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sur 414 notes
David aime les hommes, et se déteste pour ça. Chaque fois qu'il succombe aux charmes d'un jeune homme, il tremble de peur à l'idée d'être découvert, pense aux blagues salaces et aux propos injurieux qui accompagnent les gens de son espèce et craint de les incarner. Pour se tranquilliser, le jeune américain part à Paris. À l'abri de la foule, et des regards connus, il peut fréquenter les milieux homosexuels en relative tranquillité.

Cette tranquillité ne le pousse toutefois pas à s'affirmer, même pas dans ces cercles fermés. Il clame à qui veut l'entendre qu'il aime les femmes, et les quelques aventures qu'il a ne comptent pas vraiment. D'ailleurs, il a une petite amie, et il vient de la demander en mariage. Si ça, ce n'est pas une preuve ! le fait qu'elle soit partie seule en Espagne pour faire le point avant de répondre ne semble pas le troubler outre mesure.

Pendant cette absence, David rencontre Giovanni, un immigré venu d'Italie. Giovanni est tout le contraire de son nouvel amant : il se donne à 100 % dans cette nouvelle relation, sans crainte des regards, sans peur des préjugés. Dans la chambre de Giovanni, coupée du monde extérieur, avec ses rideaux toujours tirés, une petite bulle d'amour pur peut exister. En dehors, David ne peut tout simplement pas supporter le poids de cette relation. « Tu veux quitter Giovanni parce qu'avec lui tu pues. Tu veux mépriser Giovanni parce qu'il n'a pas peur de la puanteur de l'amour. »

L'ambiance de ce livre est très oppressante : dans la description du milieu homosexuel de l'après-guerre déjà, et la chape de plomb de la condamnation morale à supporter ; la haine de soi est omniprésente, tout comme la haine de l'autre, qui a contribué à vous faire chuter une nouvelle fois. S'ajoute encore à cela un rapport prostitutionnel qui ne contribue pas à adoucir les rancoeurs, car seuls les très riches, ou les déclassés, peuvent être à l'abri des poursuites.

On plaint également Giovanni, pour qui l'amour semble si facile, et le poids du regard des autres si léger. Jusqu'au bout, il croira à la victoire des sentiments contre l'obligation de conformité ; prêt, même, à sacrifier une grande partie de la vie de son amant à la société des gens biens comme il faut. Mais pour ça, il faudrait que David arrête de fuir ce qu'il a fuit toute sa vie. Et la partie est loin d'être gagnée…
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J'avais si souvent entendu parler de James Baldwin et de son engagement pour les causes à défendre à son époque. L'auteur aborde le thème de l'homosexualité dans l'après-guerre.

David, un américain en voyage dans le Sud de la France, vient de se fiancer avec Hella. Mais quelque chose le fait hésiter, avant de s'engager dans le mariage, c'est pourquoi il décide de faire un séjour seul à Paris. En effet, il veut s'éloigner d'Hella pour réfléchir, car au fond de lui, il connaît son attirance pour les hommes.

Une fois à Paris, il fait la rencontre d'un barman séduisant, Giovanni, dont il tombe amoureux et avec qui il passe une saison entière. Mais il craint la société, parce qu'elle n'accepte pas du tout l'homosexualité, à cette époque-là.

David voit Giovanni souffrir de son inertie, mais il ne fait rien pour en sortir. Idem pour sa petite amie qui attend un signe de lui depuis le Sud français, ou son père en Amérique qui s'interroge sur la longueur de son séjour. Pendant qu'autour de lui ses proches vivent des moments tourmentés à cause de son silence, David, vit dans la chambre de Giovanni, un moment à la fois de transition et de métamorphose, et trahit les uns et les autres.

Ce livre est profond et philosophique, avec un côté mélancolique, fataliste. Il parle de lâcheté, d'impuissance, de pression sociale et familiale. On sait dès les premières pages que Giovanni connaîtra un sort dramatique et que cet amour aura une fin. C'est pourquoi ce couple est fascinant, et mystérieux, surtout le personnage de Giovanni qui semble davantage attachant, également dans ce qu'il exprime au travers des dialogues très justes de mon point de vue. J'ai passé un excellent moment de lecture.
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La chambre de Giovanni est le récit d'une homosexualité qui se découvre sur le tard, malgré une vie que l'on croyait rangée, casée, formatée, mais qui peine à s'avouer. David, Américain expatrié à Paris s'éprend de Giovanni, alors que Hella, sa fiancée est en voyage en Espagne. S'il s'avoue son trouble, donne libre cours à leur désir et que leurs corps et leurs coeurs se rencontrent, David ne peut réprimer sa honte et faire de cet amour une histoire sordide et inacceptable.

Plus que le thème de l'homosexualité, James Baldwin nous parle du courage d'être soi. Derrière les masques que nous mettons parfois pour nous sécuriser et ne pas nous écarter de la norme, se cachent bien souvent de grandes solitudes. Ne pas être dans le moule, vivre sa vie et être soi, voilà qui demande parfois tellement de courage.

Encore une fois, c'est brillamment que James Baldwin explore les failles humaines. Qu'il s'empare de questions raciales - à noter que David, le narrateur est un Blanc, comme tous les autres personnages, ce qui interroge vu le caractère personnel du texte et de sa thématique - ou d'identité, quelle soit sexuelle ou simplement humaine, cet auteur sensible et profond nous jette une lumière crue et parfois désespérante sur la difficulté de vivre avec ce que l'on n'a pas choisi. Mais il nous dit aussi que l'on peut choisir de l'assumer et de se reconnaitre avec ce que nous sommes.
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David est un jeune américain dans le Paris des années 50. Sa fiancée Hella est en Espagne...Seul, il fréquente les bars, cherche de la drogue...il doit de l'argent, ne sait où dormir...Rencontre avec Giovanni, jeune italien, qui l'héberge. Début d'une relation sexuelle, d'un amour, d'amours qu'on cachait alors. Magnifique roman, que certains disent autobiographique sur l'amour homosexuel...
Roman tragique aussi sur la peine de mort, évoquée très tôt dans le livre. Pourquoi ? Je vous laisse le découvrir.
Si Giovanni se donne complètement à cet amour véritable, il n'en est pas tout à fait de même pour David, qu'on perçoit tantôt passionné, tantôt incapable et fautif du fait de cette relation interdite par l'époque, interdite par les bonnes moeurs. Tiraillé par les conventions. Incapable de s'assumer.
Cette petite chambre l'étouffe parfois, Hella est toujours présente à son esprit.
Un roman troublant, non pas du fait du thème, mais surtout du fait du témoignage de la période. Un petit côté vieillot bien nostalgique dans la description des lieux, de l'époque, de l'ambiance. Et surtout dans la perception du poids des convenances.
Je ne sais pas comment ce livre fut reçu lors de sa parution. Il a certainement dû être montré du doigt, banni dans certains milieux bien pensants. Peut-être confidentiel, James Baldwin n'étant pas alors très connu..C'était l'un de ses premiers livres.
Si la confrontation culturelle ne posait pas de problème, il n'en était pas de même ce ce qui concerne l'identité sexuelle, les amours homosexuelles, même sincères.
"On a beaucoup écrit sur l'amour qui se transforme en haine, sur le coeur qui, avec la mort de l'amour, devient de la glace. C'est un processus remarquable. Considérablement plus terrible que tout de que j'avais lu sur le sujet, plus terrible que je ne saurais jamais le dire." (P. 222)
Lien : https://mesbelleslectures.co..
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Ce roman est paraît-il un sommet de la littérature homosexuelle. C'est surtout un sommet de la littérature tout court.
Certes le thème de l'amour entre hommes est superbement traité mais la force de l'auteur est d'avoir su exprimer la quasi impossibilité de la rencontre amoureuse, la peur d'être abandonné suscitant son corollaire : l'effroi de ne pouvoir donner assez, qui confronte à sa finitude et à son impuissance finale celui des deux qui peut-être aime moins, ou différemment.
Aragon le dit " Rien n'est jamais acquis à l'homme ni sa force ni sa faiblesse ni son coeur et quand il croit ouvrir ses bras son ombre est celle d'une croix ".
Et La Mort, réelle ou fantasmée, de suivre le cortège des amours inachevées...
Ce petit livre m'a beaucoup émue et je n'oublierai pas de sitôt David et Giovanni.
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La chambre de Giovanni (Giovanni's Room 1956) avait comme premier titre celui de One for My Baby, c'est un roman classique de la littérature gay et le deuxième roman de l'auteur, narré en mode flux de conscience par le protagoniste, David.

Un film court de 46 minutes, Giovanni's, a été tourné en 2020 par Amy Wright.

Ce livre a l'originalité de commencer l'action par la fin: David dans le sud de la France a abandonné son ami Giovanni. La fiancée de David, Hella, est retournée aux USA et Giovanni va mourir.,

David, le protagoniste, a perdu sa mère à l'âge de 5 ans et a été élevé par son père et une tante paternelle. Il aura une expérience homosexuelle avec un camarade de classe, expérience qui va le torturer et qu'il essaiera d'oublier et d'enterrer au plus profond de soi. Il va se déclarer hétérosexuel afin de rassurer son entourage et se rassurer lui même. Il partira à Paris afin de se retrouver, mais comme il est assez désargenté et esseulé, il va fréquenter des bars gays et faire certaines connaissances qui vont l'entraîner vers une homosexualité plus affichée.

Jacques, un homosexuel mûr et aisé va l'amener à fréquenter un bar où il fera la connaissance du barman, Giovanni, un jeune italien beau et ténébreux, pauvre, qui vit grâce à l'emploi accordé par le patron du bar, Guillaume, qui l'exploite sexuellement.

Giovanni est bisexuel, il a été marié et il tombera amoureux de David. Giovanni va l'héberger dans sa minuscule chambre, autant pour le sortir des griffes de Jacques que pour l'aider, car David n'a pas d'endroit à lui et il est perpétuellement à court d'argent. le couple connaitra des jours heureux bien que David soit fiancé à cette époque avec Hella, une jeune et énergique américaine qu'il a connu à Paris et qui revient d'un voyage d'Espagne.

C'est la chambre de Giovanni, sale et exiguë qui abritera leurs amours , car ils ne peuvent pas s'afficher trop ouvertement en dehors des quatre murs.

Au retour de Hella, David quitte Giovanni car il a trop peur d'assumer cette liaison et il veut se persuader qu'en épousant Hella il pourra faire face à ses démons et devenir le personnage que son père attend de lui.

Giovanni entre temps sera mis à la porte par son patron et restera à la merci d'une situation plutôt difficile bien que sa souffrance majeure soit l'abandon de David. Giovanni est immune à la honte qu'éprouve David, et c'est cette liberté morale qui lui fait sentir de la joie à aimer David.

David est en fait bisexuel, et ce roman est la dissection de sa honte, la honte est le sentiment qui prédomine tout le long du récit avec l'ambigüité, les paradoxes et les difficultés éprouvés par lui, tout ceci fait que son personnage est fuyant et peu empathique.

On note une certaine similitude entre le personnage de David et James Baldwin. Ce n'est pas vraiment un roman autobiographique non plus, mais il reflète bien le Paris de la post guerre que Baldwin a connu en 1948.

Un roman remarquable par l'élégance du ton, l'analyse des sentiments et la présentation de cet amour entre David et Giovanni, décrit de façon naturelle, ce qui lui donne une vraie valeur humaine.


Lien : https://pasiondelalectura.wo..
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Lorsque la porte de la chambre de Giovanni se referme comment ne pas penser au condamné à mort de Jean Genet ? «  On dit que la Guyane est une terre chaude. Il se peut qu'on s'évade en passant par le toit... ». Cette chambre deviendra pour le narrateur l'anti-chambre de sa vie.
Giovanni est beau, et c'est par ses mots, par cette langue particulière de James Baldwin que Giovanni devient tout au long du roman si tragiquement beau.
Splendeur et décadence d'un ange.
Giovanni est, tout simplement. le narrateur fut sans doute... , deviendra peut être....
Son errance identitaire, qu'il nomme voyage, fera sombrer dans son sillage tous ceux qui ont tenté de l'aimer.
La chambre de Giovanni : voilà la véritable scène du crime.
Se réfugiant derrière un choix qu'il croit possible , il ne réussit que très maladroitement à ne pas s'avouer que le seul mal dont il souffre et qu'il répand derrière lui n'est en fait que son incapacité d'aimer. Tout choix alors lui est dès le départ impossible. Comment peut on choisir entre deux êtres que l'on croit aimer alors que ces deux amours en fait n'existent pas.
Le mensonge de l'un génèrera la violence de l'ange. C'est beau, c'est magnifiquement écrit, une véritable tragédie.
En dormant sous les toits, il se peut que certains anges n'en réchappent pas. Peut être que la Guyane , en fait, n'existait pas...

La traduction d' Elisabeth Guinsbourg nous permet de découvrir ce Paris des années 50 sous les lumières particulières de Baldwin. Cela faisait vingt cinq ans que ce classique de la littérature afro américaine ne nous avait pas été présenté dans la langue de Carco.

Astrid SHRIQUI GARAIN
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Dans une prose saisissante, James Baldwin déroule une histoire inquiétante de lâcheté et d'auto-tromperie. À bien des égards, La Chambre de Giovanni, se lit comme une sorte de confession.
Ce court roman se déroule dans le Paris des années 1950, mais l'atmosphère de Paris rappelle davantage celle de Venise dans la Mort à Venise, que celles des romans de Modiano.

Même si le roman est assez séduisant, parlons un peu de «l'italienité» souvent hilarante de Giovanni. Dio mio ! C'est le genre d'italien tel que le décrivent les auteurs anglosaxons, le méditerranéen passionné classique qui dit qu'il veut retourner dans son village natal et y rester pour toujours, manger beaucoup de pâtes all'arrabiata et boire un blanc de Vénétie – surtout pas un sprizz honteux mélange aussi médiocre qu'Autrichien (ce mélange abracadabrantesque a été inventé par les officiers autrichiens du temps qu'ils occupaient la Vénétie).

C'est néanmoins une très belle oeuvre de fiction.

Penne all'arrabbiata Cuire les pâtes al dente dans l'eau salée bouillante, égoutter. Peler l'oignon et le hacher finement, presser l'ail. Épépiner les piments et les tailler en fines lanières. Peler les tomates et les couper en quatre. Ciseler le persil. Faire chauffer l'huile dans une casserole. Faire revenir oignon, ail et piments. Ajouter les tomates, faire revenir env. 10 minutes. Ajouter le persil et l'origan. Saler et poivrer la sauce, mélanger avec les penne bien chaudes. Présenter le fromage à part. Pour 4 personnes, il vous faudra: 500 g de penne rigate, 1 oignon, 2 gousses d'ail, 3 piments rouges assez forts, 750 g de tomates, persil, 2 cas huile olive, origan, poivre, pecorino ou grna rapé (parmesan).

Bon appétit, bonne lecture.

Lien : http://holophernes.over-blog..
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Escape room

Le désordre de la chambre de Giovanni, intemporelle figure d'amoureux transi et les désordres de l'amour. L'ordre et la morale, le coeur et ses soubresauts, les certitudes qui flanchent. Ici c'est l'histoire d'un impossible choix qui mène au pire.

Vous connaissez l'histoire : David, le narrateur vit une histoire d'amour aussi brève qu'intense avec le jeune et beau Giovanni. Une histoire d'amour homosexuel dans le Paris d'après-guerre… et puis dans les coulisses il y a Hella, la fiancée du narrateur, dont le retour, tel l'orage que l'on voit venir de loin, amorce la déchirure tragique.

Ce résumé ne dit rien de la complexité des situations et des sentiments telle que Baldwin la décrit, cette justesse, cette limpidité. L'équilibre parfait entre la narration des faits et l'introspection torturée du narrateur.

L'écriture est belle, élégante. Elle diffuse une ambiance lumineuse et virevoltante, mais fait aussi dans la pénombre ou le poisseux, elle distille ce qu'il faut de nostalgie, par ce temps merveilleusement distendu, entre les déambulations et les errements dans la ville et le confinement dans la chambre de Giovanni. C'est simplement très beau.

Traduit par Elisabeth Guinsbourg

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Il s'agit d'un récit à la première personne, fait par David, un jeune Américain venu en France dans les années 50. Il est à un tournant de sa vie, et nous la conte par petits bouts, tout au moins des éléments les plus significatifs. Son enfance, les relations difficiles avec son père, puis sa venue en France, et sa rencontre avec Giovanni, un jeune Italien, avec qui il va vivre une histoire d'amour, condamnée d'avance. Giovanni qui doit mourir, condamné pour meurtre.

Un très beau récit, très sobre, très limpide avec rien de trop, ni dans les faits racontés ni dans la forme. Une sorte de juste mesure dans les moyens utilisés par le romancier. Les commentaires du roman évoquent surtout la question de l'homosexualité refoulée du personnage principal, mais personnellement j'y ai plutôt vu le récit d'un homme qui a du mal à assumer ses sentiments, pour qui que ce soit, et qui se condamne ainsi à la solitude et aux regrets, par incapacité de dire aux gens ce qu'il ressent, et par une volonté d'éliminer ses attaches pour eux, par peur.

Un livre court mais très dense, qui me donne une grande envie de lire d'autres romans de son auteur.
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