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Pierre-Georges Castex (Éditeur scientifique)Patrick Berthier (Éditeur scientifique)André Lorant (Éditeur scientifique)Anne-Marie Meininger (Éditeur scientifique)
EAN : 9782070108749
1743 pages
Gallimard (10/11/1977)
4.29/5   14 notes
Résumé :
Études de mœurs, scènes de la vie parisienne (suite) : La Cousine Bette - Le Cousin Pons - Un homme d'affaires - Un Prince de la bohème - Gaudissart II - Les Employés - Les Comédiens sans le savoir.
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Critiques, Analyses et Avis (2) Ajouter une critique
Avec Eugénie Grandet, Balzac a trouvé sa « formule magique » du roman en trois parties : d'abord une lente et copieuse exposition (Saumur), puis le noyau du récit (les personnages en action) et enfin le dénouement. En effet, la longue description de Saumur et de la maison de Grandet n'a pas seulement une valeur pittoresque, mais aide à comprendre la suite du récit.
Dans Eugénie Grandet, la force du drame repose sur des effets d'opposition et de contraste, qui contribuent à l'agencement de la trame romanesque : l'avarice de Grandet répond à la gentillesse d'Eugénie envers son cousin. La signification même de ce roman repose sur l'opposition père-fille : Eugénie est une jeune fille pure et généreuse, tandis que son père se rend fou par sa passion pour l'or.
De plus,Balzac dépeint ici la naissance de l'amour chez la jeune fille : un autre « type » de personnage. Eugénie est amoureuse de son cousin Charles mais, abandonnée par lui, elle finit sa vie seule, se consacrant aux bonnes oeuvres. Tout en Charles la séduit, mais il lui préfère un nom à particule qui lui assure un statut social.
En fait, Balzac est à lui seul tout le roman ; il y appose sa signature, non seulement dans la forme du récit, mais également dans l'histoire, par les descriptions, par sa façon de créer des « types » de personnages (la Comédie Humaine)… Eugénie Grandet est un roman remarquable, peignant fort agréablement un tableau de la Restauration, sous laquelle une nouvelle classe a pris le pouvoir : ceux qui ont fait fortune au cours des années de la Révolution, comme Grandet.
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L'histoire de la fille d'un richissime et avare n??gociant de Saumur, innocente et simplette qui tombe amoureuse de son cousin et s'y d??voue corps et ??me jusqu'?? la mort. Comme le dit Balzac, Eug??nie Grandet [est] le type [m??me] des d??vouements jet??s ?? travers les orages du monde et qui s'y engloutissent comme une noble statue enlev??e ?? la Gr??ce et qui, pendant le transport, tombe ?? la mer o?? elle demeurera toujours ignor??e. Un roman qui surpasse Ursule Mirou??t qui ??tait desservi par le recours au surnaturel pour expliquer le d??nouement. Un v??ritable chef-d'oeuvre.
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Citations et extraits (78) Voir plus Ajouter une citation
On retiendra donc comme un trait caractéristique de la manière de Balzac dans Eugénie Grandet cette simplicité et, pour ainsi dire, ce dépouillement du roman, cette pureté de ligne qui relègue les événements au second plan. On a l'impression qu'il ne se passe rien. Au commencement, il y a une exposition, où l'on nous raconte l'arrivée du cousin et les fiançailles, d'Eugénie Grandet : puis le cousin part, le temps passe. Eugénie a une scène terrible avec son père lorsqu'elle doit avouer qu'elle a donné les pièces d'or qu'elle avait reçues pour ses anniversaires; puis tout s'apaise, le temps passe, sa mère meurt, son père meurt, elle reste seule avec cette immense fortune, elle attend. et un jour, au bout de sept ans, vient la réponse : elle apprend que son cousin est rentré, qu'il est riche, qu'il va se marier à une autre. c'est fini. Tout s'est passé en soirées pareilles, auprès de la fenêtre, à côté de la chaise à patins de sa mère, puis toute seule quand la mère n'est plus là; en journées pareilles, réglées une fois pour toutes par le vieux Grandet. Les pages les plus célèbres disparaissent dans cette lente coulée des choses : la mort du père Grandet n'est qu'un moment, une ondulation presque imperceptible dans le déroulement du roman. Elle ne compte pas, ce sont les années qui comptent. D'un bout à l'autre, ce n'est qu'un seul tableau, toujours semblable, un décor immuable où les figures vieillissent, où les traits s'accusent, où la mort passe, mais sans rien changer. La demeure est silencieuse et sans vie. Il n'y a que le tête-à-tête de deux passions qui s'ignorent et qui soutiennent l'un près de l'autre ces deux personnages, à la fois pareils et étrangers. Puis tout s'écroule un jour, et cet amour, cette attente de la fiancée solitaire qui avait été l'âme de toute une vie, on apprend soudain qu'elle est vaine, et il ne reste plus, au milieu de ses richesses fabuleuses, qu'une femme qui vit comme un fantôme et d'où toute vie s'est retirée.

Commentaires par Maurice Bardèche
L'originalité de l'oeuvre
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Le succès vient tout d'un coup en 1829 grâce à un essai satirique, La Physiologie du mariage, suivi, en 1830, de La Peau de chagrin, à la fois essai politique, exposé doctrinal et roman philosophique. Pendant les deux années qui suivent, il exploite ce succès initial en écrivant un grand nombre de contes et de nouvelles dans des revues élégantes. Cette abondante production se répartit en deux séries qui annoncent un projet plus vaste, les Contes philosophiques et les Scènes de la vie privée. Les Contes philosophiques développent et systématisent la thèse proposée dans La peau de chagrin : les passions, les désirs excessifs, les pensées obsédantes, les idées auxquelles on s'attache de toutes ses forces, enfin l'abus de l'énergie vitale par tout excès cérébral, sont pour l'homme des causes d'usure prématurée et même de mort. LesScènes de la vie privée, d'ambition plus modeste, décrivent des drames de la vie privée, généralement insoupçonnés du public, qui sont provoqués à l'intérieur des familles par la situation fausse dans laquelle les jeunes filles ou les jeunes femmes se trouvent placées par des mariages de convenance.

Commentaires par Maurice Bardèche
L'originalité de l'oeuvre
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Aussi Eugénie Grandet n'est pas l'histoire d'un avare, comme on le croit généralement, mais l'histoire d'Eugénie Grandet, c'est-à-dire l'histoire d'une vie inutile, d'une vie dévastée. c'est la première fois que Balzac découvre ces décombres des illusions brisées. Et cette image lui paraît si riche d'enseignement qu'il la répète un an plus tard dans La Recherche de l'absolu, agrandissement et illustration d'Eugénie Grandet : la célèbre maison flamande, bourrée de trésors, dépouillée et démantelée par la folie de l'alchimie n'est pas plus saisissante dans son dénuement que ces pauvres existences invisibles auprès de nous et, comme la maison Claes, desséchées, anéanties par le climat brûlant ou glacé des déserts du coeur. Les "tragédies bourgeoises" sont toutes suscitées et conduites dans les romans de Balzac par cette étrangère, cette inconnue dans la maison, l'idée qui s'empare de ceux que nous aimons, qui les transforme et les possède : généreuse ou sordide, noble ou dégradante, cette maîtresse du logis ronge et détruit de la même manière les vies privées et les petites patries familiales. Et à la fin, après le passage de ce grand rêve dévastateur, toutes les vies, celle de Balthazar Claes, celle du père Goriot, celle de Laurence de Saint-Cygne, sont des vies muettes, comme celle d'Eugénie Grandet.

Préface de Maurice Bardèche
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Et le drame dans Eugénie Grandet naît de cet autre investissement, celui de l'amour, sur un caractère hérité du tempérament paternel, aussi absolu sous son apparente soumission, aussi total. Eugénie est, elle aussi, une monomane. On n'y pense pas tout de suite parce qu'elle est une grande fille toute simple. Mais elle a fait un investissement de toutes ses pensées, de toute son imagination, sur la parole donnée, sur les fiançailles d'un soir, sur le voyageur qu'elle suit chaque matin sur le petit banc où ils ont échangé leur promesse, pendant des années, hallucinée, absente.
Alors le drame naît de la rencontre brutale de ces deux investissements semblables et de sens contraire dans lesquels s'affrontent deux volontés également entières et indomptables. Alors, il suffit d'un incident symbolique, d'une "rencontre", pour que cet antagonisme, qui a pu d'abord rester secret, paraisse au grand jour, pour que commence, comme le dit Balzac : "une terrible action, une tragédie bourgeoise sans poison, ni poignard, ni sang répandu, mais relativement aux acteurs, plus cruelle que tous les drames accomplis, ni sang répandu, mais relativement aux acteurs, plus cruelle que tous les drames accomplis dans l'illustre famille des Atrides !" Cette phrase d'Eugénie Grandet formule toute la dramaturgie balzacienne. Les situations les plus pathétiques, les affrontements les plus implacables de La Comédie humaine sont le plus souvent, comme ici, des tragédies de la vie privée inaperçues et même insoupçonnées qui ont brisé des existences.

Préface de Maurice Bardèche
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On constate alors que ce second centre d'intérêt, invisible au lecteur, fait intervenir dans Eugénie Grandet deux éléments dramatiques de nature différente : l'asphyxie de la personnalité par des règles de vie stérilisantes qui interdisent tout épanouissement et même toute liberté, et, d'autre part, le choc causé par la ruine soudaine des espérances couvées pendant sept années de solitude. L'on comprend bien qu'il y a un rapport entre ces deux causes du malheur d'Eugénie Grandet et même on conçoit que la première ait un effet multiplicateur sur la seconde en imposant une solitude dans laquelle s'épanouit la rêverie.

Préface de Maurice Bardèche
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Deuxième épisode de notre podcast avec Sylvain Tesson.
L'écrivain-voyageur, de passage à la librairie pour nous présenter son récit, Avec les fées, nous parle, au fil d'un entretien, des joies de l'écriture et des peines de la vie, mais aussi l'inverse, et de la façon dont elles se nourrissent l'une l'autre. Une conversation émaillée de conseils de lecture, de passages lus à haute voix et d'extraits de la rencontre qui a eu lieu à la librairie.
Voici les livres évoqués dans ce second épisode :
Avec les fées, de Sylvain Tesson (éd. des Équateurs) : https://www.librairiedialogues.fr/livre/23127390-avec-les-fees-sylvain-tesson-equateurs ;
Blanc, de Sylvain Tesson (éd. Gallimard) : https://www.librairiedialogues.fr/livre/21310016-blanc-une-traversee-des-alpes-a-ski-sylvain-tesson-gallimard ;
Une vie à coucher dehors, de Sylvain Tesson (éd. Folio) : https://www.librairiedialogues.fr/livre/14774064-une-vie-a-coucher-dehors-sylvain-tesson-folio ;
Sur les chemins noirs, de Sylvain Tesson (éd. Folio) : https://www.librairiedialogues.fr/livre/14774075-sur-les-chemins-noirs-sylvain-tesson-folio ;
Le Lys dans la vallée, d'Honoré de Balzac (éd. le Livre de poche) : https://www.librairiedialogues.fr/livre/769377-le-lys-dans-la-vallee-honore-de-balzac-le-livre-de-poche.
Invité : Sylvain Tesson
Conseil de lecture de : Pauline le Meur, libraire à la librairie Dialogues, à Brest
Enregistrement, interview et montage : Laurence Bellon
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Les Éclaireurs de Dialogues, c'est le podcast de la librairie Dialogues, à Brest. Chaque mois, nous vous proposons deux nouveaux épisodes : une plongée dans le parcours d'un auteur ou d'une autrice au fil d'un entretien, de lectures et de plusieurs conseils de livres, et la présentation des derniers coups de coeur de nos libraires, dans tous les rayons : romans, polar, science-fiction, fantasy, BD, livres pour enfants et adolescents, essais de sciences humaines, récits de voyage…
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