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EAN : 9782221215043
144 pages
Robert Laffont (05/10/2017)
4.14/5   167 notes
Résumé :

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Critiques, Analyses et Avis (30) Voir plus Ajouter une critique
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J'ai découvert James Baldwin dans le fabuleux documentaire de Raoul Peck "I am not your negro". Celui-ci est véritablement d'utilité publique et devrait être projeté dans les écoles.
Immédiatement, j'ai été touchée par cet homme brillant, éloquent, inspirant.
Je l'ai tout de suite estimé et admiré.

Le livre et le documentaire sont un écho l'un de l'autre, mais s'apportent l'un à l'autre une richesse. Tantôt on se concentre sur le poids des mots, tantôt les images nous transpercent l'esprit.
Je veux saluer, vraiment, l'extraordinaire travail réalisé par Raoul Peck pour avoir, pas seulement su exploiter, mais transcender les notes éparses que James Baldwin destinait à l'écriture d'un livre à jamais inachevé. La mort nous l'en ayant privé.

I am not your negro c'est "L'histoire des Noirs en Amérique, c'est l'histoire de l'Amérique. Et ce n'est pas une belle histoire."

Le projet de livre de James Baldwin était de parler de trois grands activistes noirs qu'il a côtoyés, tous décédés assassinés en l'espace de cinq ans, à moins de quarante ans.

Le moins connu d'entre eux (du moins en Europe), est Medgar Evers. James Baldwin dit ceci de lui "(...) je me suis souvenu de son visage, lumineux, franc, beau, et de la lassitude qu'il portait comme une seconde peau (...)
et de ce qu'il m'avait raconté sur les haillons d'un homme lynché
qui pendaient de l'arbre,
battant au vent pendant des jours,
et qu'il avait dû passer chaque jour devant cet arbre."

Malcom X ensuite, il dit de lui "Quand Malcom X parle, ou quand les autres prédicateurs du mouvement musulman parlent, ils mettent des mots sur la souffrance de tous les Noirs qui les entendent et les écoutent. Cette souffrance qu'on nie depuis si longtemps dans ce pays. de là vient la grande autorité de Malcom sur ses publics. Il confirme leur réalité. Il leur dit qu'ils existent vraiment, vous savez."

Martin Luther King, le troisième grand leader noir à qui James Baldwin souhaitait rendre hommage répondait aux dissensions existant entre la philosophie de Malcom X et la sienne comme "du Noir comme créature docile qui tend l'autre joue", King répondait donc "Nous ne sommes pas engagés dans un combat où nous nous asseyons sans rien faire. Il y a une grande différence entre la non-résistance au mal et la résistance non violente".
Malcom X voyait en lui "un Oncle Tom du XXè siècle".
James Baldwin quant à lui soulignait "Le Noir n'a jamais été aussi docile que les Américains blancs ont voulu le croire. C'est un mythe. Nous n'étions pas en train de danser et de chanter, là-bas sur la jetée. Nous étions en train d'essayer de rester en vie; nous étions en train d'essayer de survivre à un système extrêmement brutal. le "négro" n'a jamais été heureux d'être là".

Dans un discours en 1963, James Baldwin nous renvoie à nous-mêmes et nous pose la question :
"Ce que les Blancs doivent faire, c'est essayer de trouver au fond d'eux-mêmes pourquoi, tout d'abord, il leur a été nécessaire d'avoir un "nègre", parce que je ne suis pas un nègre, je suis un homme. Mais si vous pensez que je suis un nègre, ça veut dire qu'il vous en faut un. La question que vous devez vous poser, que la population blanche de ce pays doit se poser, (...) Si je ne suis pas un nègre, ici, et que vous l'avez inventé, si vous, les Blancs, l'avez inventé, alors vous devez trouver pourquoi. Et l'avenir du pays dépend de cela, de si oui ou non le pays est capable de se poser cette question".

Et cette question, cinquante-cinq ans plus tard, est toujours brûlante d'actualité, au pays de Trump ou ailleurs, n'est-il pas ?

En conclusion, je terminerai ce billet par les mots de Raoul Peck : "James Baldwin a aimé la France, mais la France l'a oublié (NDLR : James Baldwin a fui l'Amérique et a vécu plusieurs années à Paris, avant de retourner dans son pays).
A la sortie du film "I am not your negro" en France, en 2017, (...) dans mes échanges avec le public après les projections, j'ai perçu une soif nouvelle pour Baldwin, une curiosité, un élan, un amour pour cet esprit bouleversant.
La personnification même de l'humaniste. (...)
James Baldwin a aimé la France, mais la France se souviendra-t-elle de lui ?"

Vous l'aurez compris, autant le livre, le documentaire que l'homme sont passionnants. Souvenez-vous de James Baldwin.
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Je ne sais pas ce que c'est que d'être Noir. Je ne le saurai jamais. J'ai toujours eu la chance d'être du bon côté. Même lorsque je vivais à Mayotte, et que je me suis fait insulter et traiter « d'enculé de Blanc », j'étais quand même du bon côté, celui de la culture dominante. C'était même la raison de l'insulte. Que ce soit aux USA ou en France, face aux violences policières, le racisme qui se dénonce encore aujourd'hui mérite l'attention de tous. Je comprends aisément le combat que sous-tend ce livre et je m'y associe. J'ai beaucoup de mal à imaginer l'Apartheid. James Baldwin nous parle de la « dignité humaine », qui devrait être un postulat pour toute l'Humanité. Dans ce livre, on croise Martin Luther King, Malcolm X, Medgar Evers et leur combat pour la reconnaissance des Noirs aux USA dans les années 60, face à la culture Blanche dominante représentée par John Wayne entre autre. Je n'avais jamais rien lu de Baldwin. C'est le manuscrit de ce livre inachevé qui a permis à Raoul Peck d'en faire un film, devenu un livre documentaire. Tout se mélange un peu. C'est ce qui créé finalement l'impression pour le lecteur de revivre cette époque. le texte est agrémenté de nombreuses photos « choc » qui ré-orientent notre regard sur « l'american way of life » de cette époque, sur un tout autre versant. A lire, à lire, à lire.
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Qui se souvient de James Baldwin ?
Cet écrivain américain est né en 1924 à Harlem, le quartier afro-américain de New York. Noir et gay, il est rejeté par sa famille. A l'âge de 10 ans, deux officiers de police abusent de lui. Toute sa vie, l'écrivain n'aura de cesse de dénoncer la violence et l'oppression à l'égard des minorités à travers ses écrits : romans, poésies, nouvelles, pièces de théâtre et essais. Exilé une grande partie de sa vie à Paris et à Saint-Paul-de-Vence, James Baldwin a été célébré sur le tard par les intellectuels français qu'il recevait chez lui, ainsi que de nombreux artistes noirs-américains de passage en France.

Le livre « I am not your negro » est tiré du documentaire franco-américain éponyme, réalisé par Raoul Peck en 2016 et récompensé par de nombreux prix. Ce documentaire retrace la lutte des Noirs américains pour les droits civiques à partir d'un texte inédit de James Baldwin « Remember This House », qui avait pour ambition de retracer l'histoire de l'Amérique dominée par les Blancs, à travers le combat de trois grandes figures des droits civiques : Medgar Evers, Martin Luther King Jr. et Malcolm X, tous plus jeunes que lui et assassinés avant leurs 40 ans.Ce livre restera inachevé à la mort de l'écrivain en 1987.

C'est donc à partir des notes de préparation de ce livre mais aussi à partir de notes personnelles, des lettres, des discours et des livres, des extraits de films documentaires ou encore des photographies que Raoul Peck a voulu rendre hommage de la manière la plus fidèle possible à l'esprit, la philosophie, les idées, l'âme et la tragique clairvoyance de cet auteur aujourd'hui disparu.

Dans ce livre, comme dans le documentaire, seule la voix de Baldwin nous porte, dénonçant la violence, les élucubrations raciales, les peurs et l'hypocrisie d'une société où « le blanc est une métaphore du pouvoir ». Quelle terrible désillusion, quelle tristesse pour cet homme qui se sait avant tout Américain de devoir s'exiler pour ne plus subir la violence de sa terre natale. Medgar Evers, assassiné en 1963, Malcom X, assassiné en 1965, Martin Luther King, assassiné en 1968. Si James Baldwin était resté aux Etats-Unis, quel aurait été son destin ?
Les mots de l'écrivain sont d'autant plus terribles qu'ils restent aujourd'hui terriblement d'actualité.
« Un coup d'oeil sur les Etats-Unis aujourd'hui suffirait à faire pleurer les anges et les prophètes. Ce n'est pas le pays des hommes libres et ce n'est pas qu'à contrecoeur et en de rares moments la nation des hommes braves. »
Mon seul regret concernant cet ouvrage est qu'il soit beaucoup trop court. Il m'apparaît comme une mise-en-bouche et il me semble essentiel pour compléter cette histoire des droits civiques et du racisme ordinaire – et terriblement violent – aux Etats-Unis de visionner le documentaire de Raoul Peck, unanimement célébré par la critique.
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Je n'avais jamais entendu parler de James Baldwin avant l'émission qui lui a été consacrée par François Busnel dans La Grande Librairie en 2017. L'histoire des Noirs américains m'interpelle toujours et je m'étais promis de lire I am not your negro.

Ce livre est en fait tiré du film-documentaire éponyme réalisé par Raoul Peck en 2016. Je ne l'ai pas vu et je dois dire que je me suis plus d'une fois demandée si ça n'avait pas été une erreur de ma part. Car j'ai eu l'impression qu'il y avait de nombreuses ellipses lors de ma lecture, qu'il me manquait des éléments pour assembler tout ce que je lisais.

A partir d'un texte inachevé de James Baldwin (Remember This House), qui met à l'honneur les trois figures du combat Noir américain que sont Medgar Evers, Martin Luther King et Malcolm X (tous assassinés avant leurs 40 ans), Raoul Peck brosse aussi, petit à petit, le portrait de James Baldwin.

La forme adoptée par Raoul Peck dans ce livre (mélange de textes, analyses de scènes de films, discours, échanges, photos d'archives...) donne la sensation de lire quelque chose d'un peu décousu. Cela n'empêche cependant pas d'apprécier l'oeuvre et donne très envie de découvrir plus avant le combat mené par ces quatre grands hommes.

"C'est vraiment une sorte d'apathie et d'ignorance qui est le prix de la ségrégation."
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Script du formidable film documentaire réalisé par Raoul Peck - à partir de textes et d'interviews de Baldwin, I am not your negro qui vient de sortir en poche chez 10/18 revisite l'oeuvre de l écrivain américain,

Le livre, comme le film sont une formidable illustration et un formidable témoignage montrant à quel point l'histoire des USA est inséparable de celle de sa minorité noire.

I am not your negro y fait revivre les écrits de James Baldwin, auteur ayant milité aux côtés de Malcom X et Martin Luther King pour les droits civiques des noirs aux Etats Unis qui montre combien L'histoire des Etats-Unis et celle des Noirs se confondent, explique Baldwin, et ce n'est pas une belle histoire

Une 'Amérique collosse aux pieds d'argiles qui s'est construit sur la violence, depuis le génocide indien jusqu'à l'esclavage des noirs.

James Balwin, y apparait ainsi comme magnifique écrivain, et comme on peut lire les mots de vive voix, un sublime orateur.

Ainsi, il faut analyser ce « I am not your negro »comme une oeuvre à lire, indispensable pour se rappeler que les équilibres sont fragiles à maintenir.


Par la voix de l'écrivain américain James Baldwin, le réalisateur interroge la violence faite aux Noirs depuis toujours.
Peu connu en France (alors même qu'il y passa une grande partie de sa vie et qu'il y mourut en 1987, dans sa maison de Saint-Paul-de-Vence) cet humaniste magnifique au talent d'orateur exceptionnel, s'est fait le porte-parole de la cause noire dans son pays où il a combattu sans relâche les injustices à l'égard de sa communauté.


Lien : http://www.baz-art.org/archi..
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critiques presse (2)
LaCroix
01 décembre 2017
Complétant son puissant documentaire qui vient de sortir en DVD, Raoul Peck prolonge la pensée de James Baldwin, mort en 1987, en s’appuyant sur ses écrits inachevés.
Lire la critique sur le site : LaCroix
LeMonde
30 novembre 2017
Le verbe de l’écrivain américain, mort il y a trente ans, se déploie dans « I Am Not Your Negro », issu du film de Raoul Peck.
Lire la critique sur le site : LeMonde
Citations et extraits (63) Voir plus Ajouter une citation
L'homme noir tire sa haine de la rage.
Ce n'est pas tant qu'il déteste l'homme blanc,
mais qu'il ne veut plus l'avoir sur son chemin,
et, surtout, sur le chemin de ses enfants.

L'homme blanc tire sa haine de la terreur,
une terreur sans fond ni nom
qui se focalise sur le noir comme figure d'effroi
sur une entité qui n'existe que dans son esprit.
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C'est un très grand choc pour vous de découvrir que le pays où vous êtes né, auquel vous devez la vie et votre identité, n'a pas créé, dans tout son système de fonctionnement réel, la moindre place pour vous.
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Il y a longtemps, j'ai connu une fille blonde à Greenwich Village.
Nous ne sommes jamais sortis de la maison ensemble.
Elle était bien plus en sécurité seule dans les rues qu'avec moi à ses côtés.
C'était un fait cruel et humiliant qui a tout-à-fait détruit toute possibilité de relation entre cette fille et moi.
Ca arrive tout le temps en Amérique, mais les américains sont encore loin de saisir à quel point ce fait est sinistre et ce qu'il révèle sur eux.
Quand nous sortions le soir, donc,
elle partait seule avant moi.
J'attendais cinq minutes
et je partais seul à mon tour,
par un autre chemin,
pour la retrouver sur le quai du métro.
Nous faisions comme si nous ne nous connaissions pas.
Nous entrions dans le wagon,
prenions place chacun à un bout,
puis nous marchions séparément dans les rues
du pays de la liberté,
pour nous rendre où nous allions :
chez des amis ou au cinéma.
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On ne peut pas changer tout ce qu'on affronte, mais rien ne peut changer tant qu'on ne l'affronte pas.
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Je ne sais pas ce qu'ont dans la tête la plupart des Blancs de ce pays. Je peux seulement le déduire de l'état de leurs institutions. J'ignore si les chrétiens blancs haïssent les Noirs ou non, mais je sais que nous avons une Eglise chrétienne qui est blanche et une Eglise chrétienne qui est noire. Je sais, comme l'a dit un jour Malcolm X, que l'heure où la ségrégation est à son comble dans la vie américaine, c'est le dimanche à midi. Ca en dit long sur une nation chrétienne. Ca veut dire que je ne peux pas me permettre de faire confiance à la plupart des chrétiens blancs, et, à coup sûr, que je ne peux pas faire confiance à l'Eglise chrétienne. Je ne sais pas si les syndicats ouvriers et leurs dirigeants me détestent vraiment - ça n'a aucune importance - , mais je sais que je ne suis pas dans leur syndicat. Je ne sais pas si le lobby de l'immobilier a quelque chose contre les Noirs, mais je sais que le lobby de l'immobilier me maintient dans un ghetto. Je ne sais pas si l'Education nationale déteste les Noirs, mais je vois les manuels scolaires qu'elle donne à lire à mes enfants et les écoles où nous devons aller. Ca, ce sont les faits. Et vous attendez de moi un acte de foi, que je risque ma personne, ma femme, ma sœur, mes enfants au nom d'un idéalisme dont vous me certifiez qu'il existe en Amérique et que je n'ai jamais vu.
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Videos de James Baldwin (33) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de James Baldwin
Spécial centenaire de l'écrivain humaniste James Baldwin - Interview courte mais remarquable de James Baldwin pour Champs Libre 30 novembre 1963
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