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Critique de thedoc


En 1929, la jeune Niamh Power a 9 ans. Elle débarque de son Irlande natale avec ses parents, frères et soeur dans l'espoir de trouver une vie meilleure à New York. Suite à un drame, Niamh devient orpheline et est placée comme de nombreux autres enfants à la Société d'aide aux enfants. Très vite, la petite-fille, avec une vingtaine d'autres enfants, embarque à bord d'un train appelé "train des orphelins". le but de leur voyage à tous : le Midwest, avec l'espoir là-bas de trouver une famille aimante en mal d'enfant.

En 2011, dans le Maine, Molly, 17 ans, doit faire des travaux d'intérêt général. La jeune fille, placée en famille d'accueil depuis l'âge de neuf ans, cultive un côté rebelle afin de mieux cacher ses fêlures. La vie, d'un autre côté, ne lui a appris qu'à compter sur elle-même. C'est donc de mauvais gré que la jeune fille se retrouve chez Vivian Daly, 91 ans, afin de débarrasser le grenier de son immense maison. Au coeur des cartons et des vieux objets, les deux femmes vont faire rejaillir de vieux souvenirs.

C'est un aspect étrange et peu connu de l'histoire des Etats-Unis qui est abordé dans ce très beau roman de Christina Baker Kline. "Le train des orphelins" relate en effet à travers la destinée de Niamh Power/Vivian Daly des faits réels mais souvent peu relatés dans les manuels d'Histoire : entre 1854 et 1929, ce sont jusqu'à 200 000 orphelins qui ont été conduits de la côte Est des Etats-Unis jusqu'aux plaines du Midwest, afin d'y trouver de nouveaux foyers. En cette époque de forte immigration, le but réel était bien entendu de nettoyer les rues des grandes villes comme New York de tous les orphelins et vagabonds qui pullulaient. Si certaines familles adoptaient de bon coeur ces enfants, beaucoup d'autres trouvaient là un moyen d'obtenir une main d'oeuvre gratuite et corvéable à merci. Il faut dire que la Société d'aide aux enfants n'étaient pas très regardante sur la probité et les conditions d'accueil de ces familles... Bon débarras, en somme.

L'histoire personnelle de Vivian Daly nous plonge donc dans la grande Histoire : le destin de ces orphelins tout d'abord, avec des histoires toutes différentes à l'issue parfois heureuse mais souvent malheureuse ; puis un tableau des plaines du Midwest meurtries par la Grande Dépression où la misère et le désespoir de certaines bourgades sont très bien reconstituées.
Au récit de Vivian se mêle celui de Molly, de nos jours. Elle aussi orpheline, elle-aussi marquée par une histoire familiale dramatique, la jeune fille est l'élément déclencheur qui nous plonge à ses côtés dans les souvenirs de Vivian. Les deux femmes, chacune à leur époque, chacune avec leur ténacité, sont en lutte face à l'adversité de la vie. L'évocation des origines indiennes de Molly, de ces peuples que l'on a spoliés de leurs terres puis cloîtrés ou exterminés, est un des passages également très fort du livre. L'amitié qui se tisse entre ces deux femmes nous offre des personnages extrêmement attachants et très beaux.

Récit à deux voix, ce roman sur la résilience, brillant et émouvant, généreux, rend un vibrant hommage aux déracinés, à ceux qui ont tout perdu, famille et terres, et qui du jour au lendemain, doivent se décider en une seconde sur ce qu'ils souhaitent emporter avec eux. Partir avec l'essentiel en gardant pour seul richesse ces fantômes qui nous poussent toujours de l'avant.
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