Vincent Baly fait la promotion de son livre
Débouchés chez les bouchers en expliquant les coulisses du management et du consulting dans la boite fictive Alkram, en région parisienne, essentiellement pour des clients industriels.
Commençons déjà par tailler dans le lard : la multiplication démentielle de personnages, au nombre déjà très élevé au début, ne fait que diluer l'intérêt par des intrigues nunuches et inintéressantes, entre le frère joueur invertéré, la belle-soeur écervelée starlette de télé-réalité ou l'ami banquier célibataire endurci se laissant trop marcher sur les pieds. S'ils rentrent bien tous d'une manière ou d'une autre dans l'univers de la "boucherie", ce monde impitoyable, les clichés ressassés inutiles éliminent l'espace vital de l'histoire dont il est vraiment intéressant, la vie de manager.
Passons ensuite à Evan Charon, le héros et anti-héros de l'histoire. Impossible de le cerner, dès les premières lignes, anarchiste/libertaire convaincu, il se laisse embrigader dans l'univers capitaliste de requin, encore plus dédoublé par le parasitisme des sociétés de conseil. Mais au lieu d'essayer de montrer justement la différence entre son paraître de néo-requin et ses états d'âme de sociologue, des remarques empathiques comblées par un comportement acide et virulent, il n'en reste qu'un personnage profondément méchant et qui n'a qu'une seule raison d'être : être méchant.
A noter que la plume n'est pas mauvaise, on passe loin devant du sujet verbe complément, un vocabulaire plutôt bien sélectionné, manque juste un peu la construction des personnages et de l'intrigue de manière générale pour avoir un liant assez fort.
Là où le récit pèche le plus, c'est qu'il se veut démonstratif du monde de requin. Je m'attendais vraiment à être surpris, d'avoir des méthodes de filou, de prétadeurs, de la manipulation, des coups-bas, des croche-pattes. La plupart des techniques ne consiste à ce que le subordonné dise "s'il vous plaît" et le manager "Non, je suis un salaud", et c'est à peu près tout. Pas d'humour acide, de remarque désopilante à la
Zoé Shepard par exemple (trilogie "
Ab-so-lu-ment débordée"), de renversement de situation, tout suite un bâteau profondément ennuyé. L'accumulation de clichés sans aucune saveur, aucune épice, me fait passer de plus en plus les lignes en baillant.
On n'a pas encore trouvé notre pamphlet qui dénonce le management.