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Critique de sandrine57


Islande, début du XXè siècle. Steinunn, veuve d'un pêcheur disparu en mer, décide de quitter l'Ouest isolé de l'île pour permettre à ses six enfants de faire des études en ville. La famille part donc pour le Nord et, après un très long voyage, s'installe à Akureyri pour une nouvelle vie. Olafur et Pall, les deux aînés, vont à l'école, la mère, Halldora et Bjarghildur découpent et salent le hareng sur le port et Karitas s'occupent des repas, du linge et de Pétur le benjamin. L'idée de Steinunn est de mettre le plus d'argent possible de côté afin que ses enfants, chacun à leur tour, puissent bénéficier d'une instruction. Tous vont donc suivre leur voie grâce à l'argent gagnée par la famille, tous sauf Karitas qui, elle, va bénéficier de l'aide d'une bourgeoise de la ville. Car depuis que son père lui a offert un carnet de croquis quand elle était petite, Karitas dessine et se rêve peintre. La dame, peintre elle-même, a repéré son talent et lui offre de passer cinq ans à l'Académie des Beaux-Arts de Copenhague. Quand fraîchement diplômée elle revient en Islande, Karitas n'a d'autre choix que de se joindre aux travailleuses du hareng. C'est là que sa route croise celle de Sigmar, l'homme le plus beau du pays...


Karitas, magnifique saga islandaise, est le roman de femmes fortes qui en ce début du XXè siècle aspirent à un autre destin que celui de leurs ancêtres. Steinunn, d'abord, qui veut offrir à ses enfants la chance de s'instruire, et pas seulement les garçons, ses trois filles aussi feront des études. L'Islande vient d'accorder le droit de vote aux femmes de plus de 40 ans et Steinunn voit là un avenir glorieux possible avec des femmes médecins, et pourquoi pas parlementaires. Et puis il y a les soeurs, avec leurs caractères bien trempés, leurs désirs, leurs volontés. Parmi elle, Karitas, l'héroïne lumineuse du roman. Habitée par sa passion, elle pense peinture, elle respire peinture, elle vit peinture. L'art est en elle, c'est un don mais aussi une croix à porter car l'art dévore tout et s'accommode difficilement des contingences de la vie quotidienne, surtout celle d'une femme, d'une mère de famille. Mais pour Karistas, il n'est pas question de renoncer et c'est cette volonté de fer, cet amour dévorant pour son art, cette passion proche de la folie qui font d'elle une femme exceptionnelle, une pionnière dans un monde fermé qui accepte difficilement le talent féminin, et dans une société de rudes travailleurs qui voient d'un mauvais oeil ce qui est considéré comme une perte de temps. D'autant que Karitas se tourne vers l'art abstrait. Alors peindre oui, mais des portraits, des paysages et certainement pas ces formes qui ne ressemblent à rien, et surtout peindre quand on a le temps, c'est-à-dire quand il ne faut pas pour cela négliger l'essentiel : les enfants, les conserves à préparer pour l'hiver, les draps à blanchir, les murs à lessiver...
L'histoire de cette famille itinérante et de cette artiste flamboyante est aussi l'histoire du pays qui est magnifiquement décrit par Kristin Marja BARDULSDOTTIR qui sait comme personne décrire la mer, les montagnes, les fjords et n'oublie pas d'ancrer son histoire dans les traditionnelles sagas scandinaves où trolls, fées et mauvais génies tentent de déstabiliser des héros forts et courageux.
Une lecture enrichissante et passionnante, un coup de coeur.
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