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La Trilogie de béton tome 2 sur 4
EAN : 9782702105009
192 pages
Calmann-Lévy (30/11/-1)
3.78/5   58 notes
Résumé :
Alors qu'il revient de son bureau, Robert Maitland est victime d'un accident à la périphérie de Londres : sa voiture quitte l'autoroute et vient s'échouer en contrebas sur un îlot à l'abandon que surplombent les voies d'un grand système routier moderne. Rien de plus simple, apparemment, que d'escalader le remblai ou d'attirer sur lui l'attention des automobilistes. Or, personne ne s'arrête...
Robinson moderne échoué sur une île au paysage hallucinant de béton... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (7) Voir plus Ajouter une critique
« L'île de béton », comme les autres oeuvres de Ballard, est classé en science-fiction. Il n'y a pourtant pas véritablement d'ingrédient SF dans le roman. Mais le ton, le traitement et le style du roman le rattachent indéniablement à ce registre. le terme qui me vient pour qualifier cette oeuvre déconcertante et étrange est roman d'anticipation du présent.

« L'île de béton » est une robinsonnade, il propose une variation urbaine autour du roman matriciel de Defoe. Maitland, un homme tout ce qu'il y a de plus banal, petit bourgeois, une femme, une maîtresse… a un accident de voiture et échoue sur un terrain vague à la jonction de plusieurs voies d'autoroute. Il ne parvient pas à attirer l'attention des automobilistes et doit donc subsister sur cet îlot au milieu de la jungle urbaine.
« L'île de béton » reprend bien les quatre temps forts de la structure d'une robinsonnade. Il y a d'abord le naufrage, la prise de possession de l'île, la rencontre avec les autochtones et le sauvetage final. Ballard a une façon très personnelle de traiter ces passages obligés. le résultat est passionnant, riche mais très bizarre. Cette lecture, par son étrangeté, met un tantinet mal à l'aise. A travers l'histoire de cet homme Ballard évoque la déshumanisation de la société, déshumanisation qui trouve son illustration paroxystique dans cet entrelacs de routes sur lesquelles des flots de véhicules ne font que passer. D'ailleurs, ces voitures qui se succèdent sur ces voies semblent conduites par des automates aveugles et sourds à ce qui les entoure, presque sans vie. Ainsi Ballard évoque également subtilement l'indifférence croissante dans nos sociétés modernes. Finalement, les derniers vestiges de la véritable humanité, pas encore totalement lobotomisée ni entièrement asservie au dieu pognon, elle se trouve peut-être là sur ces terrains vagues peuplée de marginaux qui ne peuvent pas, ou ne veulent pas, s'adapter.

Ballard use d'un style réaliste froid mais il y ajoute une bonne dose d'absurde poussé à l'extrême qui emmène le récit vers quelque chose de très étrange et lui donne son côté anticipation. Il n'y a rien qui permet de dire que le récit se passe dans le futur, rien qui permette d'affirmer que ça ne se passe pas de nos jours. Et pourtant, tout au long de ma lecture j'ai ressenti une impression d'irréalité qui se superposait au réalisme de l'oeuvre. Comme si l'auteur disait « ce demain que tu crains, il est déjà là et tu ne le vois pas ».

De Ballard, je n'ai lu que 2 récits, celui-ci et « sauvagerie ». Je connais donc peu cet auteur mais les lectures de ces romans ainsi que l'adaptation de « Crash » par Cronenberg me font dire qu'il est un auteur passionnant qui parvient à évoquer de manière saisissante les sociétés urbaines modernes.
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Après Crash ! (1973) la trilogie de béton se poursuit avec ce deuxième opus, l'île de béton (1974), Concrete island en VO.

Suite à un accident de voiture, Maitland se retrouve prisonnier d'un terrain vague, une "île" coincée entre deux bretelles d'autoroutes. Blessé, il est incapable de remonter les immenses remblais de terre gluante qui le séparent de la circulation. Là haut, les automobilistes n'ont pas un regard pour lui, occupés à foncer vers leurs tours de verre, dans leurs véhicules d'acier. Robinson moderne, Maitland doit alors dompter son nouvel environnement, loin du tumulte de la ville.

L'île de béton, c'est ce terrain vague que l'on trouve dans à peu près toutes les villes. Ce no mans land sur lequel l'Homme a renoncé à exercer son activité. On y trouve des déchets en tout genre : emballages plastiques, décharge sauvage de gravats, de machine à laver ou de poubelles huileuses de restaurants ; ces objets vomis depuis la route par la civilisation capitaliste. Un abri idéal pour vagabonds et marginaux, qui à défaut de participer à la vie de la société, se nourrissent de ses restes.

Ballard présente une nouvelle fois sa vision pessimiste de la société de consommation, cauchemar éveillé dont les humains sont à la fois les acteurs et les victimes. Un très bon roman.

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En une après-midi d'avril 1973, Robert Maitland roulant comme d'habitude comme une brute au volant de sa Jaguar, fait une sortie de route, passe par-dessus le remblai pour venir atterrir en contrebas dans un terrain vague, sorte d'îlot triangulaire entre les voies convergentes de plusieurs autoroutes.

« À peine blessé après avoir frôlé la mort, Maitland demeura prostré sur le volant ; ses vêtements saupoudrés de morceaux de verre étincelaient comme un habit de lumière. »

Naufragé et blessé sur ce qu'il appelle «l'île», il en est prisonnier, se rend compte rapidement qu'il n'arrive pas à attirer l'attention des voitures qui passent en flots incessants, pour avoir du secours. Diminué, affamé et fiévreux, il cherche à survivre, à affronter les conditions de «l'île» qu'il voudrait dominer comme si elle était vivante.

Cette île ambivalente est lieu de perdition et de barbarie, mais aussi un refuge, comme un fragment restant d'un monde disparu. Ce petit morceau de terrain semble beaucoup plus ancien que le réseau de béton qui la cerne, comme une parcelle têtue qui continuera d'être là quand même les autoroutes retomberont en poussière. Les traces du passé dans cet endroit oublié, le terrain ferrailleur, les carcasses de voiture, et ses errances dans l'île renvoient Robert Maitland vers son propre passé, dans une expérience traumatique qui devient libératoire, des pressions de l'enfance, de celles de son milieu, comme une aventure glauque dans un esprit désert, si symptomatique de l'époque moderne.

Cette sortie de route si facile dans un monde où la sauvagerie s'étend aboutit à une déraison totale, un enfermement dans le fantasme, dans ce morceau de terrain qui devient un asile.

Les visions de Ballard provoquent comme une sorte d'ivresse irrésistible ; elles déclenchent en même temps peur et fascination, avec cette sensation d'être déjà dans le gouffre, dans un monde moderne détaché du réel.
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Deuxième livre de la Trilogie de Béton, suivant un Crash! qui m'avait un peu laissé sur mon appétit. Alors que dans ce dernier, l'auteur nous a pratiquement fait un monologue de 200 pages sur la description de pièces automobiles et scènes de sexe, on retrouve ici un récit plus élaboré et diversifié évoquant une réflexion sur la société et la place qu'on y a.

James Maitland, prolifique architecte, marié, père de famille et ayant une maîtresse, se retrouve sur un îlot de béton après un accident. Entourées de trois voies d'autoroute formant un triangle, seul un remblais glissant et dangereux permet d'accéder à la liberté. Maitland l'escalade mais la noirceur et la vitesse des véhicules rendent la tentative trop dangereuse. Une blessure à la jambe et la pluie auront raison de lui et il devra se résigner à attendre les secours. Mais qui remarquera son absence? Les dégâts causés par l'accident semblent avoir été réparés sans qu'on se questionne sur la cause, les quelques personnes qui le voient doivent le prendre pour un pauvre clochard, sa femme doit le croire avec sa maîtresse, sa maîtresse avec sa femme, ses collègues de travail en voyage. Son état empire au fil des jours et une rencontre fortuite réveillera en lui des souvenirs oubliés et des agissements qui le surprendront lui-même pour se sortir de là.

Une analyse figurée de la société individualiste et du chacun pour soi qui est encore plus vraie aujourd'hui. le paradoxe de l'homme seul et en détresse alors que pourtant, des milliers de personnes passent à quelques mètres de lui sans lui porter attention. La notion de survie alors qu'on est au beau milieu de l'opulence. La manipulation et l'exploitation de la fragilité des autres pour aboutir à ses fins. Une oeuvre encore très d'actualité.
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Il est peut-être encore possible, même cinquante ans après, de retrouver l'échangeur routier de l'agglomération londonienne où a lieu l'accident avec lequel commence le livre ; et peut-être même, qui sait, le terrain vague abandonné à la végétation et coincé entre des voies rapides où se déroule toute la suite de cette histoire de naufragé de plus en plus volontaire et de moins en moins probable. En effet, je suis à peu près convaincu que Ballard a basé son récit sur un lieu existant, du moins à l'époque. Il semble en tout cas très bien le visualiser, mais pour ma part je n'ai pas saisi le tableau d'ensemble de cet étrange endroit, de plus en plus étrange d'ailleurs à mesure qu'on avance dans ce roman et que l'on comprend de moins en moins les personnages. L'ensemble a cette qualité cotonneuse, pas désagréable, mais source d'une certaine perplexité, qu'ont les rêves, ou plutôt les semi-hallucinations qui précèdent parfois l'éveil complet. A la fin on se dit que tout est ouvert, et une seconde après on se prend à en douter. Tout le reste nous file entre les doigts comme par une réaction en chaîne, et on en vint à se demander ce qu'on a lu. Au bout du compte je choisis l'indulgence, en saluant par exemple la prescience d'un auteur qui se doutait peut-être, il y a un demi-siècle, que notre réel finirait par par perdre en substance et en qualité.
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Citations et extraits (12) Voir plus Ajouter une citation
Ce qu’il voulait de cette fille, ce n’était pas qu’elle l’aide à s’évader de l’île, il s’en fallait bien ; il l’employait plutôt au service de motivations qu’il n’avait jamais acceptées auparavant : le besoin de se délivrer de son passé, de son enfance, de sa femme et de ses amis, de leurs affections et de leurs exigences, afin de partir pour toujours à l’aventure en vagabondant tout seul dans la cité déserte de son esprit.
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Il le savait bien : cette volonté de survivre, de maîtriser l'île et d'en exploiter les maigres ressources , c'était un but plus important que de s'échapper.
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C’est horrible comme on traite les anormaux, les déficients mentaux. Il y a des institutions, mais s’ils ne veulent pas y aller, rien, personne ne les protège.
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Ça vous a étonné. Eh bien, c’est comme ça, les gens sont égoïstes, voilà tout. On n’y fait pas attention, jusqu’au moment où on a besoin d’eux
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Quand vous avez quelqu’un dans la famille qui veut se tuer, mais qui n’y arrive pas, et qui prend des années pour se décider, qui prend son temps comme s’il n’y avait rien de plus important, alors on ne peut pas s’empêcher de voir la vie comme ils la voient.
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Videos de James Graham Ballard (4) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de James Graham Ballard
Loin du récit survivaliste ou de la robinsonnade, “Sécheresse” de J. G. Ballard décrit un monde post-apocalyptique peuplé de personnages apathiques devant l'urgence climatique. Un roman d'une troublante actualité.
#sciencefiction #postapocalyptic #cultureprime _____________
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