Citations sur La vieille fille (41)
Les vestiges de son ancien luxe faisaient dans sa maison l'effet d'un lustre dans une grange, car il n'y avait plus cette harmonie, lien de toute œuvre humaine ou divine.
Les époques déteignent sur les hommes qui les traversent. Ces deux personnages prouvaient la vérité de cet axiome par l'opposition des teintes historiques empreintes dans leurs physionomies, dans leurs discours, dans leurs idées et leurs costumes. L'un, abrupt, énergique, à manières larges et saccadées, à parole brève et rude, noir de ton, de chevelure, de regard, terrible en apparence, impuissant en réalité comme une insurrection, représentait bien la République. L'autre, doux et poli, élégant, soigné, atteignant à son but par les lents mais infaillibles moyens de la diplomatie, fidèle au goût, était une image de l'ancienne courtisanerie.
Cette brebis craintive chemina dès lors dans la voie que lui traça le berger ; elle ne quitta plus le giron de l’Eglise, et se livra aux pratiques religieuses les plus sévères, sans penser ni à Satan, ni à ses pompes, ni à ses œuvres. Elle offrit ainsi la réunion des vertus chrétiennes les plus pures [...].
- Elle sera niaise jusqu’à son dernier soupir, dit le cruel Conservateur destitué qui dînait cependant chez elle deux fois par semaine.
LA VIEILLE FILLE.
Épouser mademoiselle Cormon , c'était régner sur Alençon .
Monsieur de Valois se rapprocha de mademoiselle Cormon pour pouvoir lui donner le bras en la conduisant à la salle à manger. La vieille fille avait pour le chevalier une considération respectueuse ; car certes son nom et la place qu’il occupait parmi les constellations aristocratiques du Département en faisaient le plus brillant ornement de son salon. Dans son for intérieur, depuis douze ans, mademoiselle Cormon désirait devenir madame de Valois. Ce nom était comme une branche à laquelle s’attachaient les idées qui essaimaient de sa cervelle touchant la noblesse, le rang et les qualités extérieures d’un parti ; mais si le chevalier de Valois était l’homme choisi par le cœur, par l’esprit, par l’ambition, cette vieille ruine, quoique peignée comme le saint Jean d’une procession, effrayait mademoiselle Cormon : si elle voyait un gentilhomme en lui, la fille ne voyait pas de mari. [… ] Sans qu’elle s’en doutât, les pensées de mademoiselle Cormon sur le trop sage chevalier pouvaient se traduire par ce mot : – Quel dommage qu’il ne soit pas un peu libertin !
En ce moment même, une jeune fille de seize ans, qui n'aurait pas encore ouvert un seul roman, aurait lu cent chapitres d'amour dans les regards d'Athanase ; tandis que mademoiselle Cormon n'y voyait rien, elle ne reconnaissait pas dans les tremblements de sa parole la force d'un sentiment qui n'osait se produire. Honteuse elle-même, elle ne devinait pas la honte d'autrui. Capable d'inventer les raffinements de grandeur sentimentale qui l'avaient primitivement perdue, elle ne les reconnaissait pas chez Athanase. Ce phénomène moral ne paraîtra pas extraordinaire aux gens qui savent que les qualités du cœur sont aussi indépendantes de celles de l'esprit que les facultés du génie le sont des noblesses de l'âme.
On reproche sévèrement à la vertu ses défauts, tandis qu'on est plein d'indulgence pour les qualités du vice.
Quel dommage qu il ne soit pas un peu libertin!
Les observateurs du coeur humain ont remarqué le penchant des dévotes pour les mauvais sujets,en s étonnant de ce goût qu ils croient opposé à la vertu chrétienne...
Mais comment n'a-t-on pas vu que ces nobles créatures, réduites par la rigidité de leurs principes à ne jamais enfreindre la fidélité conjugale, doivent naturellement désirer un mari de haute expérience pratique!
Les mauvais sujets sont des grands hommes en amour.
Mademoiselle Cormon avait beau prier Dieu de lui faire la grâce de lui envoyer un mari afin qu'elle pût être chrétiennement heureuse, il était sans doute écrit qu'elle mourrait vierge et martyre, car il ne se présentait aucun homme qui eût tournure de mari.
Les observateurs du cœur humain ont remarqué le penchant des dévotes pour les mauvais sujets, en s'étonnant de ce goût qu'ils croient opposé à la vertu chrétienne. D'abord, quelle plus belle destinée donneriez-vous à la femme vertueuse que celle de purifier à la manière du charbon les eaux troubles du vice ? Mais comment n'a-t-on pas vu que ces nobles créatures, réduites par la rigidité de leurs principes à ne jamais enfreindre la fidélité conjugale, doivent naturellement désirer un mari de haute expérience pratique ! Les mauvais sujets sont des grands hommes en amour. Ainsi, la pauvre fille gémissait de trouver son vase d'élection cassé en deux morceaux.