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sur 98 notes
1950, Staline se retire dans un palais en Géorgie, ce pays qui l'a vu naître. le "Petit père des peuples" y fait venir Lidia, sa maîtresse de longue date. Cette dernière insiste pour que se joignent à eux Danilov, un artiste qui va leur exposer son illustre projet visant à célébrer la gloire éternelle de Iossif Vissarionovitch Staline.

Autant le dire tout de suite : j'ai éprouvé des difficultés à lire ce roman. Ma lecture a été laborieuse. Je pense que ce qui m'a le plus gênée, c'est de m'être sentie étrangère aux évènements et aux personnages pendant toute l'histoire. Staline est un personnage inaccessible. Il fait régner la terreur partout où il se trouve et s'en réjouit. Il a d'emblée installé autour de lui des barrières qui semblent infranchissables pour le reste du monde, qu'il s'agisse d'inconnus, de collaborateurs ou même de proches. L'auteur impose donc une distance entre Staline et le lecteur. Ce procédé se comprend et se justifie... Mais les autres personnages m'ont semblé tout aussi distants et insaisissables. Tout comme les évènements décrits par l'auteur.

Le roman est long au démarrage. La première partie, très descriptive ne comporte que très peu de dialogues et s'étire en longueur. Ceci dit, l'auteur possède un style qui lui est propre, un style particulier dont l'écriture fourmille d'énumérations, de descriptions ou de digressions.

Ce roman est très bien documenté. Baltassat connaît son sujet sur le bout des doigts : cette période historique n'a aucun secret pour lui et il maîtrise toutes les subtilités des relations entre les personnages. Malheureusement, ce n'est pas forcément le cas de son lecteur (en ce qui me concerne, en l'occurrence !)... Il n'est pas toujours évident de s'y retrouver entre les surnoms des uns et des autres, leurs attributions ou les relations qu'ils entretiennent vis-à-vis de Staline. Je me suis parfois sentie perdue. Mieux vaut maîtriser un tant soit peu le sujet pour savourer pleinement cette lecture.

La seconde partie du roman nous plonge dans un huis-clos malsain et étouffant. Atmosphère bien rendue par l'auteur qui utilise tous les stratagèmes pour alourdir l'ambiance du récit. Staline, face à ce jeune artiste totalement désemparé nous dévoile que ce roman traite aussi de l'emprise et du mensonge.

Jean-Daniel Baltassat signe ici un roman au thème peu commun et au style bien particulier. "Le divan de Staline" est un livre pour lequel j'ai eu du mal à accrocher mais dont je reconnais les qualités indéniables.
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Une lecture originale. Un style d'écriture à la fois simple et imagé, qui m'a bien plu. Les descriptions de lieux, de paysages, d'ambiances sont des morceaux de bravoure. Les chapitres sont très courts, cela surprend mais l'on prend vite le pli.

A l'automne 1950, Staline vient se poser quelques jours à Borjomi, ville thermale du sud de la Géorgie, dans le palais Likami, qui fut l'une des résidences des Romanov.
A la veille de ses 70 ans, le sanguinaire dictateur nous apparaît comme un vieil homme décati, bedonnant (nous avons droit à la description de son intimité dans la salle de bains), la démarche hésitante (ah maudites marches d'escalier…), le désir émoussé malgré les efforts de séduction continus de sa maîtresse Lidia Semionova, la femme à la « peau de nacre ».

On découvre de fait un vieux Staline dévoré par les cauchemars qui mettent en scène sa mère, son père violent qui l'a abandonné enfant, le suicide de son épouse adorée, les souvenirs pénibles de sa déportation en Sibérie. Un Staline dont la mémoire chavire et qui est obsédé de ne plus se rappeler si sa femme Nadedja Allilouïeva s'est suicidée d'une balle dans la tempe, ou dans la poitrine.

Les premières pages nous présentent même un Staline jardinier dans l'âme qui coupe les fleurs fanées de ses rosiers et s'inquiète pour les citronniers qui pourraient subir une attaque de cochenilles.
Autre portrait insolite du tyran : en fan de films américains ! Qui l'eut cru ?
Le livre met aussi en exergue une facette moins habituelle de Staline : la haine infinie qu'il voue à l'encontre de son mentor Lénine. Ah, ce soi-disant camarade Lénine qui ne lui a pas tendu la main durant son exil en Sibérie. Jean-Daniel Baltassat relate cette expérience de déportation en Sibérie en 1915 au cours des cauchemars du Petit Père des Peuples (PPP...) (voir l'extrait ci-dessous). Et Staline de considérer fondé de faire vivre cette même déportation à des millions de concitoyens… d'autant que lui-même en avait survécu. Cela dit, le roman nous apprend que le PPP a su adoucir son quotidien en séduisant et s'adjoignant les services tout compris d'une jeune ado locale.

Quid donc de l'Homme d'Etat, chef de la superpuissance mondiale qui challenge l'Amérique ? Eh bien, on le voit écouter d'une oreille fort distraite les briefs sur la guerre de Corée, jeter un vague coup d'oeil au déplacement des petits drapeaux sur la carte. Sans plus. le roman ne fait pas la part belle au stratège international.

Lecteurs avides d'en découvrir davantage sur le fameux divan et les séances de psychanalyse… idem, ce n'est finalement pas le point fort du roman ! Il est cependant intéressant d'apprendre que Staline fit vraiment installer un divan, copie du fameux divan de Freud (y compris pour la couleur des coussins et le kilim à fleurs…), dans son appartement du palais de Likami. Qui l'eut cru aussi ? J-D Baltassat en a en effet fait cette découverte lors d'une visite de ce palais il y a quelques années.

Alors que se passe-t-il dans ce roman où Staline ne guerroie pas, ne purge pas et ne complote pas ?
Nous partageons simplement l'intimité du tyran vieillissant, ses rêves et cauchemars, ses récriminations, ses douleurs de personne âgée, son insomnie, ses descentes de cognac et ses Dunhills, ses westerns US, les petits moments avec Lidia Vodianova même pas coquins sinon pathétiques. J'ai apprécié – c'est un détail – la façon de l'auteur de décrire les bruits impressionnants de la tuyauterie de la salle de bains…
Et nous devinons la trouille qui habite tout le personnel du palais ou les gardes face au PPP, à qui il ne s'agirait surtout pas de déplaire. Et lui, le PPP, qui observe son monde les yeux mi-clos mais aux aguets.

Le roman n'en déroule pas moins un certain suspense tout du long : la présence du jeune artiste Danilov invité dans la datcha pour présenter un projet de monument à la gloire de Staline à faire pâlir le mausolée de Lénine. Or aux trois-quarts du livre, le pauvre Danilov aura subi moult interrogatoires des sbires de Staline sur sa vie et ses pensées les plus profondes (attention, le jeune Danilov bien qu'ayant « révisé », a failli tomber dans divers pièges…) sans avoir encore pu présenter son projet au Général.
Et l'on comprend que le véritable ressort du livre, c'est cette longue attente imposée à l'artiste, cette macération cruelle qui reflète parfaitement la personnalité du tyran… Staline n'a que faire de cette oeuvre mal inspirée, mais se délecte au contraire de faire mariner et régler son compte à ce blanc-bec de peintre, d'une manière inattendue mais ô combien démoniaque.
La fin du livre emprunte à une page de l'Histoire méconnue de l'Union Soviétique, le goulag de l'île de Nozino en Sibérie où, en 1933, furent déportés des milliers de soviétiques dont de malencontreux citoyens lambda arrêtés au cours de rafles. Déportés tels quels, avec ce qu'ils portaient ce jour, sans papier, autres vêtements, nourriture. Et J-D Baltassat, fort bien documenté, de raconter les scènes effroyables de cannibalisme parmi les détenus.
Lien : http://coquelicoquillages.bl..
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Bonsoir mes amis, mes fans,

Je viens de terminer la lecture du roman de Monsieur J. de D. de B. Sachez mes fans que je suis moi même un très grand amateur de communisme et je boycott tout ce qui est relié au capitalisme américain impérialiste. C'est donc avec, ma foi, volupté et fierté que je m'y suis plongé.

Que dire, si ce n'est que Staline est un génie, un homme en avance sur son temps et une inspiration pour moi. C'est avec plaisir que je partagerai son divan, car m'a t'on dit qu'il était toujours de ce monde.

J'espère avoir la chance de rencontrer monsieur J. de D. de B. un jour, car comme l'a dit ce sacré Joseph, Les grands esprits se rencontrent (toujours).

En conclusion : A bas l'économie de marché et vive la dictature du prolétariat !

Bien amicalement ;-)

Monsieur R. de S.
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Dommage que plusieurs noms ont été utilisés pour la même personne ! Epuisant ! Cela a gâché ma lecture.
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Ce roman, issu d'un long travail de recherche, évoque de manière originale et synchronique la personnalité complexe de Iossif Vissarionovitch Staline et certains évènements historiques passés (la terrible affaire de Nazino) et actuels, c'est-à-dire la situation de la Russie en 1950 et les débuts de la guerre en Corée puisque le roman se situe cette année-là.
Staline est âgé, il est « au réveil de sa vingt-cinq mille neuf cent deuxième nuit » (p. 125).
En novembre 1950, il décide de passer quelques jours dans un de ses palais, à Borjomi, Géorgie, sa région natale. Il est accompagné par sa maîtresse, la fidèle Vodieva et par un jeune peintre, Danilov. Ce dernier a conçu un monument gigantesque à la gloire du Petit Père des Peuples, oeuvre destinée à être exposée sur la place Rouge à proximité du mausolée de Lénine, Lénine que Staline a détesté et continue de haïr pour des raisons que l'on peut éventuellement comprendre. Avant de le rencontrer, il doit patienter dans une remise et subir les interrogatoires des sbires du dictateur.
Staline a demandé à sa maîtresse de lui apporter deux livres dont Die Traumdeutung de Freud qu'il surnomme le Charlatan. Il est toutefois intrigué par la théorie psychanalytique même s'il le nie farouchement et s'allonge sur son divan, racontant à sa maîtresse ses rêves de la nuit. Paranoïaque, on le voit hanté par la peur du mensonge chez l'autre, la crainte du complot contre sa personne, la vision de sa mère très présente et un père alcoolique et violent qui l'a laissé tomber à l'âge de 7 ans. « Les pères, ça n'a jamais été bon pour moi » dit-il (p. 197).
C'est un roman très bien écrit qui pointe le régime de terreur qu'imposait Staline à ses proches malgré un côté parfois faussement bienveillant. Certains actes et surtout certains propos glacent le sang, essentiellement dans le dernier tiers du roman car l'intrigue, l'ambiance de ce livre imposent un crescendo dans le registre de l'angoisse, chez le lecteur.
L'auteur prend une certaine distance avec le personnage de Staline en utilisant le « on » neutre lorsqu'il écrit ses pensées.
Il y a beaucoup de poésie dans ce roman et je ne peux m'empêcher de reproduire cette phrase (p. 154) : « Un arum couleur de neige de la taille d'une paume jaillit d'un bassin octogonal décoré d'un paysage de mosaïques bariolées. Sous le ciel empourpré par le crépuscule, l'eau a pris une teinte brune et la chair ourlée de la spathe – c'est ainsi que s'appelle l'unique pétale de la fleur d'arum, on s'en souvient de loin – s'inonde d'un grenat qui s'écoule, avec l'approche de la nuit, dans la fente entrouverte de la bractée où, tout au fond, d'un rosé plus clair, brillant encore du jour et suintant d'en avoir tant joui, enfle le bouton du dodu du pistil ». Bien sûr, l'on perçoit la dimension érotique de cette description. C'est très fort.
Seul petit regret, des phrases parfois très longues avec un rythme trop souvent coupé par des parenthèses.
Mais il s'agit là d'un très grand roman.

Lien : http://liresortiraparisetail..
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Ce roman nous plonge dans l'intimité de Staline ce tyran tortionnaire du 20° siècle qui inspire davantage les écrivains que son sinistre compère Hitler .

Je dois à ce roman la découverte d'une atrocité communiste dont je n'avais pas encore entendu parler .

En 1933 , on a débarqué en Sibérie dans l 'île de Nazino 6000 personnes sans aucun moyen de survie.
On a appelé cet endroit , l'île aux cannibales car les détenus finiront par s'entre-dévorer.

2000 survivront et seront envoyés dans des goulags (pour finir leur peine...)

Je lirai certainement le livre de Nicolas Werth , historien qui a mis en lumière ce crime abominable.

Ces faits historiques sont très importants pour la fin du roman, et non hélas, rien à voir avec de la fiction

L'auteur invente un tête à tête entre Staline sa maîtresse qui lui aurait conseillé un jeune peintre prêt à se lancer dans une oeuvre grandiose à la gloire du petit père des peuples.
L 'atmosphère devient de plus en plus lourde dans le palais où Staline retient ses proies.

J'avoue avoir été peu convaincue par l 'analyse des rêves sur le fameux divan (d'où le titre).



J'ai peu adhéré au style de l'auteur qui hache ses phrases d'une façon curieuse à la limite de la compréhension parfois.

À la fin de son livre, l'auteur rend hommage à Vassili Grossman «Vie et Destin», que je trouve également un chef d'oeuvre.

J'ai lu beaucoup des grands témoins de cette époque en particulier Soljenitsyne et je me demande ce que la création romanesque peut apporter à la compréhension historique.

Je suis certaine que Jean-Daniel Baltassat a essayé de faire ressortir les traits de caractère de Staline à travers ce récit en s'inspirant de tout ce que l'on sait de la façon dont le régime fonctionnait à cette époque, mais pour moi rien ne vaut le travail des historiens dont il dit s'être inspiré.

Je suis gênée qu'on fasse des romans d'horreurs aussi abominables.
Lien : http://luocine.over-blog.com..
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Merci aux éditons Seuil (www.seuil.com) et à masse critique de m'avoir adressé le livre.

Toutefois, après l'avoir lu, je ne sais vraiment pas comment rédiger une avis. J'ai parcouru les 7 critiques déjà parues sur le site Babélio,elles reflètent les mêmes sentiments que moi. Je ne voudrais pas avoir l'impression de les plagier.

En premier lieu un sentiment de malaise : comment avoir la moindre once de sympathie pour le personnage principal de ce roman : un vieux monsieur, jouant encore l' amoureux de sa maîtresse, mais surtout l'homme politique responsable de près de 20 000 000 de morts.

En villégiature au palais de Likani à Borjoni (Géorgie) en compagnie de sa maîtresse Vodiéva, Staline accepte de rencontrer (à la demande de sa maîtresse) le jeune artiste Danilov, chargé de concevoir un monument à la gloire "du petit père des Peuples".

En attendant de fixer une rencontre avec cet artiste, il va , allongé sur un divan, copie de celui du charlatan (Freud) raconter ses rêves à Vodiéva et l'écouter lire du Pouchkine.

Dans ce palais décadent , entouré d'officiers et de personnel de maison "confits en dévotion", il semble jouir de la peur que sa présence engendre (le "souper"pages 212-215 ..).

Il se réjouit également de remettre à Danilov des documents concernant la disparition et la mort de ses parents.

L'écriture de ce livre n'est pas fluide, comme d'autres lecteurs, j'ai du parfois revenir en arrière pour comprendre une phrase, un paragraphe. Si on accroche vraiment à l'histoire lors des dialogues, en revanche on décroche à la lecture de descriptions ou des passages sur l'art. On est également parfois perdu avec les nombreux personnages cités différemment par leur patronyme, leurs prénoms ou leur surnom.

En conclusion si je ne regrette pas la lecture de ce livre, je ressorts de cette lecture avec un sentiment assez mitigé.

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Pas très objective, je fais confiance à cet auteur, que je connais personnellement, dont les conversations et la richesse culturelle m'éblouissent et me bercent.
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Attirée par le titre de ce livre, je me suis plongée dedans, intriguée par cette atmosphère de huis clos. Les va-et-vient entre les trois personnages et la transmission des sentiments qu'ils éprouvent sont très bien orchestrés par l'auteur.
Pour autant, j'ai été très déçue par les derniers chapitres qui m'ont laissé une impression de "bâcler"... La relation de Staline à la pensée freudienne aurait également mérité d'être approfondie.
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Malgré une jolie écriture, je n'ai pas accroché. Je me suis même ennuyée...
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