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EAN : 9782723439350
427 pages
Glénat (19/07/2002)
4.05/5   20 notes
Résumé :
Noël 1956. Pris au piège dans la tempête en même temps que le célèbre Walter Bonatti, François Henry, 23 ans, et Jean Vincendon, 24 ans, se retrouvent seuls, égarés à 4 000 mètres au mont Blanc. Après dix jours d'errance et de souffrance, alors que Lionel Terray, héros de l'Annapurna, s'est porté volontaire pour conduire une caravane terrestre, les deux naufragés sont abandonnés dans l'épave d'un hélicoptère qui s'est crashé près deux en tentant une manœuvre désespé... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (4) Ajouter une critique
Voici, comme le titre l'indique, l'histoire d'un naufrage.
Les naufragés sont deux jeunes alpinistes : Jean Vincendon, 24 ans et François Henry, 22 ans.
Mais le naufrage n'est pas leur naufrage : c'est celui des secours.
Des secours qui ont hésité, tergiversé, tardé, oeuvré en dépit du bon sens, tant et si bien qu'ils ont condamné les deux grimpeurs à une mort atroce.

Durant plus de deux ans, Yves Ballu a mené un énorme travail d'enquête. Il a recueilli des témoignages, et mis au jour un nombre impressionnant de documents.
Fort de tout ce matériel, il entreprend d'écrire l'histoire, de la façon la plus factuelle et complète possible. Il explique dans l'avertissement préliminaire : "Ni procureur, ni hagiographe, je me suis appliqué à reconstituer les faits."
Ni voyeurisme déplacé, ni sensationnalisme écoeurant, Naufrage au mont Blanc raconte et restitue les faits et gestes de tous ceux qui ont été, de près ou de loin, impliqués dans ce drame. Afin que le lecteur comprenne l'enchaînement des événements qui a conduit à cette fin tragique.
Afin, aussi, d'honorer la mémoire des deux victimes.

Qui n'a jamais vu d'images saisissantes de secours en montagne ?
Un gros plan sur le largage d'un secouriste suivi de l'évacuation impressionnante d'une victime suspendue au bout d'un filin ?
De telles scènes, nous en avons tous vu. À tel point que, trop souvent, elles nous semblent banales.
Et pourtant, il n'en n'a pas toujours été ainsi, et à une époque pas si lointaine, les secours ne disposaient pas de toutes les possibilités techniques et humaines utilisées aujourd'hui.

Henry et Vincendon ont eu la malchance d'avoir leur accident en 1956.

Les deux jeunes alpinistes ne sont pas très expérimentés, mais ne sont pas des écervelés pour autant, du genre de ceux qui partent sans rien y connaître et sous-estiment les dangers.
Jean Vincendon avait son diplôme d'aspirant-guide, François Henry avait tout méticuleusement préparé, comme en témoigne la longue liste prévisionnelle du matériel à emporter qu'il envoie à son compagnon de cordée, assortie d'un grand nombre de questions qui prouvent que tout a été soigneusement réfléchi.
La véhémence de certains propos tenus à leur encontre est effrayante. Certains Chamoniards voient d'un très mauvais oeil ces deux "Parisiens" comme ils les appellent, venus tenter une grande première hivernale. Les guides rechignent :
"− Nous ne voulons plus risquer notre vie pour chercher ces trompe-la-mort. Ils arrivent ici, prêts à tout, n'écoutent personne et comptent sur nous pour les sortir d'un mauvais pas. [...]
− Si vous le vouliez, vous pourriez les sortir de là !
− Ils n'avaient rien à y faire."
Le grand Lionel Terray propose d'organiser une caravane de secours. Les "responsables" désapprouvent et préfèrent envoyer un hélicoptère, qui, déstabilisé par les mauvaises conditions météo, tombe, engendrant un suraccident : il faut secourir désormais Henry et Vincendon, mais aussi les quatre occupants de l'hélicoptère, dont certains ne sont pas du tout équipés pour la haute montagne.
À partir de là, tout s'enchaîne. Mal. Entre malchance et désorganisation.
Que de tergiversations ! Que de palabres ! Que de temps perdu !
Il fait mauvais ? On ne se prépare pas à partir. Il y a une fenêtre de beau temps ? Eh bien, on n'est pas prêt puisque l'on ne s'est pas préparé. le temps que l'on se prépare, les conditions sont redevenues mauvaises.
C'est grotesque, et cela ferait rire, s'il n'y avait pas deux vies en jeu ! Deux jeunes vies qui vont être perdues !
Profondément écoeuré, Lionel Terray déclare : " J'admets très volontiers que Vincendon et Henry se sont volontairement exposés à des risques considérables, et je trouve normal que beaucoup de guides n'aient manifesté aucun enthousiasme à exposer leur vie pour se porter au secours de jeunes gens aussi téméraires. Mais ce que je n'admets pas, c'est que l'on cherche à empêcher les volontaires d'agir et que, si l'on décide des opérations de secours, on les mène avec incohérence, que l'on accumule faute sur faute." (Le Dauphiné libéré, 4 janvier 1957)

Je connaissais un peu cette affaire, en particulier à travers ce que Walter Bonatti a écrit dans son livre Montagnes d'une vie (Il était avec un compagnon de cordée et a croisé la route des deux jeunes grimpeurs). J'avais vu quelques photos, en particulier de l'hélicoptère accidenté. Mais je ne savais pas grand-chose, presque rien.
Le livre d'Yves Ballu a le mérite d'être très complet, et de présenter toutes les facettes, tous les points de vue. Il permet de vraiment bien comprendre cette affaire tragique.
Le lecteur ne peut qu'éprouver une empathie terrible pour ces deux jeunes qui ont vécu un véritable calvaire. Il ne peut que s'indigner devant l'inertie et l'inorganisation des secours, entravés par les égos des uns et des autres. Il ne peut qu'être écoeuré par le manque de scrupules et l'absence totale d'humanité des journalistes qui sont à l'affut d'une "bonne" photo à faire, sont avides de sensationnel, et harcèlent les parents qui se sont rendus à Chamonix et assistent impuissants et dévastés au désastre, sachant que le temps qui passe condamne de plus en plus sûrement leurs enfants.
Bien que connaissant la fin, le lecteur ne peut s'empêcher d'espérer, en un espoir fou. Comme lorsque l'on vous annonce le décès d'une personne que vous connaissez, et que l'on vous raconte comment cela s'est passé : tout au long du récit, vous espérez de toutes vos forces que l'issue ne sera pas fatale. C'est irrationnel, mais fréquent.

Voilà un ouvrage très instructif, fruit d'un travail minutieux et colossal. Une lecture poignante, qui rappelle que la montagne, si magnifique et attractive soit-elle, n'est pas sans danger.
Naufrage au mont-Blanc vaut le coup d'être lu par tous ceux qui s'intéressent à l'histoire de l'alpinisme.

De cette terrible histoire, de ces deux morts qui auraient pu (auraient dû) être évitées, ressort un point positif : c'est le naufrage des secours dans cette affaire qui a conduit à la création des PGHM, unités spécialisées dans les secours en montagne, composées de professionnels spécialement formés et dotées du matériel le plus performant existant. Les PGHM ont a leur actif de très nombreux sauvetages. Bravo et merci !
Toutefois, ne partez jamais en montagne de façon imprudente.
Moi qui ne fais pas de haute montagne mais de la randonnée, je suis effarée de voir l'équipement ou plutôt le non-équipement de certaines personnes que je croise : chaussures clairement non adaptées (une fois, j'ai même vu quelqu'un en tongs...), pas de pull dans le sac ni de protection contre la pluie, eau en quantité insuffisante, etc. Sans compter un itinéraire non préparé et étudié. C'est irresponsable !
En ville, une entorse de la cheville n'a rien de bien grave : vous trouverez facilement un moyen de transport pour vous rendre chez un médecin. En altitude, c'est une autre affaire. Sans compter que là-haut, le temps peut très vite changer, et transformer une banale randonnée en événement dangereux.
Alors, prudence !
Et si un jour on doit vous porter assistance, ayez une pensée pour Jean Vincendon et François Henry : c'est un peu grâce à eux que vous êtes si efficacement secourus.
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Un soir, en voiture, la voix de Jean-Christophe Rufin sur France Culture. Il se passionne pour une histoire racontée et écrite par son interlocuteur, Yves Ballu. le nom me dit vaguement quelque chose, en revanche le fait divers, accident tragique au Mont-Blanc en 1956, ne me dit rien du tout : Jean Vincendon et François Henry, deux alpinistes de 24 et 22 ans, passionnés, impatients d'en découdre, se lancent pour Noël à l'assaut du Mont Blanc. Au bout de deux jours, ils ne sont pas revenus à Chamonix. A partir de là, les secours s'organisent. Ou, plutôt, ne s'organisent pas, ou mal...
Cette tragédie, Yves Ballu l'a remarquablement racontée ce soir-là à la radio, et j'ai su alors que je lirai son livre. Pas tout à fait un roman, pas un essai pour autant, il raconte comment la montagne et les hommes se sont affrontés, mais aussi et surtout comment diverses visions du courage, du sauvetage, de l'alpinisme, ont conduit à une tragédie.
Même en connaissant la fin, je me suis surprise à espérer, à attendre, à croire au suspense. Peu encline à la haute montagne, j'ai pourtant été captivée par les descriptions précises, l'aventure, la difficulté et le drame.
Un excellent livre, touchant, brut et intelligent, sur une autre époque certes, mais qui questionne beaucoup sur des faits toujours d'actualité (la presse et son sensationnalisme, l'égocentrisme des hommes, les passions, la technologie, etc...).
Vraiment une belle découverte !
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Tragédie émouvante, drame épouvantable pour ces deux passionnés, Vincendon et Henry. Histoire suivie aux jumelles depuis la vallée, ces deux naufragés sont morts sous les yeux impuissants des habitants et de leurs parents.
Ils ont vu les secours les abandonner, renoncer puis la montagne et la mort les prendre. Auraient-ils pu être sauvés ? Autre temps, autre débat. Notons que le secours en montagne résultent de ce terrifiant accident.
A lire pour ne pas oublier. Ne jamais oublier que la montagne est aussi fascinante que dangereuse.

http://yvesballublog.canalblog.com/archives/2009/03/06/12845860.html#comments
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Triste retour sur ces deux jeunes gens qui se sont lancés fin 56 pour une ascension hivernale sur le Mont Blanc .
Rapidement pris au piège dans une tempête à plus de 4000m d'altitude et des températures extrêmes, ils vont attendre et espérer les secours durant plus de 10 jours en supportant des souffrances sans doute insoutenables !

Le narrateur Yves Ballu va essayer de comprendre pourquoi l'organisation de secours a mis tant de temps à se mettre en place et pourquoi il y a eu tant de tergiversions des différents protagonistes .

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Citations et extraits (5) Ajouter une citation
− L'hélicoptère est tombé !
Les regards se tournent vers la table des parents de Jean Vincendon. Le photographe qui accompagne le secrétaire de la Société de Secours s'approche. Sa légende est prête : « Les parents Vincendon effondrés en apprenant la terrible nouvelle... » ; il ne lui manque plus que la photo. Depuis le matin, il a battu la semelle, traquant M. et Mme Vincendon entre leur hôtel, la gendarmerie, le bureau des guides, dans les rues de Chamonix, empoignant son appareil dès que l'un ou l'autre sortait un mouchoir. En vain, parce qu'ils n'ont pas pleuré. [...] Une matinée perdue, rien de bon à envoyer au journal. Mais cette fois, il a eu du flair. [...] L'appareil est armé, il a donné un coup de langue au culot de l'ampoule de magnésium pour assurer le contact, il cadre... Mais cette fois encore M. Vincendon ne pleurera pas en public. Lui qui est d'ordinaire si réservé ne peut retenir un geste de désespoir et de dégoût : il lance sa serviette à la figure du photographe. Celui-ci n'aura pas d'image sensationnelle pour illustrer sa légende.
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Les parents de Jean Vincendon doivent endurer ce harcèlement impudique de quelques journalistes − les plus entreprenants − dont la sollicitude poisseuse ne vise qu'à glaner du sensationnel, du pittoresque, du tragique pour continuer de tenir en haleine leurs lecteurs. Eux qui n'ont jamais aspiré qu'à vivre tranquilles, sans histoires, les voilà soudain projetés avec brutalité sous les feux de l'actualité. "Parents des disparus", ils sont épiés, braqués par des photographes qui guettent un geste de faiblesse, d'impatience ou de désespoir, des larmes, peut-être.
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« Une course se désire puis elle se prépare » écrit Rébuffat. Cette recommandation presque anodine va embraser la vie de François tel un vœu perpétuel. Il va se donner à l'alpinisme comme on entre en religion, avec la foi, la générosité, le mysticisme d'un catéchumène. Désormais, il passera le plus clair de son temps à désirer des courses et à les préparer.
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La vie de l'alpiniste est suspendue à ses doigts. Ils doivent parfois soutenir tout le poids du corps suspendu dans le vide. Pour affronter la haute montagne, il faut avoir dans les premières phalanges autant de force qu'un coureur dans les jarrets.
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La pudeur est parfois l'expression la plus émouvante des sentiments forts.
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Vidéo de Yves Ballu
Soirée rencontre avec Yves Ballu autour de son livre : "Naufrage au mont Blanc, l?affaire Vincendon et Henry". PROGRAMME ? Rencontre, lecture, débat, dédicace et verre de l?amitié en présence de l?auteur.
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