Il y a longtemps que l'anglais est devenu notre langue internationale. Lorsque j'ai rédigé mon premier article, le "Journal de Physique" exigeait un résumé en français si on publiait en anglais. En 1994, quelques homme politiques arc-boutés sur la défense de la langue française ironisaient sur ces chercheurs fonctionnaires qui parlaient anglais "pour faire chic". Le ministre Jacques Toubon fit donc adopter un loi qui tentait d'interdire à des chercheurs financés sur fonds publics de s'exprimer autrement qu'en français. Et comment faisait-il, lui, dans ses réunions à trente-deux pays parlant vingt-cinq langues différentes? Peut-être croyait-il que nous allions embaucher des interprètes en vingt-cinq langues à chacune de nos conférences? Nous avons besoin de nous comprendre vite d'un continent à l'autre si nous voulons gagner quelques étapes dans cette grande course. A moins de préférer rester en queue de peloton, "bien au chaud' comme devait le dire le président Sarkozy dans un autre contexte. Décidément, certains hommes politiques ne nous comprennent pas, même lorsque nous parlons français. A l'époque, j'avais suggéré de faire le contraire, d'encourager les chercheurs français à pratiquer l'anglais afin de mieux attirer des étrangers en France par la qualité de leurs travaux et, là, de leur donner envie d'apprendre le français. Je n'avais pas convaincu grand monde, mais j'ai appliqué ma méthode et tous mes visiteurs étrangers ont appris le français. En fait, la loi Toubon n'a jamais été appliquée.
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