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Paul Green tome 1 sur 3
EAN : 9782266315210
560 pages
Pocket (11/03/2021)
3.99/5   1157 notes
Résumé :
Son cadavre est remonté, comme celui d’autres femmes, à la surface de l’eau. Six au total… Là-bas, dans les forêts du New Hampshire, le lieu maudit porte un nom : le lac aux suicidées.
Clara Miller était journaliste. Comme Paul Green, le reporter du Globe qui débarque sur l’affaire. Il avait connu Clara étudiante, et ne croit pas un instant à la thèse du suicide.
Un homme l’intrigue : Mike Stilth, l’immense rock star retranchée à quelques kilomètres d... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (298) Voir plus Ajouter une critique
3,99

sur 1157 notes
L'Affaire Clara Miller est un polar atypique comme je les aime, parce qu'il fait le choix plutôt audacieux de ne pas miser sur un flot de rebondissements incessants mais parce qu'il infuse au fil des pages une ambiance hypnotisante oscillant entre mélancolie et balade rock désenchantée.

Bien sûr, il y une enquête, menée par le journaliste Paul Green, pour comprendre comment sa consoeur et grand amour ( platonique ) Clara Miller a pu être retrouvée morte au bord d'un lac, soit-disant suite à un suicide auquel il ne croit pas ... d'autant plus que d'autres corps de jeunes femmes sont repêchés au même endroit, pas très loin de la demeure d'une rock star internationale.

Mais ce qui frappe avant tout de façon plus qu'évidente, c'est le talent d'Olivier Bal à faire vivre ses personnages. Ils sont six, six destins liés, autant de narrateurs à raconter leur vécu des événements. Chacun joue sa propre partition pour dire ses ressentis les plus profonds.

Le «  je » de Paul Green, opiniâtre et intuitif, celui de Mike Stilth, la star isolée dans sa célébrité ( mélange passionnant entre Mike Jagger pour le caractère sexuel et sensuel qui se dégage de lui, Michaël Jackson pour sa mégalomanie et sa phobie paranoïaque du monde qui le pousse à vivre retranché de tout , et de Tom Cruise pour l'opacité de cire ), d'Eva et Noah, ses enfants anges damnés ; de Joan, l'attachée de presse qui a construit Mike et ne vit que pour lui ... autant de « je » qui composent un roman choral à la densité psychologique remarquable. Et ce sans jamais tomber dans le manichéisme. Au contraire, la vérité des personnages n'est qu'une des mille nuances de gris, la frontière entre le Bien et le Mal étant plus que poreuse, entre failles insurmontables, valeurs érigées en boussole et dilemmes permanents.

Cette perméabilité donne du relief à l'intrigue qui est brillamment construite, dévoilant minutieusement des indices en basculant entre deux époques : 1995 le temps de l'affaire en elle-même et 2006 sur les conséquences à long terme sur les personnages et notamment les enfants. L'émotion est omniprésente car l'auteur a laissé le temps à ces personnages d'exister, de se construire et d'évoluer. C'est d'ailleurs très judicieux d'avoir choisi ces deux temporalités : 1995, c'est l'époque où les célébrités perdent leur aura de mystère avec l'arrivée d'Internet et des réseaux sociaux intrusifs ; 2006, c'est le temps des nouvelles icônes, surexposées et blasées. Le portrait des années 90 et des excès sexe-drogue-rock'n roll est d'une grande justesse.

Ce polar très sensible et psychologique plane au-dessus de la violence des hommes et pourtant, il distille une forme d'urgence qui bouleverse dans les derniers chapitres. Les personnages féminins d'Eva et de Joan sont justes superbes, car c'est sans doute elles qui sont parviennent le mieux à trouver leur propre liberté, bien au-delà de la morale la plus entendue.

J'espère que ce roman, sorti aux pires moments quelques jours avant le confinement, saura trouver son public.
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Un thriller psychologique haut de gamme, une intrigue unique mais vue par plusieurs personnages, une temporalité à deux niveaux. Un auteur français qui écrit une histoire américaine.
1995. Paul Green, journaliste au Globe enquête sur la mort de Clara Miller, une consoeur journaliste retrouvée morte dans le lac aux suicidés au milieu des forêts du New Hampshire.
Elle avait appelé Paul, deux ans plus tôt pour lui annoncer une investigation en immersion auprès de la plus grande star du monde, le rocker Mike Stilth. N'ayant pu l'aider à ce moment-là, le journaliste a l'impression d'avoir une dette envers son ancien amour de jeunesse.
Ses recherches le mène à Lost Lake, autour de la propriété ultra sécurisée de la méga star. Il y rencontre un pote paparazzi qui ne vit que pour obtenir des clichés à revendre aux tabloïds.
Le roman est construit comme un roman chorale. On suit, en fil rouge, l'enquête de Green et en même temps d'autres personnages.
Mike Stilth nous permet de découvrir sa vie publique et sa vie secrète, les années 90 dans tout ce qu'elles avaient d'excès en matière de drogue, de sexe, de presse à scandale, de stars secrètes et intouchables. Mike c'est un condensé de Mike Jaegger, de Michael Jackson, d'Elvis Prelsey. Sa propriété est divisée en deux. D'un côté, une maison paradisiaque pour ses deux enfants Noah et Eva, coupés du monde extérieur. D'un autre côté, une aile nord où se déroulent, les « fêtes » de Mike et de son meilleur pote. C'est dans cette propriété qu'a réussi à rentrer, sous couverture, Clara Miller. Mais que se passe-t-il réellement dans l'aile nord ?
On suit aussi Joan, l'impresario-agente-femme d'affaire de Mike Stilth, une femme sans scrupules aux fêlures venues de son passé familial et qui ne reculera devant rien pour protéger SA star.
On suit Clara Miller dans son enquête et jusqu'à sa mort dont les mystères seront dévoilés en fin de roman.
Et puis, on suit les deux enfants Noah en 1995 et Eva en 2006 pour comprendre ce qu'il ressentent et les conséquences à long terme d'une affaire qui nous est dévoilée au compte-goutte.
Olivier Bal ne cherche pas les retournements de situation vertigineux, les surprises colossales. On décortique l'affaire feuille après feuille, en s'enfonçant de plus en plus loin dans la psyché des personnages, dans leurs secrets enfouis, leurs passé, leurs folies.
Les chapitres alternant les points de vue permettent cette fausse lenteur dans la découverte de la vérité. L'auteur prend son temps pour tout nous dévoiler. Plus de 530 pages en format poche.
Pourtant la lecture est rapide, le style est alerte et dynamique et le suspense monte crescendo avec parfois des montées d'adrénalines asphyxiantes.
Ce polar est donc assez addictif et rythmé. Parfait pour les amateurs de thrillers psychologiques un peu original.
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Mon tout premier Olivier Bal, mais très certainement pas le dernier.

Si le début de ma lecture a été un peu difficile du fait du parti pris de l'auteur de donner la parole à ses personnages à chaque chapitre... c'est ce que l'on appelle communément un roman choral. J'ai ensuite, vite été happée par l'intrigue.

L'auteur a très bien travaillé ses personnages , entre autre la rock Star qui est entourée de mystère. On le prend assez tardivement en amitié parce que ses excès de drogue et de sexe ne le rende pas particulièrement sympathique. Mais les mystères et ce que l'on devine de son passé ont fini par avoir raison de moi.
Les autres personnages sont aussi très bien travaillés et très intéressants.. et bien sur ils ont une importance capitale.

il faut aussi se rendre a l'évidence que l'auteur s'est fortement inspiré de Mickael Jackson, de ses enfants et de Neverland pour écrire son roman. C'est un peu dommage car de ce fait notre imagination est un peu bridée.

Mais au final j'ai été agréablement surprise par cette lecture , et par sa fin.

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" Je m'voyais déjà en haut de l'affiche ...." et oui , qui n'a jamais rêvé de se trouver projeté tout là haut , adulé par une pléiade de fans , d'admirateurs , d'admiratrices reprenant vos " tubes " et scandant votre nom . L'être humain est ainsi fait ( mais si , mais si...) que lorsqu'on flatte son ego ..... Seulement , peu à peu , la lassitude , l'irritation , la privation de vie privée s'installent et , comme le chantait Johnny , " les gens m'appellent l'idole des jeunes , il en est même qui m'envient et pourtant ils ne savent pas ,combien parfois , je m'ennuie " .Dans ce roman , ce n'est pas Johnny , la star adulée, harcelée par les paparazzis , obligée de vivre cachée en permanence dans sa propriété, surveillée jour et nuit par des sbires implacables et prêts à tout , et dont les mines patibulaires auraient de quoi effrayer les plus audacieux . Non, cette vedette mondialement connue , c'est Mike Stilth , immense rock star et son " bunker retranché du monde " , sa forteresse c'est " Lost Lakes ". Près de lui , ses deux enfants , Clara et Noah ,condamnés à un luxueux mais douloureux enfermement , Cann , son grand ami , Johan Harwood sa " terrible dame à "tout faire " et ....même plus ( mais chuttt) , un vieux jardinier , des gardes et...de vieux et terribles démons. Voilà pour le décor principal , un lieu clos pour échapper aux monde cruel qui sévit " à l'extérieur " ....A proximité, un lieu maudit , le " lac des suicidées " , le lac dans lequel six jeunes et belles femmes ont mis fin à leurs jours sans que la police n'ait déduit autre chose que le suicide..Une épidémie ?.?..Près de Lost Lakes, si près que ...Parmi elles , Clara Miller , " premier amour de jeunesse de Paul Green , journaliste au " Globe " qui voudrait bien en savoir plus ...toujours plus .Mais , en soulevant le bord du tapis , on découvre souvent des poussières anciennes ....
Un roman très intelligent , très bien construit et addictif qui va nous entraîner dans les pas d'une star et nous faire découvrir un pan de sa vie bien peu enviable . L'intimité perpétuellement perturbée par les paparazzis , l'obligation de cacher ses enfants , de ne pouvoir vivre une vie normale avec eux , de se soumettre aux " dictats " d'une imprésario omniprésente, tomber , pour échapper à l'oppression , dans les " paradis artificiels " , alcool , drogue , sexe ....
Les chapitres sont assez courts et nous transportent soit en 1995 , soit en 2006 et sont relatés tour à tour par l'un ou l'autre des différents protagonistes ...sauf Mike . Pas de difficulté de lecture , les personnages ne se multiplient pas , tout au moins pour les principaux et l'écriture bien maîtrisée , si elle nous transporte ici ou là , ne nous " perd pas en route " .
Le suspense est bien au rendez-vous et , en permanence , on va se demander quelle part de responsabilité accorder à chacun et chacune .Tout au plus , à mon avis , peut - on noter quelques longueurs , sans doute , à certains moments , une petite baisse de " tonus " de ma part , le " bébé " compte tout de même un nombre conséquent de pages !!!
Ce qu'il ressort de cette lecture ? Un très bon polar , addictif , rythmé, un très bon moment pour une bonne intrigue et , surtout , la description de la société plutôt négative des " voyeurs " et ceux qui en vivent , mais , dans ce cas là, on s'en doutait . Et puis ...moi j'en moque , hein , " je n'suis pas un héros..." , je n'ai aucune intention de me présenter à " The Voice " ( non , non , même, et surtout pas Kids ) .... Ne riez pas , si vous saviez à quoi vous échappez....Remarquez , avec moi , ce serait sans doute difficile pour les oreilles mais ...dans le roman , vous verrez , il n'y a pas que pour les oreilles que " ça craint "....Vous accompagner ? Ah , non , moi , j'ai donné et , tel Lucky Luke , je pars vers d'autres horizons .
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Comme j'aime bien aller à contresens, j'ai commencé les aventures de Paul Green par le second opus : La forêt des disparus, et j'ai enchaîné par L'affaire Clara Miller où on retrouve ce journaliste opiniâtre bien plus jeune et encore plus pugnace pour dénicher la vérité jusque dans les recoins les plus sombres de certaines psychés humaines.
Non en fait c'est pas vrai : c'est juste que je n'ai pas reçu mes résas dans le bon ordre à la bib'. Mais je vous recommande vivement de commencer par celui-ci, parce que, comme m'avait bien prévenu @marina53, il y a un gros spoil concernant Clara Miller au début de la forêt des disparus.
Mais ceci n'aura pas gâché ma lecture pour autant, je sais occulter une info quand il le faut. Par contre Paul Green, lui, n'occulte rien, et il va poursuivre sans relâche son enquête pendant 20 ans pour comprendre ce qui est arrivé à cette jeune consoeur, Clara, retrouvée morte dans un lac en 1995. C'est qu'elle aurait pu être la femme de sa vie, Clara, si seulement il avait saisi l'occasion à l'époque où ils étudiaient ensemble...mais voilà, il n'a pas osé.
Pire, quand elle l'a appelé à l'aide des années plus tard avant de sceller son tragique destin, il était aux abonnés absents. C'est ballot quand même !
Paul est donc rongé par la culpabilité, et va tout faire pour découvrir ce qui se cache derrière ce mystérieux "Lac aux suicidées", où l'on va quand même repêcher six cadavres de jeunes femmes présentant de nombreuses caractéristiques communes, notamment celle de ne pas être particulièrement proches de leurs familles, et d'avoir quelques problèmes d'addictions.
En parlant d'addictions, un autre personnage crucial dans l'histoire "lutte" (enfin de temps en temps) contre les siennes. Il s'agit de Mike Stilth, croisement d'une tronçonneuse Stihl et d'un flipper qui fait Tilt. Ah non pardon, c'est pas ça : je voulais dire de Mick Jagger et de Michaël Jackson.
Micky pour sex &drugs & rock and roll, et Bambi pour Lost Lakes, l'endroit où il vit avec ses deux enfants et une foultitude de gens dédiés à son service et à son plaisir, sorte de Neverland avec un parc d'attraction pour les petits et une "aile nord" réservée aux grands où les manèges ne sont pas les mêmes et où on ne consomme pas que de la barbe-à-papa.
La vie de la star est régie par la main de fer de Joan Harlow, qui veille à tous les détails y compris les plus personnels. Si quelqu'un ose s'attaquer à son patron, elle n'hésite pas à employer les grands moyens pour le protéger. Elle est l'un des pivots de l'histoire, d'ailleurs elle prend la parole dans certains chapitres. Parce que je ne vous l'ai pas encore dit, mais la narration se fait sous la forme "roman choral" (comme dans "La forêt..."). On lit tour à tour Paul, Mike, Clara, Joan, Eva (la fille de Mike dont je reparlerai un peu) et Noah, son fils.
L'histoire se déroule en 1995, époque où on retrouve les corps des "suicidées", et un peu en 2006, où certains protagonistes de l'histoire l'amènent à sa conclusion. Et parmi eux, Eva et Noah justement. En 1995 ce sont des enfants de 8-10 ans, qui ne connaissent rien de la vie à l'extérieur de Lost Lakes, la forteresse où ils vivent protégés des paparazzi et des curieux. Mais on s'occupe bien d'eux, attention : par exemple on fait régulièrement venir un car rempli d'enfants pour jouer avec eux dans leur parc d'attraction privé. Chaque fois des différents, et bien désinfectés, on n'est jamais trop prudent... Et ils n'ont certes pas de maman, mais plein de gentilles nounous pour les encadrer.
En 2006 ce sont des adultes légèrement perturbés que l'on retrouvera, même si Eva est devenue une actrice en vue...
Ces deux gamins m'ont fait pitié, ils ont tout, sauf ce dont des enfants ont besoin : l'amour de parents (Mike les aime, mais pas trop souvent, et pas trop longtemps...), des copains, découvrir le monde, la vie quoi !
Joan, la superviseuse, est le personnage le plus antipathique à mes yeux, et en même temps elle est aussi pathétique dans son dévouement jusqu'à l'extrême.
Clara n'a pas réussi à éveiller ma compassion, en tant que journaliste elle aurait pu se douter où elle mettait les pieds...
Mike, ahhh Mike, l'idole des foules, le plus beau, le plus sexy, le plus...mais non, je ne suis pas une bonne groupie, je l'ai trouvé puant et imbuvable. Je n'admets pas certaines excuses. Et je ne parle pas des addictions là.
Et Paul, auquel je m'étais déjà attachée dans "La forêt..." ? Il garde ici toute mon affection, même si je l'ai parfois trouvé un peu naïf (quand il en prend plein la gueule alors qu'il aurait pu s'en douter). C'est un vrai gentil au fond, malgré son sale boulot au "Globe". Dire que s'il avait été moins timide...
Question ambiance, on est dans des milieux assez glauques, vous l'aurez compris, moi j'aime bien de temps en temps. Ce n'est pas angoissant comme dans le second volume du diptyque, mais très sombre, l'aspect psychologique est bien développé, y compris celui des enfants. le découpage en chapitres courts et le changement de narrateur tient en haleine, difficile d'interrompre la lecture.
Je n'ai que peu de réserves à émettre, si ce n'est comme dans le second, les "grosses ficelles" utilisées, et le côté caricatural de certains personnages.
Mais cette "Affaire Clara Miller" passionnera certainement les amateurs du genre, et pour ma part, je vais filer illico à la bib' pour essayer de dénicher d'autres romans d'Olivier Bal, qui m'a bien emmenée dans sa danse ! (oui, je sais, elle est nulle, mais j'ai pas pu résister).
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Citations et extraits (57) Voir plus Ajouter une citation
Mais pour qui se prennent-ils, ces imbéciles ?
L’interview du Globe vient de paraître, malgré nos menaces. J’appelle Claire, mon assistante.
— Il ne faut surtout pas que Mike apprenne que le magazine est sorti. Appelle miss Berkley de ma part, à Lost Lakes, et demande-lui si le coursier a déjà livré les journaux pour la revue de presse de Mike. Si ce n’est pas le cas, dis à l’intendante de récupérer le numéro du Globe et de le mettre de côté. Et surtout, répète-lui bien qu’il ne faut pas que Mike tombe dessus.
— OK. Je m’en occupe de suite.
Kelton a donc pris le risque de sortir le magazine. Il doit vraiment espérer en vendre un bon paquet.
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"Le scandale Stilth"... C'est ainsi, désormais, qu'on parle de mon enquête. Personne, sans surprise, n'a repris le titre de mon article : "L'affaire Clara Miller". Dans les affaires criminelles; dès que l'on parle de meurtre, de viol ou de violence, c'est systématiquement le bourreau qui est à l'honneur. Ca m'a toujours gêné... Car c'est leur offrir bien trop de visibilité, une forme de glorification malsaine. C'est aussi occulter l'horreur de leurs actes. On devrait, au contraire, taire le nom des tortionnaires, les oublier, les effacer pour se rappeler uniquement les noms de celles et ceux qui ont souffert...
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Quand je tiens compagnie aux livres, je ne m’ennuie jamais. Un jour, Spencer m’a donné un exemplaire corné de Tom Sawyer, et m’a dit qu’ »il n’y a rien de plus triste qu’un livre qu’on oublie. Un bouquin, à chaque fois qu’on le lit, on lui redonne un peu de vie ».
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On ne s'intéressait pas vraiment à moi. J'étais tout ce qu'il y avait de plus commun, pas excentrique pour un sou. Pendant quelques semaines, j'avais tenté de fumer la pipe pour me donner un genre, mais ça m'avait filé la nausée, sans parler des regards amusés qu'on me jetait alors. Du coup, je restais là, à tourner les pages de mon livre, un peu replié sur moi-même. Trop timide, trop con, certainement. J'écoutais. Je vivais à travers eux, par procuration. Aujourd'hui, je regrette. Je repense souvent à ces années, à cette jeunesse enfuie que je n'ai pas su ou voulu saisir. J'aurais aimé, moi aussi, comme ces jeunes qui me font face en ce moment, pouvoir me foutre du lendemain, me moquer des autres et de moi-même. Mais je n'avais pas les moyens de l'insouciance. Ou peut-être avais-je peur, tout simplement. Je suis né vieux, raisonnable, trop sage.
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Un bruit dans l’allée. Une silhouette apparaît sur ma gauche, au-dessus de la voiture. Un seul mot prononcé : « Green. »

Je tourne la tête. J’entends à peine l’étrange bruit étouffé de la première balle. Un « plop » sec. Je sursaute.

Alors, c’est comme ça que vous voulez m’avoir ? Vous ne vous emmerdez même pas à maquiller ma mort ? Ça prouve la valeur que j’ai à vos yeux. Une nouvelle douleur me traverse la poitrine, puis une dernière, plus bas, dans le ventre. Je dois avoir l’air con, là, avec ma bouche entrouverte à regarder le sang commencer à s’étaler sur ma chemise.
Je tombe de mon siège et m’écroule par terre, sur le bitume trempé.
C’est drôle. Se faire flinguer ici, dans notre bonne vieille capitale, à deux pas de la Cour suprême, du Capitole, de la Maison-Blanche… Pas certain qu’on m’érige une statue pour autant.
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