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Bertrand Abraham (Traducteur)
EAN : 9782070785032
352 pages
Gallimard (03/09/2009)
3.55/5   123 notes
Résumé :
(Boven is het stil, 2006) - Helmer van Wonderen vit depuis trente-cinq ans dans la ferme familiale, malgré lui. C'est Henk, son frère jumeau, qui aurait dû reprendre l'affaire. Mais il a disparu dans un tragique accident, à l'âge de vingt ans. Alors Helmer travaille, accomplissant les mêmes gestes, invariablement, machinalement. Un jour, sans raison apparente, il décide d'installer son vieux père au premier étage, de changer de meubles, de refaire la décoration de l... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (36) Voir plus Ajouter une critique
3,55

sur 123 notes
En effet, là-haut, tout est calme...Je m'y suis même endormie. Et moi, quand je m'endors, c'est que je suis très fatiguée ou que, simplement, je m'ennuie.
Et ce que je me suis ennuyée ! Les faits et gestes d'Helmer van Winderen, un fermier hollandais de 55 ans, ne m'ont pas du tout, mais pas du tout, intéressée. Celui-ci vit avec son vieux père, ses vaches, ses deux ânes et ses moutons dans une ferme du nord de la Hollande, bordée de champs spongieux et tout près du lac de l'IJsselmeer. Il a connu un drame dans sa jeunesse : la mort par noyade de son frère jumeau Henk, ce qui a entrainé comme conséquence immédiate l'abandon de ses études universitaires, littéraires, pour se consacrer à la ferme sous les ordres de son père, un homme autoritaire.
Ce drame, il y repense souvent, particulièrement lorsque l'ancienne petite amie de son frère, Riet, se manifeste et lui demande de prendre son fils à son service (ce fils, tiens, comme c'est curieux, s'appelle Henk, lui aussi).
Il s'accommode donc de cet adolescent un peu bougon, un peu révolté, un peu paresseux, un peu gentil tout de même, comme il faut bien qu'il s'accommode de son père. Enfin, disons que ce dernier, il l'a relégué tout en haut de la maison (celui-ci est grabataire) et le traite assez mal, c'est en fait la seule chose qui m'a fait sortir de mes gonds.

Et nous voilà accompagnant Helmer dans la préparation de ses repas, dans la traite de ses vaches, dans ses courses au magasin du village, dans la toilette de son père...
Et nous voilà aussi contemplant avec lui la corneille mantelée perchée sur l'arbre voisin, les photos du Danemark qu'il a fixées au mur...
Et nous voilà encore plongés dans les souvenirs d'Helmer, dans sa « réflexion » (enfin, réflexion...c'est beaucoup dire) sur le passé, sur ce qu'aurait pu être le présent s'il s'était marié, sur ce qu'aurait été sa vie si son frère avait vécu.

« L'inoubliable quête du bonheur » dont fait état la 4e de couverture ? Cela me semble très exagéré ! En tout cas, ce ne sont pas les faits et gestes quotidiens d'Helmer ni ses pensées moroses et très peu décrites qui m'ont fait ressentir ne fût-ce qu'un soupçon d'empathie pour lui...

Là-haut tout était calme, morose et désolé. Dommage.
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Très beau texte sur le deuil et sur la vie telle qu'elle s'impose et non telle qu'on la rêvait. A travers le destin d'un paysan du nord de la Hollande qui a du abandonner ses études de lettres pour reprendre la ferme familiale après la mort de son frère jumeau, Gerbrand Bakker évoque avec poésie la mort, les difficiles relations fraternelles et le désir humain de maîtriser sa vie. Comment l'homme peut-il accéder à une paix intérieure quand toute sa vie n'a été que contraintes et renoncements ? A 55 ans, est-il trop tard pour changer ? Le récit est lent, comme sont lentes les journées à la ferme et comme est lente la rébellion du fils contre le père et contre une existence vide de sens. Dans ces paysages de tourbe, de saules et d'eau se cachent bien des drames et des non dits. L'histoire se révèle par petites touches, aussi nuancée et délicate que les tons gris, verts et bleus de cette région du Nord.
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Je vais avoir du mal à passer à un autre livre. Je crois bien que depuis Rosie, ma meilleure amie de Best Love Rosie, je n'avais pas ressenti un tel bien être, une telle sérénité à la fin d'une histoire. Pourtant la vie d'Helmer ne commence pas si bien. Il s'est toujours effacé devant la personnalité plus marquée de son jumeau Henk, le préféré du père. Quand ce dernier meurt dans un accident à l'âge de vingt ans Helmer doit reprendre le travail à la ferme avec son père. Les années passent dans un sacrifice douloureux jusqu'à la mort de la mère. Nous sommes dans la campagne hollandaise, douce et froide, figée dans le temps. Il y a une description abominable de la façon dont on tue les chats à la campagne, passage douloureux pour moi me ramenant au traumatisme vécu en Lozère. Bref à cinquante-six ans Helmer se retrouve avec un père grabataire et une ferme à gérer. Tous les quinquagénaires le savent, un matin n'est pas comme les autres, c'est un matin de décisions, de changement de vie et pour Helmer le moment est venu. Il commence par installer son père dans la chambre du haut, celle pas chauffée, histoire de lui montrer ce qu'il a enduré pendant son enfance. Il rénove et décore le rez-de-chaussée, passe en période d'observation, de recherche de quiétude, de bien-être, période troublée par la réapparition de l'ancienne fiancée de son frère et du fils de celle-ci prénommé Henk. Entre son père mourant avec qui il arrive à faire la paix et le jeune Henk envoyé à la ferme par sa mère, Helmer est à la recherche du bonheur. Il chasse les fantômes un par un. A la mort de son père et au départ de Henk, il laissera sa vraie nature reprendre le dessus. C'est un rêveur, poète, homosexuel, nature révélée il y a très longtemps par le garçon de ferme, chassé par le père et qui revient maintenant. Ils partent au Danemark, ensemble, vieux rêve enterré depuis des décennies. C'est une très belle histoire d'une vie sacrifiée en partie. L'auteur nous démontre que le bonheur n'a pas d'âge.
Lien : http://pyrouette.canalblog.c..
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Ça y est me voilà sur le coup ! Bien après tout le monde, je lis ce fameux roman très encensé. Me voici comblé : je n'aime pas avoir l'impression que nous lisons tous en même temps les mêmes livres ; j'ai donc pris mon temps pour accéder à celui-ci. Et bien m'en a pris, parce que du temps, il en faut pour savourer ces presque 400 pages de lenteur, de nature, de petites choses du quotidien, de questionnements. Parce qu'il ne se passe quasiment rien dans ce roman. Bon, certes, il y a des morts, mais sur quarante ans, c'est un peu prévisible, et à part une mort accidentelle, les autres sont plus normales, si je puis dire. C'est lent, c'est excessivement lent, mais ça n'est pas long. Jamais je ne me suis ennuyé à lire les journées d'Helmer. Il y a même des descriptions de gestes banals qui durent et qui se lisent très bien, notamment la préparation du café ou des repas pour le père d'Helmer avant de les lui porter dans sa chambre.

Gerbrand Bakker écrit donc sur un vieux garçon qui a toujours subi, lui "le second choix", puisque son père lui a toujours préféré Henk, et qui enfin se pose des questions qui vont le faire avancer. Ou plutôt qui ose avoir des réponses jusque là bien enfouies. Il écrit surtout sur la gémellité, sur la souffrance qu'a ressenti Helmer lorsque son frère, pour Riet, s'est éloigné de lui :

"Nous appartenions l'un à l'autre, nous étions deux garçons et un seul corps.

Mais il y a eu Riet. Lorsqu'en janvier 1966 je suis entré dans sa chambre [celle de Henk] et ai voulu me coucher près de lui, il m'a renvoyé. "Fous le camp", a-t-il fait. Je lui ai demandé pourquoi. "Idiot", m'a-t-il répondu. En quittant sa chambre je l'entendais pousser des soupirs de mépris. J'ai regagné mon lit en frissonnant. Il gelait, la nouvelle année venait de commencer et, le matin d'après, la fenêtre était couverte de haut en bas de fleurs de givre. Nous étions désormais deux jumeaux et deux corps." (p.215)

Cette séparation le met très mal à l'aise, lui, déjà pas forcément très sûr de lui. Ensuite, à la mort de Henk très proche de ce jour néfaste, Helmer sera bien incapable de s'opposer à son père lui imposant de reprendre la ferme. Il lui faudra trente-cinq années pour réagir et se rebeller. Pour prendre sa vie en mains.

Dans le même temps, l'auteur dit la différence entre ces jumeaux : pourquoi l'un est le préféré du père ? Pourquoi Riet préfère Henk à Helmer ? Sont-ils si ressemblants ? Et quid de la question importante de leur différence sexuelle : Henk était amoureux de Riet, très belle jeune femme. Helmer est beaucoup plus troublé par les hommes qui l'entourent, notamment Jaap, le garçon de ferme. Peut-être me trompé-je, mais il me semble y voir là plus que l'amitié entre deux hommes.

Très bien écrit, ce livre tient son lecteur jusqu'au bout, sans suspens, sans rebondissement, juste en racontant la vie de cet homme ordinaire. J'ai espéré tout au long du livre en un changement pour Helmer. Chaque lecteur -dont moi- a dû, j'imagine, suivre sa "quête du bonheur" (4ème de couverture) avec l'envie forte qu'il le trouve.

On dit souvent -voyons, je pourrais prendre mes responsablilités et dire : "Je dis souvent..."-des personnages qu'ils sont attachants, et c'est souvent le cas, mais s'il doit y en avoir un qui l'est un peu plus que les autres, c'est bien Helmer -dans la seconde qui suit ce que je viens d'écrire, je peux vous en trouver au moins douze autres qui le sont tout autant que lui, comme quoi, ce que j'écris n'est pas toujours vérité !

Un texte envoûtant bien que sans artifice (des phrases simples, des mots simples), des paysages et une nature nordiques très présents, des questionnements existentiels sur le sens de la vie, de la sienne et de celles des autres font que ce roman charme, captive et fascine (c'est sans doute un peu fort comme terme, mais il y a un peu de cela quand même pour nous tenir 400 pages.) Comme quoi, quand c'est bien écrit, je peux m'intéresser à des livres lents !
Lien : http://lyvres.over-blog.com
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Ce roman psychologique sur le sens et la solitude de l'existence est exactement comme le paysage dans lequel il se déroule : calme et sobre, avec le vert des prairies et le gris des nuages qui se réfléchissent dans la rivière. C'est là-haut, dans ce paysage du nord des Pays-Bas, où un ciel bleu recouvre parfois la terre, que vit Helmer van Wonderen. Tout ce qui est arrivé à ce cinquantenaire introverti est expliqué : son frère jumeau bien-aimé mort dans un accident de voiture à 20 ans, la fin de ces études littéraires, le décès de sa mère complice, son attachement à Jaap, le garçon de ferme que son père a mis à la porte et surtout son étrange relation avec ce père très âgé, grabataire et proche de la mort, qu'il soigne cependant consciencieusement mais avec lequel il maintient un certain silence. le contact qu'Helmer a avec le monde extérieur est minimal. Helmer vit la « tête sous les vaches » et 'il « ne l'a plus jamais sortie de là.» Mais en lui sommeille le profond désir d'une relation moins passive avec le monde et avec les autres. Cet état résigné s'agite alors et l'amorce du changement brusque se traduit par l'installation de son père au premier étage. le mort ou presque mort qui a dominé jusqu'à présent sa vie figure alors pour Helmer « là-haut » tandis qu'en bas, il modifie, transforme, peint… améliorant non seulement la partie habitable de la ferme mais également son existence. A cause d'un contact inattendu avec l'ancienne petite amie de son frère et du fils de celle-ci qui vient travailler pour lui à la ferme, il se détache de l'ombre de son frère malchanceux. Son existence se rempli de lumière ou de nuages et s'anime enfin.
Le roman se termine par la modeste perspective qu'i réalisera enfin son idéal.
Le style est comme le paysage : informel et concis.
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Citations et extraits (17) Voir plus Ajouter une citation
- Comment c'est d'avoir un frère jumeau ?
- C'est la plus belle chose qui soit, Henk.
- À présent, tu te sens diminué de moitié?
Je veux dire quelque chose, mais n'y parvient pas. je suis même obligé de m'agripper à l'une des barres métalliques pour ne pas tomber. J'ai toujours été ignoré, j'étais le frère, papa et maman comptaient davantage, Riet a revendiqué - si peu que cela ait duré - son veuvage, et voilà le fils de Riet ici, face à moi, en train de me demander si je me sens diminué de moitié. Henk m'attrape par les épaules, je lui fais lâcher prise.
- Pourquoi pleures-tu ? demande-t-il.
-Pour tout, dis-je.
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Traînasser. Etre à l’arrêt, marcher, s’asseoir. Regarder dans le canal les nénuphars jaunes, regarder passer lentement les nuages_ Oh, ils passent toujours tellement lentement. Regarder l’eau qui gonflait dans le watergang. Quand nous fermions les yeux en écoutant le gémissement bien huilé de l’axe du petit moulin, le vent dans les barres métalliques, les alouettes, le temps s’arrêtait. Toutes sortes de choses allaient et venaient derrière nos paupières ; et ce n’était jamais sombre ?. C’était orange. Quand l’été avait commencé, et qu’ici devenait un autre pays- presque comme l’Amérique-, il n’existait plus rien d’autre. Nous existions et notre odeur était plus fortes que celle des chardons secs des champs, du crottin de mouton, et de l’eau chaude. Une odeur douce, parfois calcaire, de genoux nus, de ventres nus. L’herbe nous chatouillait le derrière. Toucher le corps de l’autre, c’était toucher son propre corps. Deux êtres ne sont jamais aussi proches que lorsque l’un sent battre le cœur de l’autre en pensant que c’est le sien. Entre eux, c’est presque la même fusion qu’entre une brebis et moi, juste avant que je ne me noie.
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Avant de peindre les boiseries, j’ai blanchi les murs et le plafond du séjour. Il a fallu deux couches pour faire disparaître les rectangles qui ressortaient une fois décrochés les tableautins, les photos et les marquoirs. J’ai acheté de la peinture et un nouveau pinceau chez le marchand de peinture, puis je suis allé au supermarché de bricolage Praxis, où j’ai trouvé des stores vénitiens en bois des dimensions exactes des fenêtres du séjour et de la chambre. Les normes en vigueur il y a un siècle et demi ont manifestement toujours cours. Avant de les installer, j’ai débarrassé les rebords de fenêtre des plantes qui restaient, pour les jeter à leur tour sur le tas de fumier. A présent, les deux pièces sont vides et gris-bleu, la lumière y pénètre en bandes horizontales. Le matin, je ne remonte pas les stores vénitiens, mais j’actionne l’ouverture des étroites lamelles.
Equipé d’une boîte en carton pleine de clous, d’un marteau et d’une grande et lourde caisse à pommes de terre, je monte l’escalier.
« Qu’est-ce que tu fais ? » demande papa .
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Je sais que je dois me lever, que le dédale de chemins et de petites routes non pavées, bordés de pins, de bouleaux et d'érables, est, à la faveur de ces arbres, déjà dans l'obscurité. Mais je reste tranquillement assis. Je suis seul.
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Toute ma vie j'ai eu peur. Peur du silence et de l'obscurité. Et toute ma vie j'ai eu du mal à m'endormir. Il suffit que j'entende un bruit que je ne suis pas en mesure d'identifier et c'en est fait du sommeil.
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