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EAN : 9782253023111
318 pages
Le Livre de Poche (30/11/-1)
4.01/5   83 notes
Résumé :
Vermilion Sands, a écrit J. G. Ballard, c'est la banlieue exotique de mon esprit.
Désert, mer de sable, lacs fossiles, récifs de quartz. Paysage abstrait semblable à ceux peints par Dali ou Max Ernst.
Vermilion Sands est une bizarre station balnéaire auprès d'un océan de sable. Avec son mal des plages, sa mélancolie d'arrière-saison. Avec ses milliardaires excentriques, ses artistes désœuvrés, ses belles et riches héritières désaxées, trompa... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (9) Voir plus Ajouter une critique
Dans Vermilion Sands, j'ai retrouvé la plume féérique du Ballard du Rêveur illimité.


Les 9 nouvelles du recueil, sises dans la ville ou aux abords de Vermilion Sands, prennent pour objets d'étonnantes oeuvres d'art (sculptures qui chantent ou poussent, nuages qui grâce à d'habiles planeurs deviennent portraits ou vanités), des technologies paraissant être le fruit d'enchantements (machine à taper des vers parfaits rendant obsolètes les poètes, maisons ou vêtements gardant le souvenir de leur propriétaire), ou des particularités de la faune et de la flore locales (raies des sables volantes, océan de sable sur lequel vogue toute une flotte de navires, fleurs chantant l'opéra). Ballard, qui telle une bonne fée donne vie et âme à l'inanimé comme au végétal, mêle ici le merveilleux à la science-fiction pour engendrer un univers utopique et onirique marqué par une beauté jamais exempte d'une certaine noirceur. Un idéal tout d'étrangeté et parfois cruel se dessine à travers ces contes dans lesquels riches héritières, actrices, chanteuses et artistes remplacent princes et princesses ; dans lesquels les couleurs, les rouges et les ocres, le soleil du désert éclatent ; les formes, les constructions refusent de demeurer statiques ; les musiques jaillissent de toutes parts, jusqu'à la cacophonie.

Vermilion Sands m'est apparu autant comme une réflexion sur le potentiel illimité de la création artistique que comme l'image d'un futur idéal dans lequel les technologies, à force d'extrême sensibilité, s'humanisent, à l'instar de ces vêtements traumatisés par le meurtre de leur porteur. Mais avant toute chose, l'univers comme l'écriture en sont simplement beaux, foisonnants, brillants, sans cesse surprenants. C'est émerveillé que l'on referme l'ouvrage.

Lien : https://mahautdavenel.wordpr..
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« Prima Belladona » – JG Ballard – dans le recueil Vermilion Sands 1956
Vermilion Sands est un lieu de villégiature estivale d'une colonie de riches oisifs. La station balnéaire semble émerger des oeuvres conjointes de Salvador Dali et de Frank Lloyd Wright, comme un rêve éveillé marqué par diverses névroses et une lassitude balnéaire provoquée par des bains de soleil répétés.
Dans ce creuset où l'extraordinaire paraît banal et l'ordinaire se teinte d'excentricité, il n'est pas rare de croiser des sculpteurs de nuages à l'oeuvre sur le bord de l'autoroute, en quête d'un éventuel mécène, ou d'entendre les chants stridents, quasi hypnotiques, des sculptures soniques proliférant comme du chiendent dans les récifs de sable. On peut y acquérir des fleurs douées pour l'art lyrique ou une garde-robe complète confectionnée en biotextile dont l'étoffe vivante chatoie sans cesse au point d'ouvrir les portes de la perception.
Lorsque Jane Ciraclyde arrive à Vermillion Sands, Steeve, le propriétaire de la boutique Parker's Chloroflora qui produit des fleurs chantantes et ses deux amis Harry et Tony sont subjugués. Alors qu'ils boivent de la bière sur leur balcon en admirant cette créature irréelle, presque mutante, à la peau dorée et aux yeux en forme d'insectes, qui évolue presque nue dans l'appartement d'en face, il se produit un incident curieux : un chant dont les fréquences atteignent l'inaudible perturbe l'atmosphère tandis que Harry et Tony se lèvent de leur chaise en hurlant. « Attention à toi ! » et Tony brise la plaque de verre de la table basse avec une chaise. « Mais qu'était-ce ? » demande Steeve. « Tu ne l'as donc pas vu ? Il était à dix centimètres de toi. Un scorpion, aussi gros qu'un homard. Il devait être sonique. On n'entend plus rien. »
Le lendemain, dans sa boutique, Steeve accorde une orchidée très particulière, l'Arachnide-Khan, avec une lampe à ultraviolets. Celui-ci, très rare en captivité ne chante pas vraiment, mais lui sert à harmoniser toutes les autres plantes. L'Arachnide est de mauvaise humeur et c'est la cacophonie autour de lui. Et puis tout s'apaise en un murmure serein. Jane vient d'entrer dans le magasin. À son contact, les plantes semblent charmées, fascinées et produisent instantanément des sons mélodieux... et voilà même que l'arachnide se met à chanter ! Mais là, c'est une autre histoire. le spectacle de Jane et de l'orchidée qui se font face, aussi enflammées l'une que l'autre effraye à ce point Steeve qu'il va aussitôt couper l'alimentation des plantes en argon. Jane veut acheter l'orchidée quel qu'en soit son prix, mais Steeve refuse. Jane l'invite alors à voir son concert, le soir, au casino.
Ce fameux concert procure à tout Vermilion Sands des visions extraordinaires, mais Steeve y est peu sensible. Habitué au chant des fleurs, il se dit juste qu'il sait d'où vient le scorpion sur son balcon.
Jane s'entiche de Steeve au point de passer presque tout son temps avec lui. Et puis un soir, alors qu'elle doit être en train de chanter au casino, il entend de la musique dans sa boutique. Lorsqu'il entre, l'arachnide, enragé, s'est arraché de son pot et a triplé de volume pendant que Jane chante en face de lui. le lendemain, l'arachnide est mort et Jane a déserté les lieux.
Vermilion Sands apparaît bien comme un décor dont l'apparence idyllique masque une nature plus anxiogène. Un décor dont les ors se ternissent et les couleurs gaies se craquèlent. le reflet d'une période faste en train de s'achever. Une pantomime où les relations d'amitié s'avèrent superficielles et sans lendemain, où l'amour tient davantage de la prédation que de la communion. CB

Extrait d'un article paru dans Gandahar 5 Intelligence végétale en décembre 2015




Lien : https://www.gandahar.net
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On pourrait facilement se perdre, définitivement, dans cet intervalle temporel, dans la station balnéaire de Vermilion Sands, villégiature au milieu des dunes plongée en léthargie, autrefois fréquentée par des cinéastes d'avant-garde et des excentriques cosmopolites, séjournant dans des résidences désertées qui s'affaissent aujourd'hui dans les sables.

Dans ces récits hypnotiques, des femmes passent comme des comètes, des femmes aux noms hollywoodiens bizarrement désuets, à la chevelure bleue, cerise ou corail, silhouettes dorées ou spectrales mais toujours fatales, visages mangés par des yeux de diamant, femmes aperçues au creux de la banquette d'une Rolls ou d'une grande Cadillac, êtres dévorés par l'ennui, le narcissisme et la culpabilité, endeuillés par des traumatismes en suspens, tandis que des troupes de raies des sables tournoient dans le ciel comme des nuages menaçants.

Il n'y a plus de livres ou de poèmes à écrire, plus de tableaux à peindre, plus de musique à composer, tout est désormais mécanisé. Mais les oeuvres, les objets, tout comme les animaux, les plantes, les maisons, portent en germe la rébellion contre le façonnement, la marchandisation, la répétition imposée par la mécanisation, contre le trop plein d'émotions et les névroses.

Dans ce décor désaffecté aux couchers de soleil crépusculaires, on assiste, fasciné, à la collision du futur avec le passé. Lire Vermilion Sands, c'est comme voir un rêve et entendre sa musique, c'est un envoûtement.

« La plupart d'entre nous souffraient, à des degrés divers, de lassitude balnéaire, malaise chronique qui exile ses victimes dans un trouble nirvâna de bains de soleil interminables, de lunettes noires et d'après-midi sur les terrasses. » (Numéro 5, Les Étoiles)

« La femme allait et venait dans son salon, changeant les meubles de place, presque nue à l'exception d'un grand chapeau en métal. Même dans la pénombre, les lignes sinueuses de ses cuisses et de ses épaules avaient un reflet doré scintillant. C'était la lumière incarnée des galaxies. Vermilion Sands n'avait jamais rien vu de pareil. » (Prima Belladonna)
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Un recueil centré sur Vermilion Sands, une station balnéaire, pendant l'Intercalaire, un temps suspendu, chômé, où seul les loisirs comptent. Une sorte d'utopie où les raies des sables volent dans le ciel et où l'on peut sculpter les nuages. Toutes les nouvelles fonctionnent à l'identique : le héros est amené à rencontré une femme dont il s'éprend le plus souvent. C'est à travers cette rencontre que naissent les distorsions et que grandit l'angoisse. Ces femmes fatales sont dangereuses, sans être pour autant animées de mauvaises intentions. Elles sont simplement comme ça, à l'image des prédatrices (le vocabulaire animalier et plus précisément le monde des insectes est souvent convié). On ne reproche pas aux mantes religieuses de manger le mâle qui les féconde... Ce recueil regorge d'idées, très stimulantes et intéressantes. La construction des nouvelles, qui donne son unité au recueil, crée peut-être une sensation de redondance lorsqu'on lit le livre d'une traite.
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« Les nouvelles sont menue monnaie dans la trésorerie de la fiction, aisément ignorées à côté de la somme des romans disponibles, numéraire surévalué qui s'avère souvent contrefait. Au summum de sa qualité, chez Borgès, Bradbury et Poe, la nouvelle est frappée dans un métal noble, dont l'éclat doré resplendira à jamais dans la bourse profonde de votre imagination. Les nouvelles ont toujours été importantes pour moi. J'aime leur qualité d'instantané photographique, leur capacité à se focaliser intensément sur un seul sujet.«
Ballard. Un auteur d'anticipation sociale, un visionnaire, découvert avec Millenium People qui m'avait été offert par un fin connaisseur (coucou Cre !). La SF j'aime pas, mais ça, j'aime. Ballard est le chantre génial d'une société qui s'ennuie et se déteste, vidée de sens par le libéralisme et le consumérisme. Une société ultra-sécuritaire de la technologie et du loisir, dont les apparences bourgeoises cachent les pires crimes et perversions. Au service d'un univers mêlant ironie, poésie, et violence, son écriture est plaisante, fluide, même si le fond de sa pensée est un brûlot aussi dérangeant qu'inquiétant.

Mais revenons à nos moutons. Belle définition de la nouvelle, non ? JG Ballard en a écrit des centaines. Vermilion Sands publié en 1971, contient des nouvelles écrites entre 56 et 70, soit il y a plus de cinquante ans. Vraiment hallucinant quand on lit les textes. Vermilion Sands, c'est une étrange station balnéaire, onirique, peuplée de richissimes oisifs, « la banlieue exotique de mon esprit » en disait Ballard ; un univers languide, excentrique et luxueux, où les maisons, « psychotropiques », réagissent à l'humeur de leurs habitants, où s'épanouissent des créatures hybrides : femmes aux yeux d'insectes, sculptures en métal musicales qui s'avèrent organiques, fleuristes cultivant des plantes chanteuses d'art lyrique, sculpteur de nuages… Fascinant.
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critiques presse (1)
Bibliobs
04 août 2014
Chef d’œuvre de la science-fiction, ce recueil de nouvelles est aussi une méditation prophétique sur ce que l’art devient à l’âge des machines et de la production de masse: une marotte pour mabouls. [...] On y trouve surtout le génie sans fond de Ballard.
Lire la critique sur le site : Bibliobs
Citations et extraits (6) Voir plus Ajouter une citation
La nuit dernière encore, tandis que, venu de Lagoon West, le vent du crépuscule soufflait sur le désert, j'ai entendu des fragments de musique portés par les rouleaux thermiques ; fugaces et lointains, c'étaient des échos du chant d'amour de Lunora Goalen. Mes pieds foulaient le sable cuivré vers les récilfs où poussent les sculptures soniques. J'errais dans l'ombre parmi les jardins métalliques, en quête de la voix de Lunora. Personne n'entretient les sculptures, de nos jours, et la plupart d'entre elles se sont flétries. Néanmoins, suivant l'inspiration du moment, j'ai coupé une spirale et l'ai rapportée jusqu'à ma villa pour la planter dans le lit de quartz, sous le balcon. Toute la nuit, elle a chanté pour moi, m'a parlé de Lunora et de l'étrange musique qu'elle jouait pour elle seule...
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Qui était Aurora Day ? Je me le demande souvent à présent. Traversant comme une comète d’été la voûte placide d’un ciel hors saison, elle semble être apparue dans des rôles différents à chacun des membres de notre petite colonie aux Étoiles. Je la pris d’abord pour une belle névrosée jouant les femmes fatales, mais Raymond Mayo voyait en elle une des madones explosives de Salvador Dali, une énigme capable de chevaucher sereinement l’Apocalypse. Pour Tony Sapphire, comme pour le reste de ses admirateurs d’un bout à l’autre de la plage, elle était la réincarnation d’Astarté elle-même, une fille du temps aux yeux de diamant, vieille de trente siècles.
Je me rappelle très bien comment je découvris le premier de ses poèmes. Un soir, après dîner, je me reposais sur la terrasse – ma principale occupation à Vermilion Sands -, lorsque je remarquai une sorte de banderole traînant sur le sable en contrebas de la balustrade. À quelques mètres de là, il s’en trouvait plusieurs autres et, pendant une demi-heure, je les observai qui volaient çà et là, légèrement, parmi les dunes. Les phares d’une voiture brillèrent dans l’allée menant à l’atelier n°5 et j’en conclus qu’un nouveau locataire s’était installé dans la villa, inoccupée depuis plusieurs mois.
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Tous les soirs de l'été à Vermilion Sands, les poèmes insensés de ma belle voisine traversaient le désert depuis l'atelier n°5, Les Étoiles, jusqu'à ma villa, écheveaux brisés de rubans colorés qui se dénouaient dans le sable comme les fils d'une toile d'araignée mise en pièces. Toute la nuit, ils voletaient autour des piliers sous la terrasse, s'entrelaçaient à la grille du balcon et, au matin, avant que je les balaie, il s'en trouvait déjà d'accrochés à la façade sud de la villa comme une bougainvillée d'un éclatant rouge cerise.
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La femme allait et venait dans son salon, changeant les meubles de place, presque nue à l’exception d’un grand chapeau en métal. Même dans la pénombre, les lignes sinueuses de ses cuisses et de ses épaules avaient un reflet doré scintillant. C’était la lumière incarnée des galaxies. Vermilion Sands n’avait jamais rien vu de pareil.
"Les travaux d’approche doivent être subtilement équivoques, poursuivit Harry en contemplant son verre de bière. Il faut de la timidité, une attitude presque mystique. Rien de précipité, rien de vorace."
La femme se pencha pour défaire une valise, et les ailettes métalliques de son chapeau palpitèrent, masquant son visage. Elle vit que nous l’observions, regarda un instant autour d’elle puis baissa les stores.
Nous nous renfonçâmes dans nos fauteuils et nous regardâmes pensivement comme trois triumvirs réfléchissant à la meilleure façon de diviser un empire, sans dire un mot de trop, chacun guettant la moindre chance de doubler les autres.
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"Robert, puis-je faire votre portrait ? me demanda-t-elle un matin. Je vous vois sous les traits du Vieux Marin, avec une raie blanche enroulée autour du cou."
Je couvris mes pieds bandés avec une robe de chambre à dragons d’or – oubliée chez elle, supposais-je, par un de ses amants. "Hope, vous voyez en moi un personnage de légende. Je suis navré d’avoir tué l’une de vos raies, mais croyez-moi, je l’ai fait sans réfléchir.
– Tout comme le Vieux Marin quand il a tué l’albatros."
Elle tourna autour de moi, une main sur la hanche, l’autre me palpant les lèvres et le menton, comme si elle étudiait les linéaments d’une statue antique. "Je vais vous peindre en train de lire Les Chants de Maldoror."
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Videos de James Graham Ballard (4) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de James Graham Ballard
Loin du récit survivaliste ou de la robinsonnade, “Sécheresse” de J. G. Ballard décrit un monde post-apocalyptique peuplé de personnages apathiques devant l'urgence climatique. Un roman d'une troublante actualité.
#sciencefiction #postapocalyptic #cultureprime _____________
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