On retrouve dans "
L'homme qui meurt" les sujets chers à cet auteur : la question raciale, l'identité sexuelle, l'accomplissement de soi, la destinée personnelle, tout cela en dépit des influences de la société, de la famille, de l'entourage quel qu'il soit.
Et pour cause,
James Baldwin est né en 1924 à Harlem (ghetto noir et pauvre de New York). Son père adoptif était pasteur et avant de se libérer de cette influence, il a été un temps prédicateur. La question raciale est prégnante à cette époque et inspire son oeuvre d'écrivain et d'essayiste. Il a aussi dû, en plus d'être Noir dans cette Amérique hostile, faire face à la question de l'homosexualité. Il a fui un temps cette insupportable et désespérante persécution ségrégationniste qu'il a maintes fois dénoncée, pour l'Europe et en particulier, le sud de la France où il a résidé plusieurs années avant de s'en retourner dans son pays. Nombre de ses livres sont empreints de ces éléments à la fois autobiographiques et pour peu qu'on y réfléchisse, universels.
Dans ce livre, on suit la vie de Léo Proudhammer, acteur noir qui après acharnement et avec aussi la chance qui tourne parfois inopinément dans la vie, lui donne les clés du succès dans un monde qui pourtant n'est pas fait pour mettre en lumière un homme comme lui.
Il est embarqué à l'hôpital suite à une crise cardiaque et là étendu dans son lit, il se souvient. Son enfance, son parcours, les vicissitudes que votre condition d'homme noir met immanquablement sur votre route.
La narration est circulaire, en forme de toile d'araignée, avec des allers-retours entre passé et présent, avec les enchevêtrements de l'un sur l'autre. Dans ce livre,
James Baldwin m'a fait penser à son estimée consoeur
Toni Morrison.
Il y a de belles choses dans ce roman. Une écriture à la fois prosaïque pour ancrer les personnages dans le réel, et analytique, distanciée et presque philosophique des sentiments, de la nature humaine, de la société.
C'est la patte même de cet écrivain.
Mais je dois reconnaitre que sa lecture m'a été laborieuse. Il m'a manqué de souffle. le texte est d'une densité pesante, sans chapitres, sans presque aucun paragraphe. Si la qualité est là, indéniablement, le plaisir qu'il m'a procuré s'en est lui trouvé altéré.
Un livre que je ne déconseille pas, mais que je n'inviterais pas à lire en premier pour découvrir cet auteur de talent.