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Critique de petch


Lu il y a une quinzaine d'années, j'ai pris un très grand plaisir à retrouver cette histoire certes classique (mais bon Balzac c'est classique non ?) mais au combien intemporelle des papillons de province attirés par les lumières de la capitale et s'y brûlant les ailes. le papillon ici c'est Lucien de Rubempré qui pour arriver à ses fins (l'amour, la gloire et la fortune pour faire court) mettra en péril financier et plongera dans la désespérance sa soeur, sa mère, son beau-frère et ami. La description de la bourgeoisie de province angoumoise est redoutable et saisissante, mais les artifices de la société parisienne en prennent également largement pour leur grade. On retrouve dans ce livre le portraitiste au vitriol qu'est Balzac (deux exemples parmi tant et tant au fil de ces pages : le portrait du père Séchard, et de son avarice, type « le père Goriot », et celui de Louise de Bargenton, muse de Lucien tour à tour délaissée et sans états d'âme). On appréciera aussi les descriptions fines et détaillées de divers corps de métier liés à l'écriture: les imprimeurs, les journalistes, les éditeurs.
Une fois l'histoire connue, la relecture de ce livre est un régal, et le titre de l'oeuvre De Balzac (La Comédie Humaine) prend tout son sens dans ce roman fleuve aux accents de modernité. le volume unique constituant « Illusions perdues » est dû au regroupement de trois romans séparés publiés sur une petite dizaine d'années entre 1837 et 1845. Je conseille vivement cette version du livre de poche de 2006, et l'imposant travail d'explication et de notification effectué par P. Berthier, spécialiste de littérature du XIXème siècle. Ces apports au fil du texte sont souvent très érudites mais diablement intéressantes, en particulier sur le passage entre les trois romans initiaux et le roman unique (liens entre les différentes parties, problèmes de chronologie dans l'histoire,…). le texte De Balzac s'agrémente ainsi de nombreuses notes de bas de page décrivant par le menu les différentes versions publiées dans la très renommée édition Furne, les tournures de style typiques du XIXème siècle et aujourd'hui désuètes, les fautes de style assez nombreuses commises par Balzac. La langue française utilisée dans ce roman est une véritable gourmandise.
La lecture est parfois difficile, le mode « feuilleton » dans lequel ce texte fut initialement publié explique les longueurs du texte (Le feuilletoniste du XIXème siècle était rémunéré au mot), les passages abordant les problèmes d'argent sont assez complexes et parfois rébarbatifs. Mais l'universalité des personnages et des thèmes sociétaux abordés, la complexité des personnages et le regard féroce De Balzac sur ces contemporains et sur la société font pour moi de ce roman, avec sa suite « Splendeurs et misères des courtisanes » un véritable chef d'oeuvre de la littérature.
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