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EAN : 9782070357369
448 pages
Gallimard (17/04/2008)
3.99/5   230 notes
Résumé :
Petite fille, la Rabouilleuse troublait l'eau des ruisseaux pour que son oncle braconnier pêche plus d'écrevisses. Jeune fille, Flore continue à «rabouiller.» Elle détourne la fortune d'un vieillard d'Issoudun au profit de son amant. Mais un plus fort survient, qui s'attribuera le produit de la pêche, le redoutable Philippe Bridau. Cet ex-lieutenant-colonel de l'armée impériale, le fils chéri d'Agathe, est devenu un affreux soudard qui mène sa vie privée comme une ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (42) Voir plus Ajouter une critique
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Balzac était payé à la ligne, et par moments il a l'air de prendre plaisir à nous le rappeler. On croirait voir jaillir des pages son visage robuste, paré d'une moue ironique, pour s'exclamer : « voyez, il ne s'est encore rien passé, voila cinquante pages que je meuble et vous en êtes conscient, et pourtant vous goutez votre lecture ! » Telle est la magie de sa plume. Disons seulement qu'il faut attendre le tiers de ‘La rabouilleuse' avant qu'apparaisse la dite rabouilleuse…

Une brave mère a deux fils : l'un peintre de métier et du naturel le plus honnête du monde ; l'autre ancien officier de Napoléon mis à la retraite par le retour des Bourbons, qui n'est plus qu'une épave de débauché dénuée des scrupules les plus élémentaires. Devinez lequel elle aime et lequel elle adore plus que sa propre vie… Et devinez les problèmes que cela peut causer, quand on est une veuve sans le sous.

Or d'inquiétantes nouvelles lui parviennent de sa ville de province natale (vous saurez TOUT d'Issoudun). Son frère, resté là-bas, est mené par le bout du nez par sa bonne, une beauté locale ; et pour compléter celle-ci a pris pour amant un ancien soldat beau comme Pâris. Ce petit ménage à trois fait scandale, et bien plus grave, risque fort de faire passer sous le nez de la veuve l'héritage familiale ! Une expédition de secours se monte…

Un excellent Balzac, plein de verve et de traits d'ironie. Son fervent royalisme s'y dispute avec la compassion et l'admiration pour les déchus de l'empire, anciens soldats ayant vu les rois s'incliner devant leurs drapeaux, aujourd'hui épaves ruinées par la débauche, bon à riens faisant les cents coups, ou simples pères de famille confis dans l'ennui. Ils ont en commun de ne pouvoir se réhabituer à la terre après avoir touché le ciel. Parce qu'ils sont peints par Balzac, ou parce qu'ils ont inspiré Balzac ?
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Je ne suis pas experte, mais j'ai l'impression avec cette Rabouilleuse d'avoir entr'aperçu une belle part de l'incommensurable talent du grand Balzac.
C'est qu'il y en a, dans ce roman dense et trépidant, et pour tous les goûts :

Thriller familial, sur fond de captation d'héritage par manipulation d'un vieil oncle simplet ;
Scène de la vie de province, dans une Issoudun engourdie dans son immobilisme, refermée sur elle-même et ses cancans de quartiers ;
Tableau de famille, dont l'argent tient bien sûr le rôle de ciment, avec une mère faible et christique, déshéritée par son père, désargentée par son fils aîné mais soutenue jusqu'à la mort par son cadet ;
Peinture d'une époque politique trouble, entre déclin de Napoléon et retour des Bourbons, entre amoralité assumée et retour de la religion ;
Confrontation de caractères épiques enfin : ceux des deux frères que tout oppose, Joseph l'artiste pur contre le cynique et malveillant Philippe, ancien soldat de l'empereur, mais surtout la confrontation entre ce dernier et le couple Flore Brazier la Rabouilleuse et son amant, dans une lutte à mort pour l'héritage qui verra le plus machiavélique et le plus amoral triompher.

Et notre pauvre rabouilleuse là-dedans ? Une jolie cocotte de province bien retorse et manipulatrice, mais pas assez encore pour pouvoir suffisamment troubler l'eau de la rivière devant plus infâme et féroce qu'elle.
Captivant et bien sûr, désespérant sur la nature humaine !

Challenge XIXème siècle édition 2018
Challenge Multi-défis 2018
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Edition de René Guise

ISBN : 9782070357369


Il y a, sur ce forum, de bien meilleurs connaisseurs De Balzac que je ne le serai jamais. Néanmoins, parmi les ouvrages de cet auteur que j'ai lus et appréciés, "La Rabouilleuse", qui sortit initialement sous le titre "Un Ménage de Garçon", frise à mes yeux la perfection absolue. Ici, aucune de ces envolées mélodramatiques qui, en le datant irrémédiablement, m'empêchent trop souvent d'entrer dans le texte. La construction, avec ses trois parties bien visibles quoique non formelles - Paris, Issoudun I, Issoudun II - et son épilogue qui revient dans la capitale, donne à l'ensemble une fermeté, une sûreté dans la progression qui ne laisse pas un seul temps mort. Quant aux personnages, peut-être parce que Mme Brideau et la préférence qu'elle porte à Philippe, son aîné, ne sont pas sans évoquer les problèmes familiaux De Balzac lui-même, ils réussissent le tour de force de rester, y compris dans les moments où le drame qu'est "La Rabouilleuse" risque de sombrer dans le mélo, d'un réalisme confondant. A mon avis, plutôt que de contraindre des élèves exaspérés et peu motivés à lire le martyre du Père Goriot ou même le triste destin d'Eugénie Grandet, on devrait leur proposer "La Rabouilleuse" et ce Méchant infâme, ignoble, terrifiant mais fascinant qu'est le capitaine Philippe Brideau.

Même si on ne peut que honnir sa conduite envers les siens et, de façon générale, envers son entourage à partir du moment où il estime que celui-ci lui fait de l'ombre, Philippe Brideau est un méchant royal. Il y a du grandiose, du démesuré en lui - du balzacien dans l'essence la plus pure du terme. N'hésitons pas à le proclamer : il est de la taille des Vautrin mais, pour une raison inconnue - peut-être l'éternelle dictature des programmes scolaires - il a rarement droit à cette reconnaissance. de quoi le faire crier une fois de plus à l'injustice, cette fois littéraire, mais, en ce domaine, le lecteur lui est et lui restera acquis.

Brideau ne pense qu'à lui, ne vit que pour lui. Balzac le dépeint comme un de ces jeunes sous-officiers qui doivent tout à l'Empire et qui, à la chute de Napoléon Ier, se mettent à divaguer, telles des boussoles qui auraient perdu le Nord. L'une des rares qualités que son créateur reconnaisse à Philippe, c'est son courage physique, proche d'ailleurs de l'inconscience. Il n'a pas peur des coups et aime à en donner. (Il meurt en Algérie avec une bravoure exemplaire, préférant se laisser tailler en pièces par des rebelles arabes plutôt que de reculer d'un pas.) Hélas ! A ce courage hors de pair, ne répond, au moral de notre personnage, que la plus absolue, la plus constante canaillerie : le courage moral, Philippe Brideau ne connaît pas. Il ment, trompe, vole, pille, dépouille avant tout ceux qui l'aiment ou s'entêtent à le voir meilleur qu'il n'est. Et tout ça, sans l'ombre d'un seul remords. Cynique, égoïste, monstrueux de narcissisme, il va son chemin, prêt à fouler n'importe qui aux pieds (et, ensuite, à détrousser son cadavre) pourvu que cela arrange ses petites affaires.

Face à un tel personnage, Flore Brazier, la "Rabouilleuse" du titre, ne fait pas le poids. Son amant lui-même, ce Maxence Gilet dont le parcours personnel offre une ressemblance frappante avec celui de Brideau, ne sera pas de taille. A sa façon, Gilet est, lui aussi, un "affreux" mais jusque dans l'abîme, il y a des nuances et Maxence, si criminel, si vicieux qu'il se révèle, reste inférieur à son rival. D'ailleurs, Brideau finira tranquillement par le tuer dans un duel auquel il l'aura plus ou moins acculé.

Comme la lumière répond à l'ombre, Joseph, le fils cadet d'Agathe Brideau, campe, face à son frère dénaturé, la figure du Bon Fils. Aussi laid que Philippe est séduisant, aussi tendre que l'autre est coriace, aussi aimant que l'autre demeure insensible et occupé par sa seule personne, Joseph symbolise en outre l'artiste - en l'occurrence le peintre - tel que le conçoit Balzac. Amoureux du beau et de la création artistique, Joseph ne saurait être mauvais. Bien que se sachant le mal-aimé de la fratrie, il vénère sa mère et la soutient par tous les moyens. Sans lui, Agathe vivrait et mourrait dans la misère la plus noire. Mais Joseph est là et il la protège, la consolant toujours à chaque mauvais coup de Philippe, allant jusqu'à acquiescer aux excuses que cherche à ce dernier sa malheureuse mère, et assurant le pain du ménage avec gaieté et bonhomie. C'est lui qui, avec sa mère, se rend le premier à Issoudun pour tenter de repousser les manoeuvres captatoires de Flore et de son amant. Evidemment, devant le couple infernal d'une part et la faiblesse honteuse de Jean-Jacques Rouget, le frère fortuné d'Agathe, d'autre part, Joseph et sa mère, trop gentils, trop candides, qui ne jugent les autres que sur eux-mêmes, se font tranquillement rouler dans la farine. C'est la raison pour laquelle, après un énième rabibochage avec Philippe, ils délèguent celui-ci à leur place, pour tenter de réparer les dégâts. le capitaine Brideau n'y réussira que trop bien ...

Si vous voulez connaître la suite de ce roman nerveux, captivant, mené pour ainsi dire tambour battant par un Balzac au mieux de sa forme, lisez "La Rabouilleuse". Vous ne serez pas déçus. Notez au passage qu'un film en fut tiré par Louis Daquin en 1960, sous le premier titre de "Les Arrivistes", avec Jean-Claude Pascal dans le rôle de Brideau l'Infâme et Madeleine Robinson dans celui de Flore. Les dialogues sont signés Philippe Hériat. ;o)
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C'est toujours avec bonheur que je me replonge dans Balzac, le lycée n'ayant pas réussi à m'en dégoûter, et pourtant ! de plus, castelroussine d'adoption j'ai apprécié ce roman qui se passe à Issoudun et qui m'a permis de découvrir pas mal de choses concernant cette région au XIXème.
La Rabouilleuse, du surnom de cette femme qui agite l'eau pour faire fuir les écrevisses dans la direction de ceux qui vont les capturer est à mon avis un des meilleurs romans de la Comédie Humaine, concis, plein de rebondissements jusqu'à la fin, sans trop de descriptions qui perdent le fil du récit, et en même temps une analyse de l'âme humaine et de ses ressorts très subtile, où les immoraux finissent par s'entredétruire après avoir fait le malheur de leurs proches dans une morale logique et cohérente qui se suffit à elle-même.
On pourrait regretter la fin un peu "fleur bleue" où le fils bon mais négligé par sa mère se voit hériter des biens du mauvais fils, demeurant seul survivant de sa famille, si on n'y sentait pas l'ironie corrosive d'un Balzac en grande forme, grand pourfendeur de la bourgeoisie et du monde de l'argent, qui en démonte une fois de plus les mécanismes avec une lucidité impitoyable et je dirai même prémonitoire.
Fils lui-même mal aimé, on sent qu'il a mis beaucoup de lui dans le personnage de Joseph, le bon fils, résigné à être le mal-aimé et l'incompris de sa mère. Et c'est peut-être ce qui m'a le plus touché dans ce livre. Pauvre grand homme que notre Balzac si humain et quelque part si proche de nous dans son génie à la fois fragile et puissant.
S'il semble avoir pitié des gentils naïfs qui se font avoir, il n'en dénonce pas moins leur bêtise. Et s'il condamne ses personnages infâmes, retors et machiavéliques, il n'en a pas moins pour eux une sorte d'admiration, une sorte de petit sourire en coin, fasciné qu'il est par cette Comédie Humaine qu'il dénonce.
A redécouvrir, pour le bonheur de ces reflexions psychologiques dont Balzac parsème son texte, avec un humour qui rend la lucidité moins amère. Quoique...


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Très contente (!) d'avoir reçu dans ma boîte aux lettres, il y a quelques semaines, la dernière parution d'une maison d'édition, d'origine allemande, qui dispose aussi d'un succursale à Strasbourg.

Cette publication qui s'apparente à un catalogue raconte les vies, vides de sens, de quelques femmes (entre 30 et 50 ans) qui ont, toutes, un besoin compulsif de changer de garde-robe ! Elles prétendent représenter la femme d'aujourd'hui, c'est-à-dire...sans plis ou replis disgracieux et aux nombre de kilos calibrés. Parfaitement maquillées et toutes proportions bien gardées et montrées (les nombreuses photos artistiquement agencées soulignent, non seulement leurs courbes sans défauts, mais aussi la vacuité de leur existence)... elles n'aspirent qu'à tenir le rôle de Barbie's (vieillissantes)...

Or, leur bonheur ne sera pas "exquisement" complet sans une présence mâle ! qui se manifeste (en fin d'ouvrage) sous les traits de Ken...euh, non...Roger Kent. Roger est distingué et possède ce regard faussement ténébreux qui dénote une absence de matière grise...bien présente par contre sur ses tempes et sur son menton voilé de désinvolture.

Les photographies m'ont fait rêver maintes soirées...
(faire un régime, reprendre la natation et le vélo, me chercher deux ou trois job's à côté afin de pouvoir me payer ces illusions exposées)
...mais les caractères des personnages manquent vraiment trop de consistance...
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Citations et extraits (64) Voir plus Ajouter une citation
N’en déplaise aux faiseurs d’idylles ou aux philanthropes, les gens de la campagne ont peu de notions sur certaines vertus ; et, chez eux, les scrupules viennent d’une pensée intéressée, et non d’un sentiment du bien ou du beau ; élevés en vue de la pauvreté, du travail constant, de la misère, cette perspective leur fait considérer tout ce qui peut les tirer de l’enfer de la faim et du labeur éternel, comme permis, surtout quand la loi ne s’y oppose point. S’il y a des exceptions, elles sont rares. La vertu, socialement parlant, est la compagne du bien-être, et commence à l’instruction.
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A force de se battre au lycée, il contracta cette hardiesse et ce mépris de la douleur qui engendre la valeur militaire; mais naturellement il contracta la plus grande aversion pour l'étude, car l'éducation publique ne résoudra jamais le problème difficile du développement simultané du corps et de l'intelligence.
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Si Descoings périt, il eut du moins la gloire d'aller à l'échafaud en compagnie d'André de Chénier. Là, sans doute, l'Epicerie et la Poésie s'embrassèrent pour la première fois en personne, car elles avaient alors et auront toujours des relations secrètes. La mort de Descoings produisit beaucoup plus de sensation que celle d'André de Chénier. Il a fallu trente ans pour reconnaître que la France avait perdu plus à la mort de Chénier qu'à celle de Descoings. La politique de Robespierre eut cela de bon que, jusqu'en 1830, les épiciers effrayés ne se mêlèrent plus de politique.
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"La Rabouilleuse"est comme en écho du "Père Goriot".En effet, Agathe , tout comme le père Goriot ,est injustement mal aimée et méprisée par son fils Philippe, mais heureusement , son autre fils saura lui donner tout l'amour qu'elle mérite.

Ce roman , un grand roman, avec la densité de la vraie vie , nous fait découvrir un personnage, Philippe, lequel brille de la noirceur des êtres maléfiques en opposition avec des gens aux grandes qualités humaines .

Le lecteur risque de se perdre lorsque Balzac nous explique les liens de parenté qui existent entre les personnages; ce grand roman séduira les balzaciens, mais il sera d'un accès un peu difficile pour ceux qui ouvriront leur premier Balzac justement à cause des généalogies de la parentèle ,des considérations notariales et aussi des trop longues descriptions; c'est d'ailleurs tout celaqui est reproché à Balzac . A mon sens , toutefois,ces digressions , donnent aux romans de Balzac justement l'épaisseur de la vie, de la vraie vie .

Aimez-vous Balzac ?
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Votre vie, ma fille, n'a été qu'une longue faute. Vous tombez dans la fosse que vous vous êtes creusée, car nous ne manquons que par le côté que nous avons affaibli en nous. Vous avez donné un coeur à un monstre en qui vous avez vu votre gloire, et vous avez méconnu celui de vos enfants en qui est votre gloire véritable ! Vous avez été si profondément injuste que vous n'avez pas remarqué ce contraste si frappant : vous tenez votre existence de Joseph, tandis que votre autre fils vous a constamment pillée. Le fils pauvre, qui vous aime sans être récompensé par une tendresse égale, vous apporte votre pain quotidien ; tandis que le riche, qui n'a jamais songé à vous et qui vous méprise, souhaite votre mort.
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Vidéo de Honoré de Balzac
Balzac, colosse des lettres, buvait café sur café, travaillait des journées entières et dormait trop peu. Il finit par s'épuiser de tant d'énergie dépensée et meurt en 1850, à seulement 51 ans.
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