Roman autobiographique,
Empire du soleil, plonge le lecteur dans la ville de Sanghai, aux heures de l'occupation nippone, durant la guerre Sino-Japonaise qui s'inscrit dans le second conflit mondial.
Le roman s'ouvre à la veille de l'attaque surprise de Pearl Harbor, dans cette ville particulièrement marquée par son passé colonial, où les occidentaux vivent, privilégiés et coupés du monde, répartis entre la concession française et la colonie internationale, dans une ville irriguée par le flux incessant des pousse-pousse, des péditaxis, des soldats désoeuvrés de l'armée fantoche chinoise, des véhicules blindés des troupes d'occupations, des paysans affamés réduits à la mendicité, des coolies surchargés de ballots en tous genres. Jim, est un enfant de 11 ans, britannique par ses parents mais natif de cette ville surpeuplée et dangereuse pour les petits occidentaux, qui a toujours vécu dans une atmosphère de conflit armé, passionné par l'aviation de guerre, et qui porte une admiration juvénile pour le stoïcisme et la bravoure des troupes japonaises. Mais lorsque le pays du soleil levant déclare la guerre aux alliés en bombardant les troupes américaines basées dans le pacifique et, dans le port de Sanghai, la marine britannique, son destin bascule, et pour cet enfant qui joue à la guerre, le monde adulte rentre en collision avec tout ce monde onirique pour le vieillir prématurément. Séparé de ses parents dans la confusion et le chaos de cette mégalopole grouillante et menaçante, gardé dans un hôpital, puis dans deux camps de détentions successifs, où sévissent dysenterie, typhoïde, béribéri, malaria et autres fièvres malignes, malnutrition et calamité du même tonneau, Jim saura faire preuve d'un courage, d'un instinct de survie et d'une débrouillardise remarquable. Environné de partout d'un climat hostile, rejeté par les adultes lorsqu'ils ne cherchent pas tout simplement à s'en faire un factotum facilement corvéable, Jim est doué de ressources intérieures étonnantes, qui lui permettent en général de mieux s'adapter aux conditions inhumaines que les adultes, en restant toujours comme en partie étranger, suspendu entre l'enfance et la maturité, entre la naïveté, le rêve et les aspirations de son âge et l'impérieuse nécessité qui commande à cet être sans appui la ruse et l'intelligence pour sa survie.
Le roman ménage des éclaircies de poésie dans un maelström de dureté et de privation. Avec l'ironie discrète d'un narrateur omniscient,
J.G. Ballard, sait rendre particulièrement attachant son personnage, mélange d'ingénuité et de roublardise, pour faire de ce roman un grand moment de la littérature de guerre.