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EAN : 9782266181471
416 pages
Pocket (05/03/2008)
3.55/5   10 notes
Résumé :
L'Afrique, elle, sait ce qu'elle est. Elle l'a toujours su, mais nous en Occident, et beaucoup d'autres aussi, avons simplifié sa complexe réalité, ignoré sa force d'être et de maintenir ce qu'elle est, par notre incapacité peut-être, par paresse et calcul surtout. Calcul de dominant, de maître de la mise en valeur et en exploitation, d'instituteur faisant la pédagogie du civilisateur. La situation coloniale en a été la résultante, je l'ai montré naguère par la théo... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique

Un livre d'ethnologie pourrait être une ennuyeuse suite de détails sur les accoutrements différents, les coutumes et les moeurs parfois choquantes d'une autre culture, sans aucun recul.
Mais, voilà, Georges Balandier analyse son rôle de « voyeur » dans une civilisation qui n'est pas la sienne. il la rend vivante, il trouve exactement la bonne distance, basée sur ses connaissances de l'Afrique de l'Ouest, Cameroun et Gabon- avec leurs énormes diversités comme de bien entendu, y compris à l'intérieur d'un même pays,-entre comprendre, étudier, et se faire accepter.
« Afrique ambiguë » se veut à la fois confidence sur ce que l'auteur a vécu, et philosophie autour de l'affaiblissement des coutumes traditionnelles, durant la coutume coloniale, et aggravation due à la pénétration de l'Islam. le livre constate la disparité entre, au Nigéria, les villas transplantées d'Angleterre et les riches habitations musulmanes, et, d'autre part, « les populations autochtones archaïques qui affirment leurs caractères païens et paysans. « »
Citant Frobenius, parlant du Congo : « civilisés jusqu'à la moelle des os ! » en entrainant André Breton dans son admiration ( et la découverte des statues Byeri ), dubitatif quant à la renommée de Schweizer, à Lambaréné, négligeant les rapports humains au profit de la musique, et unanimement critiqué pour « son incapacité à sortir du cercle de son devoir et de ses hautes passions « citant aussi Graham Greene et son aventure au Libéria raconté dans « Voyage sans cartes », Georges Balandier étudie, en savant qu'il est, plusieurs points .
D'abord, se faire accepter, faire oublier sa provenance par un véritable procédé de mimétisme. Ensuite, perdre ses croyances fournies par des réminiscences ( Conrad) croyances contredites par la réalité, car Dakar ne « dépayse » pas.
Or beaucoup d'ethnologues ne peuvent accepter que l'histoire escamote leurs « primitifs », ce qui est encore une croyance naïve.
L'ethnologue, dit Balandier , se trouve dans la situation de l'enfant par rapport à la culture qu'il entreprend d'étudier. Il a tout à apprendre, en passant par eux.
Première certitude, quant aux moeurs : « il n'est guère de peuple noir, vivant selon la tradition, où ne se manifeste cette succession de la licence apparente et de la contrainte sévère ».cela, de tout temps, puisque les femmes sont objet d'échanges entre les différentes ethnies. L'islam, « morale du despotisme des mots et des formes, civilisation où l'exégèse tue la pensée »…ne peut qu'empirer une situation mise à mal par les missionnaires européens.
La possession, technique de communication avec le divin, et le problème qui se pose du théâtre qu'il soutient, puisque advient une sorte d'hystérie communicative collective ( que notre Moyen Age a connu : les sorcières ) : Balandier raconte les séances d'exorcisme. « la possession sacrée, cet outil des sociétés que l'on qualifie d'archaïques, caractérisent sans nul doute un âge et un mode des communications intellectuelles »
La noix de cola, partagée puisque signe d'amitié, la chasse et le partage des prises, la danse des masques, avec leurs jupes de raphia, les « Négrilles » ou pygmées du nord du Congo, la précarité de certains villages isolés non reliés par la route, la folie de certaines possédées, la sorcellerie, prétendant parfois guérir des maux plus occidentaux ou mécaniques ( une voiture ! )
Georges Balandier nous conte son propre parcours, il l‘étaye de considérations générales ethnographiques et philosophiques,-ambiguïté de l'Afrique reflétant notre propre ambiguïté- puis cite de grands hommes , comme N'hrumah.
Le tout, un régal de lecture, longue et riche .
LC Thématique Septembre : Etat des lieux
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Citations et extraits (2) Ajouter une citation
Expliquer des peuples étrangers chez qui l’on a vécu, et que l’on a aimé, c’est inévitablement s’expliquer soi –même .

Il y a , aux origines d’une telle vocation (ethnologue) une insatisfaction, le besoin de s’accrocher à des modes d’existence radicalement différents.
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La nuit vient de s’abattre sur le village… Sous les tropiques plus qu’ailleurs, c’est le moment où toute vie paraît s’étouffer. Les bruits cessent. Les chauves-souris n’ont pas encore pris leur vol piaillant et les lucioles n’ont pas encore pris leur vol ….. Les hommes, un court instant, aiment à se laisser envahir par l’obscurité et le calme ; ils retrouvent la quiétude des choses. Seul, l’océan, qui bat sur le sable, impose sa puissance monotone.
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Video de Georges Balandier (3) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Georges Balandier
Le Cercle littéraire de la BnF - Entretien du 23 mars 2012 .Le Cercle litteraire de la BnF, 23 mars 2012, avec Gabrielle Mass, Michaël Ferrier et Georges Balandier. Présenté par Laure Adler et Bruno Racine
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