AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
4,17

sur 289 notes
5
16 avis
4
16 avis
3
5 avis
2
0 avis
1
0 avis

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Entre deux lectures, du moment, tenter toujours d'en garder quelques-unes pour essayer de comprendre l'époque.

En piocher plusieurs dans les sélections de Céline, Nathalie, Léa ou Yann, et commencer par relire La prochaine fois, le feu, superbe essai de James Baldwin, traduit par Michel Sciama.

Se dire que oui, quand même, beaucoup de choses ont évolué depuis 1963, mais que le fond de la pensée émancipatrice de Baldwin reste d'une actualité frappante.

Tenter à son invitation de changer de focale : que l'on soit blanc pour s'extirper de sa position confortable, oser le discernement et se rappeler que l'histoire sur ce sujet n'explique rien et n'excuse rien ; ou que l'on soit noir pour arrêter de se positionner en fonction de l'autre, éviter les tentations de société parallèle ou de sortie par la violence.

Se souvenir des ravages historiquement causés par la religion en matière de ségrégation, prétendant offrir un salut, quand ce n'était qu'une nouvelle forme de soumission.

Être frappé - et encore plus à travers le prisme des événements récents - par cette conviction forte de Baldwin : la position de l'homme blanc n'a de tout temps été qu'une résultante de la peur et de l'incompréhension de l'homme noir.

Apprécier enfin la pédagogie de cet essai, la fougue passionnée de son auteur, la beauté de sa langue et de ses mots simples, sa lettre d'amour à son neveu, et l'utile préface de Christiane Taubira ajoutée à l'édition Folio.
Commenter  J’apprécie          393
Un petit livre percutant et nécessaire pour en apprendre plus sur une période récente de l'histoire des Etats-Unis tout en comprenant davantage celle d'aujourd'hui. Les qualités littéraires de l'ouvrage sont indéniables et les réflexions qu'il fait naître de salubrité publique. C'est malheureusement triste de découvrir que ce que dénonce James Baldwin peut toujours être perçu dans la société américaine actuelle.
Commenter  J’apprécie          90
L'auteur s'élève face au problèmes racistes de son pays. Il y raconte un peu de son enfance, un peu de son parcours, intellectuel, politique tout ce qui l'a amené à ce regard parfois acerbe mais au final plein d'humanité.
La condition du peuple noir aux USA est expliquée avec des yeux d'enfant, remplis de peur et d'incompréhension puis avec des yeux d'homme, changeants, tantôt colériques et révolutionnaires, tantôt pleins d'espoir et de pardon. L'écriture est belle, forte.
C'est un sujet qui reste d'actualité dans ce pays qui continue de tuer ces enfants noirs chaque année par centaines. le combat pour un changement de mentalité n'est pas prêt de se terminer, la plume de James Baldwin manque aujourd'hui plus que jamais.

C'est un superbe livre que je recommande vivement.
Commenter  J’apprécie          70

Un pamphlet qui permet de rentrer dans la pensée de l'oppression raciale américaine.

La lutte des noirs américains pour leurs droits et le racisme institutionnel sont des sujets qui déchaînent les passions. Et de passion cet essai n'en manque pas. Cependant, le propos est nuancé.
Baldwin parvient à mettre des mots sur l'indicible : les fondements de la ségrégation et l'aliénation religieuse.

C'est donc un livre vaut la peine d'être lu pour les réflexions qu'il suscite.
Commenter  J’apprécie          70
Vers la fin des années quatre-vingt, j'avais lu Harlem Quartet de James Baldwin, sans trop savoir qui était cet auteur et ce qu'il représentait pour la communauté noire US. Je ne me souviens guère ce que ça racontait et j'ai ignoré Baldwin jusqu'à aujourd'hui.
M'intéressant de plus en plus à la lutte pour les Droits Civiques en Amérique, je suis évidemment revenu vers James Baldwin. Et cet essai, présenté ici.
Il est écrit en 1963 et est un des livres fondateurs dans cette lutte. Non dans sa violence ou son appel à celle-ci, mais justement au contraire, dans sa justesse d'analyse et sa modération, sa recherche d'apaisement et de bon sens. Une sorte de MLK non doctrinaire.
Cet exercice n'est pas facile. le gentil James Baldwin se place entre la Nation of Islam et son leader emblématique Elijah Muhammad chez qui il prit le thé sans être convaincu par son combat, et les suprémacistes blancs de tout plumage. C'est dire s'il doit lui-même se battre et tenir un propos fort pour être audible...
Ce livre est bien plus qu'un simple appel à l'apaisement entre deux communautés. Il vaut tout autant par sa qualité d'écriture au service des idées. le style est parfois mordant dans sa démonstration des inégalités, mais les solutions qu'il propose ne le sont pas. C'est toute la finesse de James Baldwin et cet alliage de douceur et de fermeté fait la beauté de ce livre. Qui finalement est très particulier, car quand il s'agit d'un essai, habituellement, la beauté est rarement une qualité recherchée, voire obtenue. L'amour qu'il exprime pour la race noire est émouvant et sublime, tout en évitant le prosélytisme. On se sent tout petit en étant Blanc et en lisant ça.
Voici un passage, qui par sa densité, explique beaucoup de chose en peu de mots:
“Il faut beaucoup de souplesse spirituelle pour ne pas haïr celui qui vous hait et dont le pied écrase votre nuque, et de ne pas appeler vos enfants à le haïr exige une sensibilité et une charité encore plus miraculeuses.” Voilà un passage qui résume bien le propos de Baldwin dans ce livre et qui restitue la force de son style et de son pouvoir évocateur”

Baldwin a aussi cette belle humilité de nous parler de ses propres doutes, de ses propres errements quand il épousa assidûment la foi (l'église évangéliste) et qu'il tenta de trouver les réponses par ces voies-là. Il a le courage de présenter in fine sa propre conviction, exempte de toute obédience politique, religieuse ou sociale.

Ce livre est essentiel et son message n'ont pas pris une ride, tout est toujours d'actualité.
Devez-vous le lire? Oui si vous voulez connaître cet appel différent à l'égalité raciale aux Etats-Unis. Et rendu avec une plume superbe. C'est court, à peine cent-trente pages. Non si vous vous contentez de vous y intéresser à travers les médias main stream...
Commenter  J’apprécie          61
Regarder les choses en face. Se réveiller. Des solutions.
Ce livre de James Baldwin, non pas James X, Monsieur James Baldwin, date de 1962. Il est passé entre mes mains en 2021.
Devrait passer dans celles beaucoup, beaucoup d'autres. Presque un obligatoire, je dirais.

Commenter  J’apprécie          60
La prochaine fois le feu est un essai qui se lit d'une traite, comme on écoute un plaidoyer de cour. Comme un plaidoyer, et différemment de nombre d'essais, il fait appel au coeur du lecteur autant qu'à sa raison. Par sa structure, déjà: il faut en attendre le dernier tiers pour connaître la pensée de Baldwin, les deux premiers étant une description, à vrai dire bien plus : une autobiographie qui met le lecteur en état de comprendre sa pensée.
Par là, Baldwin est un auteur majeur, qui réussit à rendre universel son expérience tout en conservant l'humilité de ne parler que de ce qu'il a vécut en propre. Il nous rappelle discrètement qu'il n'oublie pas, et ne sous estime pas, le malheur des autres populations qu'on a catégorisées puis opprimées en Amérique, mais ne s'appesantit pas. La force de sa vision, sa conception de l'humanité qui renvoie la société blanche américaine à un infantilisme suffisent amplement à nourrir le texte, sans avoir besoin de masque.
C'est là tout le fond de la pensée de Baldwin : l'infantilisme des faux semblants. Ces faux semblants que les opprimés, les pauvres, les descendants d'esclave, n'ont pas les moyens de s'offrir. Ceci les faisant rester vivants, humains. Cette vision claire, sans concession, permet aussi à Baldwin d'échapper aux pièges que la société américaine avait engendrés à son époque : piège de la vengeance, piège du sectarisme, piège de l'acceptation profonde de l'idée de racisme et de ségrégation qui mène à croire nécessaire de vivre séparément de ses oppresseurs.
Tout ceci est concentré dans les 100 pages de la prochaine fois le feu, véritable miracle de littérature qui nous fait pénétrer dans l'état atroce de la société américaine, en tout cas de l'époque et sans doute pour partie d'aujourd'hui, et qui nous amène dans notre propre inhumanité quotidienne. Baldwin nous fait percevoir tout le chemin que nous avons nous aussi à parcourir, où que nous vivions et quelle que soit la couleur, l'origine, la vie ou que sais-je des gens qu'on catégorise nous même pour les opprimer, et c'est à dire dans la pensée de Baldwin, pour les oublier.

Commenter  J’apprécie          60
Un livre dont j'ai entendu parler à deux ou trois reprises ces derniers mois et que j'ai enfin pris la peine de lire. Je ne le regrette absolument pas, tant cette lecture a eu un effet coup de poing pour moi.

Dans une première courte lettre adressée à son neveu adolescent, puis une seconde lettre plus longue, l'écrivain noir américain James Baldwin évoque, au début des années 1960, la question raciale aux Etats-Unis. C'est passionnant, instructif, incisif, choquant, et cela fait forcément réfléchir l'homme blanc que je suis. C'est certainement l'une de mes lectures marquantes de l'année 2020.
Commenter  J’apprécie          40
Quelle puissance ! Quelle force ! Mais quelle tristesse aussi. Une lecture impressionnante mais aussi dérangeante sur les racines du racisme. Une mise en perspective étonnante pour un livre écrit il y a bien des années ! Certains parallèles sont parfois étonnants mais cela n𠆞nlève rien à la puissance de cet essai pourtant écrit de façon ciselée...
Commenter  J’apprécie          40
J'ai dû parcourir en temps limité la prochaine fois, le feu, mais suffisamment pour voir l'intérêt de cet essai.
Baldwin se fonde sur ses propres expériences et livre de belles analyses sur le comportement délinquant et l'aliénation de l'opprimé.
Le vol ? il dirait volontiers avec le neveu de Rameau de Diderot qu'il s'agit de « restitution ». Devant un ordre fondamentalement injuste, un comportement de resquilleur est une réaction saine. Baldwin le dit mieux que moi.
Le sentiment d'infériorité et les tabous à ne pas transgresser sont transmis par les paroles et les inflexions de la voix du père.
Citation : « Les domestiques noirs depuis des générations, emportent frauduleusement différentes bricoles des maisons des Blancs, et les Blancs s'en sont toujours hautement félicités, car ceci calme en eux un vague sentiment de culpabilité et témoigne de la supériorité intrinsèque de la race blanche.
[…] de toute façon, les Blancs qui avaient volé aux Noirs leur liberté, et à qui ce vol profitait à chaque instant de leur vie ne se trouvaient pas dans une position morale très forte. Ils avaient pour eux les juges, les jurys, les fusils de chasse, la loi, en un mot le pouvoir. Mais il s'agissait d'un pouvoir criminel, qu'il convenait non pas de respecter. »
James Baldwin examine aussi l'aliénation religieuse, (il fut pasteur quelques années), l'esprit de secte des black muslims, le message du jazz et la prétendue innocence de ceux qui profitent d'un ordre injuste tout en s'en lavant les mains.
Autant dire que ce livre vaut la peine d'être lu pour les réflexions qu'il suscite.
Commenter  J’apprécie          40




Lecteurs (941) Voir plus



Quiz Voir plus

Retrouvez le bon adjectif dans le titre - (5 - essais )

Roland Barthes : "Fragments d'un discours **** "

amoureux
positiviste
philosophique

20 questions
845 lecteurs ont répondu
Thèmes : essai , essai de société , essai philosophique , essai documentCréer un quiz sur ce livre

{* *}