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EAN : 9782234087934
Stock (19/02/2020)
3.69/5   54 notes
Résumé :
Entre 1979 et 1981, vingt-huit enfants, tous âgés entre 7 et 16 ans, tous noirs, tous issus de familles pauvres sont assassinés à Atlanta, Géorgie, dans le Sud profond des États-Unis.
En juin 1981, un Noir de 23 ans, Wayne Williams, est arrêté pour le meurtre de deux hommes. C’est le suspect idéal. Et c’est lui qui sera jugé, puis condamné à la prison à vie pour le meurtre des vingt-huit enfants, sans aucune preuve tangible. 
Quand James Baldwin, qui ... >Voir plus
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James Baldwin est une icône de la condition afro-américaine aux Etats-Unis, et il porte le drapeau, associé à celui de l'homosexualité, double peine dans cette nation aux idées corsetées dans des principes aliénants et iniques.

Dans ce récit, James Baldwin s'appuie sur une série de meurtres perpétrés sur des enfants et adolescents,, 28 en deux ans, et tous noirs. A la barre, un accusé idéal, noir, lui aussi, et reconnu coupables de deux meurtres, concernant des adultes. Dans la foulée, il fut aisé, en accumulant des indices ténus et discutables, de lui attribuer la responsabilité des meurtres d'enfants.


Le récit se décline comme une enquête policière, et analyse les arguments de l'accusation, qui a de plus pris appui sur des techniques récentes et révolutionnaires, comme la recherche des « fibres ». le juge avait un but : prouver par tous les moyens que Wayne Williams était l'auteur de tous ces meurtres, ce qu'il n'a jamais reconnu, et ceci quels que soient les arguments et preuves, parfois sidérantes, qui seraient utilisées.


A partir de cette affaire, l'auteur pose la question de la place des noirs dans son pays. En revenant sur les origines, l'histoire et les postulats sur lesquels s'est créée cette entité multiforme que sont les Etats-Unis. Il pointe aussi du doigt la responsabilité de l'économie et de la place prépondérante qu'elle a prise dans notre monde, qui ne voit que par la valeur marchande des biens, fussent-ils humains. Il refuse également la notion de couleur de peau qui est une aberration si on l'utilise pour créer des catégories humaines. A moins que la vraie raison soit ailleurs.

Un plaidoyer d 'une logique implacable, mais que pèse la logique dans une société qui se prosterne devant le dieu du commerce ?
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En l'espace de deux ans, environ, vingt-huit enfants dont l'âge varie de 7 ou 16 ans, ont été assassinés. le seul point commun : ils sont tous noirs, issus de familles pauvres. L'enquête piétine, on évoque au passage la main du Ku Klux Klan, dans cette ville du Sud, dont les dirigeants sont noirs. On n'envisage pas d'emblée que le tueur puisse être noir, jusqu'à ce que le FBI mette en évidence ce qu'il a appelé « un faisceau d'indices » et curieusement un homme noir est arrêté.

Mauvais endroit au mauvais moment ? il aurait été trouvé sur les lieux d'un des crimes mais pourquoi ? Tout ceci est un peu capillotracté car on va le juger en fait sur deux meurtres, en sous entendant qu'il est coupable des autres aussi, c'est tellement plus simple.

James Baldwin, appelé à se rendre à Atlanta va essayer de décortiquer l'histoire, en mettant en parallèle des notions fortes : les relations entre Blancs et Noirs, la déségrégation qui pour lui aurait été la solution plutôt que l'intégration. Il met en relation la pauvreté, qui est toujours dans les mêmes quartiers, et la manière dont ces enfants sont souvent dans la rue, car ils y sont mieux qu'à la maison, et non pour le plaisir de traîner la nuit.

Il pose la question de la culpabilité : est-on coupable d'office si l'on est noir ? est-ce que Wayne Williams est vraiment le meurtrier ou était-il temps de mettre un terme à ce drame pour calmer le jeu ? il est le coupable idéal car c'est un jeune homme peu agréable, arrogant, qui avait tendance à être violent avec ses parents : le mauvais garçon, qu'on n'a aucun scrupule à condamner d'office. (Même si d'autres meurtres ont été commis pendant son incarcération) …

Comment les jurés ont-ils peu le désigner coupable et le condamner sans véritable preuve ?Certes, je le répète, c'est le climat engendré par ces meurtres qui l'a conduit au banc des accusés. D'un point de vue judiciaire, il est accusé de deux assassinats. Et pourtant, il est présumé coupable de vingt-huit meurtres, pour lesquels il est jugé sans être inculpé !

James Baldwin revient, avec brio, sur l'esclavagisme, la manière dont s'est déroulée la période après l'abolition de l'esclavage, le poids de l'homme blanc dans l'exploitation des pauvres, les effets de la colonisation, la manière dont les différents présidents américains ont été élus, et sur quels critères, et surtout la manière dont ils ont envisagé le racisme et la lutte éventuelle à mener pour en venir à bout, dans ce pays où la violence est omniprésente et où les marchands d'armes sont tout puissants.

Il aborde aussi l'Afrique du Sud et l'Apartheid, et il n'aura pas eu la chance de connaître, de son vivant, Madiba président…

Autre question soulevée : les soldats noirs ont un comportement héroïque pendant les guerres, mais ils ne seront pas mieux considérés pour autant, ceci se retrouve aussi dans les guerres plus récentes (Afghanistan, Irak…) ils ont le droit de mourir en héros, mais s'ils reviennent ils doivent faire à nouveau profil bas, situation que l'on peut retrouver dans les pays colonisateurs.

Il évoque aussi la notion de communauté qui ne doit pas aboutir à une exclusion ou encore le fait que certains voudraient être des blancs et se comportent comme eux. Il compare aussi la situation à Harlem à celle d'Atlanta, rivant son clou au passage à « autant en emporte le vent » de Margaret Mitchell bien trop complaisante à ses yeux.

Il y a longtemps que je voulais me plonger dans un texte de James Baldwin et je n'ai pas été déçue du voyage, sa démonstration est brillante, même si elle ne peut rien changer au cours des choses, l'affaire étant considérée comme résolue. le raisonnement de l'auteur est brillant, même si on n'est pas toujours totalement en accord avec lui. Afin de ne pas trop divulgâcher, j'ai choisi de limiter ma chronique aux éléments du discours de l'auteur qui m'intéressaient le plus, mais il évoque beaucoup d'autres thèmes tout aussi passionnants les uns que les autres.

Un grand merci à NetGalley et aux éditions Stock qui m'ont permis de découvrir ce livre qui est toujours terriblement d'actualité et n'a pas pris une ride trente-cinq après avoir été publié pour la première fois. C'est le genre de livre qu'il faut déguster en prenant son temps et dont je pourrais parler pendant des heures, alors un conseil : si ce n'est pas déjà fait, lisez-le !
Lien : https://leslivresdeve.wordpr..
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Les faits, rapidement : Atlanta entre 1979 et 1981, au moins 28 enfants et adolescents de 7 à 17 ans sont assassinés, tous africain-américains. Pas de mobile apparent, pas de pistes, une enquête qui prend son temps avant de passer la seconde et finalement l'arrestation d'un certain Wayne Williams, 23 ans, peut-être coupable, peut-être pas mais qu'importe puisqu'il prend deux peines de perpétuité pour l'assassinat de deux adultes survenu dans la même période, n'écopant de rien pour les enfants tout en laissant planer une culpabilité qui ne fait de doute pour personne.

On voudrait accuser le racisme (et on aurait raison, les faits sont là) mais à l'instar de Reagan qui déclarait la « guerre à la drogue » quand on comprenait bien que le message sous-jacent était « guerre aux Noirs », Atlanta, ville du Sud, raciste et bigote a à cette époque un maire noir à sa tête, alors, du racisme ? Où ça ?
D'un autre côté, que Wayne Williams soit lui aussi Africain-américain peut-être considéré comme "normal". Pour Micki Pistorius, Robert Ressler, John Douglas et tous ceux qui se sont sérieusement penchés sur les meurtres en série, les serial killers dans leur grande majorité choisissent leurs victimes dans leur propre groupe ethnique.

Alors la discrimination et la haine dont cette affaire a pourtant toute l'apparence auraient pu passer sous les radars du racisme si James Baldwin ne s'était pas rendu lui-même sur place histoire d'y mener sa propre enquête et de nous livrer le résultat de ses recherches. Résultat sinistre mais malgré tout, tristement prévisible.
Donc malgré l'absence de preuves décisives et même si le tribunal ne le condamne pas pour le massacre des enfants, dans l'opinion publique, Wayne Williams est le seul et unique coupable. Fin de l'histoire.


James Baldwin à travers ce livre émettra d'emblée des doutes sur la culpabilité de Williams et si on accepte de s'y pencher un peu avec lui, vu comme cette affaire fût honteusement traitée, difficile de ne pas en avoir. Malgré cela, il n'exonèrera pas non plus Williams de toute accusation.
Peut-être Baldwin pensait-il en envisageant l'écriture de ce livre y mettre plus de sérieux que cette parodie de procès et donc réussir à trancher ce noeud gordien. Il n'en sera rien et ce qui devait être à la base un livre sur l'affaire en question va en profiter pour prendre d'autres directions, beaucoup d'autres.

Si, bien entendu, les meurtres d'Atlanta servent de fil rouge à cet essai, c'est avant tout d'Histoire, de société et de l'éternelle dichotomie Noirs-Blancs dont James Baldwin nous entretient en refaisant le chemin qui de petit bled bouseux a mené Atlanta à devenir la grande métropole qu'on sait, à l'intégration rendue impossible et au rêve américain qui s'apparente encore et toujours à un cauchemar pour les Noirs.
Deux ans d'assassinats sauvages, une arrestation quelque peu arbitraire et c'est toute l'histoire de l'Amérique qui se déroule pendant une parodie de procès dont on ne saura peut-être jamais si la culpabilité décrétée de Wayne Williams est avérée ou si ce pauvre gars "arrogant et mou" selon Baldwin s'est trouvé au mauvais endroit, au mauvais moment et surtout avec la mauvaise couleur de peau.

L'intérêt de ce livre est donc l'ingénieux entrelacement que tresse James Baldwin pour d'une part nous raconter l'affaire des meurtres d'Atlanta et d'autre part faire une critique virulente mais juste et justifiée de sa terre natale visant, au travers une écriture riche et incisive, à la dénonciation d'une société injuste et clivante, société qu'il ne connaissait que trop bien.
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Quelle claque !
En refermant ce livre j'ai l'impression de tenir entre les mains un révolver brûlant duquel s'échappe une trainée de fumée.

James Baldwin est envoyé dans le sud des États-Unis, à Atlanta, pour rédiger un article journalistique sur une série de meurtres. Il va faire bien plus, puisqu'il va mener sa propre enquête et réaliser une étude sociologique du présumé meurtrier et des différents protagonistes de son procès. C'est ce travail qui servira de base à cet essai.

Dès les premières lignes le ton est donné, Baldwin monte sur le ring, déterminé à mettre KO l'adversaire. Il fait preuve d'une telle éloquence que je n'ai pu m'empêcher de lire la majeure partie du livre à voix haute. le discours est rude, violent, les arguments sont affûtés, percutants, et chaque coup porté fait mouche.

C'est qu'il a de quoi être remonté car les incohérences sont nombreuses :
- une affaire qui malgré son ampleur reste inconnue du public, jusqu'à ce que l'association des familles de victimes alerte les médias
- un accusé officiellement inculpé pour le meurtre de deux adultes, mais officieusement présumé coupable (et jugé) pour le meurtre de vingt-huit enfants dont la série de meurtres précède celle des deux adultes
- une "série" de meurtres dont, hormis l'origine ethnique des victimes, personne ne sait dire quelles en sont ses caractéristiques, alors même que les causes de décès des victimes sont "diverses et variées"
- un verdict, "condamné pour un nombre indéterminé de victimes", qui ne satisfait personne

Le thème central de cet essai est bien entendu la condition de l'homme Noir aux États-Unis, mais avec le talent qu'est le sien Baldwin va bien plus loin et parvient à généraliser son propos. L'oppression des non-blancs par les blancs étant selon lui au coeur de l'histoire récente de l'humanité.

Tout y passe, il évoque ainsi Martin Luther King, Malcolm X, Nixon, Kennedy, le Ku Klux Klan... le colonialisme européen, l'esclavagisme, les afrikaners, le nazisme, l'extermination des indiens par les pionniers américains...

En bref, du grand Baldwin, un essai sociologique incontournable qui reste malheureusement d'actualité dans ces "États dits Unis" où les mentalités n'ont jamais su se défaire des fantômes du passé. Et où l'homme Noir doit lutter en permanence pour que ses droits soient reconnues et son intégrité préservée.
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James Baldwin a été, toute sa vie durant ,(il est mort en 1987) un ardent militant de la lutte pour les droits civiques, un opposant farouche au racisme anti-noir, il a lutté également pour la cause homosexuelle, c'était donc un homme de tous les combats que l'on qualifierait aujourd'hui de « progressistes ». « Meurtres à Atlanta » est son dernier livre paru en 1985, le titre original était « The evidence of things not seen » (« la preuve des choses non vues ») en référence à un extrait de l'Épître de Paul aux Hébreux. Dans cet essai, James Baldwin nous parle de l'affaire des meurtres d'Atlanta. Entre 1979 et 1981, vingt-huit enfants noirs furent retrouvés morts étranglés dans la ville d'Atlanta, aux États-Unis. Vingt-huit enfants, tous âgés entre 7 et 16 ans, tous noirs, tous issus de familles pauvres sont assassinés à Atlanta, Géorgie, dans le Sud profond des États-Unis. En juin 1981, un jeune homme noir, Wayne Williams, est arrêté pour le meurtre de deux hommes. C'est le suspect idéal. Il fût jugé et condamné à la prison à vie alors même que les preuves rassemblées pour démontrer sa culpabilité étaient infimes. Mais au delà de cette enquête, c'est la place de l'homme noir dans la société américaine qui est questionnée. Trente cinq ans ont passé et le mouvement “Black lives matter”, mouvement politique dans la communauté afro américaine qui milite contre le racisme qui sévit aujourd'hui encore contre les afro américain, poursuit ce combat anti-raciste. La mort de George Floyd rend ce livre incroyablement actuel car le racisme, décrit par James Baldwin, perdure malheureusement aux États-Unis. La question de cet essai n'est pas tant de savoir si Wayne Williams est coupable ou pas, mais il vise à questionner la place assignée par le peuple américain aux Noirs. C'est un texte fort, moderne, incisif, celui d'un homme révolté par les outrages subis par les hommes, femmes et enfants noirs pour leur couleur de peau. On ne peut qu'être touché par ce combat. La justice est questionnée, le système capitaliste libéral également. Je pense qu'il est utile de lire ce livre dont la réédition 35 ans après, correspond malheureusement à une réalité qui n'a que peu changé.

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Citations et extraits (36) Voir plus Ajouter une citation
Si « le travail honnête et la magie du marché » – pour reprendre l'expression de notre honorable président-magicien, M. Reagan – étaient vraiment créateurs d'abondance, les Noirs américains seraient aujourd'hui parmi les peuples les plus riches de l'histoire de l'espèce humaine. Le travail honnête et la magie du marché : cette formule résume, à vrai dire, avec une terrible précision l'histoire noire américaine. Elle est la clef de notre tragédie permanente. Oui, c'est bel et bien sur le marché que nous avons été débarqués à notre arrivée en Amérique. Et notre existence légale commence ici avec la signature de notre maître sur l'acte de vente de notre chair-marchandise. Il est vrai, bien sûr, que de nombreux individus à la peau claire venus d'Europe (et parmi eux sans doute des ancêtres de plusieurs de nos présidents) sont arrivés dans ce pays dans des conditions similaires ; naufragés, criminels et dames s'enfuyant à Salt Lake City pour se marier. Mais ceux-là ont réussi assez vite à devenir blancs. Ils ont vu, au premier coup d'oeil, ce qui les attendait s'ils ne devenaient pas blancs. Et ils ont compris, d'une façon très concrète, où se trouvait le bon côté du manche !
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Le monde se porterait à merveille si l'on supprimait toute publicité à la télévision. La pub à la télé a pour fonction de vous persuader que votre odeur (qu'on achète !), votre jean (qu'on achète !), vos cheveux (qu'on achète !), votre vin, votre whisky, votre Canada Dry, votre bourbon (qu'on achète !), votre Jaguar (qu'on achète !), votre diamant (qu'on achète, ça, c'est sûr), sans parler de votre dentifrice, de votre chewing-gum, de votre bière et de votre papier hygiénique (qu'on achète !), que toute cette pacotille fera de vous une créature sexuellement irrésistible. La pub est la racine même de ce que ce système, dont la vulgarité est sans bornes, appelle la pornographie. La pub est pornographique. Mais personne n'est prêt à s'en prendre à un marché qui brasse des milliards de dollars. Tout le monde a trop besoin de la poule aux oeufs d'or pour la tuer.
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Ni le temps, ni les hommes, ni même le pardon divin ne pourront effacer ce qui s'est passé en Allemagne. La rupture du contrat social qui s'y produisit restera à jamais comme un des moments les plus abominables de l'histoire de l'espèce humaine. Elle a sonné le glas de la prétention de la morale judéo-chrétienne à une quelconque authenticité. Elle marque la fin de l'autorité morale du monde occidental. Oui, croyez-moi. L'Occident comprenait parfaitement le besoin de Lebensraum du chancelier allemand. Ce n'est que lorsque l'espace vital de l'Allemagne commença à empiéter sur celui des autres nations occidentales qu'elles s'opposèrent à l'expansion du Troisième Reich. L'élimination des dissidents, les autodafés, l'incarcération et le massacre des Tsiganes – les seuls « Noirs » que les nazis avaient sous la main –, des homosexuels et des Juifs n'ont provoqué dans le monde civilisé qu'un déluge de larmes de crocodile et un réexamen des accords commerciaux. Quand, enfin, l'Occident entra en guerre contre le monstre qu'elle avait elle-même créé, ce fut par autodéfense et pour nulle autre raison.
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Ainsi, on trouve en Angleterre et en France, pour ne citer que ces deux pays, des colonialistes furieusement amers et qui ne se remettront jamais d'avoir été forcés de quitter le Kenya ou l'Algérie par exemple, rejetés par des peuples qu'ils prétendaient mépriser. Ils les méprisaient – et les méprisent encore – parce que seul le mépris pouvait justifier à leurs yeux les abus auxquels ils soumettaient ces êtres humains. Quelle vision effarante ces conquérants avaient de leur propre humanité et des possibilités humaines en général ! Qui a oublié comment l'Irlande fut violée et les Irlandais exterminés délibérément par la famine organisée afin que soient protégés les profits des marchands britanniques ? Cette civilisation a démontré qu'elle savait détruire les peuples plutôt que de les entendre, saccager les continents plutôt que d'en partager fraternellement les richesses. Elle est tout à fait capable de détruire la vie sur cette planète.
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La plupart des femmes réussissent fort brillamment à survivre sans se laisser enfermer dans les définitions d'autrui. Elles ignorent tout simplement les catégories dans lesquelles on voudrait les enfermer lorsque celles-ci sont susceptibles de les menacer. Ou bien encore, elles trouvent parfois même une façon de les tourner à leur avantage. Et cela, peut-être, parce qu'elles ne rêvent pas. Mais les hommes ne sont pas aussi flexibles ou subtils. Un homme doit se battre pour sa virilité : c'est le minimum en deçà duquel il n'existe pas. C'est que l'homme ne dispose tout simplement pas des armes féminines. La mère doit nourrir ses enfants – c'est son minimum à elle. Et on peut dire qu'à un certain niveau elle ne peut se permettre de lésiner sur les moyens d'accomplir cette tâche. Mais lorsqu'un homme ne peut nourrir sa femme et ses enfants, il trouve impossible de se présenter, littéralement, devant eux. Comme le dit la chanson :

« Quand une femme a le blues, bon Dieu
Elle baisse la tête et ses larmes coulent
Mais quand un homme a le blues, bon Dieu
Il attrape le premier train qui roule. »
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Videos de James Baldwin (33) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de James Baldwin
Spécial centenaire de l'écrivain humaniste James Baldwin - Interview courte mais remarquable de James Baldwin pour Champs Libre 30 novembre 1963
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