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On peut dire d'une jolie dame quelle est bien carrossée ou bien qu'elle possède un beau châssis. La voiture (comme la moto plus longtemps) fut l'objet d'un Grand amour de la part des hommes virils. Même le scooter ne soulève plus grand-chose chez la "jante" masculine actuelle.
Il y a quarante ans la voiture était encore un objet symboliquement érotique qui gênerait une relation plus que symboliquement amoureuse et érotique. Qui "matou" l'air au passage d'être un élan de narcissisme projeté ?
C'est fou tout ce que ces forces virile de la nature pouvaient fabriquer dans leur voiture adorée. Cette brève exploration de l'histoire des mentalités permet de comprendre que très effrontément Ballard propose de s'imaginer que tout à chacun dans le cadre accident ,peut vivre un coït autour de sa voiture dans le cadre d'une perspective dramatiquement sensuelle. Dans ce texte la problématique de l'accident automobile et celle de l'accidenté est une sorte d'aphrodisiaque avouons-le. Personnellement dans ce texte outré et radicalement intellectuel ,j'aime principalement le Béton qui fait l'univers splendidement autour de la route exactement comme le limon fait l'homme. L'univers exprime très fort une vacuité qui caractérise cet environnement d'échangeurs routiers.
Ce roman à thèse ,examine la naissance d'un fétichisme sexuel spécifique et il étudie finement les processus par lesquels l'addiction s'installe et s'étend. L'étude des comportements d'addiction est un thème de ce roman et elle conserve objectivement un grand intérêt actuel parfaitement édifiant .
Malgré de très considérables qualités concernant le rythme , la caractérisation , les procédés narratifs , le ton que l'auteur utilise pour décrire et animer la thématique du fétichisme sexuel est quand même excessivement outrée . Ce n'est pas choquant en fait et je ne porte pas de jugement de valeur, mais la forme est ici un peu trop grandiloquente et excessive pour un lectorat actuel. Elle est le reflet, du besoin intense de libération de la parole autour de la sexualité.
Ce travail est à mon humble avis à prendre comme le témoignage d'une époque où les contraintes sociales poussaient les auteurs comme leur public à se retrancher dans une fantasmatique extrême. Extrême sur le plan de la thématique et sur celui de la tonalité générale du langage employé. Lui-même le résultat d'une liberté d'expression corsetée , si j'ose dire (sourires) .
Un morceau de bravoure au moment de sa parution et plus qu'il ne bénéficie de ce salutaire élan ce texte pâtit à mon humble avis de l'énorme besoin de liberté qui planait sur l'époque révolue et conquérante de sa conception .
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Compteur, vinyle, pétrole, carrosserie, moteur, cristal, chrome. Chaque mot de ce roman devient érotique. Sperme, désir, dent, aréole, courbure, blessure, plaie, cicatrice. Chaque attaque de la chair par le métal signe la victoire de l'homme. Les fusées, les avions et les automobiles pourront bien fondre sur nous dans l'espoir de nous réduire en monceaux de tripes écrasées et de visages défigurés, elles ne disposent pas de ce désir ardent qui aide l'homme à se composer un avenir toujours triomphant malgré les blessures infligées.


La déviance n'est pas une perversité gratuite, c'est ici le don des survivants offert à ceux que le progrès et la vitesse ont trompés sans merci.


« A l'aide de nos cicatrices, nous avons célébré la renaissance des massacrés de la route, la mort et les blessures de tous ceux que nous avions vus agoniser sur un bas-côté, les lésions fictives et les attitudes des millions qui mourraient encore. »
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Je m'étais toujours demandé pourquoi je n'avais pas aimé (et c'est un euphémisme) le film Crash, adaptation ciné par David Cronenberg qui est pourtant l'un de mes réalisateurs préférés, et, accessoirement, l'un de ses films les plus appréciés. Je m'étais alors promis que, si le livre de J. G. Ballard croisait ma route, je ferais l'effort de le lire, pour me faire un avis définitif. Et il était disponible à la médiathèque...

Afin de rester un minimum posititve, je commencerais par ce qui m'a plu dans ce bouquin :
Déjà le fait de ne pas l'avoir payé, mais emprunté, et surtout la vitesse à laquelle il se lit (sinon, je pense que, vu l'ennui qu'il a suscité en moi, je l'aurais abandonné en route). D'un point de vu plus littéraire, le style d'écriture est net et incisif, il ne m'a, moi, pas spécialement plu, mais je reconnais là un certain talent. Quand au seul élément de "l'histoire" qui m'ait quelque peu interpellé c'est la relation froide, perverse mais pas dénuée d'amour qui lie Ballard à sa femme. Pour ceux qui ont vu le film Cosmopolis (encore de Cronenberg), Catherine n'a cessé de me rappeler la jeune épouse d'Eric Packer, le golden boy. Elle forme un personnage assez flou, evanescent, qui contrebalance plutôt efficacement la nervosité ou la fougue de Ballard, Vaughan et les autres.

Pour le reste, on ne peut parler de déception, car il est vrai que je n'attendais pas grand chose de Crash, mais le constat est sans appel : Il n'est rien que l'on peut reprocher à Cronenberg tant son adaptation est fidèle à l'oeuvre littéraire dont il s'inspire, c'est donc vraiment le fond, le "thème" qui me laisse de marbre.

Je suis peut-être complètement passée à côté, lisant de-ci de-là des critiques plutôt dithyrambiques de ce livre "subversif", un livre à "l'originalité stupéfiante"... Il n'en reste pas moins que pour moi, on frôle l'overdose avec des scènes érotico-pornographiques toutes les trois pages, la manie du personnage principal à voir du sexe dans chaque geste, chaque être, chaque machine... Je n'ai jamais lu autant de fois en si peu de pages les mots "verge, sperme, semence, pubis, toison" et c'est bien beau de parler de cul, encore faut-il savoir le faire et y donner un sens, ce qui pour moi n'est pas le cas ici. Je n'ai pas réussi à trouver d'intérêt, de but à ce qui reste pour moi un récit sans queue ni tête (aucun mauvais jeu de mot) où ce qui transparaît finalement le plus est la volonté de faire quelque chose de "trop rebelle-lisez-moi-soyez choqués" de l'auteur. Car autant l'attrait sensuel/sexuel provoqué par des cicatrices, blessures ou autres n'est pas dénué d'intérêt, l'attirance pour le monstrueux n'étant pas un fait nouveau ou dénué de crédibilité, mais les bagnoles ?? Vous vous mettez à frétiller devant des jantes alu ou un tableau de bord en simili-cuir vous ?? J'ai surtout eu l'impression que Ballard se foutait ouvertement de ma gueule.

Pour conclure, ce qui a fini de m'agacer, sur la quatrième de couverture :

"Ce roman vous force à assumer des fantasmes que vous ignoriez être les vôtres" David Cronenberg.

Ou comment de manière sous-jacente nous faire comprendre que, si l'on n'a pas apprécié ce livre c'est surement notre (très) grande faute à nous, lecteurs coincés ou refusant d'admettre nos "fantasmes" malsains, et surement pas à l'oeuvre en elle-même qui, au final, se contente de nous balancer du sexe à tire-larigot, comme à peu près les 3/4 des oeuvres se voulant subversives aujourd'hui.
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Lecture à peine finie. j'avais vu le film de Cronenberg (réalisateur que j'adore) il y a quelques années.

J'ai beaucoup aimé le film, j'ai énormément aimé le livre.
Etant particulièrement fan des récits traitant des déviances psychologiques, souvent générées par des traumatismes on peut dire qu'avant même de commencer j'étais un client adapté à ce type d'histoire.

C'est brut, direct, cru par moments, il ne faut pas le nier et il faut même prévenir que la part de glauque peut vraiment décontenancer un lecteur qui ne serait pas informé. J'ai un peu pensé à du Burroughs dans la description des personnages et ce style si direct et acéré de l'écriture.
Il demeure une violence, une lourdeur brutale dans le récit, je n'ai jamais été à l'aise mais je n'ai pu m'empêcher de lire, comme justement cette sorte de curiosité un peu malsaine que je n'ai pourtant pas habituellement mais qui pousse les automobilistes à s'arrêter pour regarder l'accident.

Cela pousse à la réflexion sur les causes qui nous déterminent suite à un choc, les modifications de nos comportements, de nos envies. j'ai beaucoup beaucoup aimé.
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Une descente jusqu'au boutiste des fantasmes de violences automobiles dans la fétichisation de l'accident. Des corps et du métal, de la tôle et des plaies, du sexe et des fluides divers

Un livre absolu. Mais finalement, j'ai quand même trouvé ça un peu lassant, comme un exercice de style à l'exécution parfaite
Lien : https://www.noid.ch/crash/
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Crash, boum, hue !
Se plonger aujourd'hui dans « Crash » (1973) de James Graham Ballard (1930-2009) des années après le rush branché survenu à la sortie du film de Cronenberg (1996) permet de mesurer avec recul la richesse et la pertinence de la vision de l'auteur. Quand les sensations supplantent les sentiments, que reste-t-il à l'homme pour réaliser sa vie sinon une course-poursuite morbide, une accélération à la surface des choses toujours plus vaine et stérile ? Jouir, oui, encore et toujours, davantage mais de quoi, pourquoi et comment ? le narrateur porte le patronyme de l'auteur, James Ballard. Sa fascination pour Vaughan, homme hanté par la technologie et la violence, le pousse toujours plus loin vers « l'érotisme pervers de l'accident, douloureux comme l'extraction d'un organe à travers une incision chirurgicale ». Vaughan meurt dans un crash d'entrée de jeu et Ballard se remémore sa rencontre avec Vaughan, son propre accident, ses perversions sexuelles. L'histoire s'écoule telle une pâte fluide, sans bouchon ni caillot. Les phrases sont comme une logorrhée émolliente ; elles disent l'horreur et le carnage sans hausser le ton, le tout allant de soi. Ballard se voit toujours de l'extérieur. Sa souffrance ou sa jouissance ne semble pas lui appartenir réellement. Il est son propre cobaye. Il s'observe sans aucune complaisance, avec un regard clinique. Son intimité est mise à nu, exposée sans fard, disséquée au scalpel : « L'accident était la seule expérience réelle que j'eusse connue depuis des années. Je me trouvais pour la première fois confronté à mon propre corps, inépuisable encyclopédie de douleurs et de déjections… ». le lecteur se fait voyeur malgré lui, à travers le regard du narrateur. L'accident automobile, son cortège de mort et de mutilation, exerce une fascination malsaine. On est enfermé dans un environnement technologique, artificiel, ritualisé et clos sur lui-même où les états d'âme n'existent pas. « Crash » débute la trilogie de béton qui se poursuit avec « L'île de béton » et « I.G.H. ». Les éditions Gallimard ont publié un emboîtage cartonné qui comprend le film de Cronenberg, une brochure de présentation ainsi que le roman de Ballard, le tout dans la collection Folio cinéma. Lire le roman et visionner le film en même temps permet de mesurer les écarts, les pertes, les ratés ou les enrichissements de part et d'autre. le film apparaît alors outré, à côté de la plaque (en métal chromé). Les scènes de sexe et de fantasme sont vides, déconnectées, laissant les acteurs et le spectateur tout pantois d'indifférence. La musique et la photographie pourtant travaillées et adaptées au climat du roman ne prennent pas et n'insufflent rien au film. Quelle « mouche » a bien pu piquer Cronenberg pour transformer une oeuvre intelligente et sophistiquée en un plat de nouilles à l'eau ? Dommage ! L'écrit peut s'avérer bien plus fort que l'image : la preuve par quatre ici.
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Crash de J. G. Ballard est un roman de science-fiction qui décrit un réel hypertrophié et excessif. L'auteur y interroge les relations entre l'être humain et les machines à travers un personnage narrateur attiré sexuellement par les accidents de la route et les blessures qu'ils engendrent. Lui-même blessé lors d'un carambolage, il se met à fréquenter Vaughan, qui l'initie aux manières de lier la sexualité à la violence des accidents automobiles au sein d'un groupe d'individus dont la sexualité a été transcendée par leurs accidents.
Les descriptions des corps meurtris sont chargées de détails macabres, donnés sur un ton neutre qui marque la fascination froide du narrateur pour la violence qu'il observe et érotise.
Crash est un roman qui ne vous laissera pas indifférent, et que je vous recommande !
Chronique complète et détaillée sur le blog.
Lien : https://leschroniquesduchron..
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Je n'ai pas accroché du tout à ce livre de Ballard, au contraire de ses "vrais" livres de science-fiction (la forêt de cristal, le monde englouti ...) ou de son magnifique livre-souvenir (empire du soleil). Cet exercice de style sur le concept bagnole/accident/fluides divers/sexe m'a totalement échappé: un livre pas fait pour moi.
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Adapté aux besoins de la voiture, le monde n'est plus qu'un réseau complexe d'asphalte et d'acier. Les voitures sont partout. Solitaires en bas d'un immeuble, leurs capots glacés réfléchissant la lumière d'un lampadaire, ou bien par milliers, alignées le long des axes routiers, fonçant, zigzaguant, dans les entrelacs d'échangeurs, de toboggans et ronds-points, offrant leurs tôles brûlantes au soleil des parkings de centres commerciaux ou d'aéroports.

Dans cet univers de béton, un groupe de rescapés de la route est entraîné par un scientifique couvert de cicatrices. Ensemble, ces balafrés de la vie développeront une obsession sexuelle morbide pour les accidents de voitures.

Crash ! est un grand tumulte. Une course à cent à l'heure sur l'autoroute, un mélange de sperme, de sang, de siège en cuir et de tôle froissée. Sur ce point le roman est d'une maîtrise stylistique parfaite. Il rend cette impression de s'écraser dans un carambolage en plein coït. Renversé sur le toit, dans un vacarme assourdissant, des étincelles jaillissant au milieu des bris de verre et des grincements du métal sur le goudron.
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James le narrateur survit à un accident de voiture durant lequel il tue une homme. Né alors un fantasme de fusion avec la tôle froissée des véhicules accidentés, l'ultime acte sexuel étant l'accident frontal. A sa sortie de l'hôpital il refait sans cesse compulsivement le trajet de son accident, prés d'un échangeur d'autoroute à cotés d'un aéroport londonien (lieux de quasi toute l'intrigue). Au départ il se contente de tromper sa femme avec la veuve également survivante du crash, dans la même voiture, prés des lieux de l'accident. Puis à l'occasion de la reconstitution d'un accident spectaculaire, il fait la rencontre de Vaughan, qui le suis et le photographie depuis sa convalescence. Commence alors à se former un club de fétichistes d'accident de voitures, montant méthodiquement le projet d'un accident paroxystique. Vaughan a perfectionné ce vice dans des pratiques aussi frénétiques que transcendantales.

Ce livre est carrément pornographique, James semble assez troublé dans un premier temps par ses nouveaux kinks pour ensuite avec Vaughan en devenir un adepte fasciné, à la recherche d'un absolu esthétique et mystique.
La morale et la nature sont absentes, on est dans la fusion de la sexualité et de la technologie. Cette perversion ultime traduit pour moi parfaitement la fascination pour l'univers automobile et la violence inhérente à l'hubris de la vitesse, symptomatique du monde contemporain (et en particulier des hommes).
Le monde est réduit à une boucle qui fait le tour d'un aéroport, il n'y a que du béton du bitume et des carrosserie qui sont là pour transformer des corps indemnes et baignés d'ennui en interfaces bardées de cicatrices, jouissantes et suicidaires. La répétition des scènes de sexe, de description de carrefour embouteillé et de véhicules accidentés créée un effet insoutenable d'érotisme et de malaise.

La trilogie du béton, dont "crash!" est le premier opus, semble illustrer à merveille cette citation de W. Benjamin :
"L'humanité est devenue assez étrangère à elle-même pour réussir à vivre sa propre destruction comme une jouissance esthétique de premier ordre."
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