Il a construit une manière d'être le fils d'un homme décédé. Il est devenu le gardien de sa mémoire, défendant toutes les nuances de la personnalité de l'être disparu. Ce roman livre la distance prise par un homme pour grandir. Pierric Bailly parle lui-même d'émancipation. En effet, le narrateur trouve sa manière de rendre hommage à son père tout en poursuivant la relation qu'ils entretenaient. Une grande pudeur se ressent dans les gestes et les attitudes du narrateur. Et là encore, l'émotion éclate dans les dernières pages, ouvrant une parenthèse d'apaisement dans la narration.
Lien : https://tourneurdepages.word..
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C'est la lecture d'un beau billet de blog qui m'a rappelé que j'avais noté ce roman sur la liste de mes envies ; je ne pouvais de toute façon pas passer à côté de cette histoire qui se passe là où j'ai passé toutes mes vacances d'enfant. Chaque nom de village fait revivre des souvenirs et j'ai beaucoup aimé les pérégrinations de l'auteur dans ces lieux qui me sont aussi familiers.

Il s'agit presque d'un pèlerinage pour ce fils dont le père est mort dans les bois, la tête fracassée au pied d'une falaise alors qu'il était en balade à la recherche de champignons. Pour le narrateur, c'est plus compliqué : il ne parvient pas à se contenter des conclusions du médecin légiste et du policier chargé de l'enquête.

C'est avec beaucoup de pudeur et de tendresse qu'il nous emmène sur les traces de ce père, militant discret, amoureux de la nature, curieux (il s'intéresse à tant de choses que l'inventaire donnerait le tournis : yoga, langues étrangères, littérature, théâtre et poésie) et archiviste (l'appartement est rempli de paperasses) et en dresse un portrait réinventé grâce aux témoignages des gens qui l'ont connu : un type ordinaire et pourtant extraordinaire, hors du commun !

C'est donc un beau roman sur le deuil, un beau "double-portrait" (celui de l'auteur, en creux, derrière celui du père). Une agréable surprise !
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