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EAN : 9782072832826
576 pages
Gallimard (28/11/2019)
4.16/5   51 notes
Résumé :

Un célèbre acteur noir, terrassé à trente-neuf ans par une crise cardiaque, condamné à l'immobilité, passe en revue sa vie passée, son enfance à Harlem, sa jeunesse dans la bohème de Greenwich Village.

Pourra-t-il, après avoir connu le succès, accepter de vivre dans l'anonymat ? Mais la chance est de son côté, et nous assistons fascinés, à son inévitable réussite.

James Baldwin fait une vigoureuse peinture d'une société déchir... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (9) Voir plus Ajouter une critique
On retrouve dans "L'homme qui meurt" les sujets chers à cet auteur : la question raciale, l'identité sexuelle, l'accomplissement de soi, la destinée personnelle, tout cela en dépit des influences de la société, de la famille, de l'entourage quel qu'il soit.
Et pour cause, James Baldwin est né en 1924 à Harlem (ghetto noir et pauvre de New York). Son père adoptif était pasteur et avant de se libérer de cette influence, il a été un temps prédicateur. La question raciale est prégnante à cette époque et inspire son oeuvre d'écrivain et d'essayiste. Il a aussi dû, en plus d'être Noir dans cette Amérique hostile, faire face à la question de l'homosexualité. Il a fui un temps cette insupportable et désespérante persécution ségrégationniste qu'il a maintes fois dénoncée, pour l'Europe et en particulier, le sud de la France où il a résidé plusieurs années avant de s'en retourner dans son pays. Nombre de ses livres sont empreints de ces éléments à la fois autobiographiques et pour peu qu'on y réfléchisse, universels.

Dans ce livre, on suit la vie de Léo Proudhammer, acteur noir qui après acharnement et avec aussi la chance qui tourne parfois inopinément dans la vie, lui donne les clés du succès dans un monde qui pourtant n'est pas fait pour mettre en lumière un homme comme lui.
Il est embarqué à l'hôpital suite à une crise cardiaque et là étendu dans son lit, il se souvient. Son enfance, son parcours, les vicissitudes que votre condition d'homme noir met immanquablement sur votre route.

La narration est circulaire, en forme de toile d'araignée, avec des allers-retours entre passé et présent, avec les enchevêtrements de l'un sur l'autre. Dans ce livre, James Baldwin m'a fait penser à son estimée consoeur Toni Morrison.

Il y a de belles choses dans ce roman. Une écriture à la fois prosaïque pour ancrer les personnages dans le réel, et analytique, distanciée et presque philosophique des sentiments, de la nature humaine, de la société.
C'est la patte même de cet écrivain.

Mais je dois reconnaitre que sa lecture m'a été laborieuse. Il m'a manqué de souffle. le texte est d'une densité pesante, sans chapitres, sans presque aucun paragraphe. Si la qualité est là, indéniablement, le plaisir qu'il m'a procuré s'en est lui trouvé altéré.

Un livre que je ne déconseille pas, mais que je n'inviterais pas à lire en premier pour découvrir cet auteur de talent.
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Un immense roman, une magnifique découverte, acheté par hasard dans une de mes librairies favorites, je ne connaissais pas l'auteur, séduite par la quatrième de couverture.
Le narrateur, Léo Proudhammer, est un acteur de théâtre réputé, afro-américain. le roman débute alors qu'il est victime d'une crise cardiaque et qu'il manque y restait. On est dans les années 60, Léo est quadragénaire. Il a brûlé sa vie et cette alerte l'amène à revenir en arrière. Il se souvient ...

Il se souvient de son enfance à Harlem, de ses parents qui peinent à assurer un quotidien frugal, de son père qui noie sa vulnérabilité et l'humiliation sociale dans le rhum, de son frère Caleb tenté par une carrière de délinquant. Très jeune, Leo a été confronté à la discrimination raciale, à la ségrégation : s'éloigner de son quartier, pénétrer sur le territoire des blancs représente un danger : le risque de se faire contrôler, rosser, humilier est sans cesse présent.

Alors, Léo grandit avec cette rage intériorisée, ce sentiment de totale injustice, cette domination subie. L'incarcération du frère adoré laisse une blessure béante qui jamais ne se refermera. Rongé, le jeune homme cherche un moyen d'exister socialement. C'est grâce au chant et au théâtre qu'il va tenter de se faire une place mais, malgré son talent, il reste un nègre. Ses amours avec Barbara, jeune héritière du Kentucky, blonde et blanche, vont le soutenir. Ensemble, ils braveront le regard et les préjugés ; ensemble, ils arriveront à percer et deviendront des acteurs réputés.

La souffrance de Léo palpite à chaque page, rarement j'ai lu un roman où l'angoisse imprègne tant le récit. le jeune homme ne s'engage pas vraiment en faveur des droits civiques, il n'adhère pas à un mouvement politique. C'est seul, contre tous, contre lui-même qu'il lutte – abritant une haine qui le consume. Son combat, c'est seul qu'il le mène, pour avoir droit au bonheur, malgré le poids de la discrimination raciale.

Là où l'auteur est adroit, c'est qu'il ne victimise jamais son personnage : Leo fait des choix, professionnels, familiaux, amoureux. Il ne subit pas ce qui lui arrive mais, dans un contexte de violence sociale légalisée, arriver à devenir soi est un combat épuisant. Ne plus avoir peur, ne plus craindre pour son intégrité, lever les yeux et s'affirmer, c'est le projet de Leo.

Les 50 premières pages sont assez difficiles et il faut s'accrocher pour entrer dans le roman mais cela en vaut la peine. le style est magnifique, les dialogues authentiques : un grand roman à découvrir !

Challenge PAVES 2020
Challenge ABC 2019-2020
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Rencontre avec le grand James Baldwin ce mois-ci avec un de ses romans écrit en 1968 : L'homme qui meurt. Un roman aussi âpre que tendre racontant l'histoire de Leo Proudhammer, noir de Harlem, qui s'accrochera à son rêve et deviendra un acteur renommé. Toute la particularité de ce roman réside dans sa narration commençant en quelques sortes par la fin. En effet, Leo a déjà 39 ans et manque de mourir d'une crise cardiaque. Alors qu'il se trouve en convalescence, lui reviennent tous les souvenirs de sa vie, son parcours et les choix et rencontres qui l'ont mené jusque là. Aucune chronologie n'est respectée mais le lecteur se laisse porter et se délecte de la plume fluide de Baldwin, de ses réflexions profondes sur la condition des noirs, des femmes et des homosexuels. Un texte empreint de tension et d'amour. Intense !

Je m'attendais à un style difficile, une lecture qui m'aurait demandé beaucoup de concentration. Et finalement j'ai été étonnamment surprise par une écriture très agréable, qui se lit sans accroc. L'esprit peut alors se focaliser sur les pensées profondes de Baldwin, sur ses messages forts sur la ségrégation, sur le fait d'être un nègre à New-York dans les années 60 et je crois malheureusement encore à l'heure actuelle (je serai longtemps marquée par le sublime film BlacKkKlansman). Les différents personnages de ce roman m'ont beaucoup touchée, notamment Caleb, le frère de Leo, qui souffrira jusqu'au plus profond de lui de ce racisme. Et même s'il finit par trouver une certaine stabilité, il semble avoir tourné le dos au bonheur symbolisé en la personne de Pia, foulé au pied par un blanc jaloux. J'ai également beaucoup apprécié Barbara, sa douceur, son courage, sa force et en même temps le sorte de sacrifice d'elle-même qu'elle réalise. Elle immole son passé mais malheureusement le présent ne peut lui tendre entièrement les bras. Certains passages sont très percutants et soulignent avec dureté le regard porté sur les noirs, mais également sur les femmes : « Si une femme blanche acceptait de coucher avec un Noir, alors il était évident qu'elle n'avait aucun amour-propre et accepterait de coucher avec un régiment entier de Noirs. » L'homme qui meurt est aussi un beau roman sur l'amour : l'amour entre frères, l'amour entre homme et femme, l'amour entre hommes, l'amitié, même si aucun de nos personnages ne semble y croire : « Chacun souhaite être aimé, mais quand l'amour est là, personne ou presque ne peut supporter l'amour. Tout le monde désire l'amour, mais on ne parvient jamais à croire qu'on le mérite. » Une fois ma lecture terminée, je n'avais qu'une envie reprendre à la première page, et forte de ma lecture et de tous les éléments, me confronter de nouveau aux sentiments et au vécu des personnages, car comme l'auteur « […] je ne savais pas […] combien étaient nombreuses les façons de mourir et rares les façons de vivre. ».
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Un livre pour comprendre, comprendre dans la chair, dans les esprits, dans les peaux ces relations noirs-blancs, blancs-noirs, pas seulement mais. Et cette société d'alors qui n'en finit pas d'exister. Et cette authenticité de Baldwin qui sonne et resonne, en espérant qu'elle résonne et touche et exerce son pouvoir transformateur... On peut rêver... Faut-il seulement rêver et lire... Ce livre date. Déjà. Et il en reste une impression que pas mal de choses n'ont pas encore évolué.
Putain !
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Pendant 30 pages, James Baldwin m'a complètement captivé : la description de la crise cardiaque de l'acteur Leo Proudhammer, sur scène, et de ce qui se passe immédiatement après, est très réussie. Mais ensuite, une série de flashbacks commence qui clarifient progressivement qui est réellement Leo et ce qui a coloré sa vie jusque-là. Sa relation avec l'(ex)petite amie Barbara est particulièrement intrigante, jusqu'à ce que vous vous réalisiez que Leo est noir (élevé à Harlem et marqué par la pauvreté, la ségrégation et la discrimination) et que Barbara est une personne blanche privilégiée. Après 100 pages Jerry apparaît dans l'histoire, aussi blanc, et clairement gay. Mais alors le livre a déjà dégénéré en une succession de scènes se déroulant dans le milieu du théatre, des dialogues interminables sans fil rouge apparent, et Leo s'analyse en permanence. Je dois avouer que j'ai abandonné à mi-parcours. Baldwin avait un style supérieur, sans aucun doute, les problèmes sociaux qu'il aborde étaient et sont très pertinents, et l'évocation de la façon dont une personne spéciale (Leo dans ce cas) gère les sentiments et les situations est intrigante. Mais dans ce livre, il a noyé le scénario dans trop d'introspections sinueuses, comme dans une pièce de monologue théâtrale allongée. Non, cela n'a pas résonné. Ai-je raté quelque chose ?
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Citations et extraits (37) Voir plus Ajouter une citation
- Je ne vous blâme pas, dit Christopher. Vous aviez tous les atouts pour vous. Vous aviez déjà supprimé les neuf dixièmes des Indiens, vous les aviez dépouillés de leurs terres, et maintenant vous aviez tous ces Noirs qui travaillaient pour vous gratis , et vous n'avez pas voulu qu'un nègre de Walla Walla puisse parler à un nègre de Boula Boula. S'ils avaient pu se parler, ils auraient peut-être réussi à trouver un moyen pour vous couper la tête et se débarrasser de vous. - Il sourit - Vous pigez. - Alors vous nous avez donné Jésus. Et vous nous avez dit que c'était Dieu qui voulait que nous halions les chalands et que nous nous coltinions les balles de coton, pendant que vous étiez en train de vous enrichir, bien calés sur vos grandes fesses blanches.
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Quand les choses tournent mal, Dieu sait qu'elles tournent mal : on se trouve enfoncé dans les embêtements, si profondément, d'une manière si étrange, qu'on a la certitude de ne jamais plus pouvoir en sortir ; et nous ne sommes pas plus avancés, alors que passent les années tyranniques et brutales, quand nous nous apercevons que la plus grande part de nos ennuis est produite par les détours indéchiffrables et imprévisibles de notre propre caractère. Je suis resté parfois désarmé et terrifié au plus haut point devant le mien, le regardant semer le danger et l'étonnement dans toutes les directions, sur toute l'étendue de mon paysage - et pas seulement du mien. C'est une sensation terrible. On apprend, à de tels moments, non seulement combien ce que vous savons est peu susceptible de nous aider. Mais parfois les choses tournent bien, et dans ce cas notre félicité ne semble nullement causée par notre caractère propre, ce qui ne laisse pas de nous humilier.
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- Il faut que je te dise, reprit-elle, que a n'a pas été facile pour moi. Ca n'a pas été facile du tout de vivre comme j'ai vécu pendant tant d'années, quel que soit l'être avec lequel j'ai vécu, quel que soit l'amour que je lui ai porté et quoi que cet être m'ait offert, il ne m'a pas été facile de savoir que si toit tu sifflais, appelais, chantais, rotais, décrochais le téléphone, envoyais un télégramme, je serais là. Je n'avais pas le choix, je ne pouvais pas faire autrement. Je n'ai jamais été libre, durant toutes ces années. Et le temps passait, le temps volait, et cette fuite du temps est bien pire pour une femme que pour un homme. Non, ça n'a pas été facile. Et parfois je t'ai haï, et je me suis haïe et j'ai haï la vie que je menais et j'ai voulu mourir.
Ses paroles et sa voix retentissaient à mes oreilles, elles y retentirent toujours, et son visage brûle mon âme.
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Ils se voyaient comme d'autres les avaient vus. Ils avaient été formés par les images fabriquées par ceux qui avaient le plus profondément éprouvé le besoin de les mépriser. L'usage extraordinairement méprisant qui avait été fait d'eux par les autres était le commencement de leur histoire, la clé de leur vie et la pierre angulaire de leur identité ; tout comme ceux qui les avaient brimés, ils voyaient ce que leur histoire leur avait appris à voir.
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Cette crise cardiaque fut étrange… la peur est une chose étrange. Je savais bien que j’avais trop travaillé. J’avais déjà été prévenu. Mais j’ai toujours
trop travaillé. Je sortis de scène à la fin du deuxième acte. J’étais brûlant et j’avais du mal à reprendre mon souffle. Mais je savais que j’étais fatigué. J’allai à ma loge, me versai à boire et m’allongeai confortablement, les pieds relevés. Je me sentis mieux.
Je savais que j’avais à peu près vingt-cinq minutes devant moi avant de retourner en scène. Une violente envie de vomir me saisit et j’allai dans la salle de bains, mais rien n’arriva. Alors je commençai à avoir un peu peur, oui peur, de m’asseoir ou de me rallonger ; je remplis de nouveau mon verre et sortis de ma loge pour aller me poster dans les coulisses.
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Vidéo de James Baldwin
Spécial centenaire de l'écrivain humaniste James Baldwin - Interview courte mais remarquable de James Baldwin pour Champs Libre 30 novembre 1963
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