Version originale

« Je sais qu'il faut être un peu cinglé pour s'exciter comme ça sur la photo d'une fille et se mettre à sa recherche sans même savoir ce que ça pourra donner si on la retrouve un jour. Mais quelque chose me poussait et tout ce que je savais, c'est que si Kassy Almauniski était encore vivante , il fallait que je la retrouve. »

Dan April vient de racheter une petite agence de Recouvrement. En mettant de l'ordre dans les archives, il est envouté par la photo de Kassy Almauniski , une jeune fille âgée de 17 ans, lauréate d'un concours de beauté organisé par la presse locale. Sa vie bascule. April consacre son temps libre à chercher sa trace, malgré les années, les changements d'identité et d'adresse de l'insaisissable beauté blonde, qui semble n'avoir qu'un objectif, tourner le dos à la misère, et faire un riche mariage.
A l'instar de Dana Andrews ensorcelé par le portrait de Gene Tierney dans Laura, Dan April, obsédé par le cliché de Kassy, apprend à la connaître au travers des témoignages plus ou moins précis de ceux qui l'ont croisée, et finit subjugué. Construit comme le film de Preminger avec de nombreux flash-backs, Version Originale est une belle surprise.

Ce qui se conçoit bien s'énonce clairement, et le scénariste et romancier Bill S. Ballinger fait honneur à l'adage. Derrière l'apparente simplicité de la trame, il construit non seulement une intrigue solide à la chute digne d'un grand Hitchcock, mais il en extrait la quintessence du roman noir.

Chicago, années 50 ,le jeune Dan April vient de racheter une petite compagnie de recouvrement des dettes, un sale turbin , des factures des mauvais payeurs à encaisser, pas le genre de boulot trépidant, y'a qu'à voir le portrait de l'ancien patron, rond comme une pelle, ravi de prendre sa petite retraite...En fouillant dans le fichier des impayés, son regard tombe sur une fiche datant de 10 plombes, une beauté au nom de Krassy Almauninski, une belle blonde qui lui tape dans l'oeil et si sa première visite commençait par elle...
Quelle chouette découverte que ce petit roman noir des années 50 avec un scénario à la Hitchcock , une femme fatale et un enquêteur qui n'est pas au bout de ses peines pour approcher une veuve noire qui risque de le piquer à vif...Il a été adapté en 1956 par Ken Hughes sous le titre de Portrait d'une aventurière. Ce film noir me fait de l'oeil en espérant qu'il soit aussi vénéneux que sa Version originale.

Version originale est paru pour la première fois en France dans l'excellente collection Un mystère, des Presses de la Cité.
Cette réédition de Librio est un bonheur pour l'amateur de polar américain.
Bill S. Ballinger, dont je découvre l'oeuvre avec ce roman de 1950, emmène le lecteur à Chicago dans une intrigue grise, noire et poisseuse. Une histoire qui colle à cette mégapole industrielle au bord du lac Michigan parfois noyée dans ses brouillards.
Dan April, pauvre de lui, court après l'image de Krassy. Son obsession est de retrouver cette jeune fille idéalisée, rêvée, fantasmée... Vision fugace d'un soir au bord du lac.
Le déclenchement? Une photo trouvée dans un vieux fichier.
Et que je te remonte la piste qui accompagne l'irrésistible ascension de Krassy, jusque à la réalisation finale et la chute qui s'ensuit.
Le prix du rêve ne risque-t-il pas d'être une sorte de cauchemar?
Parce que le lecteur sait à quoi s'en tenir sur Krassy, tandis que April a une vision complète mais superficielle du parcours de la jeune femme...
Un roman noir, si noir!... Qui rejoint les chefs d'oeuvre de William Irish et autres princes des nuits américaines.

C'est ce court roman noir qui a lancé la carrière de l'auteur, en tant qu'écrivain puis scénariste.

L'intrigue est assez originale, surtout pour un écrit de 1950 : le narrateur saute sur l'occasion de racheter un établissement de recouvrement de fond qui périclite, bien décidé à relancer l'affaire. En mettant de l'ordre dans les dossiers accumulés par le propriétaire précédent, il est intrigué par l'un d'eux, concernant une jeune femme, dont la trace se perd rapidement et mystérieusement. Il n'en faut pas plus pour que l'enquête démarre, et que le jeune homme parte sur les traces de Krassy. L'itinéraire est complexe et semé d'embûches, mobilisant beaucoup d'énergie pour avancer vers la résolution de l'énigme.

L'auteur parvient sans problème à entraîner le lecteur dans cette quête, alternant le récit des investigations du narrateur et une sorte de mise à jour du parcours de Krassy, jusqu'à ce que les deux itinéraires se rejoignent en une conclusion inattendue.

Le style date immédiatement l'écriture, à travers l'utilisation d'un argot qui évoque les années 50, évoquant les films en noir et blanc des années cinquante. La traduction se laisse oublier, ce qui indique sa qualité.

4 étoiles méritées pour ce court moment plaisir de lecture

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Roman noir typique des années '50 avec son détective amateur et sa femme fatale, VERSION ORIGINALE se distingue par l'originalité de sa construction : il alterne, en effet, la narration à la première personne de l'enquêteur (durant les années '50) avec le récit des aventures de sa vamp situées une dizaine d'années auparavant.
Le narrateur, Danny April, est donc décidé à relancer une affaire de recouvrement de dettes. Après l'avoir rachetée, il parvient rapidement à la redresser mais tombe également sur une pile de vieux dossiers. Poussé par la curiosité, April découvre l'existence d'une jeune femme, Krassy, mystérieusement disparue depuis une dizaine d'années. de plus en plus obsédé par cette Krassy, notre détective amateur tente de la retrouver et de dresser le portrait (qui s'évapore comme la fumée, d'où le titre original plus évocateur de « Portrait in smoke ») de la demoiselle.
Ce détective improvisé se construit, peu à peu, une image de la jeune fille qu'il imagine victime des événements et marquée par l'existence. En réalité, Krassy constitue un des plus beaux exemples de séduisante salope que nous ait offert le roman noir. Experte manipulatrice, elle débute sa « carrière » en embobinant son premier copain, une petite frappe minable, pour qu'il truque un concours de beauté local. Elle remporte ainsi l'élection et les nombreux prix associé. Elle réussit même à obtenir, en échange de ses faveurs, une rallonge en dollars de la part du père de son petit ami. Ce-dernier prend d'ailleurs très mal la trahison paternelle. Par la suite, Krassy change plusieurs fois de nom et grimpe les échelons de la réussite sociale en payant de sa personne et en utilisant son incroyable beauté pour embobiner les hommes rencontrés.
Le récit se poursuit en proposant un double tableau de Krassy et de Danny April lesquels finissent, bien sûr, par voir leurs chemins se croiser pour le meilleur et pour le pire. L'intrigue, habilement construite, abouti à une conclusion certes légèrement attendue mais fort bien amenée. Un dernier chapitre dans la pure tradition du polar de cette époque.
Avec son intrigue rondement menée, son rythme soutenu et ses deux intrigues parallèles qui relancent régulièrement l'intérêt du lecteur, VERSION ORIGINALE constitue une vraie bonne surprise du roman noir. Un petit classique à découvrir impérativement, un whisky à la main, pour les amateurs du genre.

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