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Critique de thedoc


Qui se souvient de James Baldwin ?
Cet écrivain américain est né en 1924 à Harlem, le quartier afro-américain de New York. Noir et gay, il est rejeté par sa famille. A l'âge de 10 ans, deux officiers de police abusent de lui. Toute sa vie, l'écrivain n'aura de cesse de dénoncer la violence et l'oppression à l'égard des minorités à travers ses écrits : romans, poésies, nouvelles, pièces de théâtre et essais. Exilé une grande partie de sa vie à Paris et à Saint-Paul-de-Vence, James Baldwin a été célébré sur le tard par les intellectuels français qu'il recevait chez lui, ainsi que de nombreux artistes noirs-américains de passage en France.

Le livre « I am not your negro » est tiré du documentaire franco-américain éponyme, réalisé par Raoul Peck en 2016 et récompensé par de nombreux prix. Ce documentaire retrace la lutte des Noirs américains pour les droits civiques à partir d'un texte inédit de James Baldwin « Remember This House », qui avait pour ambition de retracer l'histoire de l'Amérique dominée par les Blancs, à travers le combat de trois grandes figures des droits civiques : Medgar Evers, Martin Luther King Jr. et Malcolm X, tous plus jeunes que lui et assassinés avant leurs 40 ans.Ce livre restera inachevé à la mort de l'écrivain en 1987.

C'est donc à partir des notes de préparation de ce livre mais aussi à partir de notes personnelles, des lettres, des discours et des livres, des extraits de films documentaires ou encore des photographies que Raoul Peck a voulu rendre hommage de la manière la plus fidèle possible à l'esprit, la philosophie, les idées, l'âme et la tragique clairvoyance de cet auteur aujourd'hui disparu.

Dans ce livre, comme dans le documentaire, seule la voix de Baldwin nous porte, dénonçant la violence, les élucubrations raciales, les peurs et l'hypocrisie d'une société où « le blanc est une métaphore du pouvoir ». Quelle terrible désillusion, quelle tristesse pour cet homme qui se sait avant tout Américain de devoir s'exiler pour ne plus subir la violence de sa terre natale. Medgar Evers, assassiné en 1963, Malcom X, assassiné en 1965, Martin Luther King, assassiné en 1968. Si James Baldwin était resté aux Etats-Unis, quel aurait été son destin ?
Les mots de l'écrivain sont d'autant plus terribles qu'ils restent aujourd'hui terriblement d'actualité.
« Un coup d'oeil sur les Etats-Unis aujourd'hui suffirait à faire pleurer les anges et les prophètes. Ce n'est pas le pays des hommes libres et ce n'est pas qu'à contrecoeur et en de rares moments la nation des hommes braves. »
Mon seul regret concernant cet ouvrage est qu'il soit beaucoup trop court. Il m'apparaît comme une mise-en-bouche et il me semble essentiel pour compléter cette histoire des droits civiques et du racisme ordinaire – et terriblement violent – aux Etats-Unis de visionner le documentaire de Raoul Peck, unanimement célébré par la critique.
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